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jeudi, 28 avril 2016

Buanderie, 1

    Pièce essentielle, car on s'y trouve finalement plus souvent quoique par phases de quelques minutes à la fois, que dans bien d'autres pièces, la buanderie séduit déjà par l'étrangeté douce de son nom. J'y écrivis il y a quelques années des poèmes que j'intitulai Buandes, avant de ne même pas me résoudre à les transcrire dans ces carnets.

La buanderie, je l'ai rangée il y a une semaine, avant le bref séjour de mes parents, venus nous voir au retour d'Andalousie.

Elle est évidemment encombrée de tout un fatras ; plus encore que l'atelier, la buanderie est un débarras. Elle doit son nom, cependant, au lave-linge qui s'y trouve et près duquel sont également branchés un réfrigérateur et un lave-vaisselle. Le lave-linge sert très souvent ; le réfrigérateur est d'appoint, à l'exception du compartiment congélateur, notre seul congélo ; le lave-vaisselle est aussi d'appoint (quand nous avons emménagé ici, nous l'avons fait suivre, mais il y en a un, évidemment, à la cuisine du rez-de-jardin).

Tout texte qui tente de s'approcher de la vérité de ce lieu finira en fatras.

C'est fatal.

Pourtant, elle est assez bien rangée.

Je remets à plus tard — c'est fatal, autant que mimétique — de dresser la liste de ce qui s'y trouve.

 

Cinq livres dont le tome 1 de 1Q84. — Le savez-vous, ce livre, lu en entier pourtant, m'a tellement agacé, à la fin des fins, que je n'ai jamais acheté ni lu la suite. Kitscherie insauvable. Avant-hier soir, j'ai achevé de lire Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants ! qui est en est l'exact contraire, dans l'écriture, l'imaginaire, l'univers, le rapport à l'humanité et à l'histoire. Quel roman extraordinaire.

13:51 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (3)

mercredi, 27 avril 2016

Salon, 2

    Je n'y suis pas là.

Là, je n'y suis pas.

 

Pourtant, c'est le sujet du jour : les trois canapés qui ont occupé, successivement, la fonction de meuble principal du salon (ou séjour).

Le séjour, c'est donc le sujet du jour.

Mon ruisseau tarit l'océan.

 

Le premier canapé, acheté en 2003 et apporté ici lors du déménagement en décembre 2008 — j'avais 34 ans, j'étais un gamin ! est-ce possible ? —, était bleu marine avec quelques motifs pseudo-erratiques jaunes et rosâtres (de mémoire).

Le second, plutôt un sofa, d'un beau rouge, nous fut vendu par nos voisins, qui s'en défaisaient. Il était très bien, à ceci près que ses accoudoirs, arrondis et fort hauts, n'étaient pas amovibles, me rendant impossible d'y finir mes nuits, par exemple.

Nous l'avons changé, tout récemment, pour un beau canapé en cuir de buffle, noir, aux accoudoirs rabattables, et dans lequel nous tenons à quatre.

 

J'imite le cri du vent.

Jacques Blanchard se rendit à Venise. — Certes, mais si Gérard Blanchard ironisait génialement sur la mort de Claude François, j'avais le droit de me gondoler, non ?

(C'est sans rapport, là ?)

C'est sans rapport.

13:49 Publié dans 16 en 16, Droit de cité | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 28 mars 2016

Salle à manger, 1

    J'ai déjà expliqué en quoi le salon et la salle à manger sont la même pièce, mais, dans la mesure où c'est, techniquement, précisément, à la table de la salle à manger que j'écris ces lignes, avec dans mon dos le Rêve de la perruche de Dorothy Nungurruyi Granites, et sur ma droite les Chimères domestiques d'Alain Prillard, je choisis de considérer qu'il y a deux pièces distinctes. (D'ailleurs, au quotidien, nous nous informons souvent les uns les autres que tel ou tel objet se trouve dans l'une ou l'autre de ces deux pièces.)

C'est ici que je me suis déjà filmé, à trois reprises je crois, pour ma nouvelle série des traductions sans filet. (D'ailleurs, ce projet doublonne, l'air de rien, de ne pas y toucher, 16 en 16, puisqu'on y voit différentes pièces cadrées de différentes façons. Je me suis déjà filmé au salon, à la cuisine, à la chambre à coucher, au bureau bien sûr et au petit salon. Autant dire que des lieux de tournage, il en reste.)

C'est ici que je joue au Yam's, ou à d'autres jeux, avec mon fils cadet.

C'est ici qu'il fait ses devoirs, le soir, au retour de l'école, après le goûter. (Il a un bureau dans sa chambre, mais ce sera pour plus tard, comme son frère, quand il sera plus autonome. — Pourquoi n'ai-je encore rien écrit, sur aucune des quatre chambres ? Bah, nous ne sommes qu'en mars.)

C'est ici que j'écris parfois, ou que je travaille, quand je veux écouter des disques avec un son digne de ce nom.

C'est ici que nous mangeons, mais cela va sans dire. (Il y a une rallonge pour quand le nombre de convives est supérieur à six.)

C'est à cette table, mais pas ici (c'était dans l'autre maison), que j'ai traduit en entier Links de Nuruddin Farah, en 2006.

D'ici, je vois le salon, mais aussi, plus près de moi, les étagères de séparation entre un coin du salon et cette partie de la pièce, la bibliothèque avec les livres d'art (pour dire vite), la discothèque sur le pan de mur inutilisable sinon situé avant la porte qui donne sur le couloir, et, en tournant les yeux, le faux placard correspondant à l'affreuse niche de l'entrée (justement).

Ici, je rumine souvent de noires pensées. Plus prosaïquement, je me dis souvent que je n'arriverai à rien avec ces différents projets, qu'il faudrait monter les marches quatre à quatre (ce que je fais, cette fois-ci, vu que le précédent billet a été écrit et publié le 24 mars, jour des 89 ans de ma grand-mère maternelle (et les précédents le 20 et le 16)), et même qu'une fois le texte à peu près bouclé, il restera là, à moisir ici — non, pas ici dans la salle à manger, où l'on aspire les vieilleries, où ne restent que des fantômes d'espoirs — ici, sur ce lieu sans lieu comme l'a si bien écrit André Markowicz dans un billet récent tirant le bilan de trois années de chroniques sur Facebook, ce carnétoile comme je disais jadis avec afféterie, ce blog où n'en finissent pas de s'éterniser mes proses, ce futile dépotoir.

 

Il fallait en profiter pour. — C'est tout moi, cela résume tout. Tant de textes avortés. Je pense que je trouve une force, une beauté aux avortements. Bergounioux évoque souvent la table de peine ; la velléité, c'est de ne pas vouloir “perdre” son temps à peiner.

 

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jeudi, 24 mars 2016

Bureau, 3

Lors du précédent texte, il y a six semaines déjà, je parlais de “deuxième bureau”. Désormais, ceci est le troisième texte.

 

Ce soir, tandis que se téléchargeait la dix-septième vidéo de mes traductions sans filet, j'ai lu dans le fauteuil :

— Repris Männerphantasie, laissé en plan depuis deux semaines. Long développement sur flux & fleuves (Ströme), magistrale argumentation avec des trouvailles terminologiques et de réjouissants délires sémiotiques. Ici, s'éloigne longuement de l'argument principal (sur le fascisme). L'illustration de la page 362 m'évoque l'anecdote de C***, ce midi, sur l'élève interrogé sur un texte de Montherlant, pour les oraux blancs du baccalauréat, et qui n'avait pas vu que le phare était manifestement phallique (de même que l'âne).

— “Notes pour un coquillage”. Pas relu les premiers textes de Ponge depuis belle lurette. Quel poème génial. Ponge ne s'est-il pas perdu, à trop finasser sur les derniers temps ? On m'en demande la traduction improvisée, devant la statue de Jean Royer, de surcroît. Cela serait trop long, et surtout trop compliqué à pondre ainsi au débotté. On devra se contenter de Blake.

— La XXIXe des Heures claires de Verhaeren ; ce poème-là est, malgré les rimes, beaucoup plus improvisable.

— Le Carnet de notes de Bergounioux.

 

(On n'a pas idée, de s'appeler Zsuzsa !) — Si j'ai trouvé moyen de recycler ici, greffon stupide, excroissance stérile, verrue sur un corps sain, ce fragment délétère, tant mieux.

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dimanche, 20 mars 2016

2442 — Cuisine, 1

    Pas étonnant, diront les esprits forts, que j'aie autant attendu avant de m'attaquer à cette pièce, à ce morceau...

Pourtant, s'il est vrai que, de toutes les tâches ménagères, faire la cuisine est une de celles que j'assume le moins, faute de goût et surtout faute d'un quelconque talent, je passe toutefois un certain temps dans ladite pièce : faire ou ranger les vaisselles ; préparer le petit déjeuner ; nettoyer les plaques ou la paillasse ; ranger les courses.

(Ce sont là des tâches devant lesquelles je ne me défile pas.)

Il y a trois jours, j'y ai filmé — dans cette petite cuisine à la moche peinture bleue et aux carreaux également d'un goût très médiocre — la onzième de mes traductions sans filet (ma nouvelle marotte*).

Je garde, pour les textes suivants, plus de détails descriptifs, et me contenterai de signaler que les ustensiles les plus récemment acquis sont deux couteaux en céramique, engin démoniaque dont nous avons d'ailleurs évoqué le terrible tranchant, hier à dîner, avec Olivier.

 

“Walloon admixtures” — Quelle merveille que les aléas de la recherche me proposent cet extrait d'Anthony Powell, dont j'avais oublié que je l'avais mis en ligne, et dont j'avais oublié jusqu'à l'existence, peut-être. (Ces carnets comme rempart, non à Alzheimer, mais aux effets d'Alzheimer.) Je m'étonne toujours de ce que je retrouve, peut-être à l'instar d'un écureuil hyperactif et oublieux. Toujours est-il que ces soldats à la Memling et ce colonel offrent un appel à la marge, un renvoi qui vient compliquer encore ces pages, une flèche lancée vers un autre des chantiers mémoriels, le texte que j'essaie d'extraire de ce qui me demeure d'une semaine en Artois (et en Wallonie).

 

 

* autre terme à creuser — pour le moment, à remiser

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mercredi, 16 mars 2016

W.C. de l'étage, 1

    Outre qu'il s'agit de la pièce la plus petite de la maison, ce cabinet carrelé dispose d'une sorte de petit placard, où nous avons pris pour habitude d'entreposer quelques revues anciennes — Courrier international, Diapason, Charlie Hebdo. C'est lors d'un séjour (rare (ce sont surtout les enfants qui se servent de ce lieu plus proche de leurs chambres et plus adapté à leur moindre taille, ou, surtout, à leur plus grande souplesse de guiboles)) en ce lieu que j'ai commencé à écrire des limericks cantalous, car il y a, sur le mur de droite et sur la porte, une carte du Cantal et une de la Corrèze.

 

se rassembler dans le salon de la chambre bleue — Tout est affaire de cabinet (non au sens où Patrice Nganang l'entend quand il dit du Cameroun que « le pays-là est dans le cabinet », mais au sens institutionnel), puisque c'est à Val-Désert, dans la chambre bleue, que nous avons regardé, soir après soir, toute la saison 1 de Borgen.

22:22 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 08 mars 2016

Atelier, 1

    Tous ces textes s'alignent, et je les accumule dans le désordre le plus total.

Je n'ai même aucune idée du nombre de pièces que comptera le projet, car certains recoins qui peuvent être des pièces peuvent aussi ne pas en être — ou ne pas en devenir. Les pièces qui comptent sont celles du texte, et comment je les multiplierai, avec les redites.

(Mon modèle, pourtant, n'est pas House of Leaves.)

 

Passé ce préambule, j'en viens à l'atelier, sans doute la pièce la moins fréquentée — quasiment pas fréquentée par moi, et moins encore par les autres, à moins de se rappeler que c'est là qu'est généralement entreposé le sac de roller d'Oméga. (Sac de roller, car ce n'est pas seulement le sac des rollers : s'y trouve aussi l'équipement, le barda habituel qui va avec cette activité.) L'atelier, éclairé par un minuscule vantail oblong (au niveau du jardin, du plus central des néfliers), se trouve au sous-sol : quand on entre par la porte du garage, il se trouve à droite après le meuble à chaussures et avant l'escalier, à partir du minuscule couloir qui ouvre soit sur la buanderie soit sur l'atelier.

Pour diverses raisons, la buanderie est plus mon repaire que l'atelier : je ne suis pas (du tout) bricoleur.

Plus haut, j'aurais pu écrire, avec quelque justesse, que mon père est peut-être celui qui aura passé le plus de temps dans l'atelier, bien qu'il ne passe, dans cette maison, qu'une poignée de jours par an — peut-être une semaine en mettant bout à bout tous les passages.

L'atelier est donc un lieu de débarras, et de grand capharnaüm. Serpent de mer, l'antienne selon laquelle au printemps je rangerai l'atelier.

Je le fais parfois. Mais c'est un peu décourageant, comme le sont ces innombrables étagères parfaitement fichées ou encastrées sur leurs non moins innombrables montants en ferraille, et qui se recouvrent régulièrement d'une sciure de bois qui témoigne forcément du travail sourd et pugnace des cossons, travail dont j'attends peut-être qu'il conduise à un effondrement, à un effritement de toutes ces étagères où rien de primordial ne se trouve relégué (sans quoi je n'userais pas, justement, du verbe reléguer), à un émiettement qui me réduirait, moi, au rôle de balayeur de fatras, tout à la benne.

 

ça n'est pas vraiment un opéra — Cette traduction, c'était il y a longtemps. Une décennie. La montre bleue ne marche plus depuis longtemps, et je n'utilise plus du tout de montre. (Il y en a quatre ou cinq, malheureuses, à gésir au fond d'un tiroir (je sais lequel).) Ce billet du 5 juillet 2006 démontre à l'envi combien, pour moi, le mot atelier est métaphorique. J'ai trop lu Ponge, et pas assez travauté bricolé avec mon père.

 

Au vu des incises, c'est mal barré. — La structure de ma Comédie malsaine est si proliférante qu'il est heureux que je tente, de temps en temps, quelques boutures et quelques coups de sécateur.

 

21:45 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 07 mars 2016

W.C. du rez-de-chaussée, 1

    Il aura fallu, après notre installation, près d'un an pour que je m'avise que le petit radiateur, décidément, chauffait trop, que la chaleur qu'il faisait régner dans les gogues était par trop étouffante, et que, me saisissant d'une clé à mollette, je torde enfin le cou à son robinet et bloque l'impétrant sur zéro. Depuis, on est près de se geler, parfois, mais c'est mieux, tout de même.

L'autre modification principale de cette pièce — outre les posters ou photos de famille qui ont progressivement recouvert, comme dans la salle de bains, les atroces carreaux de faïence figuratifs — se produisit en janvier 2014, lorsque, juste après une fuite dans un tuyau inatteignable situé entre le rez-de-chaussée et l'étage, le jeune plombier, recordman du monde de l'imprécation et de la variété dans le choix des termes orduriers, dut intervenir, me demandant de sacrifier les portes du petit placard par lequel il lui fallait accéder. Depuis, les produits ménagers, sacs à aspirateur et chiffons sont vaguement dissimulés par un rideau obscurcissant que mon épouse y installa, sur une tringle.

Ces chiottes-là ne sont pas un endroit où je lis ni rêvasse. Curieusement, c'est au sous-sol (avec le Littré) ou à l'étage (avec la carte du Cantal et celle de Corrèze) qu'occasionnellement je me perds, assis sur le rond.

 

un échiquier malpropre — Le carrelage, puis ce retour de l'image des échiquiers, en ce jour anniversaire des 80 ans de Perec, cela fait beaucoup. Où est-il, mon exemplaire d'Alphabets ? Il ne se trouve pas où il devrait pourrait être.

Panser/Casser

 

22:20 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 01 mars 2016

Intermède, 2 — Couloir, 2 — Escalier du sous-sol, 1

    Dans le rêve qui m'a réveillé, un élan débaroulait de l'escalier, et j'essayais de l'empêcher de pénétrer dans le couloir, en pure perte. Il détalait jusqu'aux W.C., où pissait mon fils cadet, sans heurter ce dernier, puis faisait marche arrière, et après je ne sais plus. C'était un élan, avec une bonne tête d'élan féroce, mais sans ses bois (seule solution, je pense, pour que, gardant un semblant de logique, le couloir et l'escalier de la maison puissent accueillir un élan sans qu'il détruise tout de ses imposants bois).

Réveillé, dans mon lit j'ai tenté de chercher quelle pouvait être la signification de ce rêve, mais, ne sachant plus du tout ce qui précédait le moment où, ouvrant la porte qui donne sur l'escalier qui mène au sous-sol, je voyais un élan, difficile de reconstituer. L'absence de bois, associée au fait que cet élan ne détruisait rien, en fait, m'a laissé perplexe.

 

Dois-je alors, reprenant le jeu de mots du maître de mon fils cadet en CE1, prendre mon élan et remettre sur le métier le chantier d'écriture abandonné depuis le 13 février ?

Le couloir du rez-de-chaussée a déjà été évoqué : un élan n'y passerait pas, je pense.

L'escalier qui conduit au sous-sol, non : depuis bientôt un an, la cordelette qui servait de rampe a été enlevée, car nous en avions assez de son état effiloché, et d'avoir dû en remplacer la partie inférieure, pendant tant d'années, par un tendeur de vélo. Après que mon père eut réparé un des trois porte-corde, en avril, j'ai commandé une nouvelle corde en chanvre, mais mon père s'était trompé dans les mesures, je n'ai jamais pu la faire passer par les porte-corde, sans compter que la réparation de mon père n'a pas tenu, il n'y a plus de rampe dans l'escalier, on fait sans. (Et la corde neuve, affreusement puante, est allée finir sa carrière, non à la fourrière, mais dans le cagibi situé sous le perron.)

Dans cet escalier se trouvent trois placards : un grand, en haut de l'escalier, où sont remisées diverses provisions, mais où l'on trouve aussi les jeux les moins appréciés de mon fils cadet, de vieilles VHS, je crois, et tout un bazar hétéroclite (enfin, on a rangé il n'y a pas si longtemps) ; une simple porte, sur la gauche en descendant, donnant sur un placard d'à peine dix centimètres de profondeur, que l'ancien propriétaire nous avait décrit comme un placard à balai, au sens propre (et au singulier, probablement), mais où nous rangeons une sorte de plateau avec tréteau dépliable ; enfin, au milieu de l'escalier, toujours dans le mur de gauche quand on descend au sous-sol, un petit placard avec trois étagères, où sont rangées les confitures (avec de périlleuses superpositions, on peut y ranger, je dirais, dans les 40 pots).

L'escalier est carrelé. Il est décoré de deux (ou trois ? (à un moment, ce texte, je l'ai déjà noté, devra reprendre chaque pièce in situ)) affiches.

 

les barres verticales oranges — Autre bureau, autre escalier, autre moment, de temporaires travaux, et je ne revois pas du tout ces barres, quoique je me rappelle la bâche. Noter aussi que j'avais alors mes quartiers dans le bureau 44, avant de rallier le bureau 45 pendant deux ans, puis de retrouver, cette année, le bureau 38 (comme à mes débuts).

jamais de haridelles ni de rosses ni de carnes — On pourra penser que c'est par un fait exprès, mais non, comment pourrais-je me rappeler, sur les six mille et quelque billets publiés depuis 2005, celui qui associait la venelle en escalier du Cheval blanc à l'impossible ascension d'équidés, dont l'élan du rêve serait alors un lointain descendant textuel ?

 

(Ce billet-ci s'achève donc sur une allusion à Nathalie Quintane, alors qu'il commence par un verbe directement importé de la série Kaamelott, alors que mon ami Éric R. m'a demandé hier soir si je connaissais l'épisode de La Quinte juste, son préféré.)

 

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samedi, 13 février 2016

Chambre du cadet, 1

    Plus petite que sa voisine, cette chambre est celle dont le mobilier a le plus changé — encore que, non, ce n’est pas vrai — vais-je devoir, si tôt, instituer la rature comme nouvelle forme d’écriture. (Ouvert devant moi, le tome II des Œuvres de Barthes, à la page 592, le texte sur Cayrol.)

 

J’écris ces lignes confuses, brisées, dans le bureau, sous la chambre en question.

Il ne s’agit pas d’imaginer ; il faudra, à un moment donné, ne plus fuir et écrire in situ un texte au moins pour chaque pièce.

 

Revue_des_Deux_Mondes_-_1873_-_tome_104.djvu.jpgSur la porte de la chambre du cadet, les lettres de son prénom, en bois coloré.

Dans le placard de la chambre du cadet, ses vêtements, des draps, mais aussi de vieilles peluches, quelques cartons, la série complète (qu’il n’a jamais lue ni voulu qu’on lui lise (mais alors, combien d’heures passées à lire les histoires et les fiches documentaires à son frère, alors âgé de quatre ou cinq ans ?)) des Amis du Bois de 4 Sous.

Dans le lit de la chambre du cadet, dort, en cette heure nocturne, l’enfant même.

Sur la table de chevet de la chambre du cadet, le globe terrestre avec ses 200 et quelques animaux numérotés, et la capitale du Sri Lanka, qui n’est plus Colombo depuis 1979 (il me l’a appris).

Sur le rebord intérieur de la fenêtre de la chambre du cadet, une dizaine de peluches servent de calfeutrage.

Sur la crédence basse de la chambre du cadet, divers bibelots qu’il commence à ramener de nos voyages, et sa collection de pierres.

Sur le bureau de la chambre du cadet, qu’il n’utilise jamais – pourquoi y a-t-il une chaise ? – , un peu de bazar, je suppose : feuilles éparses, magazines ?

Dans la bibliothèque vitrée de la chambre du cadet, des livres, bien sûr. Quoi d’autre dans une bibliothèque vitrée ?

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vendredi, 12 février 2016

Salle d’eau, 1

Depuis que la chatte parvint, un dimanche d’hiver 2013 (ou 2014 ?), à s’ouvrir la porte du placard, et, de là, à rejoindre les combles où, sans doute elle passa toute la journée, jusqu’à nous faire penser qu’elle avait disparu et jusqu’à ce que, le soir venu, notre fils aîné, entendant des miaulements depuis sa chambre (voisine), eut attiré mon attention sur ce fait, et que je me fus démené à ouvrir un interstice plus important entre le coffrage intérieur du placard et la laine de verre pour permettre à la prisonnière de s’y glisser et de ressortir de là, attirée par l’assiette de croquettes que mon épouse avait servie à même le carrelage de la salle d’eau, une planche de bois mélaminé blanc bloque en permanence l’accès au placard, de sorte que nous devons l’enlever avant de pouvoir ranger jouets, draps ou couettes (et surtout que nous ne rangeons plus grand-chose dans ce placard).

 

pas un violon pour nous aider à grimper à la cime des ifs Il n’y a, ici, de souvenir que musical. Cette image, pourtant, me fait voir, maintenant, le violon sans cordes, avec son archet abîmé, qui trôna longtemps derrière le tourne-disques, à Hagetmau. Se peut-il que ce texte soit en train de dériver vers un emboîtement de maisons, avec des spectres et des projections ? Ces jours prochains, il se peut que j’écrive certains textes ailleurs que rue Mariotte : à Hagetmau, justement. Et surtout sans connexion ; cela sera le plus délicat, car comment ouvrir le grand répertoire des archives ?

06:06 Publié dans 16 en 16, Ma langue au chat | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 11 février 2016

Bureau, 2

En six mois, Lesueur lisait, calculait et savait un peu de musique.

(Maxime Du Camp)

 

    Dans la nuit, le bruit que font le “moteur” de l’ordinateur classique (avec son grand écran et sa colonne posée au sol) et le clavier sous mes doigts paraîtrait presque un vacarme. Face à moi, de l’autre côté du deuxième bureau, les étagères avec les dictionnaires (Robert en cinq volumes, Robert historique, Gaffiot, Langenscheidt en deux volumes, Littré en six volumes) et les Pléiade — 95 sans les albums, je viens de les compter. On m’aurait demandé, j’aurais été infoutu de dire combien nous en avions.

Ci-dessus pas d’italiques aux noms abrégés des dictionnaires, et pas de tréma à Pléiade (adolescent, je pense avoir hésité un petit bout de temps, comme avec poète).

 

Il reste à défendre les 99 noms du regard. — Même ancienne, cette phrase ferait une bonne épigraphe à ce texte marelle. En écrivant marelle, je pense moins à Cortazar qu’aux contours peints désormais effacés, sous le cognassier, que je suis peut-être seul à voir encore, avec les yeux de la mémoire, qui ont peut-être, eux aussi, une tripotée de noms. Il y aura un billet, au moins, pour la marelle.

05:54 Publié dans 16 en 16, Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (2)

mercredi, 10 février 2016

Palier, 1

Absolument pas liée

À vos voisins de palier

Mais m’entendant piailler

(B.L.)

 

    Tout l’étage s’organise, en quelque sorte, autour du palier.

On y reviendra — c’est toujours ce qu’on dit, ce même on qui photographia avant-hier l’onagre du Muséum —, mais qu’il soit déjà fait état que ce palier entoure, comme c’est l’usage, la cage de ce qui rime avec son nom, l’escalier.

Cette affaire de rimes n’est pas une mince affaire, qui convoque « l’arbre sans son espalier » de Manset et, sur un mode plus léger, l’ultime chanson du coffret Boby Lapointe de mon enfance (“Je suis né au Chili”).

 

Dans mon bureau, il doit faire 17°, peut-être moins — Les travaux du CRL remontent à mon passage furtif par le bureau 44, mais que j’eusse déjà cette chemisette orange brûlée, voilà qui me surprend.

 

je contemplais le masque béti aux yeux fermés aux longs yeux allongés, au front bombé yeux effilés — Le hasard fait que je tombe sur un billet écrit il y a huit ans, dans l’autre maison, après une craqûre, un abolissement. Le palier n'y est pour rien.

05:41 Publié dans 16 en 16, Droit de cité, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 09 février 2016

Intermède : spectres de demeures

6 février

 

    Ce texte est à peine commencé — je n'y ai pas consacré, d'ailleurs, en janvier, autant de temps ou autant de fragments qu'il aurait fallu —, qui doit déjà faire face à des fantômes.

Fantômes incompréhensibles, au demeurant.

Ainsi, à l'instant, je recherchais le modèle de publication des septains épiphaniques et suis tombé sur un autre billet, beaucoup plus ancien, écrit dans notre maison précédente (celle du 14, rue Guillaume Apollinaire — devant laquelle je suis passé mercredi dernier, by the way... mais c'est une autre histoire). Or, dans ce texte, j'évoque la « table du salon », ce qui est l'occasion pour moi de préciser que, le plus souvent, je me trompe et emploie le mot salon pour salle à manger, confusion rendue d'autant plus aisée que, dans notre maison actuelle comme dans la précédente (comme dans l'appartement de Beauvais), les deux pièces n'en forment, en fait, qu'une seule, avec de capricieuses délimitations en guise de parois. Donc, je lis « table du salon » et vois très clairement la table de la salle à manger, puisque c'est effectivement à cette table, toujours la même en 2016, que je m'installe souvent avec mon ordinateur portable. De plus, une véritable « table du salon » est une table basse, à laquelle on ne peut pas s'installer pour écrire.

Ce qui me rend perplexe, c'est que, le 31 août 2006, je pouvais écrire que cette « table du salon », nous l'avions achetée il y a moins d'un an. Or, je suis convaincu que nous l'avons achetée à notre arrivée à Tours, en août 2003. Je ne comprends pas.

Ainsi, la marelle de Mariotte, avancée précaire de case en case dans un dédale sans plan, est à peine esquissée, et des spectres familiers mais incompréhensibles viennent s'interposer, joueurs, agaçants, entre elle et mes tâtonnements...

05:55 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 06 février 2016

Petit salon, 1

    L'expression même, petit salon, a des airs de colonel Moutarde et de clef anglaise. Je n'y peux rien, si, pour moi, il en est ainsi.

Le petit salon est, à l'étage, une pièce minuscule, dont on aurait pu faire une chambre, mais où n'aurait tenu qu'un lit simple. Nous y avons, dès l'emménagement, remisé le vieux canapé en mousse des années beauvaisiennes, lequel, déplié — il occupe alors la totalité de la pièce, en largeur, et presque en longueur —, nous sert de couche quand, laissant notre chambre, nous trouvons refuge près des chambres des enfants.

Actuellement, le petit salon est une des pièces les plus chargées de la maison, à l'exception de la buanderie et de l'atelier, où l'on ne fait que passer comme chantait Léo Ferré. Outre le canapé en mousse, avec ses deux boudins (accoudoirs ? dossiers ?), il y a une petite bibliothèque où se trouve une moitié de la collection de bandes dessinées, ainsi qu'un secrétaire en bois qui appartenait autrefois à notre fils aîné mais qui, encombrant, n'était plus très pratique non plus pour le travail. (Personnellement, j'ai toujours détesté les secrétaires : il me faut au moins deux espaces en plus de la feuille ou du cahier ou de l'ordinateur dans/sur lequel j'écris. La tablette d'un secrétaire est trop étriquée.)

Au-dessus du canapé, quatre planches d'histoire naturelle de la fin du dix-huitième siècle, représentant divers poissons, dans des cadres orangés. Près du canapé, le bac de rangement en plastique où se trouvent quelques jouets rarement utilisés par notre fils cadet sert aussi de table de chevet ou de table basse pour les (rares) fois où l'on fait salon, pour le thé, ou alors certains dimanches, après le déjeuner, pour le café.

Il m'est arrivé souvent de lire, assis ou allongé dans le sofa de mousse (il est encore très confortable), et même d'écouter, au casque, avec le vieux lecteur de CD qui a fini par échouer là, planqué sous une couette pliée en huit, au-dessus du secrétaire, des symphonies de Brahms ou de Mahler.

Quand les enfants étaient malades, nous y finissions ou y passions, l'un ou l'autre (C*** ou moi) la nuit, sur le qui-vive, d'un sommeil intermittent. Lorsque j'étais en Afrique du Sud et que les garçons puis Claire étaient tous tombés malades de la grippe, l'un après l'autre et à intervalles rapprochés, c'est ma mère, pas encore abattue par la grippe et plus en état que C***, qui y avait passé deux ou trois nuits, pour veiller sur les garçons. À peine rentrée dans les Landes, elle avait passé une semaine au lit...

Il me semble qu'à un moment donné, par exemple quand A*** était en sixième, alors que le fameux secrétaire était encore dans sa chambre, il y avait, dans cette pièce, le minuscule bureau de totale camelote où j'avais installé l'ordinateur portable d'A***, qu'il n'avait pas encore le droit d'avoir dans sa chambre. Il me semble, et quelques photographies, sans doute, en attesteraient.

La forme des pièces d'une maison change plus vite, hélas, que notre mémoire tourneboulée.

 

faut dru faux drame — Tout texte un peu suivi doit-il, à un moment donné, verser dans le drame, c'est-à-dire dans la péripétie factice ? Il faudrait relire tous les grands romans expérimentaux des années 60 à 80 pour commencer à trouver des réponses un peu solides à cette question.

Peut-on narrer une demeure ?

 

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mercredi, 03 février 2016

Couloir, 1

Aucun greffe préalable. Aucun bureau avec registres.

(Hugo)

 

    Alors que tant de pièces n'ont pas même été esquissées, pourquoi consacrer un paragraphe à ce qui n'est pas une pièce ? L'auteur ne tourne-t-il pas autour du pot ?

Le couloir, pourtant, tout le monde y passe, sans cesse. C'est la pièce où tous les habitants d'une maisonnée — et celle-ci ne déroge pas à la règle — se retrouvent, se croisent, des dizaines et des dizaines de fois par jour.

Les murs de celui-ci sont ornés, de loin en loin, de quelques gravures ou reproductions. Il commence, comme il est habituel, derrière la porte d'entrée, par une sorte de vestibule, ou plutôt de minuscule hall d'entrée. Les différentes portes donnent, à droite en venant du vestibule, sur la salle à manger, sur l'escalier qui mène au sous-sol, sur la chambre du rez-de-chaussée, et, à gauche, sur la cuisine, la salle de bains, le bureau. La porte du fond ouvre sur les toilettes (les plus fréquentées, avec, sur la porte, une affiche de l'exposition OURS).

 

Ce couloir est véritablement une pièce.

L'enfant le plus jeune y joue, parfois seul, parfois contre son frère aîné, à d'infernales et bruyantes parties de balle bondissante.

 

Vous vous attellerez à une version latine. — Un souvenir de fin 1991 qui ouvre sur un souvenir de mai 2010 qui ouvre sur d'autres portes. Long boyau même pas digestif d'une mémoire morcelée, le texte en tunnel s'évase. Ce n'est pas du tout en mode Butor. (Il ne sert à rien d'écouter Finnegans Wake, mon esprit vagabonde.)

Passage abrupt chevêche aux mésanges. — On ne fait que passer dans ces lieux de hasard, de fortune, sites d'un saisissement, parfois même d'un ressaissement. Puis on a les reins rompus, qu'y peut-on.

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dimanche, 24 janvier 2016

W.C. du sous-sol, 1

    J'en suis presque le seul usager.

Il se trouve que je suis celui qui passe le plus de temps au sous-sol, soit pour lancer ou étendre lessives, soit pour ranger des choses à l'atelier (je ne bricole guère — il faudra bien écrire un et même plusieurs textes sur l'atelier, au diable quelle barbe), soit quand je joue au ping-pong avec mon fils cadet, soit que j'aille apprêter la chambre d'amis, ou prendre une bonne boutanche à la cave... Donc il m'arrive de pisser ou plus aux W.C. du sous-sol. 

On y trouve d'ailleurs un cahier, un calepin et deux stylos qui ne marchent guère. Ils ne servent guère.

(Ce n'est pas là que j'ai composé les Buandes, amas de manuscrits brefs que j'avais entrepris de dactylographier avant de cesser, de guerre lasse, tout ça n'intéresse personne.)

 

On y trouve mon vieil Abrégé du Littré, fidèle compagnon de mes premiers vrais émois lexicographiques et de mes premiers vrais pas dans l'écriture, surtout à Talence. Le voilà non pas relégué, mais presque affermi dans ses titres de noblesse, puisqu'il est, avec le Robert culturel du séjour, le seul dictionnaire sous forme voluminique que je consulte encore régulièrement, pour le savoir et le plaisir (et les exercices d'écriture).

Le brave et noble bouquin en papier pelure — héritage de je ne sais qui, il se trouvait à Cagnotte, peut-être mes grands-parents maternels l'avaient-ils donné à ma mère ? — se trouve posé, près de deux ou trois rouleaux de papier toilette, sur une sorte de clayette étroite fabriquée jadis par mon beau-père pour y ranger des CD et où j'ai remisé, moi, en arrivant dans cette maison, quelques dizaines de carreaux laissés en rab par l'ex proprio, qui pensait sans doute que je serais ne serait-ce qu'à moitié bricoleur comme lui. Comme on s'illusionne !

Toujours est-il que de ces gogues je demeure presque le seul usager, même si parfois, mes fils y passent (et y pissent).

22:11 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (5)

jeudi, 21 janvier 2016

Bibliothèque, 1

    Préfère-t-on appeler cette pièce bureau ou bibliothèque ? C'est selon, et parfois les deux assemblés.

C'est qu'un des critères de choix pour la maison, c'était de pouvoir mettre, à peu près, tous les livres et les deux bureaux de travail dans une même pièce, de préférence en longueur. Bien entendu, on rêve toujours de douze mètres sur quatre, avec trois mètres sous plafond, puis la vie vous rattrape. On ne voit pas l'utilité de jouer à la loterie, donc le salon, par exemple, est aussi meublé — un peu — de livres.

On ne pourrait pas compter, dénombrer, dans la bibliothèque, le nombre de livres, et pas même combien d'appareils photographiques ou d'ordinateurs s'y planquent. 

Il faut le savoir.

Sujet de philosophie : il faut le savoir.

D'une fenêtre, je vois les branches nues des deux néfliers. (Et ici, pas de document Word préalable — j'écris directement, à même la fenêtre.) De l'autre – il faut se glisser derrière le cabriolet Régence, près du faux placard à la porte duquel sont accrochés les trois costumes – on voit aussi le néflier, la rue, la boîte à lettres, le vieux filtre à café qui lentement, dans l'herbe endormie de l'hiver, dépérit.

Décrire le capharnaüm que représente nécessairement un bureau n'est pas impossible, mais on ne fait que retarder les échéances. Ce qui compte, c'est ramer. Directement, dans la fenêtre. Le nez contre la vitre. Le savoir nous est vital. Là, dans la fenêtre même, on affronte le ramage. (Et on chante un peu. La bibliothèque est aussi lieu de chant, essayer de s'égosiller pour marquer le tempo de l'allégresse. Tenter de s'époumoner, sourire aux lèvres, silver lining à la plèvre.) Et là dans la fenêtre on se coltine la ramure, le bois froid semble-t-il engourdi des branches de néflier et le tréma qu'on ne sait où placer.

La dernière harde.

Même dans la bibliothèque frusquin et fripes, fringues et nippes.

Passade par la plèvre, sourire à la lippe.

Le savoir est indispensable.

Vous n'y pensez pas.

10:06 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 16 janvier 2016

Salon, 1

Dans la chambre [...] nous étions comme dans une cornue.

(Charles Cros)

 

    Nuit finie précocement, c'est bien sûr au salon que j'échoue.

Sur le canapé, tout neuf d'ailleurs. (C'est notre quatrième canapé en 19 ans, on vient de l'acheter ; il est là, dans le salon, depuis dix jours, depuis l'Épiphanie ; le précédent, l'intérimaire — rouge — avait été racheté à nos voisins et aura duré trois ans et quelque.)

Cinq heures et quart, café réchauffé à portée de main, assis en tailleur sur ce sofa avec le laptop sur les genoux, je me demande ce que la chatte, immobile et mutique sur le carreau — elle vient de remonter et a refusé de s'allonger sur le fauteuil en face de moi —, attend de moi (que j'ouvre la cuisine pour aller y laper de l'eau ? que je lui ouvre les volets (mais elle a pu sortir, la trappe était ouverte) ?), cependant que, le temps d'écrire cela, elle a fini par sauter dans le fauteuil, où elle patouille de ses griffes, longuement, l'infâme plaid panthère.

Peu de meubles, au fond, dans ce salon, petit : le canapé de cuir noir, donc, le fauteuil rouge avec son pouf (Po—äng !), le baffle gauche posé au sol près du meuble hifi (de bois rouge, avec la télé (sans image et sans bruit, que c'est beau une télé)), la table coffre basse en bois rouge, dans l'alignement de la petite bibliothèque (mais là, c'est déjà la salle à manger, techniquement), les étagères de séparation  qui délimitent partiellement le salon de la salle à manger (baffle droit, livres d'art, quelques photos, statuette mumuyé, grand atlas des oiseaux nicheurs).

 

Deux phrases, encore, toujours, en explosante-fixe, tournoient autour du lustre sans s'attacher aux indigentes moulures.

Il y a une vraie dignité à ne pas être Dalibor Frioux. — On n'a plus entendu parler de lui, au fait. Finalement, les sofas gardent surtout la mémoire des gens que nous aimons.

Et ces noirs sont-ils souhaitables ? — Noir sur noir : le nouveau canapé, de cuir noir, dans la nuit environnant le salon comme un océan aux millions de petites pointes de flèches luminescentes. Quand nous rendra-t-on vraiment, dans les villes, la nuit ?

 

05:36 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 08 janvier 2016

La cave, 1.

    Tout ne peut que commencer à la cave, à moins que ce ne soit par la salle de bains principale (qui n’est pas la plus spacieuse).

Commençons donc à la cave.

Il faut bien commencer.

La cave, réduit balayé de gravier coincé sous l’immense dalle, en bout de garage, contient des casiers très partiellement garnis — peu, mais d’excellentes bouteilles — mais aussi des balais, un sac de graines pour oiseaux, des pelles à déneiger, une tondeuse électrique à bras qui n’a encore que peu servi (la précédente, léguée par l’ancien propriétaire) est tombée en panne. J’en oublie, car je n’y suis pas : peu importe, un autre jour, je ferai l’inventaire aussi exhaustif que possible de ce maigre réduit.

Du gravier monte forcément une complainte.

Cette complainte tourne autour de deux phrases.

C'est un tramway nommé voie romaine. — Écrire ça en 2006, le 31 août même, sept ans avant, au jour près, l’inauguration du tramway tourangeau.

Une punaise dans le talon du pied droit. — C’est plutôt le beau mot d’équinoxe qui demanderait à clore ici et aujourd’hui – temporairement – le propos, peut-être parce que c’est le début de la saison des vendanges (→ cave) ou pour se rappeler, confusément, d’avoir rimé ce mot avec ninoxe.

Il fallait commencer, il ne faudra jamais finir.

10:45 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (0)