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lundi, 06 avril 2020

296–Popovskaja–Clavecin

 

    Depuis le début de la crise sanitaire je me demande souvent comment Nathalie Quintane formule les choses. Elle, et Nuruddin Farah. Lui, et Dominique Meens. Il y a d’autres écrivain·es, bien sûr, mais certain·es, je les suis sur réseaux sociaux donc j’ai pu voir parfois quelles étaient leurs réactions récentes.

On parle beaucoup du monde d’après, ce qui est une idiotie. Le monde d’après est déjà le monde d’hier. Il n’y a qu’un monde en continu, qu’une temporalité au fond, tout en rebrousse-poil et de main morte. C’est à cause du monde d’hier qu’on en est aujourd’hui à bégayer un monde d’après.

Écouter historiens et philosophes, mais plus encore les écrivains. Ainsi, je me demande souvent ce que pourrait écrire aujourd’hui, et donc demain, Nathalie Quintane. Elle, et Nuruddin Farah. Nuruddin Farah, certes, mais aussi Dominique Meens.

 

14:41 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

295–Hantaï–Clavecin

 

    Je me rappelle cette araignée avec son oothèque, dans la salle de bains de la maison de C* : j’avais pris plusieurs photographies, plutôt réussies.

J’écris « gestes barrière » sans mettre de -s à barrière ; je m’en suis déjà expliqué.

L’oothèque est la poche où fourmillent se trouvent des centaines d’œufs d’araignées.

L’araignée était un Pholcus.

Je trouve dérangeant le vrombissement du vieil ordinateur. J’aurai écrit ce livre avec ce vrombissement. Parfois, les déictiques auront été noyés sous le vrombissement de l’ordinateur.

 

14:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

294–Kittivat–Piano

 

    L’acteur se gratte le nez : cela signifie qu’il joue le rôle d’un personnage qui ne peut pas se retenir de se gratter le nez.

Nous, désormais, avec la fixette depuis x semaines sur les « gestes barrière », ne regardons pas cette scène de la même manière qu’il y a quelques mois.

C’est un film sur la médecine.

Nous sommes les spectateurs d’un film sur la médecine.

 

14:23 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

293–Weiss–Piano

 

    Comme on va s’en donner à cœur joie ! On ne va pas y aller de main morte, sûr.

Pas avec le dos de la cuillère... !

Au cœur de la nuit je me suis levé, suis sorti dans la jardin, étais-je déjà un spectre, et là je contemplai le ciel étoilé, les constellations. Bételgeuse et Rigel me saluent.

 

14:17 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 05 avril 2020

291–Kwakernaat–Piano

 

    Vanité. Deux archanges, ou deux bergers, découvrent un crâne sur une stèle ruinée. C’est ainsi que j’imagine mon improbable lectrice face à ce livre. Lectrice, oui : allons, ce texte était surtout lu par des femmes.

Peut-être qu’on a retrouvé mon cadavre décapité dans cette chambre du fond. La clef vexée n’a pas sonné l’alarme, ou je dormais trop profondément, et le propriétaire rentré plus tôt n’a pas apprécié de me trouver là.

Il aura joué du sabre.

Des années après, on trouva mon crâne posé sur une stèle, au fond du jardin.

 

18:40 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal, lignes|coupures, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

289–Rempel–Guitare

 

    Ce qui se passe d’étrange, outre l’apparition de ce fait même d’un septième côté au quadrilatère, c’est que le texte revient en arrière. Enfin... Le texte ne peut pas revenir en arrière. Mais la composition recule de trois cases. Cela ne s’était jamais produit. Tout ça pour de la guitare.

 

18:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

292–Cano–Guitare

 

    Il se passe quelque chose d’étrange.

Ce n’est pas que la clef allait m’échapper, pas du tout.

On se dirige tout droit vers deux choses sans précédent : d’une part un quadrilatère à sept côtés — bientôt, qui sait, un quadrilatère à 8 côtés, parfaitement doublonné ? ce ne sera pas pour cette fois.

Tu n’avais pas dit qu’il y avait deux choses ?

... d’autre part, les doublons sont ici indispensables, ce ne sont pas de simples fioritures qu’on pourra laisser de côté dans le livre.

Ce n’est pas un problème.

Si, car tu vois bien qu’il n’y aura pas 139 quadrilatères de 2020 signes, mais plein de quadrilatères foutraques débordant de toutes parts du cadre.

Et alors, un truc qui déborde, ce n’est pas ce que tu voulais ?

Oui, peut-être. Ça me chiffonne quand même.

(Je vous rassure : la clef ne parlait pas dans l’histoire ; elle parle dans le texte.)

 

18:27 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

292–Carlevaro–Guitare

 

    Le stylo est un clavier.

C’est la clé des champs qui me pète les noix ! Après tout, je ne t’ai pas décrite. Si ça tombe, tu n’es qu’une vulgaire clé USB.

Bon, tout ça in petto, je ne le dis pas, à la rigueur je le coucherai par écrit quand toute cette aventure sera finie, mais je ne vais pas l’écrire, hein. Faudrait que je me mette la clef à dos. Bizarre, cette phrase. Faudrait pas que la clef prenne ma harangue de travers. Bizarre aussi. Laissons tomber, on s’en fout, c’est un doublon.

Il n’aurait pas fallu que la clef prît mal ma plaisanterie (en frôlant le paréchème je n’ai fait que cacophoner). Donc ce fut in petto, et jamais je ne dis cela.

Je ne lui ai pas dit non plus que j’étais celui qui tenait le stylo. Je savais trop bien que cette clef au fond de ma poche me tenait en son pouvoir, plutôt que l’inverse.

Ta guitare m’apaise.

 

18:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

292–Belder–Clavecin

 

    Et puis de temps à autre il faut un texte plus aéré.

Ça ne manque pas, ça se bouscule à l’écouvillon.

Donc je sortis ma clé des champs et me trouvai dans une demeure bourgeoise très confortable mais délaissée de cette bourgade du Bourbonnais. Qu’est-ce qu’il allait donc foutre dans le Bourbonnais ?

Ce type nous casse les nèfles. Il nous pète les noix, pensai-je. Donc je me fis un succulent dîner en farfouillant dans le frigo, je m’installai dans une chambre sise à l’arrière, près d’une porte ouvrant sur le jardin.

En une semaine j’avais peaufiné ma technique, ne me fiant pas entièrement au rôle d’alarme que devait jouer la clef.

Il m’emmerde, c’est ce que pense la clef. Oui mais c’est moi qui te tiens dans ma poche, et c’est moi qui tiens le stylo.

Ça lui en bouche un coin (à la clef), et donc je m’installe au pieu et j’écris la suite.

 

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291–Konghakate–Piano

 

    De temps en temps, l’exécution est justement cela : une exécution. Lire Le Nuage et la Valse n’aide pas à relativiser. Au versant écriture, avec l’habitude je réussis parfois à écrire du premier coup le texte selon le plan. Ainsi, pour le n° 289 je me suis arrêté net, j’ai vérifié : 288 signes. J’ai seulement dû ajouter une virgule après tard. Pour le texte suivant, j’en avais fini avec 336. J’ajoute une phrase très courte, et à vue de nez je n’ai guère besoin de ratiboiser. Cette dernière phrase faisait 24 signes, donc ça tombait encore juste à un signe.

 

18:04 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

290–Colombo–Clavecin

 

    C’est un aveu : je couche par écrit. Chaque fragment est un orgasme. Et, mieux qu’un orgasme, chaque phrase est un moment de joie et de tendresse, je me frotte à cette peau dont ma peau se pénètre, sécrétions, odeurs et bonheurs. Je tapote, j’hésite, je me languis, je rêvasse, je rue, je rue dans les brancards, j’ai la clé des champs ! Je couche en tous sens.

 

17:58 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

289–Feraux–Piano

 

    Deux jours plus tard, je savais même utiliser la clef pour marcher plus vite sans ressentir de fatigue. Au bout d’une semaine, la clef me dirigeait d’elle-même, selon une combinaison qu’il est hors de question que je couche par écrit, vers la maison la plus idoine, afin que je m’y abrite.

 

17:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 04 avril 2020

288–Arregui–Orgue

 

    La migraine ne va pas mieux ; à présent ça se porte sur les yeux. Mais enfin j’ai toujours eu la barbe. C’est rasoir mais la distanciation sociale a aussi du bon. Toujours est-il que le mec se recompose cent mètres plus loin, les poches bourrées de caramels mous, brandissant la clé des champs tout en me faisant un pied-de-nez et en riant. Nous voilà guère plus avancés, les débiles amis.

On reconnaîtra que j’ai tenté le coup.

J’ai tenté un truc.

Et s’il galope loin au-devant de nous avec sa foutue clef laissons-le faire. Il n’y qu’un seul sens à cette faribole. De son livre l’auteur nous fait l’horrible obole.

Manque de pot, le mecton va pleins gaz, si ça se trouve il a déjà fait deux étapes, dîné de blanquette de veau un soir et de taboulé végétarien un autre. Reconnaissez que l’astuce vous claque au museau et que le je vous échappe.

 

17:29 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

287–Orabona–Orgue

 

    On est un con, d’accord, mais je est un merdeux.  Et comme j’en ai marre de me trimbaler ce mecton de merde, qu’il me colle aux basques, je sors la clé des champs et, ni une ni deux, je la tourne deux fois vers la gauche une fois vers la droite je la lance en l’air et la rattrape en hurlant « caramel ». Caramel ! Et là le je se décompose. Pas trop tôt. Dans le texte il n’était pas encore très clair si la renarde allait remplacer ce type avec sa clé magique ou si ce serait autre chose. Mais déjà on était déchargé du foireux.

 

17:22 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

286–Ross–Clavecin

 

    Je n’ai jamais marché d’aussi bonne humeur, ni d’un meilleur pas, que ce jour-là, du village où j’avais passé discrètement la nuit à un autre village. Pour changer un peu je ne pris pas par les champs, préférant les routes goudronnées de cette contrée que je connaissais bien. Pour autant je ne sais pas ce que je fous là. Mais de bonne humeur ça oui carrément.

 

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285–Yang–Piano

 

    Cette maison un peu délabrée qui sent un peu le renfermé, n’ai-je pas la tentation d’y rester une journée de plus ? Non, ce serait idiot. Même un peu ? En fait ça ne m’a pas traversé la tête. Donc ça ne me tente pas et je n’y suis pas resté.

(Vous comprenez ce qui se trame, n’est-ce pas ?)

 

17:11 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

284–Reniero–Orgue

 

    À ma place, vous auriez fait pareil. Un dîner approximatif, puis une bonne nuit de repos dans une chambre de l’étage. Comme c’était une de celles dont les volets étaient à moitié arrachés, cela permettait d’être sûr de ne pas dormir trop tard. J’eus beau guetter les bruits du voisinage, j’eus l’impression que personne ne s’approchait. Quand une maison est abandonnée depuis longtemps, tout le monde s’y est habitué.

Je dormis à poings fermés ; à l’aube je me levai pour pisser. Les toilettes, je m’en avisai, n’avaient pas de fenêtre, de sorte que je m’installai là pour lire en attendant qu’il fît grand jour.

Comment quitter cette maison sans me faire remarquer ? Ça ne me traverse pas tête de rester là tout le jour. Je me reposai encore la tête dans les oreillers jusque sur les dix heures, un bon moment après m’être sustenté.

Dix coups.

 

16:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

283–Yepes–Guitare

 

    Savez-vous ce que j’ai trouvé dans la cuisine ? Une mandoline, mais alors : désaccordée ! Quatre de ses douze cordes complètement pétées. Une vraie catastrophe.

Le cassoulet se digère très bien.

La clé est une astuce narrative.

Le cassoulet peut se manger périmé.

La clef est une astuce narrative.

Le cassoulet, il faut un grand cuistot pour le réussir.

La clé des champs n’est pas la clef des champs.

Réécrivez cela.

La clef des champs n’est pas la clé des champs.

Aaaaargh, à la corbeille, tout ça, une sale bouillie. Plein les arpions.

 

16:45 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

283–Scherbakov–Piano

 

    Je n’étais pas seul pendant ma longue journée de marche à travers champs. La clef m’accompagnait, dans la poche. Elle m’est d’un grand secours. Je la brandis et il est rare qu’elle ne trouve pas de solution à un problème. D’ailleurs, et je pense à cela en me resservant des fayots – il manque du pain –, cette clef est une astuce narrative. Il n’en est pas moins vrai qu’elle était dans ma poche et que je la conserve. Et donc ce soir-là la migraine passée je trouvai un lit fait, pour y digérer ma longue marche et le cassoulet.

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16:38 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

282–Hotz–Piano

 

    Tout l’intérieur de la maison est en bois. Ça sent le renfermé, comme déjà dit. Et en attendant que la migraine s’estompe je m’étais lavé le visage à grande eau, j’avais sorti des provisions d’un placard : des boîtes de conserve. Une casserole servit à réchauffer tout cela. Et là ça sentait le cassoulet, pas une mauvaise marque d’ailleurs. Héraclite a raison.

 

16:31 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

281–Mao–Piano

 

    J’ai une migraine pas possible, ça me tape en marteaux pas feutrés, contre le front. Je vous raconterai mon dîner, pas d’inquiétude. Mais là j’attends que le médoc fasse effet. Donc je suis confiné dans cette maison abandonnée, sans lumières pour ne pas attirer l’attention des villageois.

 

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jeudi, 02 avril 2020

280–Haas–Clavecin

 

    Je fis le tour de la maison, trouvai une porte cachée à l’arrière.

Je sortis la clef des champs, la posai contre la porte cachée, qui s’ouvrit.

La maison s’éclaira. Il n’y faisait pas froid. Cela sentait un peu le renfermé.

Je craignais que la lumière n’attirât les curieux du village donc j’éteignis les lumières.

Je m’assis.

Comme je craignais que la lumière n’attirât les curieux du village j’avais éteint les lumières.

Je réfléchis à ma situation, notamment à cette clef aux étonnantes facultés.

De peur que les lumières n’attirassent les villageois, je les éteignis.

Je réfléchissais, là, dans la pénombre.

Je réfléchis paisiblement.

M’étant levé je tournais dans la maison, dans la masure, dans le taudis. Voudriez-vous que je décrive le taudis, la bicoque ? Eh, non. Je ne marche pas au sifflet.

Je vous raconterai mon dîner, et même mon souper.

 

14:34 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

279–Queffélec–Piano

 

    J’entrais dans le village, et même j’entrai dans le village (aussitôt je vis quelle maison du bourg était abandonnée), et comme j’entrais dans le village je croisai deux chiens errants plutôt sympathiques, dépenaillés.

J’entrais dans le village en me demandant comment trouver un abri pour la nuit quand j’aperçus, dans un renfoncement après le bâtiment de la mairie, une maison de toute évidence abandonnée : volets dégondés à l’étage, crépi carié, porte d’entrée ficelée avec du fil de fer, et un cadenas de fortune.

Onze tuiles.

 

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278–Ferenczy–Piano

 

    Et à la fin de cette première journée à couper à travers champs j’étais au milieu du livre. L’écrivain est à la fin de sa vie, selon le sens que les jeunes donnent à cette expression de nos jours (2020). Toujours devoir préciser n’est pas devoir à la vérité. J’étais fatigué, j’aperçus un village. Il fallait trouver un coin où passer la nuit.

 

12:21 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

277–Masters—Guitare

 

    Je dois à la vérité de rendre des comptes. Je dois rendre compte, et je devrais rendre des comptes. Ça ne simplifie pas les choses de savoir que certaines phrases sont exclues du livre avant même d’avoir été écrites, et pourtant elles sont nécessaires. Transhumance était le mot approprié.

 

12:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

277–Zylberajch–Piano

 

    Mes tempes argent se couvraient de fils d’or. Je dois à la vérité d’écrire cela, même si tout est plus compliqué que cela. Je vis ça, ma métamorphose imperceptible, en tentant de prendre un selfie de ma bobine à la fin du premier jour de ma transhumance. Je choisis des mots bien étranges.

 

12:13 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

276–Reniero–Orgue

 

    J’avançais dans ces champs dont aucun ne ressemblait à aucun autre. Après la clef, ce sont mes phrases qui se chargent de la boue lourde des champs terreux nourris par de fortes pluies. Et se chargeaient d’adjectifs également, tellement d’adjectifs. Ce n’était pas grave. Je coupais à travers champs, c’était bien normal puisque cet objet qui m’accompagnait était la clef des champs.

Quand je ressentis un peu de fatigue, et même pas qu’un peu, ma lombalgie repartait de plus belle et se vengeait de ma témérité, je sortis la clé de ma poche et la tournai six fois vers la gauche avant de la tendre deux fois au-devant de moi, et les douleurs disparurent.

Les phrases bancales prennent sur elle la lourdeur du monde rebuté.

La clef des champs, comme le veston ensorcelé, ne saurait tout régler.

Voilà que je poursuivais ma route, sans me fouler.

 

12:10 Publié dans 410/500, lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

275–Bardon–Piano

 

    Après avoir coupé comme ça à travers champs pendant quelques heures je me suis aperçu que j’avais faim. J’ai sorti la clef de ma poche et l’ayant tournée devant mes yeux trois fois vers la gauche et quatre fois vers la droite j’ai dégusté un excellent sandwich que la clef avait fait apparaître. C’était bien la clef des champs, pas de doute. J’ai bu un verre de sirop de citron, un verre de sirop d’orgeat, une lampée de bière et me suis remis en route avec une gourde d’eau douce bien en poche. Les chaussures toujours légères.

 

12:04 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

274–Zarafiants–Piano

 

    S’échapper ainsi, quelle folie. Mais j’avais plein d’argent, des songeries plein la tête. Pas de dictionnaire, aucun livre avec moi. J’ai décidé de continuer, à travers champs. La clef était de plus en plus lourde : peut-être qu’elle se chargeait de de toute la boue que foulaient mes bottes. De fait, les chaussures restaient légères, sèches, vierges de glèbe.

 

12:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

273–Ross–Clavecin

 

    J’ai chaussé mes solides chaussures de marche et j’ai pris la clé des champs. La clé est lourde ; très lourde même ; c’est une clef. Au bout de la rue j’ai tourné à droite puis décidé d’aller tout droit autant que possible. Au bout de quelques kilomètres je me suis retrouvé à la campagne.

 

11:56 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 31 mars 2020

272–Kosygin–Piano  

 

    Au moment où ça passe en boucle ça passe en boucle et ça passe en boucle et la loupe n’en loupe pas une et la loupe n’en rate pas une et ça passe en boucle à n’en pas rater une à ne rien louper de ce qui passe en boucle et s’écoute en boucle et pour la deuxième fois passe sur le métier mais la deuxième fois est prise dans une boucle aussi bien est-ce la onzième qui passe en boucle et n’en rate pas une en boucle et la loupe n’en rate pas une et l’oreille fait une coche et la boucle passe en boucle et la loupe n’en loupe pas une et le coche ne se rate pas comme le manque est à la manque et mettre la gomme une expression à la gomme et manque et coche et ça passe en boucle et passant en boucle ça ne peut pas manquer ne peut pas rater ne peut louper on ne peut pas gommer le moment où ça passe en boucle au moment où ça passe en boucle.

 

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271–Ross–Clavecin

 

    Les clés du récit sont dans cette tanière. Où s’abîme la renarde qu’on ne reverra plus, qui était peut-être un renard.

Ressasser cela ne sert à rien, la bouteille à l’encre.

Enchaînements vifs.

Au fond de la tanière vous retrouveriez la clé USB et sur la clé USB des milliers de photographies de l’année 2007, le texte de la traduction de Wizard of the Crow et surtout quatorze livres de 800 pages chacun.

La renarde couvait tout ça. Sous des branchages collants une clé USB poissée de sang.

Un renard n’est pas une poule, ça, jamais.

 

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270–Campanella–Piano

 

    Des fioritures, farfouillis. Furetages et curetages. Facilités de forgeron pour galvauder la grande musique.

Des fioritures et des bruits de papiers qu’on trifouille.

Des triturations de quoi d’ailleurs, pages d’un programme tournées ou triturées d’une main distraite.

Et pas discrète.

Frimas, frasques de la renarde jamais farfouillant, falbalas et faux-semblants.

 

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269–Duanduan–Piano

 

    La renarde est rentrée dans sa tanière, s’est rencognée dans ce parage de la Cousinerie où elle se laisse aisément oublier, où par sa discrétion on ne la repère jamais. Pas de renardeaux, pas encore, et peut-être jamais. Mais elle est bien là, au calme, quand elle dort ou quand elle rêve.

 

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268–Ovodova–Piano

 

ondines, dans l’eau dansaient

volutes de leurs bras souples

ornementations + piano sonore

dites-le quel désert j’habite

ondines dites-le moi aimables

vertueuses silhouettes d’eau,

amènes créatures nées en rêve

 

ondines dans l’eau repliaient

vers moi leurs corps souples,

onyx incarnat de cette vision

dites donc quelle fulguration

oh me crève l’œil & la raison

verdure pour envahir l’espace

ardente flamme de ton enfance

 

(en son centre oui l’enfance)

 

ondines au jeu dangereux dans

votre danse je dansais, aussi

obstiné qu’en rêvant m’entête

dans la danse ou pour courir,

obstiné, âpre à durer la nuit

vagabond de mon violent désir

à n’amener qu’amènes spectres

 

ondines dont la danse dans le

volcan tourbillonnant m’avait

oblitéré toute sensation quel

désert j’habitai dites-le moi

oublier le piano & les désirs

violents de ce danger calciné

assourdir les mots en dansant

 

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267–Van Reenen–Clavecin

 

les manigances des rois

ne seront rien cher ami

et ton labeur de fourmi

tes débords de hongrois

ta persévérance sauvage

ta mine de pur Caravage

qui suscite les effrois

et hauts cris d’orfraie

et crissements de craie

ami, on rase les parois

en apercevant ta figure

Christ ta bouche pagure

et par ces mages (trois

types un peu niais) que

tu adviennes lentisque,

hippalectryon, lindvorm

Jésus, quelle shitstorm

t’attend & tant effrois

saintetés ici désarrois

autant se crever l’oeil

dieu pas c’que tu crois

l’ami ça lui fait deuil

régler d’autres octrois

 

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266–Frith–Piano

 

voilà de la quinine

pour vos fièvres ri

en ne les fait pass

er jappement du chi

en ô chanson canine

pêcher le blackbass

ou insérer un cauri

dans la fente du ma

sque, et de curcuma

assaisonner le yass

a c’est un crime ça

ne rigole pas & qui

sait, la strychnine

donne un goût exqui

s, ton ongle dépeça

la chair du poulet,

et ton poème boulet

imbitable tu l’écri

s, sur la mezzanine

 

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265–Colombo–Clavecin

 

le vent agite les

branches du néfli

er, je vois ça de

ma fenêtre fermée

ce vent qui ne s’

arrête jamais net

adieu les stèles,

l’amour du confli

t comme en façade

ou graines germée

s ou bourgeons au

vent devenus vert

s bouquets de feu

illes, écran bleu

du ciel, nuit feu

qu’un vent malheu

reux agite ouvert

 

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lundi, 30 mars 2020

264–Leonhardt–Clavecin

 

    Faire des embardées. Traduire ça. Le texte fait des embardées. Non.

La renarde fait des embardées. Non.

Plus banal. La guimbarde fait des embardées.

Plus banal oui il y a cent ans. Cinquante, allez. Le temps fait des embardées.

La renarde déguerpissant fit des embardées dans le livre.

Vent qui souffle froid et fort depuis 36 heures.

La bagnole faisait des embardées sous les coups de butoir du vent qui soufflait fort depuis la veille.

Ah traduire ça.

Le dictionnaire immense recueil d’embardées.

Des embardées d’injures.

Ne me regarde pas comme un empoté.

L’anthurium se déploie, jamais à s’embarder, s’empoigner, s’encagnarder.

Le traducteur : oh, vous voulez ma mort ou quoi ?

Traduire ça, des clous.

Pneus crevés la guimbarde fit une dernière embardée avant de se manger le fossé à pleine vitesse.

A toute allure.

Traducteur, je vous tire mon galure.

 

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263–Baranowska–Piano

 

     Accoutré, fringué comme l’as de pique, sur son treize ou son tiers, le voilà réduit à rien, c’est le temps de la décrépitude, dans sa maison rhabillée de neuf le type décrépit se rappelle un mur décrépi propice à l’imaginaire. Où l’on vient de lire la phrase la plus compliquée du livre. Ah ça dépend pour qui. On est un con. One is a cone. Et de la décrépitude à déguerpir il n’y a qu’un — bond, un saut de renarde affairée à retrouver le terrain vague dans lequel elle pourra sauter à pattes jointes sur le campagnol imprudent.

 

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262–Torretta–Piano

 

    Angers est Genève, à quatorze ans d’écart. Deux septennats plus tard, devenu vieux et décrépit, l’écrivain a arpenté Genève comme autrefois il avait gambadé guilleret dans les rues d’Angers. Il fallait rendre grâce à la gaminerie. Tout jasait aussi sur le Lac Léman, et, depuis le bateau crachant son diesel par gros temps on aperçoit l’estuaire de Bouchemaine.

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16:05 Publié dans lactations : déSastre, Unissons, Untung-untung | Lien permanent | Commentaires (0)

261–Jando–Piano

 

    Genève, ah, Genève ! Ses couleurs, sa tiédeur, la petite butte où finit par se découvrir, dans un pli, la cathédrale ! La virée en vaporetto jaune puant le gazole jusqu’aux immeubles cossus du quartier européen ! Toute la grisaille s’est évanouie en novembre à Genève ! En vingt saccades !

261.JPG

 

16:01 Publié dans lactations : déSastre, MUS, Novembre d'Angers | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 29 mars 2020

260–Horowitz–Piano

 

    Il sera bientôt sept heures, sept heures d’hier, donc huit heures d’aujourd’hui, et si le volet était ouvert je verrais le jour presque levé, et s’il fallait se lever en semaine pour aller au collège, au lycée et à l’université comme d’ordinaire les gens levés avant 7 h verraient comme chaque année l’idiotie de ce changement d’heure à H+2 et c’est désormais définitif, l’heure à H+2. En une heure j’ai composé mes 8 pièces, avec un doublon même. Il faudra décrire l’habit à boutons dorés du compositeur, ce portrait qui revient si souvent comme par défaut sur YouTube : le manque d’imagination – ou la flemme – des gens, c’est quelque chose tout de même. Et ma flemme, n’en parlons pas, avec cette absence de boutons dorés sur ma vieille robe de chambre dont je n’ai même pas fêté le trentenaire en novembre, accaparé que j’étais à Genève.

 

07:58 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (2)

259–Borisy–Piano

 

    Raconter la portée de hérissons sous la terrasse, l’an dernier, dans le trou protégé par le yucca. Ce sera plus tard, comme le renard c’était plus tôt, avant. Pour toujours auparavant, à moins que le confinement ne s’éternise et que les animaux sauvages ne recolonisent les villes.

Les salauds ne les laisseront pas.

Dans les Landes, m’a raconté ma mère au téléphone, les salauds profitent de la situation pour faire dix fois plus de saloperies, infractions à toutes les réglementations environnementales imaginables.

Quatorze tirs.

 

07:49 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

258–Ross–Clavecin

 

    Il y en a eu, des prodromes et des prolégomènes, avant la décision. Il y en a eu, des galops d’essai, avant le livre. Tout le livre, cependant, était déjà dans les galops d’essai.

Il y en a eu, des préambules et des brouillons, pour finir par ne pas savoir si on dirait galop d’essai ou ballon d’essai.

Mon fauteuil qui n’en est pas un est une chaise confortable.

 

07:41 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

257–Struhal–Piano

 

    Vous ne pensez pas que j’en ai marre moi de traquer les adjectifs les virgules et qu’il faudra encore reficeler le bazar. Vous ne pensez pas qu’il me tarde la quille et oui d’en finir que je voudrais simplement me caler dans mon fauteuil qui n’en est pas un et écouter jouer Gerda Struhal.

 

07:35 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

256–Sempé–Clavecin

 

    Quand je demandais à la Présidence de l’Université, 8 jours avant que Macron n’annonce la fermeture de tous les établissements d’enseignement, le 4 mars donc, si l’interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes s’appliquait au site Tanneurs où travaillent en moyenne de 4.000 à 7.000 personnes aux heures les plus chargées (disons, entre 9 h et 17 h), imaginais-je qu’il me faudrait entendre le Premier Ministre affirmer le 28 mars qu’il ne laisserait personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement ? Et quand, le 14 mars, j’écrivais que la décision de continuer à convoquer tous les employés de l’Université à venir assurer leur travail la semaine du 16 était irresponsable, et non conforme aux annonces du chef de l’État, étais-je l’irresponsable ? Du retard, et beaucoup, il y en a eu.

 

07:23 Publié dans 410/500, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

255–Della Torre–Orgue

 

    Zut, je crois avoir écrit plus haut (plus bas) qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement. Or Édouard Philippe a déclaré qu’il ne laisserait personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement. Je suis en train de frapper de nullité la promesse d’Édouard Philippe, vu que j’écris ici encore qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.

255.JPGJe ne le dis pas ; je l’écris ; est-ce que ça change quelque chose ?

Faut-il que je m’enregistre ?

 

07:13 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

254–Aussel–Guitare

 

     C’était la veille du dernier changement d’heure ; si j’ai bien compris, après le 29 mars 2020 plus de changement d’heure, et qui pis est ces enfoirés ont choisi H+2 comme heure définitive et permanente. Même si personne ne doit dire que ce sont des enfoirés qui ont choisi H+2 comme heure définitive, j’écris que pour avoir choisi H+2 il faut être des enfoirés.

 

07:03 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

254–Bardon–Piano

 

     Le Premier Ministre l’a dit hier : il ne laissera personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.

Pourtant, il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.

Si j’arrive à m’approprier pareil charabia, je peux écrire sans mal qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement.

 

06:58 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

253–Tokarski–Clavecin

 

    Dans une immense chambre boisée et capitonnée, les micros rassurants et solides placés au-dessus des marteaux et penchés délicatement captent le son, le capturent pour nos oreilles futures, et ce sont mes oreilles de maintenant, durant le confinement qui, je l’écris, fut décidé trop tard.

 

06:54 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 27 mars 2020

252–Leonhardt–Clavecin

 

    C’est une idée, de ne pas ordonner les chapitres dans le livre par ordre chronologique d’écriture mais de rebrasser, à condition – il me semble – de laisser les numéros de chapitres tels quels. On peut faire flèche de tout bois, y compris des animaux sauvages qui vivent près de nous à ras de béton.

Synonymes de poseur, je pose ça là : affecté, esbroufeur, frimeur, pédant, snob, m’as-tu-vu, avantageux, plastronneur, fanfaron, bêcheur, pontife, minaudier, prétentieux, compassé.

Des titres de gloire. Embrayeurs. Les doigts sur le clavier ont besoin de déclics.

Ça pourrait avoir de la gueule, ce livre composé de façon rigoureuse à partir de chapitres (quadrilatères) coupés de leur chronologie, mais en gardant les n° d’opus. La question non résolue consiste à déterminer que faire des doublons (donc des quadrilatères à cinq ou six côtés).

 

19:02 Publié dans Fall in Love, Fièvre de nombres, lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

251–Assad&Assad–Guitares

 

    Qu’il faille écrire tidbit plutôt que titbit, affaire de choix, pas même de géographie. Sortir de ces impératifs souvent discutables liés à des simplifications géographiques. Si j’étais écrivain de langue anglaise, je prendrais la liste de tous les termes écossais de l’OED, par exemple, et j’essaierais d’écrire un texte unique en les utilisant tous. Ce genre de connerie quoi. Et qu’en anglais nichon et mésange se disent pareil, ça vous évoque quoi. Toujours ces questions qui n’en sont pas. Tidbit et titbit sont au diapason.

 

18:54 Publié dans lactations : déSastre, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

250–Soyeon–Piano

 

    Un mec avec un maillot rayé de rugby passe en courant, à deux à l’heure. Le hérisson de l’an dernier le dépasserait sans mal.

Non, je trouve ça poseur, creux, ce truc de se la jouer, j’écoute Scarlatti et j’écris à partir de Scarlatti.

Ce n’est pas cela.

Juchée sur le lampadaire, une tourterelle se nettoie vigoureusement les ailes.

C’est curieux, chez les marins.

 

18:47 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

249–Hantaï–Clavecin

 

    Le portefeuille rose contient des millions en petites coupures, en signes cabalistiques gris foncé. Foncez. La guimbarde emporte le portefeuille rose avec son propriétaire un couteau dans la nuque (aïe). Pour cailler, ça caille. Franchement, Fanchon, tu crois que ça amuse qui ? Quiproquo.

 

18:42 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

248–Brodin–Clavecin

 

    Toutes les métaphores ont été usées, jusqu’à la corde, et ravalées, jusqu’à la gueule. Au point de les rembarrer, tout confondre. L’apocope a de quoi séduire. L’apo a de quoi séd. Les métaphores n’en peuvent mais : orée du texte, lisière d’un bois (j’en ramasse).

Les feuilles de néflier, par cinq, ont poussé de plusieurs centimètres, en à peine deux semaines. Je ne vois qu’un des deux néfliers, de la fenêtre où je travaille. Est-ce que ça change quelque chose, volets fermés ou fenêtre donnant sur le bleu du ciel, le lampadaire, le crépi du 9, la barrière en plastique vert renforcé, et surtout donc le néflier. À la façon d’écrire ou à l’écriture, veux-je dire : est-ce que ça change quelque chose ? Hier en fin d’après-midi une pie s’approchait en sautillant du cageot à godasses. Cinq.

Les services de réa sont d’ores et déjà saturés.

 

07:57 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

247–Gilels–Piano

 

    Le type qui n’a pas revu le renard la renarde, et qui n’a pas encore parlé de la portée de hérissons sous la dalle la terrasse, porte un gilet rayé et vous convie : à la revoyure ! Il n’a pas encore décidé s’il garderait l’ordre des chapitres ou s’il donnerait un coup de pied dans la fourmilière. Et puis quand ça serait un livre, vous n’en réchapperiez pas.

Il parle de son porte-clés en moins de 280 signes (ça laisse à désirer).

Le type qui n’a pas encore évoqué la portée de hérissons rêve en clé de sol (ça ne s’invente pas).

 

07:56 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

247–Gilels–Piano

 

    Le type qui n’a pas revu le renard la renarde, et qui n’a pas encore parlé de la portée de hérissons sous la dalle la terrasse, porte un gilet rayé et vous convie : à la revoyure ! Il n’a pas encore décidé s’il garderait l’ordre des chapitres ou s’il donnerait un coup de pied dans la fourmilière. Et puis quand ça serait un livre, vous n’en réchapperiez pas.

Il parle de son porte-clés en moins de 280 signes (ça laisse à désirer).

Le type qui n’a pas encore évoqué la portée de hérissons rêve en clé de sol (ça ne s’invente pas).

 

07:17 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

246–Andjaparidze–Piano

 

    Sur le carreau. Je voulais commencer par là, mes pieds glacés malgré les chaussettes et à cause de l’oubli, à la chambre, des pantoufles, une scène d’écriture vraiment minable. Mais il ne faut pas lésiner. Doigts froids aussi, et volets fermés, bref à peine brossé ce tableau tout de suite à jeter à la benne. La veine annonce le venin ; saturation des réseaux.

 

07:08 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

245–Rotarie–Accordéon

 

    Les postiers désormais passent trois fois par semaine, au plus. Les hôpitaux connaissent l’urgence inverse, services de réa saturés en Europe – partout bientôt ? Une moustique accélère (encore) la course du temps. Ne pas connaître le terme, cela demande un peu de patience face au clavier.

 

07:04 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

245–Malcolm–Clavecin

 

    La course contre le temps, les hôpitaux connaissent cela, services de réanimation saturés en Europe – partout bientôt ? Sous la moustiquaire on aurait pu composer des chants (d’éloge). Ne pas savoir où ça mène, ne pas connaître le terme. Les éboueurs passent moins souvent que la factrice.

 

07:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 26 mars 2020

244–Filipec–Piano

 

    Elle a rêvé du fennec, alors elle m’en a parlé, au téléphone évidemment.

Distanciation sociale.

Avoir traduit un poème sous ce titre aujourd’hui, et être toujours aussi bête.

Une amie qui rêve d’un fennec, du fennec, je ne sais plus.

Et moi je me rappelle soudain que le tournant du livre, désormais, le quinzième tournant du livre ou peu s’en faut, ce devait être le hérisson.

La portée de hérissons sous la terrasse.

L’an dernier, il paraît, j’aurais dit il y a deux ans.

La portée de hérissons, et qu’importe le flacon.

Qu’emporte la sonate ces pages arrachées à la nuit.

On est face à son clavier ainsi, et l’amie raconte ses escapades provençales, le rêve du fennec, tandis que les photos du tinamou huppé, du vanneau tréro et du tatou pichi.

Vagues rouges, ça ne s’invente pas.

Verre cassé.

Socialisation distante, comme l’étoile de mon luminaire.

 

22:32 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

243–Belder–Clavecin

 

    Moi aussi j’ai mes deadlines hein, je sais quel butoir toucher au 31 mars, ce n’est pas dans longtemps je vous ferai remarquer. Un verre casse, je ne vais pas rompre le couvre-feu pour si peu.

Imaginer le sous-sol d’un pavillon dans un coin de La Membrolle envahi par les caisses et les cageots de verre à recycler.

Le poivrot, quand passe-t-il nous siroter l’apéro. Clope au bec on se salue, bien franchouillards les mecs, surtout ne changez rien à vos menées, et pas marcher sur vos brisées.

Ça y est, ça me revient : le hérisson.

 

22:25 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

242–Debargue–Piano

 

    Du haut de l’hélicoptère on t’envoie par vingt brasses de fond, cabine téléphonique, on te largue, aspirateur lourd buté sur la madrague. Je revois bien les trois machines à écrire sur lesquelles j’ai écrit des paquets de textes, très enfant sur la petite Olivetti, adolescent à Talence sur une plus reluisante aux touches douces. Les éboueurs passeront, quand.

 

22:21 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

241–Afanasova–Piano  

 

    Quel est ton thème quel est ton texte à quelle espèce appartiens-tu ? Toi aussi essaie d’écrire en pantoufles clope au bec et sans jamais te recoiffer, fastoche même en temps de confinement avec toutes échoppes de coiffure closes. Ça y va ça y va ça y va ça y va. Le ruban casse pas grave.

 

22:17 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

240–Puyana–Clavecin

 

    Délaissés-pour-compte.

En solde les pas-bien-nés. Soldés, aux fraises ! Le corps virulent jeté au fond de la crevasse. Qu’on s’en fout de vos garriguettes, on préfère les maras des bois.

Aux pommes dans la baignoire, un couteau ousque je pense !...

Les pas-bien-nés, les crève-la-faim, ouste, au chantier sans masque et sans prime.

Ça n’en parle pas, coco, dans ta rhétorique de service après-vente.

Traits d’union partout, syndicats nulle part.

Traits d’union partout, individualisme & applaudissements aux fenêtres surtout.

Le justaucorps jusqu’au haut du corps. Quelle morgue ! Aux pivoines, je vous dis ! Aux petits oignons… la morgue que c’est… Mulhouse I lost lost.

Dès demain à l’heure où croupit la bronchiolite je ne comprendrai pas moi-même ce que j’ai écrit.

Normal, j’expectore.

Le duc d’Orléans richement vêtu, et moi en pyjous. Honoré !

 

09:30 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

239–Wellborn–Piano

 

    L’échange sans les corps – ou seulement avec leur fantôme, leur fantasme, leur projection caverneuse – est donc possible… ou illusoire ?

Possible, allons, pas de scepticisme.

La nation apprenante (autre formule débile que l’on pourra porter au débit de Blanquer et de son équipe de branquignols) le sait, en toute positivité du fantasme.

Ça galope sur le clavier.

L’échange sans la présence réelle des corps est donc possible. Et donc, vlan, continuité pédagogique. Ce n’est pas la bite de Benjamin Griveaux qui me dira le contraire.

 

09:23 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

238–Larson–Piano

 

    Échanger, qu’est-ce, au fond ? Comment échanger sans jamais que les corps ne s’approchent ? Les moyens techniques aident à ça, bien sûr, de sorte que la fameuse « continuité pédagogique » est grandement facilitée par le Web et ses divers biais.

Oubliés de la parade, les enfants, adolescents et adultes avec peu de matériel informatique sont laissés pour compte.

 

09:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

237–Grante–Piano

 

    Le moi est haïssable certes, mais si tel est notre seul accès au monde, ou presque (c’est-à-dire qu’on n’accède au monde qu’en échangeant soi-même avec autrui), en découle-t-il que c’est le monde qui est haïssable, ou l’accès au monde ?

Les éboueurs passeront selon un calendrier aléatoire.

 

09:07 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 22 mars 2020

236–Colombo–Piano

 

    L’océan qui outrepasse la Loire sans emprunter les ponts pointe en haut de la butte, s’immisce coule tranquillement, arrive au muret où il s’arrête, interrompant mes réflexions sur je ne sais quoi, peut-être sur le marc de café jonchant l’herbe, avec les plumes du ramier qui a heurté hier la vitre du bureau mais dont on n’a pas retrouvé le cadavre même en regardant aussitôt, il était reparti, n’y laissant que quelques plumes, et donc l’océan s’arrête là au muret, sans insister, sans refluer non plus, la voisine d’en face me salue en me répétant plusieurs fois « je suis vaccinée de toute façon » et « ils nous embêtent avec leurs histoires ».

Une palombe de sinople sur la toge, j’observe la marée.

Quand l’océan a englouti mon texte sans m’engloutir moi-même j’ai été drôlement content, j’ai sniffé le marc pour la peine, on se gondole.

 

18:07 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

235–Ares–Clavecin

 

    Tous ces béliers qui se sont enfuis, qui courent de par les rues de toutes les villes, ne rendront pas la renarde. Je tournais depuis plus d’une heure autour de ma maison, trop cassé, trop lassé pour remplir une énième attestation ou pour retrouver la gomme me permettant de réemployer la même pour la troisième fois en six jours et je marchais donc dans mon jardin, avec les murets, les escaliers, les petites pentes, en observant chaque plante et chaque objet, chaque débris minuscule, chaque recoin du ciel. De rudes béliers !

 

17:59 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

234–Fedeli–Piano

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    Tandis que l’océan et les mers partout descendaient, que l’estran et le rivage devenaient invisibles, cinquante-et-une stations balnéaires, de par le monde, ont été englouties. Aucun expert ne comprend. Les papillons qui butinaient les mûriers errent, en peine. Mme Pénicaud s’affole : le cours de l’action de Pierre & Vacances a chuté de 31% en 1 seule séance.

 

17:51 Publié dans lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

233–Demeyere–Clavecin

 

    Cette nuit, les mers ont commencé de descendre. Brusquement. Puis se sont arrêtées.

Contre toute attente, à l’opposé des scénarios scientifiques récents.

Bien des gens, et même des experts, se demandent si ce phénomène est lié à la pandémie.

M. Emmanuel Macron s’inquiète : la Bourse dévisse.

 

17:45 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 21 mars 2020

232 –Mancilla–Guitare

 

    Cent signes pile. Quelle coïncidence est-ce là. Et surtout être arrivé à écrire presque mille signes en quatre minutes pour se retrouver à devoir retrancher. En quarante secondes. Il y parvint, mais non sans rendre étrange son texte, ce qui n’a rien pour le rebuter, d’ordinaire.

[S’ensuit phrase avec jeux de mots idiots sur le mot rebut. Caviardons-la !]

Sur le point de battre le record du quadrilatère le plus rapide, le fumet de la soupe de poireaux lui baignant les naseaux, le bourrin l’écrivain découvre que cette sonate existe aussi dans d’autres transcriptions et la tentation est trop grande.

L’araignée à six pattes ou la renarde près des parpaings deviennent ses figures tutélaires.

[Pourquoi tutélaires plutôt que titulaires ? Les dieux lares sont hilares.]

Il s’en passe, des belles, mais aucune « réinvention de la littérature ».

 

11:01 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

232 –De Preissac–Harpe

 

Au moment de clore son texte l’écrivain petit-bourgeois voyant qu’il restait quarante secondes avant la fin de la sonate découvrit que le texte était trop long de cent signes, de cent signes précisément. Et doit donc retrancher. En quarante secondes. Il y parvient mais non sans rendre étrange son texte, ce qui ne le rebute pas.

Phrases rebutées, virgules retranchées, et l’écrivain petit-bourgeois lui-même mis au rebut. Sur le point de battre le record du quadrilatère le plus rapide sa soupe faite le type découvre que cette sonate existe aussi dans des transcriptions pour guitare ou pour harpe et la tentation est trop grande. Le mouton à cinq pattes ou la renarde sous le merisier sont des figures.

L’écrivain petit-bourgeois réinvente petitement la géométrie. Et la biologie aussi. 

On attendait de toi que tu réinventes la littérature.

 

10:53 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

232 –Carrieri–Clavecin

 

    En train de battre le record du quadrilatère le plus rapide l’écrivain petit-bourgeois sa soupe faite & son texte écrit à propos de la soupe qu’il fit (et qui cuit en faisant elle aussi déborder le couvercle) découvre que la sonate existe aussi dans des transcriptions pour guitare ou pour harpe et la tentation est trop grande pour qu’il y résiste : on va encore se retrouver avec sur les bras ou devant nos yeux qui n’en peuvent mais un quadrilatère à six côtés.

L’écrivain petit-bourgeois réinvente petitement la géométrie. Comme il est nul en mathématiques il ignore si la question des nombres premiers relève aussi de la géométrie ou s’y applique. Même le vocabulaire pour se faire comprendre manque. Y a-t-il une application géométrique du fait que le nombre 2020 soit un des rares à être la somme de quatre carrés premiers consécutifs.

 

10:47 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

231–Dupouy–Clavecin

 

    On veut un texte qui déborde de partout, pas un texte économe.

Cette phrase m’a été dictée par une première phrase, qui n’est donc pas la première (phrase zéro ?), et pas même une phrase, plutôt une bribe : la soupe se prépare avec un économe.

Un épluche-légumes, si vous voulez.

Qu’en anglais souvent avec hyponyme on nomme potato-peeler.

Toujours la métaphore vaseuse se faufile : économe > économe.

Toujours.

Toujours est-il que ce qui importe c’est l’idée du texte qui déborde, de partout ; plus de couvercle à confiner.

Onze clore.

 

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230–Jordan–Piano

 

    L’écrivain petit-bourgeois fait sa soupe de petit-bourgeois tandis que remontent les saveurs de l’enfance et les souvenirs encore frais, voir mon père jardiner. L’asyndète n’est pas gênante ; l’écrivain petit-bourgeois se goberge de ce genre de vétille sans péril. Surtout éplucher et couper l’oignon sans pleurer. La soupe cuit dans le faitout fenêtre ouverte.

 

10:34 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

229–Mažuran–Clavecin

 

    J’ai coupé et épluché des carottes, nettoyé et émincé des poireaux, pelé et coupé un navet, déposé un bouquet garni, épluché et coupé des pommes de terre (me suis trompé dans l’ordre des verbes pour les carottes), épluché et coupé un oignon (sans pleurer). Voilà ma soupe aux cinq légumes.

 

10:30 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 20 mars 2020

228–Speranto–Clavecin

 

    J’écrirai bientôt un dernier texte au sujet des écrivains qui publient leur journal du confinement et j’en serai débarrassé, de cette gangrène, de ce cancer, de cette peste. Le truc qui est venu briser mon bouquin, faire bifurquer ma trajectoire, je devrais le saluer, l’admettre, l’accueillir. Non. Je ne le fais pas.

Non. Je ne le fais. Au lieu de cela je râle et vitupère. Pourtant un truc qui bifurque depuis le début je ne cherche que ça, et puis le grave virus était déjà là fin 2019, j’eusse dû être plus clairvoyant. Mais un renard qui fait dérailler mon train, ça je le veux.

Choisir enfermé en soi-même ce qui sied comme dérangement, ce n’est guère stoïcien. Quelle surprise.

Au moins je garde la voie tracée par le clavier.

Tant que le clavier (désinfecté ou pas, qu’importe à ce stade) me guide, je ne suis pas égaré, éperdu à crier.

 

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