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dimanche, 02 avril 2006

Poissons d'avril à La Péniche

    La Péniche, où se tenait hier et aujourd'hui, dans une atmosphère de patronage bon enfant, l'exposition "Poissons d'avril", n'est pas un lieu très facile à trouver, car le portail se trouve dans un renfoncement de la rue du Docteur Fournier. Toutefois, le dit portail étant surplombé, pour l'occasion, d'un immense espadon rouge, je me dis que je vis en aveugle, d'être ainsi passé devant le lieu sans le voir.

La "Péniche" en question est une sorte de bâtisse rectangulaire en bois, de trente mètres carrés, assez semblable à un préfabriqué d'école primaire. Diverses œuvres piscicoles occupaient la cour et la petite pelouse ; les murs intérieurs de la "péniche" proprement dite étaient ornés de peintures, toiles, mobiles, objets, sans compter un grand carton à dessin avec diverses lithographies, et le petit film de Renaud Lagorce, dont le titre, déjà oublié, consistait en un jeu de mots sur "l'amer" /"l'amer". Le film, qui dure moins de quatre minutes, compte d'ailleurs parmi les réussites de cette mini-manifestation, avec sa mise en scène glaciale, son petit retournement prévisible mais digne dans sa cruauté. Il se trouve que je l'ai regardé en conversant avec l'acteur himself, qui m'a confirmé que la bouillie de poisson rouge qu'il sauçait dans la dernière scène était bel et bien de la soupe de tomates froide. L'acteur, dans le film, n'était pas sans me rappeler certains autoportraits de Man Ray des années 1925-26, alors que l'être en chair et en os debout à mes côtés n'entretenait en rien cette illusion. (Peut-être en raison de l'absence de noir et blanc dans la vie réelle ?)

Il y avait d'autres réussites, mais assez peu, somme toute, l'essentiel se réduisant à de gentils clins d'œil humoristiques, comme les billes qui, accrochées dans un arbre, devaient être scrutées au moyen de loupes sur lesquelles était écrite, au feutre, la formule "Poisson d'avril". Je n'ai pas retenu, ni pu noter, les noms des deux ou trois artistes dont le travail m'a paru plus intéressant, mais il faut dire que rien, là, ne respirait de quelconque prétention. Cela s'entend positivement, en ce sens qu'aucun de ces artistes ne prétend à lui seul réinventer l'art moderne et la philosophie occidentale, à l'inverse des jean-foutre du C.C.C. (voir note d'hier), mais aussi de manière plus dubitative : comment, si l'on ne vise pas plus haut, espérer construire une œuvre vraiment digne de passer à la postérité, ou de susciter l'intérêt par delà sa paroisse ?

Dans la rue du Docteur Fournier, plus loin, il y a un trompe-l'oeil assez réussi, dont je publierai prochainement une photographie, en nouvel hommage au site des Dessins muraux de Tinou. Il sert de décoration murale, mais aussi, en cela, d'enseigne particulière pour l'atelier d'un charpentier (mais je peux avoir mal compris, car je suis vraiment épuisé, ou lent du cerveau, en ce moment).

Nous avons aussi remarqué, à l'orée du domaine privé de la S.N.C.F., un curieux pigeonnier de bois, flambant neuf. D'après mon père, ces pigeonniers sont construits afin d'abriter les pigeons, de les y attirer, puis d'y récolter les œufs afin d'éviter que ne pullulent les bisets. Cela semble d'un machiavélisme bien dérisoire, mais, depuis que l'on a achevé d'exterminer la plupart des rapaces diurnes, en particulier les faucons pèlerins ou les autours, qui sont de grands chasseurs de colombidés, l'équilibre entre proies et prédateurs a été réduit à néant.

De retour à la maison, après un passage par la gare de Saint Pierre des Corps, où nous raccompagnions mes parents (et où leur train était finalement annoncé avec un retard d'une demi-heure), mon fils a aussitôt insisté pour que soit dûment découpé et accroché au mur son poisson bleu de Béatrice Ronfaut. (J'entretiens délibérément l'énigme.)

Entre quatre et cinq, même sans m'envier de thé, profitant du soleil qui donnait sur les cabriolets, quel plaisir j'eus à jouer, pour mon fils, le rôle du pilote d'avion... un pilote d'avion avachi et lisant les journées d'octobre du journal 2003 de Renaud Camus en écoutant l'Alceste de Haendel (une déception).

18:03 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Ce petit A... a bien de la chance d'avoir des parents qui l'entourent d'un tel bain de culture ! Tu en es conscient j'espère.
Moi j'ai une pensée émue pour les autres, moins favorisés culturellement. La fracture sociale est déjà bien présente...

Écrit par : tinou | dimanche, 02 avril 2006

Oui, enfin, ce n'est pas le Louvre, c'est gratuit, et c'est vraiment accessible (géographiquement & intellectuellement)...

Mais tu as raison de souligner que la culture, entre autres choses, est un facteur discriminant. Cela ne me gêne pas, car l'égalité absolue n'existe pas, mais je sais avoir pensé, souvent, en parlant avec (ou en observant) des enfants, qu'ils étaient beaucoup moins sots et bornés que leurs parents, et qu'en grandissant dans l'ombre d'iceux, ils risquaient de déclore, comme la rose ronsardienne.

Écrit par : MuMM | dimanche, 02 avril 2006

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