Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 25 mai 2020

annas katz ::: le chat d'anna

annas katz' (kleine Hommage an Ernst Jandl)

- Isabella Antweiler

le chat d'anna, petit hommage à Ernst Jandl (trad. G. Cingal)

 

annas katz' kratzt

le chat d'anna gratouille

annas katz' scharrt

le chat d'anna patouille

anna ratzt

anna roupille

anna: nana

anna : allons, allons

 

annas katz' knarzt

le chat d'anna couine 

annas katz' tatzt

le chat d'anna farfouine

anna schnarcht

anna ronflote

anna: lass katz' lass

anna : laisse-moi, le chat

 

annas katz' klagt

le chat pousse un chouinement

anna ahnt

anna a un pressentiment

annas katz' kackt

le chat d'anna a chié, vraiment

anna wacht

anna s'éveille

anna: aah

anna : haaan

 

absatz//

à la ligne //

       nachsatz:

post-scriptum :

(anna liebt otto)

(anna aime otto)

 

10:45 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 24 mai 2020

Herbstmanöver ::: Manœuvre d'automne

Herbstmanöver (Jutta Over)

Manœuvre d'automne (trad. G. Cingal)

 

leicht der Spinnen Taubenetztes zu bewundern

facile de s'émerveiller devant les filets tissés par les araignées

ihre Hungerstunden fließen zäher als die

dont les heures de jeûne filent plus lentement que ne se

Morgennebel schwinden

dissipent les brumes matinales

 

trifft der erste Feuerstrahl die Panzer klammer Käfer

la première salve contre les chars des scarabées engourdis

heißts noch einmal Freiflug übers Minenfeld

= synonyme d'un vol libre au-dessus du champ de mines

 

11:05 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 23 mai 2020

kuckuck ruft ein vogel laut ::: coucou, l'appel d'un oiseau

kuckuck ruft ein vogel laut (Christine Rainer)

coucou, l'appel d'un oiseau (trad. G. Cingal)

 

kuckuck ruft ein vogel laut

coucou l'appel d'un oiseau, sonore 

sehen kann ich ihn nicht

je ne le vois pas du tout

dann noch einmal leiser

puis le revoici plus doux

fernere rufe die gewandt

des appels lointains diffractés

durchs fenster schlüpfen

 par la fenêtre s'immiscent

ins ohr den kopf das innenauge

dans l'oreille la caboche l'œil intérieur

formt einen prächtigen kuckuck

se forme un coucou splendide 

schräg auf einer astgabel

en travers à la fourche d'un arbre

die flügel aufgeplustert legt er

plumes gonflées voilà il pond

der eine sie ist ein dickes ei

lui qui est elle un gros œuf

ins fremde knochennest meine

dans ce nid d'ossements mais il

hirnschale lässt es dort ungestört

ne touche pas à ma boîte crânienne

brüten wochenlang ist es still

ce n'est rien couver des semaines

nachts träume ich von wäldern

la nuit je rêve forêts

flügelschlägen käfern und rinde

battements d'ailes écorces scarabées

dann leises knacken splittern

puis ça craque en douceur se fendille

ich spür kleine trippelschritte

je perçois des trottinements

wie mich jemand gereift verlässt

comme si on me laisse mûrir

übers rechte außenohr

de mon oreille droite libre

schwingt er sich ins freie

il se balance dans le vide

eine feder bleibt zurück

il m'a laissé une plume

schwebt versonnen im morgenlicht

qui plane songeuse dans la lumière de l'aube

 

08:49 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 22 mai 2020

Hurrah, heil! ::: Viva, hourra !

Hurrah, heil! (Maria Janitschek, 1859-1927)

Viva, hourra ! (trad. G. Cingal)

 

    Rote Locken umflattern mein Angesicht,

    Des boucles rousses flottent autour de mon visage,

hüpfende Flammen.

des flammes bondissantes.

Hurrah, heil!

Viva, hourra !

 

Meine schlanken Hüften umgürtet ein Schleier;

Un voile ceint mes hanches minces :

wer ihn löst, erblindet.

qui le dénoue en perd la vue.

Hurrah, heil!

Viva, hourra !

 

Brennender Mohn und blaublumiges Giftkraut

Le coquelicot brûlant et l'aconit d'azur

sprießt unter meinen Fersen auf.

germent sous mes talons.

Hurrah, heil!

Viva, hourra !

 

Meine Lippen sind heiß wie der Schrei der Lust,

Mes lèvres brûlent comme un cri de désir,

süß wie weinende Sünde.

douces tels des péchés plaintifs.

Hurrah, heil!

Viva, hourra !

 

Feuer ist mein Hauch, mein Nein der Tod

Le feu est mon haleine, mon non signe la mort,

mein Ja die wiehernde Hölle.

mon oui c'est le diable et son train.

Hurrah, heil!

Viva, hourra !

 

Weißt du, weißt du, wer ich bin?

Sais-tu, sais-tu donc qui je suis ?

es rauchen die Wälder vor mir,

à mon approche les forêts crépitent

und die Himmel betrinken sich in meinem Laut:

et le ciel s'enivre en entendant ma clameur :

ich bin die Liebe!

je suis l'amour !

 

07:34 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 21 mai 2020

Schwüle ::: Temps d'orage

Schwüle (Hedwig Dransfeld)

Temps d'orage (trad. G. Cingal)

 

    Kein Ruf kann die Erde wecken,

    Aucun appel ne peut éveiller la terre,

Sie schläft im Totenreiche,

Elle dort au royaume des morts,

Sie schläft unter goldenen Decken

Sous des brocarts dorés elle dort

Wie eine Königsleiche.

Comme le cadavre d'un roi.

Im Wald die Gräser und Farren

Fougères, plantes, dans les bois,

Beben in letzter Pein,

Tremblent : c'est l'agonie ultime.

Sie müssen im Lichte erstarren,

Se figent dans le jour infime.

Sie tranken vom Todeswein.

Le vin des morts les désaltère.

 

In tausend Sonnenflüssen

En mille fleuves de soleil

Ergoß der Himmel Verderben,

Le ciel a déversé la dégénérescence,

Von tausend Sonnenküssen

Et mille baisers de soleil

Ein großes Welken und Sterben.

Ont tout décimé, tout flétri.

Im Gold verschmachten die Felder,

Dans cet or les champs agonisent,

Im Gold verzehrt sich die Luft ...

Dans cet or l'air se raréfie...

Und durch die träumenden Wälder

Et il se répand, de par les forêts endormies,

Ein schwerer Verwesungsduft.

Une forte odeur de pourri.

 

 

06:54 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 20 mai 2020

Schweigen ::: Le silence

Schweigen (Lisa Baumfeld, 1877-1897)

Le silence (trad. G. Cingal)

 

... Und rings das Schweigen ... tödlich schweres

... Et tout autour le silence... mortellement lourd

                              Schweigen,

silence,

Als wär' der stumme, blasse Lebensgeist

Comme si la vitalité, pâle et muette,

So straff geschwellt mit lauten Schmerzensworten,

gonflée à se rompre par des paroles blessantes,

Dass er daran erstickend würgt und schweigt.

en vient à s'étouffer, s'étrangler, à se taire.

Er ringt in mir nach Athem, keucht danach,

Haletante, essoufflée, elle lutte en moi

In einen gellen Schrei zu pressen all

afin de rassembler en un seul hurlement

Das stumpfe Elend ...

toute la grise misère...

                   Einen Schrei, der klirrend

Un cri, qui en retentissant,

Die Seelenfasern auseinandersprengt,

fasse éclater les fibres de l'âme,

Dass mir die blonde, traumumwehte Psyche

tant que mon esprit blond nimbé de rêveries

Verhauchend aufgeh'n darf im blauen All ...

puisse aller respirer au profond de l'azur...

... In kühler Kelche Duft sich wiegend,

... Bercé au sein du frais calice des parfums,

In leisem Wohlklang weich sich schmiegend,

blotti au chaud dans une calme harmonie

Endlich befreit ...!

Enfin libéré...!

 

06:31 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 19 mai 2020

Morphina ::: Morphine

Morphina (Francisca Stöcklin)

Morphine (traduction G. Cingal)

 

    Im Traume fand ich dich,

    En rêve je t'ai découverte,

Mädchen, in mondener Nacht

Jeune fille, par une nuit de lune,

Kamst du mir zögernd entgegen.

Tu es venue vers moi à contrecœur.

Auf deiner Stirne träumte ein Stern,

Sur ton front rêvait une étoile,

Deine kleinen Schritte klangen wie Glas,

Tes petits pas comptés tintaient comme du verre,

Um deinen Mund ein überweltliches Lächeln.

Un sourire d'outre-tombe autour de ta bouche.

Deine schmalen Schultern froren im Wind.

Tes épaules frêles gelaient dans la brise.

Ich umschlang dich, deinen eisigen Körper.

Et je t'ai enlacée, toi, et ton corps glacial.

Schwester! wie lange bist du gestorben...

Ma sœur, depuis combien de temps es-tu morte...

Wir sanken, wir fielen.

Et nous sommes tombées, et nous avons sombré. .

 

Mohn umblühte unser Sterben.

Autour de notre mort ont fleuri des pavots.

 

09:10 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 18 mai 2020

entfasst ::: démantibulé

entfasst (Sina Klein)

démantibulé (trad. G. Cingal)

 


schschsch / mach die stimmen drinnen still

ch-ch-ch-ch / fais taire les voix du dedans

sei diese walnussschale auf den wassern.

sois cette coquille de noix qu'emporte l'eau.

die nacht verlangt nicht viel,

la nuit n'exige pas grand chose

nur einlass in die spröde hülle.

que se glisser sous la couette sèche.

 

der fluss wiegt gegen mich

le fleuve pèse contre moi

als weicher körper, venusleib.

corps tendre, chair de vénus.

sie sucht den zeitvertreib und treibt

elle cherche un passe-temps et me bouscule

in mein gehölz, denn es ist willenlos –

le bosquet, car il est docile –

 

es: dient als floß nur nacht, dem mond

lui : ne sert de radeau que la nuit, sous la lune

und wabert trunken vom likör der sonne,

et chancelle le jour saoul de liqueur solaire,

– er grub mir falten in die tagesstirn

– il a creusé des rides dans mon front diurne

die übrig bleibt – hier auf den venuswassern,

qui seul me reste – ici sur les eaux de vénus

in ihren armen:   ausgehöhlt und still.

dans ses bras : vidée et silencieuse.

 

06:33 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 17 mai 2020

Traum : Rêve

Traum (Emmy Hennings)

Rêve (traduction G. Cingal)

 

    Ich bin so vielfach in den Nächten.

    Toutes les nuits je me fais si nombreuse

Ich steige aus den dunklen Schächten.

Et je sors des bouches d'aération :

Wie bunt entfaltet sich mein Anderssein.

Mon double s'épanouit bigarreuse. 

 

So selbstverloren in dem Grunde,

Totalement perdue dans la raison,

Nachtwache ich, bin Traumesrunde

Hors du sanctuaire je me nuitlève

Und Wunder aus dem Heiligenschrein.

Veilleuse-étonnement je fais rondederêve.

 

Und öffnen sich mir alle Pforten,

Toutes les portes s'ouvrent devant moi,

Bin ich nicht da, bin ich nicht dorten?

Ne suis-je pas ici, suis-je là-bas ?

Bin ich entstiegen einem Märchenbuch?

Suis-je donc sortie d'un conte de fées ?

 

Vielleicht geht ein Gedicht in ferne Weiten.

Un poème, qui sait, vogue dans les lointains.

Vielleicht verwehen meine Vielfachheiten,

Et qui sait si mes multiples moi s'évaporent,

Ein einsam flatternd, blasses Fahnentuch . . .

Un étendard pâle qui voltige aux nuées.

 

14:53 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 16 mai 2020

Der Dichter ::: Le poète

Der Dichter (Kathinka Zitz)

Le poète (trad. Guillaume Cingal)

 

    Nur dem Dichter ist das Loos geworden,

    C'est le sort du poète en ce bas monde ici

Über And're hoch sich zu erheben,

De s'élever au-dessus du commun vulgaire,

Denn er lebt ein Phantasieenleben,

Car en vivant sa vie toute d'imaginaire

Näher steht er an des Himmels Pforten.

Il se tient plus près des portes du Paradis.

 

Sprach' der Gottheit tönt aus seinen Worten,

La langue divine s'exprime en ses écrits,

Genien der Wehmut ihn umschweben,

Autour de lui planent les esprits nostalgiques ;

Was der Himmel Schönes ihm gegeben,

Ce que le Ciel lui a donné de magnifique,

Haucht er aus in sehnenden Akkorden.

Il le murmure sur sa lyre, ardent, transi !

 

Seiner Lipp' entströmen sanfte Lieder,

De sa lèvre s'écoulent des chants débonnaires,

Alle seine Worte sind Gefühle

Et toutes ses paroles sont des sentiments

Die der Scherz und auch die Lust empfunden.

Qui expriment la joie ainsi que l'amertume.

 

Niedriges zieht nimmer ihn hernieder,

Jamais rien ne le ramène ici bas, sur terre :

Denn er wandelt frei zum schönen Ziele,

Seul le Beau lui importe, il erre librement,

Mit des Nachruhms schönem Kranz umwunden.

La tête couronnée de sa gloire posthume.

 

11:41 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 15 mai 2020

Betrunkene Nacht ::: Nuit d'ivresse

Betrunkene Nacht (Hertha Kräftner)

Nuit d'ivresse (trad. Guillaume Cingal)

 

    Der Gin schmeckt gleich um elf und drei,

    Le gin est goûtu à onze heures trois

das Soda nur wird schaler.

et la limonade n'en est que plus fade.

Wer will, der kann mich haben

Qui le désire peut m'obtenir

für einen alten Taler.

pour un sou et une œillade.

Mein Bräutigam, mein Bräutigam

Mon fiancé, mon fiancé

war einer von den sieben Raben,

était l'un des sept corbeaux qui

der flog am Haus vorbei,

a survolé la maison,

da war es zwölf vorbei,

et c'était juste après minuit,

mein Bräutigam, mein Bräutigam

mon fiancé, mon fiancé

tat einen dunklen Schrei

a lancé un cri sombre et sec

und wollte seinen süßen Schnabel

et voulait s'abreuver le bec

an meinem Herzen laben,

si doux en becquetant mon cœur,

da spießte ihn ein fremder Mann

un inconnu l'a embroché

auf eine Silbergabel.

sur une fourchette en argent.

Nun kann mich jeder haben

Maintenant le premier venu

für einen alten Taler.

peut m'obtenir pour quatre francs.

Das Herz, mein Freund,

Mais le cœur, mon ami,

ist aber nicht dabei

n'est pas inclus

bei diesem Preis,

dans le prix,

dem Herzen, Freund, wird kalt und heiß 

non, mon ami, ce cœur, s'il a froid, s'il a chaud,

nur bei den Zärtlichkeiten eines Raben.

ce n'est que d'être cajolé par un corbeau.

Darum auch haben

Et c'est pour ça, mon beau,

meine Freunde mich ertränkt . . .

mes amis m'ont noyée...

Versprecht, daß ihr das Glas Chartreuse verschenkt,

Jurez-le moi, cette chartreuse, c'était votre tournée,

in dem ich schwimme als ein gelbes Ei.

ce verre où pareille à un jaune d'œuf je nage.

 

18:14 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 14 mai 2020

Die gelbe Schlange ::: Le serpent jaune

Die gelbe Schlange (Gertrud Kolmar)

Le serpent jaune (trad. Guillaume Cingal)

 

    Ich war ein Mädchen auch im Traum.

    Dans le rêve j'étais aussi une jeune fille.

 

Und meine Brüste lagen, helle Inseln,

Et mes seins gisaient, îles lumineuses,

Auf jeder eine kleine braune Stadt

Et sur chacun d'eux une petite ville sombre

Mit spitzem Turm

Avec un beffroi pointu

Und rot geheimer Ströme unterirdnem Rinseln.

Et rouges les ruissellements souterrains de fleuves cachés.

 

Wann werden weiße Quellen aus den Steinen brechen?

Quand des sources blanches sourdront-elles des pierres ?

 

Die Schlange zuckte

Le serpent avançait invisible

Ungesehn durch Kraut.

en se tortillant dans les plants de choux.

Ach, alle Moose, die sie grüßte,

Toutes les mousses qu'il salua

Verrotteten.

Pourrirent aussitôt.

Ihr Leib ließ eine Wüste.

Derrière lui son corps laissait un désert.

Baumgrün vergilbte vor der gelben Haut.

Vert tendre de jaunir devant sa tête jaune.

 

Die gelbe Schlange kam.

Le serpent jaune est arrivé.

Sie zog sich über Meer

Il a couvert la mer

Und sank in Grund,

Avant de s'enfoncer dans le sol

Wo seltsam bunt und schwer

Où d'un poids singulier, vives couleurs étranges,

Tierblumen an verfallnen Schiffen saugen

Des fleurs animales suçaient les navires naufragés

Mit zähnelosem Mund.

De leur bouche édentée.

 

Sie schlich

Il s'est immiscé

In meine roten Grottenflüsse ein.

Dans mes ruisseaux souterrains aux flots rouges.

Sie lächelte.

Il a souri.

Die kleine Stadt ward krank,

La petite ville est tombée malade

Zermürbte, wich.

Epuisée, affaiblie.

Ihr stolzer Wartturm sank

Sa fière tour de guet

Tief in ein Weiches ein.

S'est enfoncée profondément dans la terre molle.

 

Die Insel, einmal glücklich schön

L'île, jadis belle et fortunée,

Mit Hügelkuppe und mit sanfter Bucht

Avec sa collinette et sa baie si douce

Um vieler Wellen blitzendes Getön,

Au murmure éclatant au fil de tant de vagues,

Hing müd in See.

Tomba, lasse, dans la mer.

 

Wie überreife, halbvermulschte Frucht.

Comme des fruits trop mûrs à moitié remâchés.

 

12:05 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 13 mai 2020

Trauriger Tag ::: Jour triste

Trauriger Tag (Sarah Kirsch)

Jour triste (trad. Guillaume Cingal)

 

(Pour écouter aussi le poème)

 

    Ich bin ein Tiger im Regen

    Je suis un tigre sous la pluie

Wasser scheitelt mir das Fell

L'eau me raye le pelage

Tropfen tropfen in die Augen

Des gouttes dans les yeux dégouttent

 

Ich schlurfe langsam, schleudre die Pfoten

J'avance à pas feutrés, mes coussinets

Die Friedrichstraße entlang

Prennent leur essor sur la Friedrichstraße 

Und bin im Regen abgebrannt

Et la pluie me calcine

 

Ich hau mich durch Autos bei Rot

Je me faufile au feu rouge parmi les autos

Geh ins Café um Magenbitter

Vais au café m'envoie un picon bière

Freß die Kapelle und schaukle fort

Boulotte l'église repars en me dandinant

 

Ich brülle am Alex den Regen scharf

Pour appeler Alex dru je rauque la pluie

Das Hochhaus wird nass, verliert seinen Gürtel

Le building de s'imbiber en perd sa ceinture

(ich knurre: man tut was man kann)

(Moi je grogne, on fait ce qu'on peut)

 

Aber es regnet den siebten Tag

Mais le septième jour voici qu'il pleut encore

Da bin ich bös bis in die Wimpern

Et moi méchant jusqu'aux sourcils

 

Ich fauche mir die Straße leer

À force de feuler je fais fuir tout le monde

Und setz mich unter ehrliche Möwen

Et je m'installe avec de braves goélands

 

Die sehen alle nach links in die Spree

Qui regardent la Spree la tête vers la gauche

 

Und wenn ich gewaltiger Tiger heule

Et moi tigre puissant quand je rugis

Verstehn sie: ich meine es müsste hier

Comprenez bien : ce que je veux dire c'est qu'ici

Noch andere Tiger geben.

il devrait y avoir d'autres tigres.

 

 

16:30 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 12 mai 2020

Sag mir ein Wort ::: Dis-moi quelque chose

Sag mir ein Wort (Christine Lavant)

Dis-moi quelque chose (trad. Guillaume Cingal)

 

    Sag mir ein Wort, und ich stampfe dir

    Dis-moi quelque chose, et je te ferai sortir

aus dem Zement eine Blume heraus,

une fleur du ciment rien qu'en piétinant

denn ich bin mächtig geworden vor Schwäche

car la faiblesse et l'attente vaine

und vom sinnlosen Warten,

m'ont donné un surcroît de force,

magneten in allen Sinnen.

aimantée dans tous les sens du terme.

Sicher wirst du erscheinen müssen!

Sans doute il faudra que tu te montres !

Über dem Bahnhof zittert die Luft,

Au-dessus de la gare soufflent des bourrasques

und die Taubenschwärme erwarten

et les vols de pigeons attendent

den Einbruch der großen Freude.

l'avènement de la grande joie.

Das Licht hat sich sanft auf die Schienen gelegt,

La lumière s'est posée doucement sur les rails,

weg von den Haaren der Mädchen

loin des cheveux des jeunes filles,

und aus den Augen der Männer.

hors de portée des yeux des hommes.

Ich habe aufgehört zu weinen,

Et moi j'ai cessé de pleurer

aufgehört auch, auf das Wunder zu warten,

et j'ai cessé aussi d'attendre le miracle

denn eines ereignet sich immerwährend

car toujours un miracle advient pendant que moi

im Wachstum meiner Schwäche,

je sens s'accroître ma faiblesse,

die da steigt und steigt hoch über die Tauben hinauf

qui monte et s'envole plus haut que les pigeons,

und hinunter in schwarze Brunnen,

avant de redescendre au fond des puits sombres,

wo auch tagsüber noch sichtbar sind

où l'on voit tout le jour

die verheimlichten Sterne.

les étoiles cachées.

Dort unten wechselt nicht Tag und Nacht,

En effet, là en bas, jour et nuit se confondent,

dort unten begehrst du noch ununterbrochen

et là en bas tu convoites sans répit

die sanfte Blume meines Willens.

la douce fleur de ma volonté.

 

08:35 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 11 mai 2020

An einen Baum am Spalier ::: À un arbre en espalier

An einen Baum am Spalier (Sophie Mereau, 1770-1806)

 

À un arbre en espalier (trad. Guillaume Cingal)
 

    Armer Baum! - an deiner kalten Mauer

    Pauvre arbre, coincé contre cette paroi froide

fest gebunden, stehst du traurig da,

qui t’entrave, te voilà éploré, maussade,

fühlest kaum den Zephir, der mit süßem Schauer

sans sentir le zéphyr ni l’averse clémente

in den Blättern freier Bäume weilt

qui, berçant les feuilles des arbres moins captifs,

und bei deinen leicht vorübereilt.

ne touche tes rameaux qu’en des instants furtifs.

O! dein Anblick geht mir nah!

Ô, te voir seulement me saisit et m’enchante !

und die bilderreiche Phantasie

L’imagination aux infinis reflets

stellt mit ihrer flüchtigen Magie

en un tour de magie devant les yeux me met

eine menschliche Gestalt schnell vor mich hin,

vite, à la dérobée, comme une forme humaine

die, auf ewig von dem freien Sinn

qui, coupée pour toujours de la nature pleine

der Natur entfernt, ein fremder Drang

et de la liberté, contraint un feu torride

auch wie dich in steife Formen zwang.

à prendre, comme toi, des formes plus rigides.

 

 

11:09 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 10 mai 2020

Winterwanderung ::: Errance hivernale

Winterwanderung (Thekla Lingen)

Errance hivernale (trad. G. Cingal)

 

    Verschneit der Weg,

    La sente enneigée

Vom Wind verweht. 

Par le vent effacée.

Wegweiser stehn und weisen,

Des écriteaux indiquent

Wo meine Strasse geht.

Où se trouve ma rue.

So still der Wald,

La forêt, sans un bruit,

In weissen Schleiern

Enveloppée de voiles blancs :

Still und kalt.

Silencieuse, engourdie.

Schneeflocken wehen durch die Luft –

Des flocons flottent dans le ciel :

Kein Menschenlaut,

Pas un son humain,

Kein Vogel ruft.

Et d'oiseaux, aucun appel.

Der Schnee webt mir ein weisses Kleid,

La neige me tisse une robe blanche,

Ich wandre still, ich wandre weit,

Je marche loin et en silence,

Mag keinen Weiser am Wege sehn,

Ah si je ne voyais plus le moindre écriteau...

Mag meine eigene Strasse gehn

Ah, si ma rue pouvait disparaître bientôt...

Im weissen Winterfrieden.

Dans la paix blanche de l'hiver.

 

08:27 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 09 mai 2020

Zwei Bäume ::: Deux arbres

Zwei Bäume (Luise von Plönnies)

Deux arbres (trad. G. Cingal)

 

    Zwei Bäume hab' ich einst im Wald gesehn,

    Un jour, dans la forêt, j’ai vu deux arbres

Die wollten sich einander nahe stehn.

Qui désiraient s’approcher l’un de l’autre.

Sie schau'n sich an voll Sehnsucht, möchten gern

D’une triste ardeur ils se regardaient,

Sich fest umschlingen; doch sie stehn zu fern, 

Désireux de l’étreinte, mais trop éloignés

Denn andrer Grund ist Jedem angewiesen,

Car chacun a reçu une place assignée

Darin des Lebens starke Wurzeln sprießen. 

Où poussent dru les racines de l’existence.

So neigt sich Jeder still zum Andern hin, 

Pourtant chacun vers l’autre se penche ;

Der Eine scheint den Andern anzuzieh'n,

Tel paraît attirer l’autre vers lui

Bis es zuletzt gelingt den schlanken Zweigen, 

Jusqu’à pouvoir enfin nouer ses maigres branches

Sich in den Kronen liebend zu erreichen. 

À la cime de l’autre, amour épanoui.

Wie sie die Aeste in einander flechten, 

Et comme ils ont tressé ensemble leurs rameaux

Sind sie beschirmt von liebevollen Mächten; 

Les voilà protégés par de tendres puissances.

In blauen Lüften, wo die Wolken jagen,

L’azur, où les nuées vont en troupeaux,

Da dürfen sie sich ihre Sehnsucht klagen. 

Peut entendre leur plainte et leur désespérance.

Sie dürfen Blüth' um Blüthe selig tauschen,

Ils entrefrôlent leurs bourgeons, si vivement,

An ihren Düften wonnig sich berauschen. 

Et s’enivrent de leurs parfums charmants.

Sie stehn, vom Licht des Abendroths umglüht, 

Là, sous les rougeoiements du crépuscule,

Gleich wie von tausend Rosen überblüht; 

Ils s’éclairent de l’éclat de milliers de roses ;

Verklärend weben aus der Himmelsferne

Du fond des cieux les astres éternels

Ihr heilig Licht darum die ew'gen Sterne.

Leur tissent une sainte lumière.

So möcht' ich mich mit dir zur Höhe schwingen,

C’est ainsi qu’avec toi je voudrais m’envoler

Mit tausend Liebesarmen dich umschlingen, 

Vers les cieux, et de mes mille bras t’enlacer,

Mit meines Herzens innigsten Gedanken 

Des pensées les plus cachées au-dedans

Dich unauflöslich fassen und umranken.

De mon cœur, te saisir, t’agripper fermement.

So möcht' ich deinem höchsten Leben lauschen,

C’est ainsi que je voudrais boire à ta vie même

So möcht' ich Seel' um Seele mit dir tauschen, 

Et échanger mon âme avec la tienne,

Hoch über'm düstern Nebelreich der Erden,

Par-delà les nuées sombres qui tout envoilent

Im Himmelblau mit dir vereinigt werden,

M’unir à toi enfin dans le ciel azurin,

Wo keines Menschen Augen auf uns sehn,

Où aucun œil humain ne nous atteint,

Wo nur die Sterne auf und niedergehn.

Où seule va et vient la course des étoiles.

 

 

____________________________

 

Liens :

 

 

 

 

____________________________

 

NdT :

Par ailleurs, je commente ou justifie rarement mes traductions, mais je veux ici indiquer que j'ai compensé l'absence de respect strict de la forme (distiques de rimes plates) par une alternance d'alexandrins et décasyllabes ainsi que par le recours ponctuel aux rimes croisées, ou, pour les 4 derniers vers, de façon assez appropriée je trouve, aux rimes embrassées.

 

10:33 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 08 mai 2020

Ich will dich erschlagen! ::: Je vais t'abattre !

Ich will dich erschlagen!  (Lisbeth Eisner)

Je vais t'abattre ! (trad. G. Cingal)

 

 

Ich will dich erschlagen!

    Je vais t'abattre !

Ich! Pentesilea!

Moi, Penthésilée !

Sie sprengt heran.

La voilà qui part à l'assaut.

 

 

Im Todessprung steigt

Dans cet assaut fatal bondit

hufblitzend ein Roß.

à perdre haleine un destrier.

Achilles schaudert: sein Geschoß

Achille frémit : son épée

färbt sich in heißem Herzblut.

de ce sang bouillonnant rougit.

Zwei nackte Arme,

Deux bras nus

ringgeschmückt,

décorés de bagues

fallen zur Seite –

retombent au sol :

Nie wieder reitet,

Plus jamais ne cavalera

nie wieder streitet

ni ne bataillera

Pentesilea.

Penthésilée.

 

 

Achilles barg sich in seinem Zelt

Achille s'enferma sous sa tente

drei Tage lang.

trois longs jours durant.

Sein Herz blieb ihm für immer krank.

Son cœur à tout jamais en demeura blessé.

So schlug den Helden

Ainsi l'a-t-elle abattu,

Pentesilea.

Ce héros, Penthésilée.

 

17:42 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 07 mai 2020

Unsere Welt ::: Notre monde

Unsere Welt (Helene von Engelhardt)

Notre monde (trad. G. Cingal)

 

    Wir fragen nicht nach Weltgetrieb',

    Non, nous ne réclamons pas l'agitation,

Nach bunter Lust und lautem Glück.

Ni plaisirs éclatants ni bonheurs bruyants.

Denn uns're Welt ist uns're Lieb',

Car notre monde, c'est notre amour :

Wir zieh'n uns still darein zurück.

C'est là que nous nous retirons, là, en-dedans.

 

Die Welt für uns in Nichts zerfällt

Pour nous le monde se désintègre et sombre,

Mit ihrem wirren Wechsellauf,

En coups de canons confus, dans le néant.

Und aus dem Nichts steigt eine Welt

Et de ce néant s'élève un nouveau monde

Voll Liebesseligkeit uns auf!

Tout de béatitude et d'amour débordant !

 

 

09:54 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 06 mai 2020

Abzählen der Regentropfenschnur ::: En comptant les tresses de gouttelettes

Abzählen der Regentropfenschnur (Hilde Domin)

En comptant les tresses de gouttelettes (trad. G. Cingal)

 

    Ich zähle die Regentropfen an den Zweigen,

    Je compte les gouttes de pluie sur les branches,

sie glänzen, aber sie fallen nicht,

elles brillent sans tomber,

schimmernde Schnüre von Tropfen

tresses scintillantes de gouttes

an den kahlen Zweigen.

sur les branches nues.

Die Wiese sieht mich an

La prairie me regarde

mit großen Augen aus Wasser.

avec ses grands yeux d'eau.

Die goldgrünen Weidenkätzchen

Les chatons du saule, d'un vert d'or,

haben ein triefendes Fell.

ont le poil dégoulinant.

Keine Biene besucht sie.

Autour, pas la moindre abeille.

Ich will sie einladen

Je veux les inviter

sich an meinem Ofen zu trocknen.

à se sécher près de mon poêle.

 

Ich sitze auf einem Berg

Assise en haut d'une montagne,

und habe alles,

j'ai tout ce qu'il faut,

das Dach und die Wände,

le toit et les murs

das Bett und den Tisch,

le lit et la table,

den heißen Regen im Badezimmer

la pluie brûlante dans la salle de bains

und den Ofen mit löwenfarbener Mähne,

et le poêle avec sa crinière de lion

der atmet wie ein Tier

qui ahane comme une bête

oder ein Mitmensch.

ou comme un compagnon.

Und die Postfrau

Et jusqu'à la factrice

die den Brief bringen würde

qui m'apporterait la lettre

auf meinen Berg.

au sommet de ma montagne.

 

Aber die Weidenkätzchen

Mais les chatons du saule

treten nicht ein

n'osent pas entrer

und der Brief kommt nicht,

et la lettre n'arrive pas,

denn die Regentropfen

car les gouttes de pluie

wollen sich nicht zählen lassen.

refusent de se laisser compter.

 

07:08 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 05 mai 2020

Ich wollte so gern ein Stern sein ::: J'aimerais tant être une étoile

Ich wollte so gern ein Stern sein (Zehra Çirak)

J'aimerais tant être une étoile (trad. G. Cingal)

 

    Seelenklimawandel

    Changement climatique de l'âme

Das Dasein ist ein Riesenrad

L'existence est une grande roue

Wir Menschen sind nur Zwerge

Nous, les humains, rien que des nains

Trotzdem geht der Mond

Et pourtant la lune

auf und ab

monte et descend

im Nehmen

au fil du temps

und die Sterne schauen

et les étoiles nous fixent

ab und zu

de bas en haut

mit halbblinden Augen

de leurs yeux à moitié aveugles

der sorg-

malgré leurs

losen Ohren wegen

oreilles négligentes

Manchmal sie blinken

Parfois elles clignent des yeux

und tönen

avec fracas comme si 

als ob sie lauthals Leben wären

elles prétendaient haut et fort être la vie même

Ach man möcht so gerne

Ah comme on aimerait que

der Sterne Wegen

la piste des étoiles

 nur

ne soit

ein lautlos Lichtlein sein

qu'un faible halo silencieux

 

08:05 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 04 mai 2020

Joseph Beuys ::: Joseph Beuys

Joseph Beuys (Eva Zeller)

Joseph Beuys (trad. G. Cingal)

 

    als er sich in den

    quand il s'est coupé

Finger schnitt

le doigt

hat er das

il a fait un

Messer verbunden

pansement au couteau

 

als er aus aller-

quand en clouant des objets

geringstem Material

totalement insignifiants

eine Kreuzigung nagelte

il a bricolé une crucifixion

ein Balken eine Latte

une poutre une planche

ein Kabel zum Schnüren

un câble pour ficeler ça

setzte er zwei

et voilà qu'il avait figuré

Rückenfiguren davor

deux personnages vus de dos

weiße Flaschen die

des fioles blanches contenant

Blutkonserven enthalten

du sang en conserve

 

Stellprobe für

un échantillon de lieu

fast so etwas

pour quelque chose comme

wie Erbarmen

de la pitié

 

 

08:17 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 03 mai 2020

ASSOZIATIONEN ::: ASSOCIATIONS

ASSOZIATIONEN (Ilse Blumenthal-Weiss)

ASSOCIATIONS (trad. G. Cingal)

 

Die STEINE reden.

Les PIERRES bavardent.

Der Laternenpfahl leistet

Le réverbère tient

Dem GALGEN Gesellschaft.

Compagnie à la POTENCE.

Zigarette und Tabak

La cigarette et son tabac

Lösen sich in ASCHE auf.

Se décomposent en CENDRE.

Fahnen aus RAUCH

Des drapeaux de FUMÉE

Verhängen den Himmel.

Cachent le ciel.

STERN um STERN martert

Tant d'ÉTOILES supplicient

Blick und Gewand.

Le regard et l'habit.

 

Man sagt im Schlaraffenland

On dit qu'au pays de cocagne

Ist der gelbe Fleck

La tache jaune

Unsichtbar.

Est invisible.

 

09:41 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 02 mai 2020

Nachts ::: Nocturne (Sophie Albrecht)

Nachts (Sophie Albrecht)

Nocturne (trad G. Cingal)
 

    Alles ruht - nur meine Seele

    Tout repose et seule mon âme

   Ist noch ihrem Kummer wach;

Veille, lourde de souci ;

Schmerzlicher, weil ichs verhehle,

Plus douloureusement, malgré moi, elle exhale

   Drückt sie ihr gepreßtes: Ach!

Son soupir tenu, comme un cri.

 

Schwüle liegt auf meinem Herzen,

Mon cœur est lourd de sombres nuages,

  Schwerer Ahndung bange Last -

Suffoque sous le poids de noirs pressentiments :

Nie verschwinden diese Schmerzen,

Toujours de ces douleurs je subis les outrages —

   Nur im Grabe wohnet Rast -

Dans la tombe : là est la trêve, seulement !

 

Gott! mein Gott! o gieb mir Stille,

Mon Dieu, donne-moi le repos !

   Sprich zu meinem Geiste: Ruh!

Ordonne à mon esprit de fuir le tourment.

Bey dir ist des Friedens Fülle,

Près de toi pleinement on se trouve dispos —

   Wink mir süßen Schlummer zu.

D'un geste accorde-moi de dormir doucement.

 

 

08:34 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 01 mai 2020

Weisse Pause ::: Pause blanche (Elke Erb)

Weisse Pause (Elke Erb)

Pause blanche (trad. G. Cingal)

    Als ich in das blühende Bäumchen sah,

    Pendant que je regardais l’arbuste en fleur

stand sein Tausendweiß still und starrte,

son infinie blancheur immobile me fixait,

als prange es vor dem Himmel,

comme si dans le ciel il se balançait,

starr und fremd hielt die Stille,

le silence durait, étrange, obstiné,

und nachher, oben im Zimmer,

et ce n’est qu’après, dans la chambre à l’étage

habe ich mich erinnert,

que je me suis rappelée

wie ich selbst im Kindesalter

comment lorsque j’étais enfant

auf dem Land aus der Küche starrte

de la cuisine à la campagne je fixais

exzessiv in das Schneien

obstinément la neige tomber

und Schneien. Ein wenig Droge.

et tomber. Un peu comme une drogue.

Ein Reiz. Er zehrt und dauert.

Une fascination. Qui mine et n’a de cesse.

Ein unverwandtes Schauen

Un regard implacable

zurück in das nicht Traute.

qui fixe ce dont il se méfie.

Freiheit gleich Fremde gleich Tausend,

La liberté comme l’étranger comme la multitude

denn da starrte ja alles,

car alors tout me fixait de ce regard fixe :

Steinrücken, Apfelrund, Graslauf.

pierres retournées, rondeur des pommes, herbes folles.

Jedoch gewann sich das Auge

Cependant, l’œil a su s’emparer de

das Hausige des Hauses...

ce qui, de la maison, faisait la quintessence...

 

______________________________

 

En ce premier jour de mai si particulier, sans défilé ni manifestation, à dix jours de la fin (définitive ?) du confinement, je commence une nouvelle série de traductions de poètes ou d'autrices germanophones. Le projet est de tenter de traduire un texte à chaque jour de mai, et d'une écrivaine différente chaque jour. Je le rappelle, je suis piètre germaniste et j'essaie surtout, par ce biais, de me contraindre à pratiquer un peu mon allemand si rouillé. Toutes critiques constructives sont les bienvenues.

Ici, il s'agit d'un poème en distiques non rimés, et j'ai tenté d'en rendre le caractère étrange, obstiné et volontiers bancal au moyen de vers principalement impairs : 11, 13, 7 et 9. Les deux distiques “pairs” (8/12 et 10/12) correspondent aux moments de maîtrise (distiques 4 et 9). Je suis assez content des vers à structure ternaire et impairs (4/5/6 pour le vers 14 et 5/5/3 pour le vers 16).

Tout cela est un peu arbitraire, mais m'a permis d'avoir un cadre autre que celui des rimes, et du sens (qui m'a en partie échappé, cela se remarque sans doute).

 

11:07 Publié dans Germaniques de mai | Lien permanent | Commentaires (0)