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samedi, 22 mars 2025

IV, octante-et-un

    tenir jour après jour

la corde souple

 

tenir pour retenir

le temps entre les mailles

de sa mémoire effilochée

 

tenir tête

juste comme ça, par ténacité,

par refus de se laisser

submerger par la peur

 

09:37 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 21 mars 2025

IV, octante

    chaque matin les tourterelles

reviennent inlassablement

apiter leur nid

 

(le correcteur orthographique

souligne en rouge l’infinitif

(ce verbe est un régionalisme))

sur la poutre du perron

 

d’où, dès qu’elles s’envolent,

tombent les trois branches du nid

 

07:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 20 mars 2025

IV, septante-neuf

    il y a douze ans j’avais

écrit chaque jour du printemps

un poème en anglais

 

chaque poème était long

de 91 mots

précisément

(à dire avec la voix de David Suchet)

 

et ça ferait un recueil

si j’étais un publishitter

 

07:55 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 19 mars 2025

IV, septante-huit

    en traversant le pont Wilson

sous le soleil, dans la douceur

du printemps,

 

rentrant d’en ville avec

les goélands pas si loin de mon vélo,

leur vol olympien,

je fixe au loin l’îlot

 

où les cormorans font sécher leurs ailes

au vent et au soleil

 

17:55 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 18 mars 2025

IV, septante-sept

    un éclair moiré

sur la branche du néflier

mourant

 

(probablement mourant,

desséché désormais :

aura-t-il ce printemps

des feuilles ?)

 

chasse la pie,

attire mon œil

 

09:20 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 mars 2025

IV, septante-six

    côté jardin fleurs et feuilles

tandis que côté rue

sur fond de bitume

les branches sont désespérément nues

 

et que dirai-je

à la pie qui vient cogner à la vitre

puisque d’autre part les palombes

 

roucoulent et s’accouplent

frénétiquement

 

 

19:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 16 mars 2025

IV, septante-cinq

    « pleutre »

l’insulte a fusé

aussi étrange que violente

« pleutre »

 

sortie peut-être d’un souvenir lointain de Cyrano

— alors que le pleutre lui-même

sans doute doué ou affligé

 

d’une mémoire visuelle

croyait qu’on le traitait de champignon

 

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samedi, 15 mars 2025

IV, septante-quatre

    parallèlement

à rien

chemine

un sentier

 

qui ne va nulle part

vu que ce sont les corps

mouvants

 

qui vont

quelque part

 

19:03 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 mars 2025

IV, septante-trois

    déjà le quatrième acte,

pensa-t-il en s’étouffant

dans sa toux déjà vieille

de vieux cachectique

 

faudrait-il ne pas vieillir,

dit-il en reniflant sa morve

l’œil embué

 

trop tard pauvre Argan

prends juste ton efferalgan

 

08:11 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 13 mars 2025

IV, septante-deux

    passage par les nuages

concentré sur la cime

 

des cyprès

comme des platanes

au bord des pierres

ou des rivières

 

le chaloupé des ailes trace

une voie pour l’après

à l’écho des tramontanes

 

08:12 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 12 mars 2025

IV, septante-et-un

    par multiples

indénombrables, les étourneaux

 

se déploient dans le ciel,

étendent leurs ailes

dans un même immense cèdre

à attendre

 

le crépuscule qui tarde —

et leur somptueux faux désordre

crée la ville pour ce qu’elle est

 

07:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 11 mars 2025

IV, septante

    il faut dire le prunier,

son avalanche de fleurs blanches

 

noyant nos yeux

face au sombre de la haie

ou le noir de la nuit,

et désormais le gris du béton

 

où éparpillées

elles sont, par milliers,

descendues former une jonchée

 

11:30 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 10 mars 2025

IV, soixante-neuf

    la gorge en feu

encore et encore

 

enluminures noires

descendant dans le gouffre

où se terre le sens

pour mieux l’y agripper

 

quel est votre secret,

et pourquoi suis-je toujours

incapable d’y voir clair ?

 

06:24 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 09 mars 2025

IV, soixante-huit

    hameçon

dans la joue,

haletant

 

comme une vieille femme brisée par le vent

qui retient ses larmes,

 

ce fuyard

feint de ne

pas souffrir,

mais pourquoi ?

 

19:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 mars 2025

IV, soixante-sept

    belliqueux

ampoulé

théâtral

 

il traverse la scène

avec le vol ample et lent d’un héron

 

pour feindre de n’être

pas belliqueux

ampoulé

théâtral

 

19:35 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 07 mars 2025

IV, soixante-six

    tables de faux marbre

et banquettes

qui ont toujours la saveur

 

des voyages où la fatigue

le dispute à l'excitation —

 

quatre expressos plus tard

marcher,

traverser le pont

à la mésaventure

 

08:25 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 06 mars 2025

IV, soixante-cinq

    par petites phases

par petites phrases

(qui n’en sont même pas)

 

faire glisser ses doigts

le long de l’écorce

 

et, y cherchant autre chose, un souvenir,

trouver la perfidie fumeuse

qui a donné son sens

à (presque) toute ton existence

 

08:18 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 05 mars 2025

IV, soixante-quatre

    la colère écrit

et chante belle,

et dit tant, juste là où

nos essais ne peuvent qu’échouer

 

chez moi j’y vais par périodes

c’est une toute petite partie du globe

 

arrêter forcément de pianoter

ne pas s’arrêter aux phrases ravinées

trouver sublime par souffrance le sel dans la plaie

 

08:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 mars 2025

IV, soixante-trois

    la gorge en feu

ça y est

ça a fini par s’installer

et à présent

 

juste espérer

que ça ne dégénère pas

 

car j’ai toujours

on a

toujours mieux à faire, n’est-ce pas

 

10:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

IV, soixante-trois

    la gorge en feu

ça y est

ça a fini par s’installer

et à présent

 

juste espérer

que ça ne dégénère pas

 

car j’ai toujours

on a

toujours mieux à faire, n’est-ce pas

 

09:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 mars 2025

IV, soixante-deux

    chaloupe

mélancolie

sous le ciel d’un bleu parfait

too much confusion

 

& pointe toute

l’amertume heureuse

 

never make a politician

à toujours ralentir

pour ne pas cacher la force vraie du poème

 

 

12:13 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 02 mars 2025

IV, soixante-et-un

    en tombant dans ce tintamarre

abstrait de jours

et de lunaisons

tout aussi abstraites

 

j’ai souhaité

m’allonger une heure ou deux

 

dans l’herbe gelée

où il se passe toujours quelque chose

d’affolant

 

09:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 01 mars 2025

IV, soixante

    fond de fausses montagnes

ou de vraies

 

si tout est un décor

où vivre

sans trembler,

 

sans devoir se cacher

des pies, des corneilles craillant

en oubliant le monde

au-dessus du square

 

07:10 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 28 février 2025

IV, cinquante-neuf

    le diamant arrêté

sur la surface luisant noire

 

et donc lever les yeux

du clavier et de l’écran

en comprenant

 

que le silence installé

appelle une décision forte :

écouter l’autre face

ou rester ainsi

 

08:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 27 février 2025

IV, cinquante-huit

    une conversation de deux heures,

cela arrive

 

et quand cela arrive

prendre soin plus encore

de peser chaque parole

 

car ce qui se joue dans les mots,

dans les intonations,

au moment de bafouiller —

frêle bruit sans biffure

 

08:07 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 26 février 2025

IV, cinquante-sept

    le nom de la commune

s’affiche

 

— on dirait une blague alambiquée :

en regardant défiler

les prairies vallonnées

 

et les pâtures,

je me retiens de chercher

à en savoir davantage

sur Cormoranche-sur-Saône

 

08:08 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 25 février 2025

IV, cinquante-six

    tu n'arriveras à rien

si sous tes doigts le poème-conversation

devient caquetage sans fond

 

mais tu échoueras

plus encore

si tu restes face à l'écran

à ne rien écrire

 

par peur

de caqueter

 

06:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 24 février 2025

IV, cinquante-cinq

    se retrouver, à mon âge,
comme Guillevic,
à tenter de ressasser
 
  en polissant
et repolissant la forme
et le rythme,
comme le langage
 
la différence entre parole
et bavardage
 

06:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 23 février 2025

IV, cinquante-quatre

    dans les méandres

de mots qu'on ne dira

jamais

 

(il y en aurait,

en anglais,

pas loin de 400.000)

trouver la force

 

de ne pas

bavasser

 

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