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jeudi, 11 janvier 2007

XXVIII :

    Hectic, alias Krana,  dû me jouer un pur tour de salopard. Aujourd'hui, oui, ce matin même, à 2 heures 28, j'ai reçu un e-mail (du spam sexuel) dont l'auteur présumé était Samuel Butler. Est-ce un coup de ce terrible Krana qui plane au-dessus de mes rêves ? Je n'ai découvert le spam délictueux qu'à onze heures, mais je reste convaincu que le cauchemar qui m'a réveillé cette nuit devait avoir partie liée avec cette nouvelle supercherie, cette énième embobinade. Comment m'en sortir, alors ? Dois-je supputer que les jumeaux maléfiques, se lassant d'errer dans les limbes de l'inexpression, me tenaillent pour que je reprenne le récit de leurs aventures, ou suis-je seul à m'enferrer dans ces folies qui n'intéressent plus personne ? Reprendre toutefois.

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mardi, 29 août 2006

XXVII.

    Tout ce que j'aurais désiré, c'était de rencontrer l'un ou l'autre des Samuel B. dont la pensée même m'obsédait, pour ne rien dire de leurs écrits, de leurs portraits. Tout ce que j'avais, c'était ces deux bouffons, Hectic et Jecktic, tombés d'on ne sait où. Et maintenant ces nombres.

Il y avait deux hypothèses : soit je considérais chacune des suites de sept chiffres inscrite dans le ciel comme un nombre, soit j'y voyais une série constituée d'un chiffre et de deux nombres. Les interprétations, les permutations et les calculs les plus divers commencèrent à se faire jour dans mon esprit malade.

Je consumais un été plein à ces jeux de calcul, qui, finalement, s'avérèrent stériles. Peut-être vous dirai-je un jour, ailleurs, les différentes conclusions, peu concluantes, auxquelles je parvins. Mais là n'est pas mon propos, pour ce jour.

Combien de temps encore allais-je devoir marcher, accompagné de ces deux fous, ces âmes damnées, Hectic et Jecktic ? Je n'en savais fichtre rien. J'avais déjà pris assez de gifles comme ça. Je m'en voulais surtout à moi-même, d'être cette chiffe molle qui ne sait rien entreprendre de magistral, être sans panache.

Un jour même, toujours aussi maladroit, je brisai un pichet, qui n'était pas une cruche.

Hectic et Jecktic ricanèrent.

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lundi, 28 août 2006

XXVI.

    Tandis que Hectic, a.k.a Krana, me psalmodie les vers suivants

Près lui marchait le galant Bruin,

Son visage d'effroi peint,

Aussi rugueux qu'un Sarrasin

Ou qu'un Turc, un Mahométan,

Vêtu d'une toge guerrière

En fourrure rustre et grossière

 

Jecktic, alias Fafkz, me débite de semblables sornettes :

Mais à peine avait-il avancé

De trois pieds en cette aventure

Qu'il rencontra ci l'équipée

Que Hudibras avait domptée.

Mépris et désir de vengeance

Leur brûlaient le corps en puissance.

 

Dans le ciel s'écrivirent les nombres suivants :  3 237 242  et  2 249 254 . La fièvre me gagna, comme grondait le tonnerre.

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dimanche, 27 août 2006

XXV.

    La publication de ces chapitres est hachée, et l'écriture de cette oeuvrette plus encore (si possible).

Reprenons toutefois, avec du nerf de boeuf (J'ai eu la flemme, tant pour boeuf que pour oeuvrette, de faire tout le tintouin habituel pour avoir de jolis e dans l'o). Go and lay an egg, okay ?

Dans le "multiroman" qu'il vient de publier, Jacques Roubaud a écrit ("recueilli et adapté") "douze (plus une) des nombreuses vies de Jacques Roubaud". La première biographie est très savoureuse. Imaginer Jacques le Stylite au haut d'une colonne de 2584 pieds de haut, plus haut que l'Everest, au début du VIème siècle, ne manque pas de sel. Je n'ai lu que ce premier chapitre, car j'ai acheté le livre hier soir, et je veux finir l'Histoire des Treize.

Vies multiples, foisonnantes, d'un même Jacques Roubaud, ce que l'on pourrait appeler, dans la lignée de Virginia Woolf, le complexe d'Orlando...? Ce matin même, encore, frappé par le démon de l'analogie, qui me pousse à avancer dans ce sillon, j'ai découvert l'existence de deux William Hamilton, avec lesquels Augustus de Morgan était en correspondance. Ami avec l'un, rival féroce de l'autre, il écrivit un jour au premier de ces deux W.H. :

Be it known unto you that I have discovered that you and the other Sir W. H. are reciprocal polars with respect to me (intellectually and morally, for the Scottish baronet is a polar bear, and you, I was going to say, are a polar gentleman). When I send a bit of investigation to Edinburgh, the W. H. of that ilk says I took it from him. When I send you one, you take it from me, generalize it at a glance, bestow it thus generalized upon society at large, and make me the second discoverer of a known theorem.

 

Ainsi, si j'avance chaotiquement, et presque comme un crabe, dans mon récit dépenaillé, ce n'est pas d'avoir voulu unir le Samuel B. du dix-septième siècle et celui dont la vie épouse presque exactement le règne de Victoria ? Hectic et Jecktic, ces deux faces bouffonnes, m'encouragent à poursuivre dans la voie que j'ai maladroitement tracée. Dorénavant, l'un ne répond qu'au nom de Krana, et l'autre à celui de Fafkz (difficilement prononçable). Mais leurs pitreries, je n'en ai cure. Je dois régler leur compte à mes chapitres. Voici venir Samuel B., encore et toujours.

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dimanche, 09 juillet 2006

XXIV : Si

    Si Samuel B. avait connu l'époque bénie (ou merveilleuse) de la publication anticipée par blog interposé, il se serait moins affolé pour ses relations épistolaires.

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samedi, 08 juillet 2006

XXIII : Méridiennes

    Vous avez traversé les mers, déjoué les commérages. Enfin, dans votre sillage, vous reposant sur un vieux banc (l'un de ces bancs qu'un mort a dédiés à un amour déçu, le léguant à la ville, selon la mode américaine), vous avez laissé de nombreux admirateurs qui ne laissaient pas décourager par votre faible popularité auprès des universitaires, dons, deans et scholars de tout poil. Peut-être étaient-ils (ces adeptes, mais aussi ces dons, deans et scholars de tout poil) justement fascinés par votre refus des règles universitaires, votre humanisme, votre grande culture qui ne se laissait pas enfermer dans les codes étriqués de l'enseignement universitaire.

Voici venir, encore une fois, Samuel B., avec ses guêtres et son chapeau, le banc où il s'asseoit non loin de lui.

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vendredi, 07 juillet 2006

XXII : Archit*hectic

    Jecktic s'inquiète d'une construction commencé sans plans. Beaucoup d'écrivains font ça, tu sais, surtout de nos jours. Va dans l'atelier de Samuel B., goûte son thé bouillant, pose les yeux sur les rangées de livres et passe la main dans la fine couche de poussière près d'un vieux Plutarque à mettre mes rabats.

Jecktic s'inquiète. L'orage a mis une belle branlée aux roses trémières. À quelque chose malheur est bon.

Passe en revue tous les vers que tu connais d'un poème épique et satirique. Les yeux te piquent ? Voilà : tu es devenu, à toi seul, Hectic et Jecktic. L'architecture savante de ce rez-de-chaussée, dont on sait seulement qu'elle s'arrêtera à la trente-et-unième chambre, pour ouvrir alors sur un nouvel étage, t'inquiète, t'affole, tout autant qu'elle te rassure et te stimule. Oui, il y a, en toi, les visages cachés des deux danseurs de cirque Jecktic et Hectic.

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jeudi, 06 juillet 2006

XXI : Hectic & Jecktic

    Il m'est difficile de laisser en plan un projet ambitieux.

C'est-à-dire : de le laisser moisir à l'état de plan.

Non : à l'état d'esquisse inachevée. Car, justement, il n'y a pas de plan prédéfini, mais la construction a commencé, depuis bientôt trois mois.

Autant dire que je l'ai tout sauf laissé en plan.

Au temps pour moi. (Mais le temps joue pour moi.)

 

***********

Jecktic s'en agace, de ces circonvolutions, circonlocutions, jeux sur les mots, bêtises, calembredaines. Jecktic voudrait qu'on lui explique qui est Samuel B. Puisqu'il a compris que ce n'était pas, que ce n'était plus Barclay Beckett, il attend. Comme il sait bien que des Samuel, il y en a eu à la pelle. Vu que je n'ai pas l'intention de me faire mieux comprendre dans les jours qui viennent, laridondon laridondaine, il attend.

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mercredi, 05 juillet 2006

XX : Balles neuves

    Que les Anglais aient inventé le tennis sous sa forme moderne, mais que les Français lui aient donné son nom, par l'intermédiaire de l'appel de service courant lors des parties de jeu de paume, tout cela est connu comme le loup blanc. Après un mois de silence, que faisait Samuel B. quand il voulait se remettre au travail ? Quand il composait Hudibras, le tennis n'existait pas, mais quand il mourut, peu après avoir soutenu une nouvelle fois que l'Odyssée avait été écrite par une femme, le tournoi de Wimbledon existait déjà. D'ailleurs, peu après sa mort, Lawrence Doherty remportait la première de ses cinq victoires consécutives dans le simple messieurs, sur gazon, traçant le chemin de la chair.

Tenez-vous bien.

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mardi, 06 juin 2006

XIX.

    Pour les douze prochains jours, alterner les notes publiées à 10 h 35 et celles publiées à 17 h 25, selon le principe évasif de l'évasement et la stratégie cavitative de la cavatine.

(Si tu le dis...)

17:25 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction

XVIII.

    Samuel B. n'est pas Samuel Beckett. Il semblait que cela fût clair, et pourtant rien n'est clair ici. Un sauvage qui ressemble à un moineau, avec sa tête de dogue, va jusqu'au banc, se lève, se dresse, se tient debout sur ce banc, et se met à hurler à tout rompre que le monde s'estompe. Même les passants ne lui jettent pas le moindre regard.

Samuel B. est double, bifide, bifrons, un silex biface dont le soleil nous cache la vue, trop radieux à éblouir nos sornettes.

Le sauvage aviforme à tête de bulldog hurle des âneries et pas des insanités, des bêtises et pas des sottises, profère des mensonges et pas des menaces, des stratagèmes et pas des stratégies, énonce des truismes et pas des vérités, des tartufferies et pas des aphorismes, dessine dans les ciel des soleils et pas des nuages.

Je voulais publier le trente-et-unième et dernier chapitre de cette rubrique le 18 juin, date de la mort de Samuel B. (enfin, de l'un des deux, du plus lisible des deux), mais j'ai laissé passer trop de jours pour me remettre facilement de ce laps. Il va falloir revoir tous mes calculs, comme dit Gai-Luron peaufinant son robot. Samuel B. est double, bifide, ambidextre, ambigu, et il pourra s'accommoder d'une touche de folie, d'une sorte d'ExtraBlatt germanique (à moins que le cafard ne nous saisisse les membres).

Le sauvage canicapité à silhouette d'accenteur se mouche bruyamment, trompette, éructe, diffame, et dit des vilénies et pas des prodiges, des fariboles et pas des fumisteries.

10:35 Publié dans Voici venir Samuel B. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction

vendredi, 02 juin 2006

XVII : Dans le parc solitaire et glacé

    Dans un château hanté, Fleance et Fortinbras se retrouvent. Ils parlent du bon vieux temps. La fatigue les gagne, leurs membres sont lourds et leurs gestes approximatifs. Ils sentent les bras, surtout, leur manquer, et s'arquer, se cabrer de douleurs minuscules mais si nombreuses que tout leur corps leur semble parcouru par ces légers faisceaux innombrables. Fleance apprend à son ami que le vrai nom de Dieu n'est pas YHVH mais IDUH. Fortinbras lui lance un regard apeuré, puis lui demande si ce n'est pas là quelque délire d'une secte sataniste. Leurs paroles se perdent dans les courants d'air, et, du puits où je gis, je ne les entends plus deviser, ces deux fils perclus de douleurs.

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jeudi, 01 juin 2006

XVI : Six yeux

    À qui sont les six yeux ?

Y a-t-il des cyclopes ?

Suis-je du nombre de ces regards acérés, ou doit-on considérer trois Samuel B. désormais ? Je n'ai aucun moyen de le savoir, et le docteur Johnson ne m'est d'aucun secours.

J'ai regardé ce film qui durait deux heures et vingt minutes. Je me suis enfoncé pendant trois jours dans le noir du tombeau. J'ai botté en touche jusqu'à ne plus savoir si ces perles injectées de sang étaient bien mes yeux. Je ne sais si je dois attendre que le lait caille, que le nez caille, que le jet caille, que le dé caille, que la colombe poignardée abolisse le hasard.

La fille si belle qui écrivit l'Odyssée insiste pour obtenir une réponse : à qui sont les six yeux ?

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mercredi, 31 mai 2006

XV : Fractures

    Il était donc vrai que Beckett traquait les taupes...

[Mardi : Traduisant le chapitre qui relate les retrouvailles de Jeebleh et de Seamus, j'écoute Continuo, le dernier opus du trio d'Avishai Cohen (le bassiste).]

En 1897, l'année de naissance de mon arrière-grand-mère, mais aussi d'Opal Whiteley (que je n'ai pas oubliée), Samuel B. écrit son essai dans lequel il démontre que l'Odyssée a été écrite par une femme. Oscar Wilde croupissait en prison jusqu'au 19 mai de cette même année.

Plus de deux siècles auparavant, Samuel B. se moquait des scientifiques en bâtissant, à défaut de châteaux en Irlande, des éléphants dans la lune.

Seamus sourit. C'est bien le moins.

 

 

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mardi, 30 mai 2006

XIV : Léger lézard

    Tout mon temps ne peut se consumer à la traduction, et ce livre-ci, après une ellipse de trois jours  - le temps d'une résurrection - , renaît de ses silences.

(Marchant rue Ronsard, je remâchais les premières phrases de ce texte, et cette parenthèse même.)

Je reviens de la librairie où j'avais découvert, il y a deux semaines et quelque, à ma grande stupéfaction, une pile composée du petit ouvrage de Nathalie Léger, Les Vies silencieuses de Samuel Beckett, et dont je m'étais dit qu'il s'agissait d'un plagiat par anticipation de mon propre travail. Comme l'auteur sera là ce soir, j'ai acheté  - avec trois livres de littérature "hispanique" -  l'opuscule, que j'ai commencé à lire, dans la rue, à l'arrêt de bus, puis dans le bus.

C'est un livre qui me séduit, outre la fascination que j'ai pour son sujet et son ton, par de nombreux bonheurs d'écriture. Le marque-pages est placé à la page 40.

J'ai pris la décision  - caressée depuis longtemps -  d'envoyer aujourd'hui même à un éditeur (absurdement j'hésite entre deux) le tapuscrit de Comment je n'ai pas célébré Samuel B. On verra bien. Après avoir reçu le refus, je pourrai proposer une édition augmentée de Voici venir Samuel B.

J'ai trente-et-un ans, que diable - le nombre de syllabes d'un tanka, l'invers de 13, ce chiffre qui préside aux destinées de mes carnets. Il se trouve aussi que, d'avoir attendu presque trois semaines pour acheter le livre de Nathalie Léger (si léger dans la main, comme dans la poche de ma veste verdâtre ou jaunâtre), mon exemplaire correspond à la deuxième édition, de mai 2006, par contraste avec la première édition, d'avril 2006. "Ils" ont dû faire exprès.

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vendredi, 26 mai 2006

XIII : Six yeux

    Il se dit que viendra l'heure. Il se dit, dans les cercles autorisés mais restreints, que ce n'est pas le bon goût qui étouffe les chrétiens, dans ces parages. Toujours est-il que la fatrasie peut avoir l'heure pour seule contrainte, sans que l'un ou l'autre Samuel vienne nécessairement poser ses yeux narquois par dessus mon épaule, et ce sera, justement une fatrasie, ni pour les arrogants ni pour les vaniteux, ni les prétentieux ni ceux qui se pavanent, confits dans leur fatuité... enfin, c'est trop peu dire qu'il se dit quelques dilemmes de plus, au moment où la ligne de l'horizon vient couper le soleil dans sa course, avec le chant des sirènes, la fête aux étoiles, et ces conciliabules silencieux entre six yeux qui s'interrogent.

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jeudi, 25 mai 2006

XII (?)

    J'avais songé, pour ce jour, à une éclipse, mais, en fin de compte, c'est plutôt inopportun.

Ainsi donc, souscrivons à la méthode romantique, et rengainons dans son fourreau l'acier sanguinolent. Tous ces sons rugueux de bastonnades, de plaies et de blessures, laissons-les pour leur préférer le style plus doux de l'Amour, et pour laisser le lecteur trouver quelque repos.

(II. 1. 1-6.)

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mercredi, 24 mai 2006

XI : Sur un banc

    1893. Sur un banc, sa besace près de lui, l'homme voûté lit un livre, ou une brochure. Il est vêtu de manière rustique, peu apprêtée, hormis l'inévitable chapeau melon et la barbe taillée avec maestria. Un parapluie, dont seule se devine la pointe, nous remémore le temps qui passe.

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mardi, 23 mai 2006

X : Traduit de la nuit

    Vous avez, les scrutant, démonté les mécanismes du roman. Traducteur, vous avez suivi un sentier semé d'embûches. Jamais les amis de Barclay ne vous laisseront en paix, à ceci près que vos idoles ne sont pas idolâtrées, vos lares ne sont pas hilares, vos muses jamais ne s'usent, et que vos édredons dorment sous la promesse du grand pardon.

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lundi, 22 mai 2006

IX : Un peu d'ekphrasis, que diable !

    En veston noir, les cheveux ondulés, d'âge moyen à mûr, les mains croisées sur l'aine, il arbore une chaîne de montre qui nous scrute tout autant que les yeux tendres, affables et mélancoliques, par-dessus des lunettes d'une rare élégance, comme sa barbe impeccablement soignée. La chemise, que l'on devine de lin, offre une prairie au regard, à moins que ce ne soit, vers ce regard auquel toujours revient ton regard, l'envol d'un papillon, comme né de la dernière pluie.

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dimanche, 21 mai 2006

VIII. D’un panier de fruits renversé

    L’une des gravures les plus célèbres de Hogarth est une illustration du grand poème burlesque de Samuel B. Bien des choses ont été dites sur cette image du cavalier fanfaron et ridicule, qui laisse entrevoir la filiation entre Hudibras et le Don Quichotte, à ceci près que c’est ici le chevalier qui est gras et ventru comme Sancho Pança – à ceci près que le dessin formé par la crosse de son pistolet est trop astucieusement placé devant l’entrejambe du matamore de pacotille pour ne pas être délibérément obscène.

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samedi, 20 mai 2006

VII. Les forains manifestent

    La main de Cicéron était portée par un bras d’une exemplaire fermeté, car Cicéron est l’un des rares orateurs romains à n’avoir jamais brassé du vent. Parfois, il suffit d’ajouter un car entre deux phrases indépendantes pour donner plus de nervosité et de bizarrerie à quelque chose de parfaitement banal. Les écrivains soucieux de plaire prendront garde de ne pas abuser de ce stratagème, qui n’est qu’un triste truc. À l’inverse, trop d’énoncés juxtaposés peuvent lasser et donner également l’impression d’un procédé stylistique routinier, à moins que l’effet accumulatif ne soit délibéré, comme dans le cas d’un grand poème burlesque et satirique.

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vendredi, 19 mai 2006

VI. Messieurs songent

    Samuel B. sont deux grands écrivains, que l’on admire, lit ou néglige, ignore ou confond. Ils appartiennent à ce purgatoire des songes où sont relégués tous les grands écrivains. Il y a peu, n’écrivais-je pas : « Messieurs songent » ?

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jeudi, 18 mai 2006

V. Faire l’épître

    Samuel B. était un épistolier étonnant, qui n’a pas hésité à inclure, dans son roman, des missives attribuées à ses personnages, et qui lui permettent de dénoncer leurs travers. Je veux dire que les épistoliers incriminés écrivaient sûrement de travers, en crabes, fourbes, fourbissant leurs hypocrisies comme des armes. Samuel B. était trop sensible aux pouvoirs de la lettre et des Lettres pour ne pas accorder une très grande importance aux épîtres. Sa correspondance avec sa meilleure amie (qui ne se prénommait pas Shane mais Eliza Mary Ann) en témoigne.

Dans un autre ordre d’idées : « il faudrait faire la lettre », dit la mère de Renaud Camus (si je n’ai pas lu son premier journal de travers.)

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mercredi, 17 mai 2006

IV. La main à (la) plume

    Lire l’essai de mon amie Shane m’a donné envie de me remettre au latin. La main de Cicéron, c’est la main de l’orateur, mais c’est aussi celle de l’écrivain, de l’épistolier, que l’on oublie trop souvent au profit de Sénèque ou Pline le Jeune. Ce n’est pas encore la main de l’orant, qui prie le Dieu des chrétiens, ni la main tranchée sur les portes en bois des églises et des cathédrales, pendant les guerres de religion.

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mardi, 16 mai 2006

III. Voici venir Samuel B.

    Il n’a pas encore été question de Samuel B. Laissez-les pointer le bout de leur petit nez, avec leur famille, leur cohorte, leurs mots par myriades. En attendant le moment où nous les verrons émerger – et peut-être émarger, s’ils restent désireux de parapher mes paragraphes – restons encore quelques instants avec Samuel Barclay Beckett, qui a cent ans révolus maintenant, quoi qu’il en soit. Ou ne les aura-t-il assurément que le 14 juin, date de son certificat officiel dûment tamponné par de dublinoises autorités ? Je ne sais. À défaut de ses proses, sa vie a fini par me lasser, et la fiction se nourrit de changements d’air réguliers. Ouvrez-moi ces fenêtres !

 

Est-il possible d’écrire que Samuel Beckett est né le 13 avril 1906 à Dublin ?

Est-il possible d’écrire que Barclay Beckett est né le 13 mai 1906 à Stillorgan ?

Est-il possible de m’expliquer pourquoi j’ai publié trente-et-un textes composant une oeuvrette qui ne manquait pas de chien, chaque jour, entre ce 13 avril et ce 13 mai, à 13 h 05 ?

N’ai-je pas dit que je tournais une page ? Assez de questions. Voici venir Samuel B.

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lundi, 15 mai 2006

II. Genre / J’en ris encore

    Ce jeudi matin, la file d’attente était si longue, au bureau de poste de la rue Nationale, que j’ai eu le temps, en attendant mon tour, de lire la préface de 1999 ajoutée à l’édition révisée de Gender Trouble. Un jeune homme qui piaffait et a voulu griller la queue (il n’est pas question de friture ni de pratiques sadomasochistes) s’est fait gentiment rembarrer par une dame très polie. Il n’avait pas de livre.

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dimanche, 14 mai 2006

I. Disjecta membra

    La main de Cicéron n’est l’oreille de Van Gogh ni la jambe de Rimbaud. Tout comme Rimbaud n’a pas écrit avec sa jambe gangrenée, Van Gogh n’a pas peint de l’oreille. Mais ce n’est pas sa main coupée que tenait Blaise Cendrars en écrivant ses plus beaux textes.

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