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jeudi, 02 avril 2020

276–Reniero–Orgue

 

    J’avançais dans ces champs dont aucun ne ressemblait à aucun autre. Après la clef, ce sont mes phrases qui se chargent de la boue lourde des champs terreux nourris par de fortes pluies. Et se chargeaient d’adjectifs également, tellement d’adjectifs. Ce n’était pas grave. Je coupais à travers champs, c’était bien normal puisque cet objet qui m’accompagnait était la clef des champs.

Quand je ressentis un peu de fatigue, et même pas qu’un peu, ma lombalgie repartait de plus belle et se vengeait de ma témérité, je sortis la clé de ma poche et la tournai six fois vers la gauche avant de la tendre deux fois au-devant de moi, et les douleurs disparurent.

Les phrases bancales prennent sur elle la lourdeur du monde rebuté.

La clef des champs, comme le veston ensorcelé, ne saurait tout régler.

Voilà que je poursuivais ma route, sans me fouler.

 

12:10 Publié dans 410/500, lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 29 mars 2020

256–Sempé–Clavecin

 

    Quand je demandais à la Présidence de l’Université, 8 jours avant que Macron n’annonce la fermeture de tous les établissements d’enseignement, le 4 mars donc, si l’interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes s’appliquait au site Tanneurs où travaillent en moyenne de 4.000 à 7.000 personnes aux heures les plus chargées (disons, entre 9 h et 17 h), imaginais-je qu’il me faudrait entendre le Premier Ministre affirmer le 28 mars qu’il ne laisserait personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement ? Et quand, le 14 mars, j’écrivais que la décision de continuer à convoquer tous les employés de l’Université à venir assurer leur travail la semaine du 16 était irresponsable, et non conforme aux annonces du chef de l’État, étais-je l’irresponsable ? Du retard, et beaucoup, il y en a eu.

 

07:23 Publié dans 410/500, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 30 novembre 2015

[pas de bois]

    Je ranime mon visage en me tapant les joues.

Je rumine ce froid qui habite mes pensées.

Ce matin, vraiment, j’étais engourdi, comme pris de vertige, au réveil.

Lundi dernier, resté en rade pendant une demi-heure dans le tramway, le bec dans l’eau sans information précise, j’ai fini par rallier la rue Mirabeau d’une autre façon, et, courant le long du quai, par arriver en cours en retard, vingt minutes ! — ce qui ne m’arrive jamais.

Croquis       et agaceries.

Mais je ne suis pas de bois !!

Il semble.

07:50 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 30 novembre 2014

2195 - Au bord de décembre (211/1128)

   Au bord de décembre

à la toute fin de novembre

le mois neuf le tout brun orangé du renouveau

au bord de décembre me

voilà pour la première fois

(pourtant

nous habitons ici depuis bientôt 6 ans)

à coucher au sous-sol

dans la “chambre d'amis”

pas terriblement accueillante

terne mais pas spartiate

je crois j'ai beau chercher

je crois bien que jamais

une ou deux pour s'isoler

une ou deux fois pour lire en paix

mais dormi ici jamais c'est

la chambre de mes parents et c'était

la chambre d'Éric

qui ne vient plus il venait

ici tous les mercredis et parfois davantage

donc quand j'étais souffrant je m'installais plutôt

(depuis 6 ans) au salon au petit salon

d'en haut près des garçons

bref jamais ici au spartiate

cabinet boisé lattes

affiches miroirs chaises cannées

placards 1 pile de feuilles & sur

les tables de chevet des boîtes avec des remèdes

1 verre d'eau

et 5 bouquins, pourquoi autant je vous demande

ça n'a pas de sens, c'est juste

comme les remèdes au cas où

pioche un poème ici finis ce roman là

lis quelques pages de l'essai

butiner peut-être au creux de l'insomnie

et donc dans cette chambre

à coucher bois pour une fois

se coucher au bord de décembre

.

20:34 Publié dans 410/500, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 06 mai 2013

Le Chant du rossignol (1270/1500)

    Il m'a semblé découvrir (entendre pour la première fois) avant-hier la suite de Stravinsky intitulée Le Chant du rossignol, dans le coffret Silvestri que vient d'éditer EMI. Or, je m'aperçois que cette suite orchestrale figure déjà dans un autre coffret, pourtant abondamment écouté : se peut-il que je sois toujours allé directement à Apollon Musagète, en passant par-dessus celle-ci ? Ou que je sois à la ramasse...?

Toujours est-il que, sous la baguette de Silvestri, c'est très beau.   Sous la baguette de Jukka-Pekka Saraste, je n'en sais rien, puisque je ne l'ai pas encore remis (« remettre » au sens de “remettre sur la platine” et de “se remémorer”). Evidemment, cela serait très rassurant (pour mes facultés cérébrales), que la version finnoise soit terne ou inintéressante — ça expliquerait pourquoi cette pièce ne m'avait pas marqué jusqu'à présent.

Le quatrième mouvement de cette suite, le “Jeu du rossignol mécanique”, est très contrasté, avec des passages très mélancoliques, poignants (des adjectifs qu'on n'associe pas souvent à l'esthétique stravinskyenne), et les côtés plus grand-guignolesques, qui ont si péniblement influencé certains compositeurs de cinéma (et aussi, je le crains, Léo Ferré) mais sont ici d'une tenue, d'une gravité dans le délire tout à fait impressionnantes. Quoique je n'y connaisse rien, c'est sans doute dû au fait que Silvestri était un grand coloriste d'une maniaquerie pointilliste qui ne l'empêchait pas de toujours garder à l'esprit le son d'ensemble.

09:33 Publié dans 410/500, 721, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 11 mars 2013

L’Excavation du totem (version 410/500)

    En ouvrant les rideaux métalliques, il s’assura qu’il n’y avait personne, voulut prendre en photo le trou laissé, dans la terre du quad, par l’excavation du triple totem de Nico Nu, mais, toutes fenêtres bloquées (pourquoi donc ?), à travers la vitre, avec le reflet, la photo, bien sûr, ne donna rien. Repensant à l’excavation du triple totem la semaine passée, il revint au 44, n’ayant rien trouvé dans son casier. Au passage, il reprit une photo de l’Olympia,        avant de composer un quatrain.

 

21:53 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 10 février 2012

Massimo Bontempelli : La Vie intense


« À mesure que toute cette humanade s’éloignait des portes qu’elle avait franchies, ouvragée par les arabesques des tramways et leurs désinvoltes volutes, blessée par les flèches cinglantes et rigides des automobiles, elle allait se pulvériser en un fourmillement toujours plus flou vers la ténèbre romantique du jardin, les tortueux engloutissements des allées, les feux cruels des deux rangées d’hôtels qui servent de coulisses à ce féroce décor. »

(Massimo Bontempelli. La Vie intense.

Traduction de Maurice Darmon. L’Arpenteur, 1990, p. 142)

 

 

    Dans la petite bourgade de l’Aude (Montolieu) où l’on trouvait des distributeurs automatiques de fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, se trouvent aussi nombre d’échoppes de bouquinistes. Toutefois, c’est à Auch, quelques jours auparavant, que j’achetai le volume de Bontempelli, lu dans la foulée, et donc, me semble-t-il, dans l’Aude, dans la chambre aux murs blancs, près de l’escalier sous voûte, le soir, en digérant les fruits et légumes issus de l’agriculture biologique. Que je trace mon chemin à pattes de mouche, en n’ayant encore rien dit de La Vie intense, c’est très bien, fidèle à ma méthode. On ne le croirait pas, ma méthode est terriblement méticuleuse, exigeante, dépareillée, une vieille maîtresse encore plus âprement séduisante d’aller de travers ou en crabe.

Donc, ce matin, sept mois après, du café et des tartines de miel dans le ventre, après avoir pelleté pas moins de trois campagnols morts que la chatte a ramenés cette nuit, je prends le volume dans la pile des livres-pas-encore-rangés-au-cas-où, et recopie la citation qui figure en épigraphe de ce billet. Et allez.

Massimo Bontempelli. La Vie intense (trad 1990). Page 41. La Vie intense appartient à ces textes des années 20 qui cherchaient à travailler – au corps, au ras, jusqu’à sa perte – le genre romanesque. Le livre est une succession de dix « anti-romans » synthétiques, fictions extrêmement brèves qui penchent foncièrement du côté du loufoque (pas de l’incongru). Tant dans la revendication de formes romanesques « modernes » que dans la remise en cause du principe de fiction, La Vie intense m’a fait penser aux romans de Flann O’Brien, dont Nuruddin Farah avait bien vu – notamment pour At-Swim-Two-Birds (mais la démonstration pourrait s’étendre sans problème à d’autres (The Hard Life, The Third Policeman, The Various Lives of Chapman and Keats) – qu’ils étaient aussi profonds, aussi explosifs, aussi radicalement inventifs que les tentatives contemporaines de Joyce, Sarraute ou Broch. Les textes modernes qui se situent du côté du loufoque, de la remise en question de l’esprit de sérieux, me semblent d’ailleurs plus radicalement modernes que les autres, car ils fondent tout sur la porosité, non des genres, mais des tons. Sans doute est-ce la raison pour laquelle je préfère Beckett à Joyce : avec Beckett, on ne sait jamais véritablement de quel côté le texte donne de la voix, quel est le ton dominant… puisqu’il n’y a pas de ton (de tonalité ?) dominant(e). Pour en revenir à Bontempelli, son « roman des romans » est difficile à classer tout bonnement, tout uniment, au rang des textes humoristiques ou parodiques, quoique l’on ressente souvent l’esprit parodique même sans identifier le modèle (ainsi dans le récit du jeune homme qui souhaite lancer la mode de la pêche au chat, cf p. 107).

 

 

 

2770/3300

09:40 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)

jeudi, 24 novembre 2011

Chronique féline absolument passionnante, épisode 72.1. (version 410/500)

    Revenu d'en ville (L’Arôme), ayant garé la Clio – Mademoiselle miaulait, j'ai déplacé les croquettes intouchées depuis trois jours de la coupelle brune dans l'assiette blanche : mine écœurée –        alors que, ce matin, elle a bâfré ces mêmes croquettes, tout juste sorties du sac.     Il y a aussi, devant la chatière, un petit campagnol fauve tout raide, qu’elle a certainement ramené de sa virée nocturne.  Après ample toilette, elle dor(mai(j’écrivais cela cette après-midi))t sur « sa » chaise.

21:34 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 11 octobre 2011

Sandales à néant

    La chatte dort encore sur mes sandales. Elle ne sait pas que je suis protégé par Leduc. Elle me voit boire comme un trou, ça l’afflige. Madame, ne vous réveillez pas, miaulez contre ma jambe, ne plantez pas vos griffes dans le papier peint. Qu’on leur donne de la brioche ! J’enfile mes sandales, sans avoir eu besoin de déloger la chatte – qui se faisait, entre-temps, les griffes sur l’écorce du néflier –, et je trimbale mon gros ventre jusqu’à la boîte à lettres.

Une fois encore, c’est le néant.

12:27 Publié dans 410/500, Dimanche pleurera | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 octobre 2011

Hier hérisson

    Hier soir, soit quatre jours après le dernier jour d’été indien presque caniculaire, j’ai dû remettre le chauffage, inaugurant le début de la saison froide. Un énorme hérisson,     déjà entraperçu, l’autre soir dans la rue, au retour de chez Eric et F***,     est venu par trois fois s’attabler aux croquettes de la chatte. Malgré mes yeux qui se fermaient, je me suis contraint, après France-Albanie, à lire un bon moment Letting Go. C’était aussi le soir d’une journée très dense pour la recherche.

19:28 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 28 septembre 2011

Peupliers de l’irréel (640/770)

    Du côté de la route, les nèfles, dans le vert flamboyant de feuilles qui s’illusionnent à croire à un printemps revenu, deviennent grosses comme des poings d’enfant, avec leurs cinq minuscules fanes pareilles à des doigts effilés, végétaux. Bruce Chatwin a écrit que le peuplier était le signe de ponctuation de l’humanité. Du côté du rond-point, où la petite chatte se fait les griffes sur l’écorce du prunus, le soleil donne à plein, de sorte que même les lattes éclatées et pourries de la seule chaise en bois qui nous reste des années beauvaisiennes s’imagineraient être revenues au tronc. C’est une de ces journées où, comme le dirait Philip Roth, on s’enfonce plus profondément dans un monde irréel. Pourtant, le soleil est là, qui nous fait signe, bel et bien là.

 

In Patagonia, p. 81

The Humbling, p. 126

09:29 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 22 septembre 2011

« Ain’t done with smoke and mirrors »

    Dans la buanderie. Dix-huit mouchoirs, une serviette.

Dans le casier, à mon nom. Trois classiques américains, un de James, deux de Mailer.

Au-dessus de la poubelle. Un yucca, qui m’a piqué au visage. (Hier.)

Deux chansons différentes, qui se mixent. Dans ma tête. (Etincelles.)

Remplissage. Cinq livres dont le tome 1 de 1Q84. (Une pile sur une pile.)

Et sur la table de la cuisine, de mémoire, sept miettes de pain, un saladier, une boîte à chaussures pour stocker ail et oignon,    trois bocaux de confiture entamés

La ponctuation, poésie à soi, nous sauvera.

12:12 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (2)

lundi, 23 mai 2011

Sujet envers (version 410/500)

    (Il a écrit ça en deux!minutes.) On se plaint d’un rien, puis rien ne va le feu s’éteint, les auxèses succèdent aux paralipses faut pas vous étonner mon vieux si personne vous lit alors – alors ? alors on se lamente. Toujours plus. Il prend des bûches, le venteux sûr de lui qui finit par ne plus être sûr de rien. Les secrets se dissipent en deux coups de lancette. (Métamorphoses du temps dans les soutes. Les sempiternelles plaintes suivent un cours ascendant è faut pas vous plaindre mon vieux.) 

08:02 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 04 avril 2011

Elliott, version 410/500

    Enfin il a tranché : ce sera      Mathieu. Et comme, décidément, il ne recule devant aucun sacrifice pour son grand retour aux étoiles, il annonce à la cantonade (et huit jours après le second tour des élections cantonales !) qu’il compte désormais collectionner les enregistrements d’œuvres d’Elliott Carter (l’artiste encore alerte), et même (tenez-vous bien) les posséder tous avant 2015. Je crois qu’il a la malaria.       Ce n’est pas une raison pour ne pas aller écouter, ce soir, le Minotaure.

15:51 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 27 février 2008

Gare de Facture (version 410/500)

    Ornette brandit les oriflammes, et l’orage tombe en miettes, cendres pour branches.

Le jour se lève sur             Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé, bien sûr ; l’anarchie règne dans la station balnéaire ; seul un quartier, ou deux, a gardé une part des tonalités harmolodiques.

Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel benzène dorment d’un sommeil tardif, à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune qui luit aux paupières lourdes. Le seigle s’envole en feuilles de papier d’écume.

23:23 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fiction, écriture

dimanche, 24 février 2008

1625 - The Inch Worm

[ 13.02.2008.*]

 

    Cinq biches qui traversèrent juste avant la maison neuve – la maison m’as-tu-vu de style floridien, avec ses palmiers rabougris, son portail à double blindage – ouvrirent le bal du mercredi avant les premiers gestes ordinaires : courses à la supérette, détour par le boucher, baguette bien cuite et tarte aux pommes chez Niffus, sans oublier le journal dont la vendeuse n’annonce même pas le prix car elle s’imagine qu’on l’achète tous les jours et que les 85 centimes sont déjà prêts.

 

Le soleil finit par se lever, la brume froide évanouie.

 

 

 

[ * comme tous autres publiés ce 24 février ]]]]]

18:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture, Jazz, Landes

samedi, 05 janvier 2008

Courants furtifs

[ 3 janvier

    Il y a encore dix ans, le long de cinquante kilomètres de routes de campagne, il était exceptionnel de voir ne serait-ce qu’un cheval ; aujourd’hui, l’exception est devenue la norme, et même la banalité. Aujourd’hui, aussi, des dizaines de milliers de lecteurs – guidés par des libraires inertes et des journalistes ineptes – peuvent porter aux nues un petit récit minable cousu de clichés, de maladresses et de fautes de grammaire qui ne sont jamais des effets de style : Le canapé rouge de Michèle Lesbre – une sombre merde. It’d be so fine to go with the flow, yet I can’t.

15:50 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature

lundi, 08 octobre 2007

Vent sucré, Damas (versant 577/697)

    Dire que tout est parti de mille mauvais caractères… Complote dans les coulisses. J’ai oublié ce que j’ai aboli. Elle s’étouffa en entendant cette nouvelle effarante. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre ; il eut la conviction qu’il allait perdre son poste. À qui est ce sac ? Je regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants qui se roulent des billes, avant de sortir d’un gros paquet de farine Francine. À l’arrière, je reprends pile où je m’étais arrêté : on complote dans les coulisses, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés.

01:40 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, écriture

dimanche, 07 octobre 2007

Glas

    La voisine est partie, ce matin, pour la Vendée. Hier, nous étions allés cueillir des figues dans son jardin.  Le carillon sonnera dans le vide, pour nos seules oreilles.

Son mari est mort, au printemps dernier, la nuit même de la naissance de notre fils.

Elle a laissé tourner quelques minutes le moteur de la Mercedes avant de prendre la route de la Vendée, où elle possède une maison.

250 kilomètres.

10:47 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, Ligérienne

jeudi, 06 septembre 2007

W"e"eket carse (Tout moi ça, 456/544)

    C'est tout moi, ça. J'ai emprunté ce matin une dizaine de livres, et acheté plusieurs autres, et, de retour à la maison, après filet de lieu jaune au foie gras & génoise tutti frutti, je me mets devant The Falls de Peter Greenaway, jamais regardé alors que je possède le DVD depuis trois ans. It's disgracesful too eat schips depuis trente-trois ans presque. Langues inventées, files de caravanes violettes ou vert pistache, taxinomie entre folle oisellerie et ornithologie fantasque

Après ça, quoi ? J'ouvrirai à Vouvray La cage aux oiseaux...?

14:01 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture

lundi, 02 avril 2007

Pin lutin

    Onze heures du soir.

Me voici guetté par l’insomnie, ne sachant par où commencer – une des nombreuses notes de lecture projetées qui s’entassent ? – recopier au propre les billets jetés sur un bloc-notes Tulip Inn, samedi durant ? On ne devrait pas boire tant de thé, me glisse la petite voix fureteuse, avec un billet aller pour le Purgatoire. Ce soir c’était Solaris, celui de Soderbergh,  toute petite chose.

10:10 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Cinéma, écriture

mercredi, 07 mars 2007

Souvenir de chez Labadie

    Avec une bouteille de Gewürztraminer, le préambule (velouté de petits pois et œuf de caille sur toast) conduisit sans encombres à l’entrée (trois belles tranches de foie mi-cuit avec confit de roses et fraise en tranches, verre de graves blanc), au plat (rognons de veau au madère & légumes en pâte fine), avant le dessert (tulipe de sorbets).  Le déca était excellent.

Dans la journée, la banquière avait dit « votre maman », et le notaire « votre papa ». Puis on a mis If not for you sur la platine.

18:40 Publié dans 410/500, Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 21 janvier 2007

Fini d'y croire

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    Entre les lectures poussées de Michaux, depuis un mois, et les journées hantées davantage chaque journée, j'avais peut-être oublié d'ouvrir, parfois, les yeux. Aujourd'hui, j'ai photographié, sur un mur du quartier où je réside, une fissure mescalinienne qui est aussi, dans mes souvenirs, l'image des lignes de vie et des délires enfantins, dans la cour de l'école primaire, quand nous nous imaginions tous vivre entre quatre-vingts et cent quarante ans. Prêter aussi l'oreille à la Rhapsodie roumaine d'Enesco n'y changera rien ; même sursauts et virevoltes s'inscrivent au long de l'échelle effilée, dont les répétitions sans fin n'entretiennent qu'un lointain rapport, finalement, avec le peyotl.

19:04 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, écriture, Littérature, Photographie, Musique

lundi, 15 janvier 2007

Stendhal et Flaubert

    I feel so sorry for Sir Dominick Ferrand.

Pourquoi faudrait-il choisir entre le style et la vie ? Le style n’est pas la mort, ni l’horreur. C’est le style qui vit, qui fait vivre, qui souffle. Et pourquoi confondre musique et spontanéité ? En littérature, le spontané n’existe qu’informé, repris, stylisé encore et encore, même dans l’écriture automatique, spontanéité informée par un projet philosophique ou analytique qui lui donnait son grain. L’écriture et la vie, pas ou ; le style et la vie, pas ou ; pas à choisir ni à barguigner.

05:55 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

dimanche, 14 janvier 2007

Mince satisfaction

    Samedi, onzième & dernière, tandis que le train redémarre, pour cinq minutes seulement. Il y a eu de mauvais moments aujourd’hui (faut pas s’en faire une montagne enfin…) mais je suis très heureux/fier d’être allé parler à cette collègue dont j’appréhendais tant, vu la glaciation de nos rapports professionnels depuis peu, qu’elle me lance des piques. Comme elle m’évitait, ou du moins est-ce ainsi que j’ai interprété son attitude, c’est moi qui suis allé vers elle pour lui parler des dossiers sujets à débat. Pour une fois tu n’as pas fui.

11:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)

mercredi, 03 janvier 2007

Sec negur

    Terribles rougeurs au milieu de la farine. Ustensiles d’éternité, quelques casseroles sales tachées de mort. Le jour qui baisse sue la sève par tous les pores, avec un soleil faible, tanguant au milieu des brisants. Les nuages épais furieux et cotonneux prennent l’eau. Six points de suture. L’océan plus blanc que la baleine d’écume ! Sous les muqueuses, une bosse neigeuse grandit, grandit, grandit, oh grandit intolérablement, grandit et grandit jusqu’à s’éparpiller. Océans plus blancs que le nuage blanc, dans la nasse des secondes qui passent – éparpillements, solutions de continuité. D’autres frileux embruns, rouges, pierres comme des caillots, prennent le large. À bord de l’esquif casserole, aller à l’assaut des montagnes cotonneuses d’écume. Soif, suture et pépie.

21:05 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, écriture

lundi, 20 novembre 2006

Corbeaux (Vitraux, version 410/500)

    Au fil de la semaine qui prend fin, je n’ai écrit que vingt-deux billets, dont beaucoup tout à fait mauvais ou pas au sommet de mon œuvre.

Le roi s’en bat fatalement l’œil.

(Que l’on tire au cordeau des mots qui eussent pu s’extirper au forceps, cela me surprend toujours.)

Parlez donc aux corbeaux, qu’ils disent un peu ce qu’ils faisaient dans ce pré si vert (un rêve). Ils s’envolent en noirs nuages, ces jolis plumis qui me ramènent tant d’années en arrière, quand j’étais encore le souverain.

03:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Poésie

mardi, 24 octobre 2006

666/799

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    Il n’a jamais fait si doux si tard dans l’année, et curieusement personne ne le dit, n’en parle, alors que d’ordinaire les banalités météorologiques sont le lot de toute saison, surtout quand il se dessine quelque trait hors du commun. Personne ne le dit et personne n’en parle, et n’est-il pas bizarre aussi que le portail se soit dévergondé jusqu’à dépasser la butée de fer et se retrouver du côté du trottoir, sans qu’il y eût d’autre solution que de le dévisser ; tout de même, il n’y était pas arrivé tout seul. Ni le portail ni le soleil n’ont grand-chose à voir, non plus, avec ces doubles rues, panneaux indiquant deux dénominations différentes (l’une traditionnelle et l’autre jacobine, je présume) et caractéristiques de Saint-Léonard de Noblat, ici comme ailleurs, dans le Limousin rieur.

20:50 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 01 octobre 2006

Hekleklak scouom nélieup

    Si tout de même je finis par m'apercevoir que le premier des poèmes partait d'un nom commun (fort rare et jusqu'alors inconnu de moi) mais que les suivants sont tous, par l'acrostiche, hommages à des artistes, que dirai-je pour ma défense, ferai-je l'autruche, prendrai-je mes jambes à mon cou ? Au cou de qui se pendre, et quelle écharpe interminable attacher, fil à la patte, à la nuque d'Olympia Duncan, si cette adorée déjà s'enfuit au volant de sa Bugatti et si rien de rien n'arrive, aucune tragédie                   gli et glu, le grand combat toujours, toi cours toujours à faire le sourd ! 

19:05 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie

lundi, 11 septembre 2006

Clermontueuse

    Personne ne rêve autant que l’hirondelle,     quand elle vole des jours durant, des heures durant, des nuits durant, gobant moustiques, luttant contre les vents, et qu’elle revoit ce coin de poutre, cette resserre où elle retapera – de boue séchée volée dans les marais, de fils de couleur trouvés dans les parterres – le nid de l’année passée, tant et si bien qu’elle ne songe plus qu’à cela, même prise dans les vents les plus violents, même au-dessus de l’océan, ce désert d’eau, et que tout son voyage est un rêve, comme jamais d’autre il n’y a.

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samedi, 09 septembre 2006

Épeautre, épisode II

    Ce matin, au marché de la place René-Coty, j’ai acheté un pain d’épeautre, qui a disparu.

De retour à la maison, je m’aperçois, en déballant fruits et légumes, viandes et fromages, coquillages et crustacés, que je n’ai pas ramené le pain d’épeautre avec moi. Je ne l’ai pas pris. Je l’ai oublié à l’étal de la boulangère. Je l’ai pris, on me l’a volé. Je l’avais, on me l’a pris. Je ne sais pas du tout, vraiment.

Ce matin, au marché de la place René-Coty, j’ai acheté un pain d’épeautre, qui a disparu.

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lundi, 04 septembre 2006

29. Les Grands Ciseaux

    Nul ne le sait, mais en d'autres temps je me mourais d'amour pour une étoile. Elle sombra corps et biens dans l'eau de vaisselle sale, infecte, ou dans la Voie Lactée, ce qui revient au même. Les soupirs d'amour, comme un duettino, émurent la duègne, qui me rossa de belle façon. Qu'elle aille se faire voir, pensai-je

Devant son miroir, digne, la duègne rend son tablier, mais César n'en veut pas. Las, langoureux, il préfère voir s'égorger deux lions armés de glaives.

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samedi, 02 septembre 2006

Jardins de Valmer, 1 (version 600/735)

    Dans les jardins du château de Valmer – plutôt que de rêver que je me métamorphose en l’un de ces insectes de ferraille – mante religieuse ou scarabée – ou en l’une de ces cigognes du grand carré potager – j’imagine qu’il faudrait tourner ici une nouvelle version – beckettienne peut-être – des Liaisons dangereuses – avec Jean-François Balmer dans le rôle de Valmont – et Rufus dans celui de Merteuil – sans pousser le bouchon, mais à condition de lui faire jouer quelques scènes au bord de la Charente, à Verteuil – surtout que – Cécile ne nous en tienne pas rigueur – il y a – non loin de Chançay, où se trouvent ces jardins avec leur « pergola de cucurbitacées » – le château de Jalanges – où les cigognes pleurent Pascal Greggory.

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mardi, 29 août 2006

Petits galets (3)

Lundi après-midi, encore et toujours.

    Je sème de petits galets pour les insomniaques. De petits signaux brumeux annoncent, à heure fixe, comme des étoiles vacillantes dans la nuit trop longue, la nuit plus si noire, le titre de mes carnets de ci de là, ailleurs qu'ici en tout cas. Longtemps, je me suis couché de bonne heure, alors je continue. Longtemps, cet été, je suis resté muet, alors j'esquive les questions, et gratte sur le clavier, de doigts frêles et précis, telles les pattes antérieures de la mante, entre lesquelles parfois l'insecte se passe l'antenne droite.

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mercredi, 05 juillet 2006

Autotélisme de l'Héautontimorouménos

    Sous une saucée mémorable, je rangeai la nappe, les sandales, la balancelle, le couvre-poêle, en sautillant in petto au son de l'Allegro de la Sonate pour violoncelle et piano en sol majeur de Sammartini (que je ne connaissais pas encore). Comment est-ce possible ?

L'imaginaire, ou le plagiat par anticipation existentiel, ou le règlement de comptes mental, n'est pas pour demain. (Ce qui est à comprendre littérairement et dans toutes les scènes.)

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lundi, 03 juillet 2006

Saepe terrent numina

    Ébloui par la première aria de l'opéra Apollo et Hyacinthus, composé par Mozart à onze ans et dont, dans mon ignorance, je ne connaissais pas même l'existence, je cherche le texte du livret (en latin) sur la Toile, le trouve aisément grâce à la base de données de l'université de Stanford (il est ici) et me surprends à lire ce latin-là, du 18ème siècle, à livre ouvert. On peut bien se vanter un peu de temps à autre...       Sérieusement, cette aria, chantée par Arno Raunig dans la version enregistrée en 1990 par le Rundfunk-Sinfonieorchester Leipzig, est à la hauteur de bien des airs de l'époque.

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Ne traduisons plus, hein...?

    Mon fils regarde Robbie le renne, dessin animé (mal) doublé. Le film d'animation en question est aussi mal traduit, ou plutôt, selon la mode galopante, pas traduit du tout. Ainsi, l'un des personnages s'appelle Vixen. Il se trouve que c'est le nom du personnage féminin principal, fortement idéalisé (à ce que je comprends sur le mode audio (je ne regarde pas le film mais suis les dialogues d'une oreille)), et qu'il est annoncé à grands renforts d'hyperbole parodique : "elle est merveilleuse, elle a un nom si doux, et elle s'appelle... Vixen!"

Or, vixen, en anglais, est un terme qui peut se traduire par "renarde", ou, au sens figuré, par "mégère". Tant les sonorités que le sens du mot sont très péjoratifs, ce qui est évident pour un auditeur anglophone... En revanche, Vixen n'a aucune espèce de signification pour un public francophone. Pourquoi ne pas avoir traduit par Mégère, Harpie Mocheté ou Saleté ? L'aspect antiphrastique du nom est complètement perdu, alors que, même inconsciemment, il doit faire partie du charme du film, pour les enfants et les adultes.

(Par ailleurs, dans un autre passage du film, trois rennes bêlants ou hurleurs sont annoncés comme "les Trois Grosses Cloches", ce que je pense être une parodie des Trois Ténors. Cela me réconcilie plus avec les auteurs du film, mais pas tellement avec les traducteurs : je suis prêt à parier que, dans la version originale, tenor est transformé en terror ; il y avait sans doute mieux, comme paronyme de "ténor", que "grosse cloche"...)

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dimanche, 25 juin 2006

Cinco horas con Juan Francisco

    Nous ne t'avions pas vu depuis deux ans et demi. Même de façon impromptue et trop brièvement, retrouver un ami suffit à renouer, à laisser entrevoir les longues plages encore au-devant de nous.

Narrerai-je bientôt, ici même, les aventures de Huguette Forestier et de l'intendant ? Cela me sauvera-t-il de la panne feuilletonesque qui m'accable ?

Toujours est-il que, sous la pluie qui noie depuis deux jours l'auvent du balcon, les conversations lovées furent intenses comme la noix incraquable, incroquable dans son bocal.

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lundi, 19 juin 2006

Petite histoire des clichés langagiers

    Errant de ci de là dans le salon et la salle à manger, à la recherche des quatre enveloppes colorées que j'avais posées précipitamment pour voler au secours d'un ajustement de balancelle, je me fais l'effet, ainsi déambulant, d'un loup à crinière.

J'ai remarqué, à La Flèche, à Asson et à Doué-la-Fontaine, que les loups à crinière déambulent tous de la même façon, obsessionnellement, en repassant sans cesse aux mêmes endroits et en longeant le grillage (ou les boiseries) de leur enclos. Ils ont l'air si nerveux, sur leurs pattes graciles, qui les font ressembler à des araignées du genre Pholcus.

Toujours est-il qu'errant dans le salon en quête de quatre enveloppes colorées, je me faisais l'effet d'un loup à crinière, et nullement d'un lion en cage, d'un pauvre diable ou d'un damné.

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jeudi, 01 juin 2006

Rameute

    Les doigts collants de confiture de poire,    s’il se confiait là au soleil,    on verrait des licornes s’envoler, des orphéons se retourner sur l’ombre de leur musique nasillarde et déjà perdue, des livres d’heure passés au plomb, sans coup férir,    et les bêtes sauvages danser puis s’endormir autour de la jeune fille aux cheveux blonds, la nymphe terrestre au visage oublié, la mémoire gaufrée comme par les cascades de sons. Pourtant, il se tourne encore vers la lune, ce qui n’étonne personne.

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mardi, 23 mai 2006

Léman

    La peur aux tripes, il n'est pas question d'extirper ces escarbilles de ton regard ensoleillé, puisque s'envolent les sarcelles, les flamants, et même les cygnes, pourtant si élégants à la surface du lac. Autant de ratures que de sous dans ma sébile ; autant de fous en bisbille de sous dans mon escarcelle. Sur les rives du lac, je continue de peindre.

Vous passiez en fredonnant l'air si ténu, si joli, si poignant, de l'Allegro  qui vient clore le  Trio pour piano KV 542. Comment l'ai-je reconnu ? Ma vie glissait entre les rides, à la surface du lac. 

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vendredi, 05 mai 2006

Vignettes du vendredi, 1

    Il y a une heure à passer avant d'aller rechercher, sous la pluie et sans parapluie, la voiture, qui subit sa vidange annuelle. Le trajet de retour, par le bus 9, qui fait passer par mille recoins du quartier Saint Symphorien, donne l'impression d'un jeu de pistes ou d'une visite de labyrinthe, ce qui me rappelait, tandis que je lisais l'une des dix nouvelles du Marchand d'oublies, les trajets du bus A de Bordeaux à Plume-la-Poule, entre 1991 et 1994 (mais, en août dernier, nous découvrîmes que les lignes de bus de la communauté urbaine de Bordeaux avaient rebaptisées et renumérotées (et j'eus ma cinquième tristesse d'Olympio )).

15:08 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne

mardi, 02 mai 2006

Commencé à 15 h 11

    Je me prépare une théière de tisane d’oranger (faudrait-il parler de tisanière, ou l’objet prime-t-il sur sa fonction ?), en songeant à cette belle et radieuse journée, au mois de mai qui à peine commence, aux dictons que j’ai laissés en plan, aux rues de Tours qui s’animaient d’une joie nerveuse ou d’un entrain affecté, aux textes que je veux écrire.

Des différentes tâches que j’énumérais ce matin, trois seulement restent à accomplir (sans compter celles qui, s’étant ajoutées, comme les vaisselles, un passage chez l’opticien pour faire régler une vis sur ma deuxième paire de lunettes ou l’achat d’un cadeau, se sont accomplies illico et sans mention préalable dans ce carnet).

Tisane d’oranger, car je consomme trop de produits « excitants ».

15:17 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 01 mai 2006

La Voilure à Verteuil

    Passe la Charente,     à la douceur du flot. Ce sont des étreintes, si l'on se laisse dériver près de l'île. Au ponton, quelques piquets laissent deviner des barques absentes. Plus loin, c'est une autre nouvelle de Maupassant, plus champêtre encore, si possible. Les hôtes du moulin lèvent un regard sourcilleux, car il n'y a jamais plus de soixante voitures par jour, même en plein centre de ce village. Le bonheur est là, dans la soie intouchée des cieux qui se reflètent et des eaux qui se mêlent.

18:45 Publié dans 410/500, Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 28 avril 2006

Empailler (encore) le toréador (encore)

Rapportant la semaine dernière les réserves que suscite, chez moi, la lecture de l’essai de Pierre Jourde sous-titré L’Incongru dans la littérature française, je n’avais pas rencontré l’un des exemples éminents du manque de sérieux – ou, à tout le moins, du défaut de profondeur et des carences de l’analyse – de ce livre, à savoir les très elliptiques références à un certain Eugène Commerson, auteur en 1860 d’un Dictionnaire du Tintamarre ou d’une Petite encyclopédie bouffonne (cela semble être le même ouvrage, doté de deux titres). Jamais Jourde n’explique qui était ce Commerson, ni quel est le principe de l’ouvrage qu’il cite quatre fois. Au cours d’un développement relatif à l’importance de la nourriture ou des “bonnes recettes” dans la littérature de l’incongru, il cite une définition très drôle et très fine du dénommé Commerson, sans aucunement la commenter ni en tirer parti pour montrer comment, mieux que dans le registre des mets, l’incongru s’inscrit dans une vision profondément équivoque du langage, et part d’une exploitation de la polysémie et des décalages entre sens littéral et sens figuré.

Voici cette définition.

BARDE – Tranche de lard jouant de la lyre, dont on faisait autrefois l’armure qui protégeait le cheval. (Eugène Commerson)

 

On pourrait ajouter que l’humour insensé (ou multi-sensé) de Commerson ne peut fonctionner qu’en violant l’un des principes intangibles de tout dictionnaire : la mention du genre des noms. Ici, la confusion naît entre le barde et la barde. L’incongru est volontairement indistinct, et différencie sans respecter les différences préétablies.

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mardi, 25 avril 2006

Hit the road, MuMM

Samedi.

    À peine une conversation sur telle contrée, tel village, tel voyage possible – à peine la lecture de quelques pages où éclate un lieu, une région, les bords d’une rivière – à peine si je feuillette un atlas, une carte routière – et je suis pris d’une frénésie de bourlingue, de voyage – découvrir une petite abbaye méconnue, un panorama qui semble superbe, une église de village avec son café délabré en face, ce château qui justement n’ouvre pas le jour où vous passez aux alentours, ces routes et ces déroutes.

11:25 Publié dans 410/500, Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 avril 2006

Saenredam

(Vers cinq heures)

 

    Le mois dernier, je découvrais l’existence des tableaux de Pieter Saenredam, qu’évoquait le narrateur de Docteur Pasavento ; aujourd’hui, lisant le Journal d’un voyage en France sous la bruine, il en est de nouveau question. Il y a, dans le dossier Images de mon ordinateur cinq reproductions de toiles de Saenredam, que j’avais enregistrées le 19 mars entre 15 h 26 et 15 h 39. Voici ce qu’en dit le Robert des noms propres, à la page 2787 : « L’importance accordée aux espaces vides, la réduction de l’échelle des personnages, le jeu abstrait des effets de perspective, l’utilisation de couleurs pâles à dominante froide et la finesse de la facture dénotent une sensibilité discrète et concourent à créer un climat serein d’une austère ferveur. » Est reproduit l’Intérieur de la cathédrale de Haarlem, qui se trouve à la National Gallery.

 

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vendredi, 14 avril 2006

Partita super Christus surrexit

    Riche de vos ardeurs, ami de vos retards, j’ai parcouru les landes et les baies dénudées. Le monde m’a ouvert les portes de l’orgueil, et je me suis baigné dans les eaux de la Sorgue. Où vont les joueurs de théorbe ? Ils guettent Dieu, à l’aurore.

 

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mercredi, 12 avril 2006

Vaurien

    On such days, j'aimerais me persuader que Tommaso Landolfi avait tort en intitulant l'un des volumes de son journal Rien va.

(Il faudrait se garder de ce genre de billet écrit dans un moment d'abattement, car ces carnets ressembleraient bientôt aux lamentations de Charles Juliet. (Insérer ici très belle page du Roman journalier sur l'écoeurement qu'éprouve Mathieu Bénezet en s'apercevant qu'il participe de la métalittérature (my word, not his).)

 

*******

- Bénezet ? Juliet ? Landolfi ? T'étonnes-tu de déprimer ?

- Ce n'est pas ça. Je ne pensais pas à eux, ne les lisais pas. Ils sont venus, comme exemples, à point nommé.

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lundi, 10 avril 2006

Montag morgen

    Le voisin du 12  – un retraité très aimable et sensiblement sourdingue –   ne cesse de faire des allées et des venues au volant de sa Mercedes. Je dégouline sang et eau sur les corrections d'un recueil d'articles, car deux de nos collaborateurs, quoique tous deux professeurs d'anglais dans l'enseignement supérieur, sont en délicatesse avec un certain nombre des subtilités de cette belle langue. Pour un peu, le concerto n° 1 de l'Estro armonico me tirerait des larmes. Il n'est pas très délicat d'avoir noté ici un fragment de mes déboires professionnels. Je suis barbouillé depuis hier après-midi.

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samedi, 08 avril 2006

English Antiques

    Un sexagénaire et sa mère alerte, tous deux fort anglais, tiennent un magasin d’antiquités du vieux Tours, où nous n’étions jamais allés avant samedi dernier. Ils ont certes de beaux bureaux, mais pourquoi exposent-ils leurs livres dans les bibliothèques, en inscrivant des prix en euros à l’intérieur, si c’est pour expliquer ensuite que les livres ne sont pas théoriquement pas à vendre ?

La dame n’a toutefois fait aucune difficulté pour me vendre l’exemplaire du recueil de nouvelles de Farida Karodia sur lequel j’avais louché, et dont la couverture, brunie de tabac sur ses rabats, n’avait pas suffi à me dissuader.

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vendredi, 31 mars 2006

Perpignan

    À peine le trottoir battu d'un pas incertain, en sortant du Crédit Lyonnais, j'entrevis Aurélie (mais si, la vraie Aurélie, la star des commentaires), qui venait d'une rue adjacente et orientale, et que j'allai saluer, avant d'avoir avec elle une conversation relative à l'amorphie régnante, contre laquelle il est difficile de lutter. Puis nous vîmes arriver, du sud, Marie, une autre de mes étudiantes de cette année, dont le compagnon est aussi un fidèle lecteur de mes proses. Comme elles filaient vers la faculté, je n'ai pas voulu les retenir plus avant.

La rue Nationale, à Tours, est le centre de l'univers.

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mardi, 28 mars 2006

Mystères du corps

    Comme je ne me sens pas affamé, pourtant une douleur me tenaille le ventre, que soulage finalement, banalement, un casse-croûte de fortune ; comme je me sens très fatigué, le travail n'avance pas assez vite, et pourtant j'en abats bien aujourd'hui ; comme je vois le reflet de mes doigts dans le miroir de l'écran, je me dis que mes ongles sont mieux tenus que mes joues (qui arborent une barbe de deux jours).

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dimanche, 26 mars 2006

Visions de printemps, IX

    La cascade de verdure détient le secret du dernier mot.

 

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jeudi, 23 mars 2006

Fatrasie du mercredi, 6

    J’ai été frappé, vendredi soir, lors de la lecture des premiers chapitres de Docteur Pasavento, par l’insistance du narrateur relativement à la conférence qu’il doit prononcer à la Chartreuse de Séville. Comme, dans la première partie, le narrateur est un double ombrageux de Vyla-Matas lui-même, et comme tout lecteur un peu assidu du Barcelonais sait qu’il a dédicacé presque tous ses livres « à Paula de Parma » (c’est encore le cas pour Docteur Pasavento) – hier soir, commençant la quatrième partie du roman, nulle surprise à voir qu’il y était question de la Chartreuse de Parme.

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samedi, 18 mars 2006

Le Renard et les raisins, bis ?

    Hier, en déplacement à Paris, j'ai écrit ou esquissé plusieurs notes, dans le train, et sur de jolies feuilles rouges de format A4, que j'avais arrachées (juste avant mon départ pour la gare, à six heures du matin) au bloc de correspondance de ma compagne, et j'ai pu constater que, dans le Corail bondé du soir, le nombre de personnes qui jouaient ou travaillaient sur leur ordinateur portable dépassait de loin le nombre de ceux qui dormaient, lisaient ou parlaient entre eux. Pour ma part (et même si je n'ai pas accoutumé d'écrire d'abord manuscritement avant de reprendre au propre), j'étais très heureux de n'avoir pas les yeux rivés sur l'écran.

 

Hors-note : 1.111.541.651 n'est pas une adresse IP.

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lundi, 06 mars 2006

Victoire

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    Place Paul-Bert, 30 janvier 2006.

Pourquoi diantre nommé-je Victoire cette image un peu tordue (au sens figuré) et biaisée (au sens propre) ? Il se trouve, miracle étonnant, que je me rappelle la raison de ce titre. Je suis souvent saisi par une frénésie de carreaux, de sectrices, de verticales et d'horizontales, de sphères et d'ovoïdes, d'ellipses et d'asymptotes coupées de droites, toutes chimères qui vont me pourchassant, ce qui ne devrait pas me faire oublier que j'ai découvert aujourd'hui (lundi, et donc cinq semaines après avoir imaginé cette photographie) le site officiel d'Alain Prillard.

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dimanche, 05 mars 2006

... tures endormies ...

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    Enigme du soir : quel livre lisais-je nonchalamment, ce midi, tandis que nous attendions nos invités, avec lesquels nous avons passé une charmante journée ?

On voit un peu de mon vieux pantalon de velours noir, l'index droit et un peu du majeur, un bouton de ma chemise bleu pétrole, et un pan de la quatrième de couverture de cet ouvrage acheté avant-hier, d'occasion, et qui s'est ajouté à l'une des piles qui trônent soit au salon, soit au bureau, soit, bien entendu, dans la chambre à coucher.

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