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lundi, 28 mars 2016

Salle à manger, 1

    J'ai déjà expliqué en quoi le salon et la salle à manger sont la même pièce, mais, dans la mesure où c'est, techniquement, précisément, à la table de la salle à manger que j'écris ces lignes, avec dans mon dos le Rêve de la perruche de Dorothy Nungurruyi Granites, et sur ma droite les Chimères domestiques d'Alain Prillard, je choisis de considérer qu'il y a deux pièces distinctes. (D'ailleurs, au quotidien, nous nous informons souvent les uns les autres que tel ou tel objet se trouve dans l'une ou l'autre de ces deux pièces.)

C'est ici que je me suis déjà filmé, à trois reprises je crois, pour ma nouvelle série des traductions sans filet. (D'ailleurs, ce projet doublonne, l'air de rien, de ne pas y toucher, 16 en 16, puisqu'on y voit différentes pièces cadrées de différentes façons. Je me suis déjà filmé au salon, à la cuisine, à la chambre à coucher, au bureau bien sûr et au petit salon. Autant dire que des lieux de tournage, il en reste.)

C'est ici que je joue au Yam's, ou à d'autres jeux, avec mon fils cadet.

C'est ici qu'il fait ses devoirs, le soir, au retour de l'école, après le goûter. (Il a un bureau dans sa chambre, mais ce sera pour plus tard, comme son frère, quand il sera plus autonome. — Pourquoi n'ai-je encore rien écrit, sur aucune des quatre chambres ? Bah, nous ne sommes qu'en mars.)

C'est ici que j'écris parfois, ou que je travaille, quand je veux écouter des disques avec un son digne de ce nom.

C'est ici que nous mangeons, mais cela va sans dire. (Il y a une rallonge pour quand le nombre de convives est supérieur à six.)

C'est à cette table, mais pas ici (c'était dans l'autre maison), que j'ai traduit en entier Links de Nuruddin Farah, en 2006.

D'ici, je vois le salon, mais aussi, plus près de moi, les étagères de séparation entre un coin du salon et cette partie de la pièce, la bibliothèque avec les livres d'art (pour dire vite), la discothèque sur le pan de mur inutilisable sinon situé avant la porte qui donne sur le couloir, et, en tournant les yeux, le faux placard correspondant à l'affreuse niche de l'entrée (justement).

Ici, je rumine souvent de noires pensées. Plus prosaïquement, je me dis souvent que je n'arriverai à rien avec ces différents projets, qu'il faudrait monter les marches quatre à quatre (ce que je fais, cette fois-ci, vu que le précédent billet a été écrit et publié le 24 mars, jour des 89 ans de ma grand-mère maternelle (et les précédents le 20 et le 16)), et même qu'une fois le texte à peu près bouclé, il restera là, à moisir ici — non, pas ici dans la salle à manger, où l'on aspire les vieilleries, où ne restent que des fantômes d'espoirs — ici, sur ce lieu sans lieu comme l'a si bien écrit André Markowicz dans un billet récent tirant le bilan de trois années de chroniques sur Facebook, ce carnétoile comme je disais jadis avec afféterie, ce blog où n'en finissent pas de s'éterniser mes proses, ce futile dépotoir.

 

Il fallait en profiter pour. — C'est tout moi, cela résume tout. Tant de textes avortés. Je pense que je trouve une force, une beauté aux avortements. Bergounioux évoque souvent la table de peine ; la velléité, c'est de ne pas vouloir “perdre” son temps à peiner.

 

08:08 Publié dans 16 en 16 | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Oui, tant de choses commencées. Mais je ne désespère pas encore.

Écrit par : VS | lundi, 04 avril 2016

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