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samedi, 27 août 2016

[ sans titre ]

    bientôt

ou dans longtemps

 

on te verra

tu te verras

de haut comme pris par un drone

 

en train de quoi

de lire ou de jouer

 

de grelotter de froid ou crever en sueur

sous les tuiles béton

ton œil là dans la brise

à ne plus rien pouvoir écrire ni maudire

 

tous projets avortés

ébauches toutes laissées en chantier en perdition

 

de haut comme surpris

par le grand œil de rien

repère sans contrainte et visage sans forme

 

dans longtemps

ou bientôt

 

08:05 Publié dans La 42e Clandestine, Le terne XXIe, Les Murmures de Morminal, MAS, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 29 novembre 2015

III:a——{anamor}

Première huitaine, 29 novembre - 6 décembre 2015

 

    D'une oreille peut-être distraite par la bruine revenue, ou par les pages que tourne mon fils cadet dans la chambre voisine, j'écoute ces préludes pour violoncelle et piano de Zoltán Kodály, et pourtant je ne peux m'empêcher de repenser à ce jour bizarre où je me suis lancé dans cette bizarre entreprise, narrer ce tour d'Australie de deux loufoques flanqués d'un plus loufoque encore multimillionnaire. Mais enfin, ça ne ressemble à rien !

Parmi les natifs de Kecskemét — que de footballeurs, de nageuses, d'athlètes et de handballeurs ! — seul un peintre paraît surnager, un dont Galago vit une exposition, à Silkeborg, un jour lointain, il s'était rendu là-bas pour Asger Jorn, bien entendu, et pour l'homme de Tollund, pour Seamus Heaney, bref, pour la frime et la forme, pour l'étroit trait de pinceau qui relie certains êtres aux villes et aux demeures.

(On n'a pas idée, de s'appeler Zsuzsa !)

skull-illusions5-550x542.jpgIstván Orosz pratique habituellement des anamorphoses plus ludiques qu'inquiétantes. Oui, je me rappelle ça...! Tout ira dans le bouquin, un vaste dépotoir, et tout prendra au fin fond, à la toute fin, dans ce tas d'ordures, la forme d'un gigantesque crâne décharné. Un archet, un plasticien, et quoi encore. 

Le 4x4 roule à vive allure.

10:13 Publié dans La 42e Clandestine, MUS, Pong-ping, Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 24 novembre 2015

II:c*——{Highway 1}

 Deuxième neuvaine, 20-28 novembre 2015

 

    On va, dit Galoarihemino, faire ensemble le tour d'Australie en bagnole.

Parfaitement.

Galago sent poindre en lui l'envie à tête de fiel.

Parfaitement.

Toujours partant pour une aventure, lance prudemment Galego.

(Il a des souvenirs mitigés de sa petite enfance à Gouy-les-Groseillers.)

Ce que l'on entend, ici, à Toowoomba, est-ce Midnight Oil ou la Fantaisie pour clavecin de Sweelinck ?

Dingue qu'on ne sache jamais quoi décider, balance Galago.

Tout est pourtant clairement établi, dit Galoarihemino.

Vous voyez, on part d'ici, on rejoint Brisbane.

De là le tour par la Highway 1, anticlockwise.

Bazar, ça va en faire, du trajet.

La Highway 1, ça fait dans les quinze mille kilomètres.

Mais il faudra compter plus, certaines péninsules ne sont pas desservies.

D'où des crochets.

(Il est vif, ce Galego.)

 

09:35 Publié dans 16.796, La 42e Clandestine | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 22 novembre 2015

II:a——{au galop}

 

Deuxième neuvaine, 20-28 novembre 2015

    Le nombre sphénique est plus aisé à maîtriser, à s'approprier, que le nombre de Catalan. Avec un peu de patience, tu pourrais calculer toi-même des séries, pour passer le temps, ou travailler sur la question des intervalles (dont tu as constaté qu'elle n'était pas résolue — auras-tu la médaille Fields ? non, tu es trop vieux déjà).

290px-Galago_senegalensis.jpg

Galego est galicien ; Galago est corse ; Galoarihemino est malgache.

Ceci est leur histoire, on va dire.

L'histoire de trois types qui s'ébrouent dans un village corse, que l'on croise aussi ailleurs, peut-être en Australie. Il y en a un qui a gagné une fortune à EuroMillions, mais aucun des trois n'arrive pas à savoir si c'est lui. Un des trois est jaloux des deux autres, aussi, mais chacun croit que c'est lui-même : pas facile d'être jaloux si on n'est pas sûr de l'être.

09:24 Publié dans La 42e Clandestine | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 21 novembre 2015

II:a* ——{aux pingouins}

Deuxième neuvaine, 20-28 novembre 2015

 

    Le soulier de daim bleu m'a blessé au petit orteil du pied droit.

A-t-on le droit d'écrire ça, après Garissa, Paris, Bamako ?

J'ai fait des rêves tordus.

Premier matin qu'il fait un froid de canard dans la maison.

Hier soir poubelle renversée.

Celle des déchets verts.

Violence – des paroles, des regards, des refus d'en échanger – plus que jamais de mise dans le tramway, le bus.

Il n'y a pas, il n'y aura jamais de temps futur au verbe aimer.

Il se lève dans la maison froide, ongle en sang encore.

Se réchauffe un café versé de la thermos pingouin.

Pense aux 420 perroquets, pense à Gouy-les-Groseillers.

C'est compliqué, tout ça.

La Voix sombre : tu t'enregistres en Corse.

Victoria n'existe pas : we are not amused (attribut du sujet, cf hier salle 9 de l'Extension).

L'Apocryphe.

(Pas relu depuis quand ?)

 

Rue Colbert 1427

16.796/140

07:35 Publié dans 16.796, La 42e Clandestine | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 19 novembre 2015

I:h ——{cabas}

 

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Beaucoup à écrire, oui, au point de ne pas avoir encore décidé si cette 42e clandestine prendrait place dans les carnets gris ou dans les carnets verts. C'est égal, en un sens, si ce n'est qu'à vouloir tenir la promesse de reprendre un rythme quotidien de publication dans le carnet vert, ce nouveau livre va multiplier les fers au feu, au risque de l'étouffement.

Les mots étouffoir, éteignoir et étaminoir suivent leur propre trajectoire.

Le texte fourmille. Il faut un tamanoir.

Ponge avec ses figues, il lui fallait un cabas.

Hermès qui ne cesse de brouiller les messages, il faut lui arracher son cabasset.

Il faut, il faut... conter aussi l'odyssée de Cabarceno.

 

(Et puis... et puis c'est tout le reste... rien et son contraire, tout et son semblable... ce qui figure... défigure... on déchante la Marseillaise et on s'endort dans les campagnes... n'arrêter jamais ce cerveau qui bout... n'arrêter jamais ce bout filtre... l'histoire d'une vie qui rencontre l'histoire d'un peuple... un journal aux feuilles jaunies... un néflier aux feuilles tombées... jonchent la triste pelouse... vous n'en prenez pas le chemin... si, premier temps... dans un premier temps... premier jalon, ce que vous nommez neuvaine... et baste, mes lais pour des reines... rien ou tout... rien et son contraire n'a jamais marché... parce qu'on milite, mine, manoir... velléitaire, terne militaire... pfffff... rien, cette écume... bof et puis pof... dernière nèfle tombée pourrie espalasée sur le triste gazon... sur la morne pelouse... pourtant, seuls les gens s'espalasent...)

 

{tu fermes la parenthèse ? toi, tu la fermes !? trop fort... tu as claqué trop fort ! des dents ? pourquoi pas ?? des dentiers !? des rentiers !!! des révoltes partout sous le vent... it's got the squiggly one... prononcé squigueuly, encore plus fendard je suis... on ne fait pas on ne fait pas on ne fait pas... on ne fait pas la révolution avec des signes de ponctuation}

 

[Crochets. Pourquoi maintenant des crochets ? Ça sort par où ça peut, par où cela voudrait s'exprimer, par où cette parole contenue voudrait sourdre. Donc vous tendez, à ça, à cela, à cette parole qui vous réclame, vous requiert, vous tendez vos oreilles sourdes, vous tournez vers le mur fendillé de sang, écran bleu avec ça pour cible, écran à l'oiseau de profil, écran au crâne électrique. Donc pourquoi des crochets, maintenant ? Il, après la Corse et l'Oise et la Suède, se prend pour une vipère, se pend au crochet. Autre révolution, d'une année terrienne — bien sûr, une seule planète : on n'est pas sur Pluton.]

15:19 Publié dans La 42e Clandestine, Pong-ping | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 18 novembre 2015

I:g

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Si tu ne comprends pas, ou ne maîtrises pas, la notion de coefficient binomial, inutile de chercher à calculer toi-même les nombres de Catalan, que tu découvris dans cette obscure revue américaine d'algèbre, croyant qu'il s'agissait de “nombres catalans” (l'anglais Catalan numbers est équivoque), avant de faire le chemin historique et de découvrir qu'ils auraient tout aussi bien pu se nommer suite d'Euler, entiers de Seger, ou nombres de Ming Antu.

Des textes en 16.796 signes ? Un roman de 58.786 mots ? Tu n'y penses pas !

 

18:35 Publié dans La 42e Clandestine, Très long texte | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 17 novembre 2015

I:f ——{Fous}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Quand les moines arrivèrent nous avions l'air de jouer à colin-maillard : ils durent nous prendre pour une bande de fous. 

Il observe les moines attablés, puis il sort, marche longtemps, prend sa voiture, et, se rappelant virages et lacets des routes corses, se réjouit de ces routes à peine sinueuses en bordure de mer, arrive à Tantallon, gare sa voiture, paie son écot à l'entrée. Le château, aujourd'hui, n'a aucun attrait pour lui ; ce qu'il veut, c'est observer, avec sa lunette de haute précision, le beige et le jaune tendre sur le manteau de ces dizaines de milliers de gannets, que Stevenson, dans le chapitre 14 de Catriona, nomme solans. Oui, se sentir seul, se concentrer sur l'observation minutieuse des comportements de tel ou tel sous-groupe sur le célèbre rocher, il n'a pas d'autre souci. De rien d'autre n'avoir cure.

18:29 Publié dans La 42e Clandestine, MAS, Tropographies | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 16 novembre 2015

I:e —— {Paraphrasen}

 

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Dort entstanden seine letzten Bilder, jene freien Paraphrasen zu den Formen der Erscheinungswelt, jene seltsamen, leuchtenden und doch stillen, traumstillen Bilder mit den gebogenen Bäumen und pflanzenhaften Häusern, welche von den Kennern denen seiner „klassischen“ Zeit vorgezogen werden. 

(Hermann Hesse. Klingsors letzter Sommer, 1920)

 

18:26 Publié dans Droit de cité, La 42e Clandestine | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 15 novembre 2015

I:e* ——{Greer}

 Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Toujours embarqués dans les apories ou les insurmontables complexités de cette question, la liberté d'expression, et des décisions diplomatiques, nous retombons dans les symboles, drapeaux tricolores dont on craint qu'ils ne veuillent pas tous dire la même chose pour tout le monde (ce qui est inévitable), tours Eiffel redessinées, archaïsme et idolâtrie, joie de vivre et terreur, à tel égard qu'en déplaçant légèrement l'objectif, la polémique autour de la censure susceptible de frapper les interventions, outre-Manche, d'une écrivaine et essayiste, Germaine Greer, on peut reformuler, reprendre, réfléchir toujours et ne jamais renoncer à réfléchir.

(Ce livre est un miroir qu'en tous sens, sur ce qui brûle, je promène.)

12:12 Publié dans La 42e Clandestine, Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 14 novembre 2015

I:d —— {Cythère}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    « J'eusse achevé ma neuvaine à Cythère. »

Il ne faut pas se méprendre toutefois, et la ruse autant que l'adresse, la joie autant que la tendresse, l'habileté autant que la tranquillité, toutes font des prodiges, ou, en tout cas, le corps y retrouve ses marques. La faconde paraissait, il y a six ans (boissons chambrées), inépuisable, et assurément la voix tranchée donne encore, après virage dans l'escalier de bois, de belles clameurs, je me perds et je donne tout en pâture. Pour ça, contrairement à l'alcool, toute résistance se raffermit, et je ne comprends pas encore les vieux vers. Tout homme sur ce point, dit le bon La Fontaine, / Est d'ordinaire un peu gascon...

 

16:00 Publié dans Droit de cité, La 42e Clandestine, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

I:d* —— {carnage}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Le livre n'est pas commencé depuis trois jours que déjà le carnage s'invite. Or, le carnage ne s'invite jamais, il est là, dévaste, entre, force la porte. Il ne s'invite pas plus qu'il ne s'évite. Il n'existe pas de politique qui puisse empêcher le carnage, mais on doit agir pour plus de liberté, donc contre les ennemis de la liberté, tandis même que le bilan s'alourdit.

 

05:57 Publié dans La 42e Clandestine | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 13 novembre 2015

I:c ——{Gould}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Glenn Gould joue Brahms.

Ni fanatique de Gould, ni amateur chevronné de Brahms, cela pourtant me retient — toujours j'y reviens.

Ce à quoi tu n'es pas revenu, tu n'en reviens pas, c'est Thomas Bernhard. Avec Beckett, tu en étais fanatique, il n'y a pas si longtemps. 

La grâce, l'élégance

& à côté l'indécence. ————

 

11:50 Publié dans La 42e Clandestine, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 12 novembre 2015

I:c* ——{une seule idée en tête}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Les 18 et 19 février 2009, Louis Sclavis et Aki Takase enregistraient l'album Yokohama, avec ses treize compositions, dont certaines reprises de projets antérieurs de l'un ou l'autre musicien. Aujourd'hui, réécouter, attentivement, tout en conduisant, sur de multiples petits trajets, cet album, en chantant presque simultanément et in petto je roule & je glisse & je pense & je glisse en roulant je pense en roulant car c'était ce disque-là que j'écoutais alors, dans cet hiver froid, avec ses éclats de soleil fous, un hiver particulier, on prenait des poses de statues devant la cathédrale en convoquant les caméras (n'était-ce pas le 19 ? non, le 10), on postait des paquets à Sarkozy en convoquant la presse écrite (n'était-ce pas le 18 ? non, le 11), et aujourd'hui encore j'écoute le sax soprano et la clarinette de Sclavis, le piano d'Aki Takase & je roule & je glisse & je pense & je glisse en roulant je pense en roulant.

 

08:57 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué, La 42e Clandestine, Self-Be/Portrayal | Lien permanent | Commentaires (0)

I:b ——{hêtraies}

 

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Dans les hêtraies de Bastelica, au nord-est d'Ajaccio, en moyenne montagne, alors qu'il traquait des mouflons, il est tombé sur une aire de gypaètes. La femelle, planquée, couvait, mais le mâle ne tarda pas à rappliquer pour veiller au grain, et ses manœuvres d'intimidation firent fuir cet homme imprudent, ainsi que les mouflons, dont la piste ne put être retrouvée que le surlendemain, par une chaleur épouvantable, après qu'on se fut désaltéré à la fontaine de Boccialacce, à Bastelica.

 

06:52 Publié dans La 42e Clandestine | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 11 novembre 2015

I:a ——{yeux explosés}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Les yeux explosés, d'avoir trop écrit, ou lu, ou d'écrire encore, d'avoir encore à écrire, il leva les yeux de cet écran, cet énième écran, et de cet énième accent aigu. Il lui semblait que son cerveau était à l'arrêt, en prise avec quelque chose de nouveau, peut-être une vieillesse acceptée. Un vers de Mallarmé, peut-être, mais la barque de Charon n'avait pas grand rapport avec ce souvenir.

Parfois, en se regardant dans le miroir, il se trouvait blême, et d'autres fois rougeaud ou bistre.

Il n'oublait pas d'où il venait, de Gouy-les-Groseillers. Il lui avait fallu refaire le chemin, passer par-dessus de longues années d'amnésie pour réapprendre cela, aussi banal et terne que ce fût, et pour s'en réapproprier les mots. D'ailleurs, encore aujourd'hui, il lui arrivait de vérifier après avoir hésité à mettre un i après le double l de groseillers. On écrit, oui, mais on n'écrit jamais assez.

Les yeux explosés, d'avoir trop réfléchi (à son teint), il leva les yeux, chercha dans le ciel le vol de grues qu'il entendait par hallucination. Il devait chercher sa vie dans les interstices. Il le ferait.

Écrire encore, d'avoir encore à écrire, autant de plis par où se perd la voix, que l'on retrouve peut-être, au bout du chemin. Trop de peut-être. Il la retrouverait.

 

11:05 Publié dans Fall in Love, La 42e Clandestine, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)