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lundi, 10 avril 2006

Tariq :: Dynamo :: Goddard

Tariq Goddard. Dynamo. Sceptre, 2003.

 

    Il y a quelques jours, j’ai achevé la lecture de Dynamo, le dernier roman paru * de Tariq Goddard.

Ce jeune romancier britannique paraît se spécialiser dans les romans qui se passent durant la période des années 1930, et en particulier ses aspects les plus troubles, puisque, après un premier roman, Homage to a Firing Squad, qui s’attachait à un épisode fictionnel (et ironiquement sanglant) de la guerre civile espagnole, il plonge ici ses lecteurs dans le Moscou des années noires et des purges, en un récit tout aussi « microcosmique », puisqu’il s’agit de la semaine précédant le match de football opposant le Dynamo, l’équipe du Parti, au Spartak. L’essentiel de l’histoire, comme le titre ne l’indique pas, est racontée du point de vue des dirigeants du Spartak, qui sont sous le coup des plus graves menaces s’ils ne laissent pas gagner leurs adversaires mais reçoivent aussi un coup de téléphone difficilement interprétable du camarade Joseph Staline – no less ! Le roman s’achève au moment du coup d’envoi, sans qu’il soit possible de déterminer avec précision quelle est la décision prise par joueurs et dirigeants.

Comme il est fréquent dans ce type de roman historique reposant sur un principe d’attente, sinon de suspense, plusieurs histoires se croisent ou s’enchevêtrent : celle de l’avant-centre Radek, qui, au comble du désespoir amoureux, refuse de jouer ; celle des deux dirigeants, Tomsky et Copic ; celle de Josip, Catalan qui a fui l’Espagne franquiste pour échouer dans une dictature où le quotidien s’avère plus atroce encore ; celle de Koba, espion malgré lui, et qui se suicide à la fin du neuvième chapitre ; enfin (entre autres), celle de Slovo, qui tombe amoureux fou de la femme interdite, à savoir de la maîtresse et victime de Klimt Grotsky, chef de la police secrète et dirigeant du Dynamo !

It’s a good read, comme disent les critiques anglais. Le récit évite la plupart des pièges liés à son sujet “historique” et donne une vision convaincante de la vie moscovite de ces années-là (pour ce que j’en sais…) Toutefois, je dois avouer que le style de Tariq Goddard a tendance à me hérisser, par trop de nonchalance affectée. Ainsi – et c’était déjà le cas dans son premier roman – je n’arrive pas à passer outre l’invraisemblance (minime, m’objectera-t-on) qui consiste à faire parler des Russes (ou des Espagnols) de la fin des années 1930 dans l’argot anglais de la fin du vingtième siècle. Déjà, la convention qui consiste à faire parler un ensemble homogène de locuteurs « allophones » dans une langue qui n'est pas la leur a parfois du plomb dans l’aile… mais là, il pousse le bouchon, pour employer une autre métaphore familière.

Speaking of metaphors, Tariq en emploie des vertes et des pas mûres (par exemple tout en haut de la page 208, quand il compare Copic à un dinosaure en hibernation (!)). À coup sûr, il a l’art de surprendre (et c’est, sur l’ensemble du roman, un compliment).

De très nombreux passages sont remarquablement écrits. Pour n’en prendre qu’un, le réveil de Radek au début du chapitre 11 :

The banging Radek had thought he had heard in his sleep was in fact coming from his window; a flotilla of snowballs were being hurled at it by what sounded like banshees. He grabbed the window nearest to his bed and flung it open. Above him the sky was coughing up clouds, like clots of blood, and below the crowds were roaring his name, his name and that of his team, and there weren’t just a few of them gathered here, there were thousands. (p. 246)

 

 

* Aucun des romans de T.G. n’a été traduit en français. Vérification faite, il a publié l’an dernier un troisième roman, The Morning Rides Behind Us. L’absence de toute traduction est curieuse, car il s’agit d’un auteur déjà assez connu en Grande-Bretagne, dont l’édition française suit généralement les tocades avec beaucoup d’attention.

Commentaires

Accuracy: faire parler des russes dans...Sensé être amusant. Non? Visiblement, non!

Écrit par : Livy | mardi, 11 avril 2006

You do know that I have no sense of humour, don't you ?

***
Cela dit, j'ai bien aimé ce roman. Visiblement, tu connais Tariq Goddard... feel free to write about Dynamo... Or have you read his latest ?

Écrit par : MuMM | mardi, 11 avril 2006

Visiblement, oui.
Don't want to write about Dynamo and haven't read his latest book but might send it to you just to foster that absence of mirth of yours.

Écrit par : Livy | mardi, 11 avril 2006

Am I that sad ?

Écrit par : MuMM | mercredi, 12 avril 2006

I don't have any french, so I can't understand, let alone add to your discussion of my work...

Écrit par : tariq goddard | lundi, 24 avril 2006

Livy, tu m'apprends le mot mirth que j'ignorais, j'en suis ravie. MuMM en est-il dépourvu ? Dans la vie, je ne saurais dire, sur son blog, c'est vrai que l'on sourit plutôt qu'on ne rit à gorge déployée (mais où donc, d'ailleurs ?)

Écrit par : fuligineuse | lundi, 24 avril 2006

You know you're very funny so stop fishing for compliments will you!

Fulie: you're welcome. On rit bien et à gorge déployée avec MuMM. Je le taquine bien sûr.

Tariq Goddard: how odd. I bought "The Morning rides behind us" this afternoon to send it to MuMM tomorrow. He might write about it in English just for your reading pleasure. Won't you MuMM?!

Écrit par : Livy | mardi, 25 avril 2006

well I never know know my luck, enjoy the novel MuMM

Écrit par : tariq goddard | mercredi, 26 avril 2006

Dearest Tariq Goddard :

it's a great honour to have you reading this blog, and I'll try and write a few lines in English (I should manage but I am currently far away from my computer) as a kind of summary of my "post". I think I enjoyed your first novel more than *Dynamo*, yet I was wondering why your novels seem not to be translated into French.

Best,

Écrit par : MuMM | mercredi, 26 avril 2006

MuMM, a french friend told me about your blog because they thought you might in some way be involved with the French publication of my work, but since I didn't even attain GCSE French (I had enough trouble expressing myself properly in english to start on any other languages) my appreciation of your blog has largely been based on guess work. Though you do seem to be a happy exception, French publishers are of the opinion that there would be no mainstream audience in France for my work, so until then, you can consider yourself right at the vanguard of my french readership
best

Écrit par : tariq goddard | mercredi, 26 avril 2006

You know Breytenbach calls them "publishitters".

Écrit par : MuMM | jeudi, 27 avril 2006

Les commentaires sont fermés.