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mardi, 18 octobre 2016

Éperons sur cour

    Pour ne pas fourcher, manquer tomber de monture en cavalant, on a inventé les étriers ou les éperons, au point de ne plus savoir si ce dernier mot a d’abord désigné un objet ou un phénomène géologique, emberlificoté dans les catachrèses comme dans une toile d’araignée, que l’opilion soit noir ou plus lucide, gris clair, beige, aux couleurs de l’arc-en-ciel un jour de pollution sur la ville endormie, et c’est bien quand on dort, on oublie, c’est bien quand on dort qu’on a peur de tomber du lit, de faire cette mauvaise chute, de se casser la figure, l’oreiller tombant lourdement avec soi sur la ligne de flottaison de l’opilion sur le carrelage,  ne doit-on pas un jour abolir les images figées comme un jus de rôti.

127/721

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mardi, 11 octobre 2016

55 bouteilles

    Mon fils aîné rentre d'une journée de stage pratique organisée dans le cadre de l'enseignement d'exploration “Sciences & Laboratoire”. Ce stage avait lieu au lycée viticole d'Amboise, et consistait à initier les élèves aux vendanges, puis à établir un certain nombre de liens avec le contenu du cours (vinification, processus chimiques naturels...).

Il me dit avoir vendangé pendant deux heures et calculé – cela faisait partie des travaux – que sa récolte correspondait à 55 bouteilles. Cela, dois-je l'écrire, me paraît énorme : bien sûr, c'est d'une faible rentabilité par rapport au coût du travail, surtout dans l'optique hypothétique d'un travail non mécanisé, mais comme il 'agit là d'un adolescent et d'un débutant je trouve très élevé ce chiffre de 55 bouteilles pour deux heures de vendanges par un jeune sans expérience.

(On ne manquera pas d'ironiser sur le choix de l'activité agricole en question, mais enfin, nous sommes dans une région viticole, et, s'il y avait dégustation, seuls les mineurs autorisés par leurs parents avaient le droit de goûter, sommairement et peut-être même en recrachant.)

 

18:31 Publié dans 721, Narines enfarinées, YYY | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 28 novembre 2014

Square Flandin

    Rentrant d’un tour minuscule dans le Vieux-Tours, se saisir d’un des trois livres dans le sac plastique, ce recueil de Ryoko Sekiguchi que tu ne connaissais pas – pourtant paru il y a neuf ans –, lire la première page (impaire, les pages paires sont blanches et les marges sont variables) qui s’achève sur ces mots : la même chose nous est advenue. Et c’est vrai, la même chose advient, l’advenir n’est pas l’avenir, mais son contraire. On philosophe pour rien en traçant sa route dans les rues – et non l’inverse – et brouille les pistes en beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup  beaucoup plus de quatre-vingt sept mots (non, écris-le en chiffres : 87, voilà, c’est beau), vu que ceci devrait se trouver dans l’autre carnétoile, mais on s’en fout, ta vie est un foutoir, je m’écrie silencieusement à toutes les voix et avec des lettres n’existant dans aucun alphabet, la même chose est advenue, la même aventure continue, l’autre avenir n’a pas son pareil. Vu que je ne vois rien, écrire par terre tracé.

12:37 Publié dans 721, Les Murmures de Morminal, MAS, Self-Be/Portrayal | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 03 juin 2014

Elephant Trees (5’52”)

 

Trzaska/Brice/Sanders, 2012

    Les murmures guettent la parole.

Avec des intonations censément inoffensives, ils figent la vérité dans leur ciment.

C'est difficile, chaque mot pèse, on voudrait ne pas ajouter au tohu-bohu tous ces cris aussi féroces qu'insignifiants. L'eau brune du Thérain offre ici la meilleure image : dans sa façon de refléter le ciel, il y avait étouffement, glu, clap de fin longuement étiré. Il a donc fallu vagabonder, se garder des murmures, qu'ils fussent bienveillants ou sournois. Les regards en coin étaient autant de flèches.

C'est difficile, on finit par s'épancher, laisser aller le flot de ses propres paroles, et, certes, chaque mot devrait peser, ça finit salades, piteuses lessives, couronnes d'or posées sur des têtes informes d'ectoplasmes.

Mais on a tout de même vaincu les murmures, par le chuchotement.

10:39 Publié dans 721, Aujourd'hier, J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 23 mai 2013

Un frisson

    Hier, je n'ai pas tondu, finalement. On nous annonce 11° pour demain, 14° pour le milieu de la semaine prochaine (à l'orée de juin, donc). Tout le monde se plaint de ce printemps exceptionnellement frisquet (et, en effet, le chauffage ne s'est jamais arrêté plus de douze ou quinze heures), mais je note aussi, pour la bonne mesure (et mémoire), qu'il a plu quasiment chaque jour depuis septembre.

Hier soir, j'ai photographié le coucher de soleil, astre que l'on n'avait pas vu de la journée.

Puis trois compositions au lit : un “bacon”, une nature morte (avec ma main – est-ce encore une nature morte ?), trois doigts devant la lampe.

 

Aujourd'hui, je dois rendre, en l'ayant à peine ouvert, Thinner than Skin. Je note cela aussi pour mémoire.

07:59 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 06 mai 2013

Le Chant du rossignol (1270/1500)

    Il m'a semblé découvrir (entendre pour la première fois) avant-hier la suite de Stravinsky intitulée Le Chant du rossignol, dans le coffret Silvestri que vient d'éditer EMI. Or, je m'aperçois que cette suite orchestrale figure déjà dans un autre coffret, pourtant abondamment écouté : se peut-il que je sois toujours allé directement à Apollon Musagète, en passant par-dessus celle-ci ? Ou que je sois à la ramasse...?

Toujours est-il que, sous la baguette de Silvestri, c'est très beau.   Sous la baguette de Jukka-Pekka Saraste, je n'en sais rien, puisque je ne l'ai pas encore remis (« remettre » au sens de “remettre sur la platine” et de “se remémorer”). Evidemment, cela serait très rassurant (pour mes facultés cérébrales), que la version finnoise soit terne ou inintéressante — ça expliquerait pourquoi cette pièce ne m'avait pas marqué jusqu'à présent.

Le quatrième mouvement de cette suite, le “Jeu du rossignol mécanique”, est très contrasté, avec des passages très mélancoliques, poignants (des adjectifs qu'on n'associe pas souvent à l'esthétique stravinskyenne), et les côtés plus grand-guignolesques, qui ont si péniblement influencé certains compositeurs de cinéma (et aussi, je le crains, Léo Ferré) mais sont ici d'une tenue, d'une gravité dans le délire tout à fait impressionnantes. Quoique je n'y connaisse rien, c'est sans doute dû au fait que Silvestri était un grand coloriste d'une maniaquerie pointilliste qui ne l'empêchait pas de toujours garder à l'esprit le son d'ensemble.

09:33 Publié dans 410/500, 721, MUS | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 29 avril 2013

Lundi, que tout a commencé

    Non sans observer, au passage, les barres verticales oranges qui tiennent la bâche en plastique transparent (elle protège, on ne sait pourquoi, l’escalier extérieur devant mon bureau), j’ai dévalé les marches et, passant devant l’arrêt de bus, ai glissé dans la fente Autres départements / Etranger la lettre à destination des Ponts-de-Cé. Dans mon bureau, il doit faire 17°, peut-être moins, alors que je me suis contenté, ce matin,  de mon gros manteau, mais avec la chemisette « orange brûlée » en dessous : j’ai donc enfilé,  avant de me mettre au travail, le vieux pull-over écru (et étriqué – entre autres) que je n’ai pas mis depuis des années et que je garde sur une étagère de l’armoire à des fins de dépannage. Les travaux du quad ont bien avancé : six puits de lumière à travers lesquels on aperçoit les monticules de gravats du chantier en cours, au premier sous-sol. Pas grand monde dans les couloirs, frisquet partout.

Avais-je déjà remarqué que ce pull-over a la même teinte que 2013-04-29 09.22.06.jpgla moquette berbère de notre appartement beauvaisien ?

08:14 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (4)

vendredi, 08 mars 2013

VOUS dans la montagne : Franck Doyen

    Ouvrage de poésie, ouvrage étrange, comme on parlerait de boîte à ouvrage, archaïque trésor en bois d’où s’échappent bobines dépareillées etc. On a lu ce poème comme texte triple. La traduction de Laura Vazquez n’est pas donnée en regard, mais juxtaposée, proposée avec les fragments du poème français. Le travail graphique de Karim Blanc est lui aussi un texte. — « Altitude de bleu » — Donc, même moi dont la compétence en castillan est limitée, je me surprenais à commencer parfois par la traduction (j’avais d’ailleurs cru, en l’achetant, qu’il s’agissait d’un texte bilingue de Doyen lui-même). Glossolalie, récit escarpé et repris d’un périple jamais naufrage, le poème est (peut-être) allégorie de ce qu’on endure, tragiquement et prosaïquement, de nos jours au Mexique (la dédicace aux femmes de Ciudad Juarez ?).

05:27 Publié dans 721, MOTS | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 17 janvier 2013

Song of the Flying Fish (271·1570)

    Il y a une dizaine de jours, je notais, quelque part sur Facebook (à la suite de ce billet-ci), qu'il fallait que je me bricole, pour le semestre à venir, un emploi du temps, sorte de planning d'écriture. J'ai esquissé ce planning vendredi dernier, et l'ai même mis en ligne sur Flickr, en profil restreint, histoire de pouvoir, moi, le retrouver facilement – une version non imprimée, consultable partout, dématérialisée comme on dit de manière assez inadéquate.

Comme la totalité du week-end a été absorbée par les 500 et quelques copies de première année, et comme le début de cette semaine était tout copies, réunions, etc., j'ai différé sa mise en place à la reprise des cours, lundi qui vient, donc.

edtS2.jpgJe le mets en ligne ici aussi, histoire d'essayer de tenir mes engagements. Il y aura forcément de nombreuses entorses — semaines hors Touraine, la mission à Durban et Pietermaritzburg en février —, mais l'essentiel est d'avoir un planning, afin de constater, semaine après semaine, quel chantier n'a pas été avancé. Moi qui n'ai plus, depuis mes années d'étudiant, d'agenda et me fie intégralement à ma mémoire (et à gmail, il est vrai) pour mon travail et mes rendez-vous, ça risque de me faire drôle d'avoir des grilles aussi restrictives. Mais enfin, cela fera bientôt huit ans que je me suis remis à écrire, grâce aux blogs, et il est temps que je mette un peu d'ordre, ou, à défaut d'ordre (que je ne souhaite pas nécessairement – ma vie et mon travail sont ordonnés, il ne manquerait plus que ça s'appliquât à mon violon d'Ingres), de rigueur dans mon fatras.

10:31 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 08 janvier 2013

Shubertauster

    À force de voir que l'on abusait des mots-valises, il ne s'en émeuvait plus. Souriait. Le chemin qu'il voulait trouver, c'était celui de la concordance, bien au-delà de l'analogie qui l'avait hanté (klaxons douçâtres de l'accordéon) ou du transcendantalisme de bazar (sifflets ténus chaloupés du sax soprano), et refuge dans d'introuvables signes diacritiques (caisse claire, tâït sur les cymbales, pi-wit du pouilleux véloce). Les mots lui faisaient une gibecière, lui tenaient compagnie, sans que la Spirale n'offrît le moindre secours, car il s'agissait moins d'inventer des mots que d'inventorier leurs absences. On pourra trouver curieux que je parle de mots quand ce sont des sons que j'entends, des mélodies qui se décroisent. Allez plutôt trouver le fil qui relie à l'unisson l'envolée du cuivre et l'étente à linge des soufflets, tiâât bref sur le rebord tenu de la plus petite cymbale. Les marins tiennent le cap, on ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Souriez. Les mots ne venaient jamais à lui manquer, il les dansait s'il ne pouvait les retenir.

14:21 Publié dans 721, B x A, J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 01 novembre 2012

Un micron, en classe de 4ème

Clément Rosset se trouva plongé dans un maelström d'hallucinations comme tombées de la plume d'un mauvais Lorca. Aussi se tenait-il à carreaux, face aux ballets spectraux dont l'art était consommé. Avoir manqué périr noyé ne lui avait toutefois pas fait fantasmer, sur le dos d'un vieux livre broché à couverture rouge, le nom affolant, grotesque, démoniaque : Robert Drowning.

 

ª¦¦¦ª

Petit salon, griffonnage, same old story.

Mais.

Mais, depuis, Aristotelis Valaoritis est entré dans ma vie, ever so slightly.

En tout cas, j'écris des Valaoritides sans jamais avoir lu une ligne de Valaoritis.

Dont acte : Santiago Amigorena dans les îles grecques — Clément Rosset aux Baléares.

ª¦¦¦ª

 

Il n'en demeure pas moins que, depuis mes premiers feuilletages du catalogue des éditions de Minuit, je me demandais si, avec un nom tel que le sien, on ne rêvait pas coups et blessures, plaies et bosses, Scapin tournant autour du sac, misères et galères, à moins qu'on ne préfère se ressouvenir de l'effet très curieux, de papier froissé, des emballages de bonbon de la marque Galéjade...

22:19 Publié dans 721, Diableries manuelles, MAS | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 18 octobre 2012

L'antiprothrombinase du dimanche après-midi

    L'intrus qui, s'immisçant, se faufilant, a glissé sur la terrasse mouillée de pluie n'aurait pas dû laisser gésir son imperméable et son couvre-chef. Et il s'éloigne, pris en pleine distraction. Ce n'est pas la pluie torrentielle de ces dernières semaines qui déforme sa démarche. Tricherie. Je n'en ferai rien. Il zigzague. Ralentit. Accélère. Perd pied pour rien au monde. Et creuse sa tombe avec son tronc, même le gynérium n'y comprend goutte. Ce n'est pas l'averse, nourricière de tant de vers, qui dégèle sa coiffure horripliante, mais peut-être un soupçon de tricherie. Un bolide passe près de lui, le décoiffe encore, feux clignotants dans la brume caniculaire. Quelque manœuvre, quelque fausse apparence aura eu raison de sa raison, tandis qu'il se souvient subitement — mon imperméable ! mon chapeau !

11:25 Publié dans 721, Knobs & thorns | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 24 novembre 2011

Chronique féline absolument passionnante, épisode 72.1. (version 644/774)

    La chatte est assise à côté de moi, sur « sa » chaise (la blanche), et, après ample toilette, dort.

Découverte fondamentale : si elle boudait les croquettes, c'est à cause de la petite assiette en terre cuite ! Je lui ai donné, ce matin, des croquettes que j'ai placées directement dans l'assiette de la pâtée (changée hier) : elle les a dévorées. Au retour d'en ville (L’Arôme), elle miaulait, et j'ai transvasé les croquettes intouchées depuis trois jours de l'assiette en terre cuite dans l'assiette de la pâtée : refus absolu, dégoût. Il semble que la terre cuite doit donner un goût ou une odeur inacceptable aux croquettes. Dont acte.

Sinon, il y a un petit campagnol roussâtre mort devant la porte de la chatière. Mademoiselle, très certainement, chasse. Pas un hasard.

15:32 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 octobre 2011

« Ton clignotant, tête de mort ! »

    ― Ton clignotant, tête de mort !

Celui des deux qui avait dit cela avait la jambe, non pas plâtrée, mais prise dans une sorte de harnais ou de fourreau rembourré – l’équivalent moderne et sportif, doit-on supposer quand on ne s’est jamais rien fracturé, pour sa part, des plâtres de jadis, sur lesquels les camarades écrivaient de facétieuses idioties, ou déposaient leur signature. En conduisant à très faible allure, j’avais remarqué ces deux adolescents, tous les deux blonds et en tenue de rugby, ils marchaient sans hâte. C’est au moment où les deux adolescents en scooter ou en vélomoteur m’ont doublé que cette apostrophe insolite et énigmatique a fusé :

― Ton clignotant, tête de mort !

Au cours du bref échange, autant scopique que verbal, qui a suivi entre les deux couples, il ne m’a pas été possible de comprendre s’ils se connaissaient déjà et se chambraient gentiment, ni de deviner la signification, ici, de l’expression « tête de mort » : insulte insolite, surnom énigmatique, remarque sur un détail de la tenue d’un des deux motocyclistes ?

07:55 Publié dans 721, Aujourd'hier, Diableries manuelles | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 04 octobre 2011

Le voici grisonnant. (version 648/777)

    Une fois la femme de ménage partie – car nous employons, depuis un an et après maints atermoiements, une femme de ménage épatante qui, en venant trois heures par semaine, nous permet de gagner un temps fou – et le brouillard refusant obstinément de se lever, j’ai fait rentrer la chatte, qui faisait la sieste sur la terrasse (et, plus particulièrement, sur mes sandales), afin qu’elle puisse poursuivre son intense occupation sur une des chaises de la salle à manger. J’espère ne pas passer plus d’une heure à mettre en forme, en vue du cours de demain, les notes prises dans American Pastoral. Le concerto pour violon d’Alban Berg (version Zehetmair / Holliger) vient de s’achever. La lessive étendue, je déjeunerai. Octobre ardent a fini par s’évanouir. Le voici grisonnant.

11:50 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 13 septembre 2011

Dans un monde vitré

    Dans un monde vitré, la cible n’est jamais le macadam que vous arpentez. Peut-être est-ce plutôt le regard d’un inconnu qui semble refuser de vous dévisager. Peut-être est-ce l’affiche encore neuve, la colle fraîche, dont vous imaginez déjà les lacérations futures, ou la manière dont le vent en emportera de minces fragments. La cible, est-ce l’abribus ? L’inconnu a passé son chemin, son chapeau melon vissé sur la tête, une incongruité à serviette rouge, les mots LA TROBE UNIVERSITY encore lisibles de loin, dans un monde vitré où ne filtrent jusqu’à vous que les sons, comme feutrés, de Lighthouse Trail, Hidekazu Wakabayashi, Lyndsie Alguire.

(1Q84 : la douleur à l’anus de la protagoniste.)

Dans un monde vitré, vous vous damnerez peut-être pour un alexandrin — manquant la cible, avec justesse.

 

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mercredi, 22 juin 2011

Hypochristmutreefuzz (version 929/1101)

    Nada pour personne, pas même à fédérer des ardeurs, à s’emmurer dans un silence solide, à regarder exploser les supernovas, et surtout qu’à aucun moment les badauds ne s’arrêtent pour me bader. Non, non et toujours non. C’est Kneebus, en fait. D'ailleurs l'hypophyse n'a aucun lien direct avec les événements qui figuraient dans mon manuel d'histoire. Pour la forme, et pour la bonne poire. Sans hésitation, mais sans histoires. Pluriel ne vaut rien à l’homme. Toujours le non t’emporte. César est ballotté, secoué, ruisselant, souffleté par des paquets d'eau. Toujours on t’emporte. Toujours le non lance des semonces. Négatif pas une once.

When Mr. Connors emerged, a small, chirruping bunch of fuzz, cupped in his hand, lay snug in the velvet-lined pocket. Alors, juste un soupçon de comédie musicale (westsidestory pourlesnuls), la langue d’Only Revolutions et sa structure (quoi ? Jimmy est pompette ?!?), des échanges accordés qui rendraient muettes même les Parques. (C’est la rue Colbert qui frappe, et j’affirme la dignité souveraine des heurtoirs.)

Il va falloir, un jour, réduire la voilure.

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dimanche, 03 avril 2011

Elliott, version 667/794

    D’abord, il a choisi, très brièvement, d’intervenir sous le pseudonyme de Musimasque, trop puéril ou pétasse (ce qui revient au même). Puis, il a préféré le sigle (MuMM). Enfin, il s’est décidé pour Mathieu, avec un ou deux t. Et comme, décidément, Matthieu ne recule devant aucun sacrifice pour son grand comeback, il annonce à la cantonade (et sept jours après le second tour des élections cantonales) qu’il compte désormais collectionner les enregistrements d’œuvres d’Elliott Carter (l’alerte encore en vie), et même (tenez-vous bien) les posséder tous avant la fin de l’année 2014. Je crois qu’il a la fièvre, ce qui n’a rien d’étonnant même s’il devra désormais se demander comment renouer avec sa graphomanie, voire avec sa polygraphie (voir avec son polygraphisme). Que fait la police ?

 

08:34 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 28 février 2008

Gare de Facture (version 682/804)

[ 20.02.2008. ]

 

    Les pluviers et les goélands dansent dans les nuages. C’est un désert d’opérette.

Ailleurs, Ornette brandit les bannières. Le jour soupèse ses chances, dans le faux petit jour gris. Les plaisanciers ont délaissé les bateaux, qui tanguent comme des fourmis désœuvrées. La jetée se mouille de cette écume inusuelle, tombée du ciel, qui n’a pas la saveur des harmolodiques.

L’espace colporte des cris, les rumeurs lancées contre les coques de bois.

Lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pétrole. Trouée dans la nuit brune aux paupières lourde. L’orge fermente. Le jour enfin se lève.

Le soleil peine à poindre. Nous aurons d’autres insomnies, le traversin chiffonné de désespoir. Nous verrons d’autres pluviers gravir les nuages, d’autres goélands croiser au large. Le cor d’Ornette fait taire même les mouettes.

23:31 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2)

mercredi, 27 février 2008

Dans la pâleur des unissons

[ 17.02.2008. ]

 

    Dans la pâleur des unissons. Ce matin, tôt, profitant d’un accès inattendu à Internet, je consultai rapidement ma messagerie électronique, et, en contrôlant aussi les dernières photographies publiées sur FlickR, je constatai que Renaud Camus s’était rendu, en juillet dernier, sur les traces de William Beckford, à Bath. Quelques heures plus tard, à peine, j’ouvris un livre à la couverture rouge qui traînait dans la bibliothèque de mes parents, La Taverne du doge Loredan : dès la première page, il y est question de William Beckford.

Vathek et Woyzeck se battent dans un duel au poignard sépharade.

Dans Child of God, un enfant arrache, de la bouche, une patte d’oiseau vivant. « It’s his to kill if he wants to... »

Féline, la déesse Bastet veille sur les coïncidences littéraires.

 

13:13 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : fiction, littérature

mercredi, 06 février 2008

Les Yeux de l’âme

    Soul Eyes est un album enregistré en 1997 par le pianiste Mal Waldron. Comme j’aime beaucoup Waldron – mais aussi son batteur Andrew Cyrille et son bassiste Reggie Workman – cet album devrait me plaire. Or, non. Pas vraiment. Il ne me déplaît pas, mais peut-être est-il trop bricolé, trop hétérogène. Cinq des dix morceaux sont chantés, Steve Coleman fait une apparition (fantôme (car rerecording)) sur deux titres et Joe Henderson sur un. L’ensemble manque vraiment trop d’unité ; pourtant, je ne suis pas un puriste, de ce côté-là.

L'album offre aussi un contraste saisissant entre les deux voix, Jeanne Lee, qui chante trois chansons, et Abbey Lincoln, qui en chante deux. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, plusieurs fois, quel culte je vouais à la voix d’Abbey Lincoln. Or, tout sépare Lee de Lincoln. Jeanne Lee est tout ce que je n’aime pas : maniérée, bluesy d’une façon convenue, limite grue tant elle se croit distinguée. Abbey Lincoln, elle, est une immense chanteuse : sa voix est tour à tour lourde et aérienne, fragile, profonde, bouillonnante, maniériste.

06:20 Publié dans 721, Aujourd'hier, J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jazz

vendredi, 18 janvier 2008

Fautifs

    Cela commence toujours par les quatre espaces suivies de la lettrine en caractères gras, et il est rare que le maître des lieux ait failli à cet usage routinier. (Un usage routinier, c’est un pléonasme.) Dans une mise en scène de Marivaux que nous avions vue, toi et moi, au printemps 1995, et dont – ah, ma mémoire ! – je ne me rappelle ni les metteurs en scène, ni le titre de la pièce, un personnage muet avait été ajouté : le Génie du lieu. Connaissais-je le grand œuvre de Butor, alors ? J’en doute. (Une mise en scène dont je ne me rappelle pas le titre de la pièce, c’est un bien vilain solécisme.) Toute écriture enfantée au zénith d’un jour nuageux finit par se résoudre en arrachage de cheveux.

15:30 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, écriture

lundi, 26 novembre 2007

Trop d’erreurs parfaites

    « Trop de perfection est une erreur » dit – en espagnol – le personnage principal du western déjanté lorgnant vers la série Z El Topo, dont je ne sais s’il s’agit d’une parodie par anticipation de High Plains Drifter ou d’un hommage appuyé à Théorème, mais qui, dans son délire suranné, est tout à fait distrayant (c’est déjà ça).

Ce même jour – coïncidence absolue – ma compagne a acheté Le Clown frappeur, bande dessinée dont Alejandro Jodorowski est le scénariste / dialoguiste. « Trop de perfection est une erreur » disait – en espagnol et en 1970 – Alejandro Jodorowski. Aux Amours jaunes, j’ai acheté le fort volume des poésies complètes de Jean Sénac (où se trouvent quelques scories mais beaucoup de pépites).

Tout est sec dans ce désert, on vous l’avait dit : pas d’ambages. (Les g, les j, et aussi les z en cursive manuscrite pleuvent.) La frénésie christique du Mexique cinématographique (et non du cinéma mexicain) est aussi l’un des thèmes de Mantra (de Rodrigo Fresan). Justement, à ce moment même, la naine déroule le parchemin.

Trop d’erreurs parfaites...

22:11 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma, écriture, Littérature, Poésie

mercredi, 17 octobre 2007

Rue du Chaudron

    Comme il avait failli, un matin, mourir d’épuisement en remontant la rue du Chaudron, ne humant pas le moindre cri de gabarier sur ces parages, il se forçait à passer systématiquement par la rue du Chaudron, même si ses pas ne devaient pas l’y conduire et même si cela représentait un détour d’une demi-heure. Il s’était donc, petit à petit, métamorphosé en une créature toujours ambulante, qui avait vendu sa voiture, sa bicyclette, et cessé même de sortir de sa ville, à l’exception de quelques virées en train jusqu’à des villes dont il avait découvert qu’elles possédaient, elles aussi, une rue du Chaudron. Toutefois, ces rues s’avéraient toujours d’une platitude consternante : toujours horizontales, ou à peine pentues, sans rapport avec le raidillon monumental de sa rue du Chaudron. Il voyageait, voyait des pays, notait tout, soignait ses rhumes par une boulimie de marches forcées qui incluaient toujours, peu ou prou, des passages divers par le belvédère de Sainte-Radegonde et la rue du Chaudron, où il avait failli, un matin, mourir d’épuisement.

15:55 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne, Littérature

dimanche, 07 octobre 2007

Vent du sarcasme (version 721/869)

    Je me faufile en rasant les murs, je combine dans les coulisses. Mec t’es trop taré, dixit L. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé contre l’avoine et les mèches pleines d’éclaboussures de lait. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service, à faire crisser la gratte. Ce n’est qu’après avoir déplacé le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de ghee. La question allait de soi, pensa l’inspecteur. Je me faufile en rasant les murs, je guette et regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants, de dix ans pas plus, qui se roulent, très professionnellement, un joint. À l’arrière, je reprends pile où je m’étais arrêté : je me faufile en rasant les murs, je combine dans les coulisses où deux vieillards, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés, se roulent une pelle.

19:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, Rock, Cinéma, écriture

jeudi, 30 août 2007

(ni d’un flic)

    Devant la tournure fraîche du temps, les brochettes de cœurs de canard sur le barbecue ont vite cédé la place à la lamproie à la bordelaise, dans la grande salle à manger. Après une bataille de brindilles, sur le petit chemin ombragé par les figuiers de septembre, un gros saint-bernard menaçant les a suivis, pour les dissuader de trop s’approcher du portail de la maison. Les prunes ramassées à l’aide de balais à gazon sont allées, pour certaines, s’écraser sur le tarmac de la route départementale, où toujours passent les voitures à beaucoup plus de 50 à l’heure mais où l’on n’a jamais vu l’ombre de la queue d’un radar (ni d’un flic).

Le soir, le chèvrefeuille embaume, ici comme dans Wells Fargo peuplé de sons extraordinaires.

 

[21 juillet.

(Décidément, les samedi furent prolifiques. Par ailleurs, je me rends compte que 21.7 = 127 mots = 721.)]

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mercredi, 06 juin 2007

Splitting hairs

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    Que l'orangé au jaune aussi se mêle, une fois pour toutes, sur le port désarmé, pas délabré mais où les ombres des bateaux se perdent, noires ou fuligineuses, sous un ciel à la façon des fruits, à la semblance des soirées silencieuses, sous des cieux couleur de neige sang, dans le grand vacuum farouche et fringant de ces harmonies célestes, alors que, d'une manière ou d'une autre, le rouge, lui aussi farouche, n'était là que par intermittence, par impressions, clignements d'yeux impromptus, à se perdre dans le bleu-vert, l'eau glauque admirablement métallique où, une dernière fois, les silhouettes crépusculaires des bateaux de plaisance nous invitaient pour une partie de campagne, la nuit       sous les étoiles.

 

 

Copyright de l'image : Emasplit.

Text by MuMM, as usual.

07:34 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, écriture

jeudi, 08 mars 2007

Leurs visages au large

    Dans ce livre terrible, le marque-pages est une photographie représentant ma compagne – qui fait un large sourire, proche du rire – et mon fils, alors âgé de deux ans, un sourire doux aux lèvres, les yeux tendrement fixés sur le photographe. Ils sont assis sur le vieux canapé vert déjà défoncé. Comme je lis le livre après ma compagne, je me dis qu’elles ont vu passer (les figures de la photo) les divers cataclysmes de cette situation romanesque accablante. Un bref instant, je suis inquiet en me rappelant que je compte ensuite prêter le livre à ma mère, et que jamais leurs yeux ne supporteront de vivre quelques jours de plus dans ces pages terribles. Puis je finis par me ressaisir, écris ce texte, me sers du thé.

08:45 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : Littérature

dimanche, 11 février 2007

Ciel clins coupés

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    On tarde un peu à voir, dans cette vue du ciel, les arceaux (clins, cils froncés, empreintes de cerfs dans la terre bleue peut-être) qui traversent l'azur, et traversent l'image de biais, à la parallèle des nuages effilochés, comme des parenthèses de brume qui seraient nées en bas à gauche, vol de grues dont la queue - sur la fin du thermique trop tôt abandonné - figure presque en haut, tout à droite. C'est que (est-ce la vitre sale) j'avais posé, conduisant, l'appareil photographique allumé, objectif vers le haut, dans le vide-poches qui occupe le milieu du tableau de bord, et que me prit (sait-on pourquoi) le caprice d'appuyer sur le déclencheur, à un feu rouge. Ciel bleu, nuées, parenthèses alors que j'attendais quelques bouts de bagnole.

18:35 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Photographie, Littérature, écriture

samedi, 10 février 2007

Nu ?

    Les cercles forment des cercles forment des cercles forment des cercles des cercles forment encore des cercles et ainsi à l'infini. Hier, vers cinq heures, allongé, les yeux ouverts, je contemplais le masque béti aux yeux fermés aux longs yeux allongés, au front bombé yeux effilés, et je le comparais à la verdure à l'escalier aux scènes du jardin, aux bâtons de commandement alignés contre la haie de thuyas, les yeux ouverts allongé je le contemplais, la coiffure stylisée comme un rapace qui s'éloigne à lentes planées, et l'oiseau s'éloignant au sourire mystérieux doux serein apaisé apaisant je le contemplais et le comparais maintenant les yeux fermés. Alors, les cercles formèrent des cercles forment des cercles formaient des cercles forment formeront des cercles, et ainsi à l'infini.

09:40 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Littérature, Art, Poésie

lundi, 01 janvier 2007

Vol d’aronde

    Des oronges à seize euros le kilo, un rêve. Charles Chaplin mange un citron, tout aussi facétieusement procède au montage. Je plaçai ma caméra au haut de la colline, sans dispositif de travelling ni autre, de sorte que les acteurs fussent obligés de se plier à mes ordres quant à leurs déplacements. Cela donnait à leurs mouvements une allure raide, qui était ce que je recherchais. Le tournage dura deux heures, pour douze minutes de film ; je finis par en couper près de la moitié au montage, et la scène reste l’une des plus célèbres, par ces années-là. Après le tournage, toujours je le voyais peler une orange, la découper en six quartiers et la manger mi-goulûment et aussi avec une grande componction dans les gestes. Rêve.

 

(Liens ajoutés le 11.01.2007.)

06:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Littérature, écriture

dimanche, 31 décembre 2006

V

    Dans une fabrique d’édredons. Vêtu de rouge, avec le ciel vêtu de bleu et, dans la boîte grise, les missives vêtues de blanc, la neige vêtue de vert, elle qui laisse voir, vêtue, revêtue, foutue et refoutue encore et encore, des tiges qui s’échappent encore et encore, vêtu de rouge je vois ces signes d’une grande âpreté, tandis que je m’interroge, et qu’encore et encore les aigrettes suivent les lignes du champ ponctué d’autant de tiges, encore et encore vêtu de rouge je suis du doigt la ligne de l’horizon vêtu de bleu, dans une fabrique d’édredons où, ligne à ligne vêtue de noir, je persiste à écorcher le clavier et à écrire frabrique, comme si l’arbre dévêtu de son vert, l’orbe de ce monde dénudé, rien ne me voyait vêtu de rouge, arbre émondé, silhouette étêtée et Gascon entêté à observer entre les silos la progression des aigrettes vêtues de blanc. Têtu toujours dans la fabrique. D’un trio sûr suivant son piano vêtu de noir, Ran danse The Saint Vitus Dance.

12:12 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Jazz, écriture

samedi, 30 décembre 2006

Qu’elle est loin, la terre

    Le distique, déjà on l’entend une bonne trentaine de fois, semble-t-il, en n’écoutant la chanson qu’une fois. Il se love sous les larves. Où l’entendre, finir circonflexes.

19:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Chanson française

dimanche, 24 décembre 2006

Op. 76

23 décembre. 11 h 40.

    Coincé dans le gel, j’écoute les Pièces pour piano op. 76 de Brahms (dans l’intégrale enregistrée par Idil Biret entre 1990 et 1997). Peu à peu reprendre pied dans l’écriture, abandonnée presque une quinzaine, et peut-être dans les traductions de poèmes, délaissées plus de huit jours. Un soleil pâle perce à travers la brume, puis les glissandi s’apaisent. Vais-je m’endimancher d’inquiétude, en ce premier samedi où je peux, enfin, glaner quelque repos ? (Nous devions être sur la route, ou, à cette heure, dans le salon de la maison de mes grands-parents paternels, à Saintes. Si je songe aux familles, aux destinées familiales, il y aurait aussi à signaler les 51 ans de ma tante, la sœur de ma mère, que je ne vois plus qu’une fois l’an.)

23:50 Publié dans 721, Aujourd'hier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature, Ligérienne

vendredi, 08 décembre 2006

Journées parisiennes, 4

30 novembre. 7 h 15.

    Rue des Tanneries, toujours. Je ferais bien de boire mon thé fissa, et de partir en quête de l’arrêt Tolbiac-Glacière du bus 62 (qui doit me conduire directement du côté de la Chapelle)… plutôt que d’écrire ici ce que je dois faire ! medium_Paris_024.jpgMal dormi, ou pas assez, recroquevillé sur le petit canapé. Comme je ne voulais pas me surcharger de bagages, je n’ai fait suivre qu’un « sac à viande », ayant aussi la flemme de défaire le lit, où sont les draps de mon hôte, pour en mettre d’autres.

(C’était prétend que l’expression « sac à viande » est propre à ma famille, ou, dans tous les cas, à un nombre très restreint de gens. Il faudra que je vérifie.)

Allons, en route pour la Chapelle !

19:19 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Photographie, écriture

lundi, 20 novembre 2006

Vitraux, version 721/864

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    Elle est moins nette, ici, la collégiale Saint-Ours. Reconnaissez l’une des deux tours hautes, et encore à peine.

Oui, nous peinons à les reconnaître. Est-ce notre affaire, d’ailleurs ?

Le Lochois n’est que rails rouillés. Charles VII s’en bat le blason sur le bord du vitrail. C’est tout dire. (Que l’on tire au cordeau des mots qui auraient pu sortir au forceps, cela est étonnant.)

Parlez donc aux freux, qu’ils avouent ce qu’ils faisaient dans un champ de ruines (c’était ce rêve comme crayonné). Ils s’envolent en lourdes traînées, avec leurs ailes somptueuses qui me ramènent à l’époque où j’étais le roi.

Ce sont les reflets du temps qui passe, voilà tout. J’ai bien failli écrire cartonné ou encore couronné. Ce sont les grues – certaines tout au moins – qui sont couronnées. Le cartonnage, c’est encore autre chose ; un mot qui ressuscite un jeune homme mort.

19:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ligérienne, Photographie, Poésie

samedi, 18 novembre 2006

Gérard :: Allada :: Gavarry

    Cela fait si longtemps (plusieurs semaines, plus d’un mois) que je laisse en suspens, que je remets au lendemain la rédaction d’un petit billet sur le curieux roman de Gérard Gavarry (Allada. P.O.L. : 1993), cela fait si longtemps qu’une réticence ou que le mimétisme, toujours pernicieux, des rois fainéants, me retient d’écrire cette recension, que je ne sais plus vraiment ce que je voulais en écrire. (À part qu’il faudrait citer in extenso les pages 100 à 103, aussi un beau sujet idéal de thème (déformation professionnelle)).

Allons de l’avant, et, un oubli fâcheux, laissons Allada à ses limbes. (Au moins, par rapport à l’époque où je ne tenais pas de tels carnets, reste-t-il une trace, passée au peigne fin, de ce récit coiffé sur le poteau.)

12:12 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

lundi, 13 novembre 2006

Chiens de Langeais (version 871/1042)

    Ai-je déjà écrit que le trombone était, pour le jazz, l’un de mes instruments préférés ?

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C’est sans doute pour cette seule raison que je me plais à imaginer tous ces chiens bruns ou blancs, gueule fermée, et dont parfois certains même ont l’oeil si bleu près de fleurs écarlates qu’extirpant de mon manteau anthracite un trombone en piteux état, je commence à en jouer, ce qui ne manque pas d’alerter des surveillants choqués. Comme je reçois leurs réprimandes, et vu que j’ai une bonne tronche, ils n’engagent pas de poursuite. Pas de course folle à travers le château, car j’ai autre chose à faire que me payer la fiole d’honorables fonctionnaires. Les chiens boivent, la caravane s’enlise.

Alors, j’imagine encore d’autres chiens, au collier bleu impeccablement ponctué d’ocre, la langue rose pâle, l’oreille aplatie et la queue basse. C’est à peine si, d’un écart intérieur qui me vaudra l’escalot, je parviens à esquiver la roulotte qui me fonçait dessus, avec la mère d’Aurélie Lenfant, sa seule dent pointue affolée comme un gouvernail.

14:45 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne

jeudi, 09 novembre 2006

7 Kap

    Vous menez le bal rondement, dites-moi.medium_Kaki_12.jpg

(Tout de même, si je veux écrire ce soir un texte de 703 mots, il va falloir que la petite histoire y mette du sien. Bah, nous verrons bien.)

Toujours est-il, disais-je à Fire, que de la vitre de l’officine naguère dévouée au piercing et désormais rebaptisée Lord Sandwich, on pourrait aisément, discrètement, photographier la plupart des collègues, ou des étudiants, ou des inconnus, qui déambulent d’un pas empressé.

Fire, elle, m’apprend que, grâce à moi (pourtant, MuMM est un autre), elle mange enfin les kakis proprement.                  Comme je m’étonne, car ma manière est épouvantablement insortable, elle me décrit sa façon de déguster ce fruit, qui est rien moins que débectante et que je tairai pour ne pas lui faire honte.

22:00 Publié dans 721, Kyrielles de Kaprekar | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature

mercredi, 25 octobre 2006

Sept réponses à Patricia

    Mon laptop est mon seul clavicorde.

"Un vrai blog sympa", cela ne doit pas exister, je pense : seule une personne peut être considérée comme sympathique, ou non. Un site n'est jamais identique à son auteur, donc un site, même très personnel, ne peut pas être "sympa". (Une jupe ou un chandail non plus, incidemment.)

La nuit, très originalement, je dors. Comme je ne vis pas en appartement, et comme je ne suis ni le seul amateur d'opéra ni le seul professeur de France, je vous suggère de laisser tomber (comme on dit vulgairement) cette piste. 

# 713 : cela signifie-t-il que j'ai déjà écrit 712 poèmes intitulés Solitude ? Je vous laisse juge.

Imat ol sherderbok : oui, je ne peux que chaudement recommander de découvrir ce merveilleux chanteur qu'est Julien Jacob.

Oui, j'aime Shakespeare, un sommet incontournable, un himalaya du Verbe, mais je ne pensais pas ici (consciemment) à sa célèbre formule : "The world's a stage".

Enfin, merci beaucoup de vos lectures, et notamment de ce gentil commentaire inspiré de mon récent poème.

09:59 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature

lundi, 23 octobre 2006

Addendum à « Samedisques »

    Trois albums achetés ce samedi ont été oubliés dans ma précédente note : le premier disque d'une jeune chanteuse, Bless (que, finalement, je n'aime pas tellement) ; les Concertos (ou Concerti) pour clarinettes de Franz Krommer (compositeur injustement méconnu du début du dix-neuvième siècle) ; enfin, un disque de chants grégoriens intitulé Vir Dei Benedictus (Choralschola der Benedektinerabtei, direction Godehard Joppich), et curieusement publié par la branche allemande du label Harmonia Mundi dans la collection Baroque Esprit (comme quoi même les baroqueux ne savent pas ce qu'est le baroque, ce terme étant désormais employé pour toute forme de musique jouée selon des critères d'interprétation "authentiques", c'est-à-dire dans un souci de fidélité à l'original (mais quand même, les chants grégoriens baroques, je n'aurais pas osé!!!).

À suivre : livres du samedi.

17:35 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 15 octobre 2006

M.S. MuMM

Dans Moon Palace, le narrateur, Marco Stanley Fogg (aussi appelé M.S.), se débarrasse progressivement, afin de subsister, de l'héritage de son oncle, soit 1492 livres répartis dans 76 caisses. (Je n'ai aucun mérite à me rappeler ces nombres, vu que, comme sur le versant onomastique, Paul Auster n'est pas très subtil dans la symbolique : 1776 est l'année de l'indépendance des Etats-Unis et 1492 marque la "découverte" du continent par les Européens).

Passant près d'un carton de vieux livres de poche que je compte vendre, et qui se trouve à la salle de jeux (ou deuxième chambre d'amis), au rez-de-chaussée, je m'imaginais qu'il serait possible de se défaire de tout livre après en avoir cité une phrase, ou exploré un mot, dans un billet publié dans ces carnets.

12:30 Publié dans 721, Fièvre de nombres, MAS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature

lundi, 18 septembre 2006

Hiver manne

    Tout en travaillant à corriger les épreuves des articles de la revue Commonwealth Essays & Studies (pour le n° 29.1.) – tâche ardue, pointilleuse mais également ingrate et systématique, qui demande de devenir presque aussi machinal que la machine – j’écoute les deux disques de Progression (Brad Mehldau Trio. Art of the Trio, volume 5, 2001), puis m’amuse à comparer cette version de River Man avec celle enregistrée trois ans plus tôt (Songs. Art of the Trio, volume 3, 1998), en fait moins véhémente (ou battante). D’aucuns n’aiment pas la musique de Brad Mehldau, qu’ils jugent romantique attardé ou que sais-je encore. C’est émouvant, pourtant, brûlant surtout, juste, d’une force imparable et tout en douceur. Pas un nuage de lassitude ne vient couvrir ces folies mesurées, cette douceur endiablée.

11:41 Publié dans 721, J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jazz

mardi, 12 septembre 2006

Jardins de Valmer, 5 (version 649/775)

    Chapelet d’andouilles ! Ô, j’ai lieu de louer !

Vous pendez durement, mollement, comme un dais.

Tout est truqué, tout faussé. On s’endort avec vous.

 

(Même si vous dormez, pas un cul n’en a cure. Pas une fesse ne se presse contre vos courbes dures. Pas besoin de vous faire un dessin, hein ? Vous me comprenez à mi-mot, saloperie d’andouilles !)

Andouilleries de curcurbites, courbées sous le poids des ânées, vous pouvez braire, ou vous taire. On ne vous mènera pas, biches, jusqu’au cerf. Pas braire ni bramer ! À quatre vous pendez.

Sous vous poussa la mandragore.

 

Mais enfin, je m’énerve, et vous restez là, grosses, molles et dures, lourdes et terrifiantes. À quels supplices vous a voué le dieu qu’on dit bienveillant ? Sept tortures renaissent, comme un flambeau caparaçonné.

16:20 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 02 septembre 2006

Jardins de Valmer, 1 (version 637/781)

    Dans les jardins du château de Valmer – plutôt que de rêver que je me transforme en l’un de ces insectes de ferraille – mante religieuse ou scarabée cherchant son samsara – ou en l’une de ces cigognes du grand carré potager – ou en serpent se mordant la queue – j’imagine qu’il faudrait tourner ici une nouvelle version – beckettienne peut-être – des Liaisons dangereuses – avec Jean-François Balmer dans le rôle de Valmont – et Rufus dans celui de Merteuil – sans pousser le bouchon, mais à condition de lui faire jouer quelques scènes au bord de la Charente, à Verteuil – surtout que – Cécile ne nous en tienne pas rigueur – il y a – non loin de Chançay, où défile la « pergola des cucurbitacées » – le château de Jallanges (vol plané) – où les cigognes pleurent Pascal Greggory.

19:20 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 31 août 2006

Reprendre

    Après quelques galops d’essai, sur ces derniers jours d’août, il faut reprendre le cours d’une écriture mieux organisée. Il faudra notamment reprendre les bribes écrites en juillet, notamment les Croquis de Corrèze, pas très diserts mais qui peuvent mériter d’illustrer quelques images.

Curieux comme les habitudes s’installent : m’installant ce matin à une place différente de celle que j’occupe d’ordinaire à la table du salon (achetée il y a moins d’un an pourtant), et ce pour avoir plus de place, je m’y trouve mal à l’aise, et même – c’est un comble – à l’étroit. Des baffles s’échappent les notes langoureuses et mélancoliques de Song-Song, le premier morceau de The Art of the Trio, vol. 3. Brad Mehldau a sorti cet été, vers notre visite aux buffles des barthes de l’Adour, un nouvel album en trio, mais avec un nouveau batteur, je crois.

Aujourd’hui, j’ai appris la mort de Naguib Mahfouz, dont la trilogie m’avait beaucoup marqué, circa 1997. Son ombre plane sur les pages qu’il me reste à corriger, de la traduction de Links.

09:17 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 juillet 2006

Croix et bannière

    Pas moyen de rafraîchir vraiment, durablement la maison, ni même de l’aérer en fait, car les appareils électriques (ordinateurs, chaîne stéréo) et la sueur humaine rendent tout essai vain, dans la durée, mais aussi : pas moyen de supprimer le petit grigri laid et gris en dessous de la nouvelle bannière. Simon

[qu’il soit ici fÉlicitÉ de sa superbe Mention Bien au baccalaurÉat, dont il est digne]

avait raison : ça prend dix minutes de préparer et de mettre en ligne une bannière, mais je ne compte pas les essais infructueux pour bidouiller la feuille de styles et tenter de faire disparaître ce Musicien masque de mots gris, décalé, superfétatoire et redondant (et qui ont plutôt duré, à eux seuls, un quart d’heure, ce matin, entre six et sept).

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jeudi, 01 juin 2006

Fonte

    Deux détails du quotidien auront marqué cette fin du mois de mai : le froid, glacial pour la saison, et une fâcheuse tendance à me réveiller très tôt (quatre heures du matin, je dirais, et j'ai fini par me lever à six, de guerre lasse). Pour ce qui est du froid, je me suis étonné, en relisant quelques-unes de mes phrases réagencées par Fuligineuse, de constater qu'un lundi d'avril (et même du début du mois), j'avais pu boire, rue Nationale, un demi en terrasse et en bras de chemise.

Rien ne m'ennuie plus, a priori, que la passion contemporaine, toute de vacuité, pour la météo, mais je dois noter ici qu'il a fallu rallumer le chauffage hier, 31 mai, au moins pour le pousser un peu le matin. À six heures, il faisait à peine 17° dans la maison, et, comme il ne fait pas chaud dans la journée, ça ne monte pas, sinon. Le chauffage début juin ! (Je dirais que d'ordinaire nous le coupons définitivement vers le 10 mai, au plus tard.)

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mercredi, 10 mai 2006

Âme noire

    Immédiatement après que j'eus écrit (et publié dans la foulée) la note relative à notre promenade de ce matin au Jardin botanique, une mélancolie atroce me saisit, me pétrifia, et je ne pus plus envisager de me mettre au travail. J'enfilai le blouson rouge que je traîne par passades depuis 1992, et marchai jusqu'au salon de coiffure où je cueillis, au vol, fils et compagne, afin de les accompagner à la médiathèque de La Riche.

D'ordinaire, pourtant, l'écriture a sur moi un effet euphorisant, et m'incite à plus d'efforts. D'ailleurs, cette promenade était très joyeuse, et le texte que je lui ai consacré est surtout hantée par les ombres de l'ours mort et de sa veuve affligée.

À présent, le trio pour piano KV 496 m'apaise et m'attriste.

17:17 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

mardi, 02 mai 2006

Pinturrichio pour prétexte

Lundi, trois heures dix.

 

    Le texte qui vient d'être écrit puis immédiatement publié devait signaler qu'on ne trouvait, sur le Web, presque aucune reproduction de toiles de Pinturrichio. C'est étonnant, et pique d'autant la curiosité.

Voilà qui est dit, puisque c'est cela qui devait s'écrire.

Ce texte, aussi, signe le commencement d'une nouvelle rubrique, dont le titre me trottait dans la tête depuis belle lurette. Je ne sais pas précisément (pour le moment) quels seront les points communs entre les billets qui y figureront, mais la musique et le bricolage doivent y prendre leur part (du lion ?). Si j'ai créé, avec Confins du monde, cette catégorie, c'est que le texte "n'entrait" dans aucune autre, et que je ne voulais pas me livrer, sur lui, à de procustéennes manoeuvres.

(On s'en fout !)

07:31 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 28 avril 2006

Kyrie eleison

    Féline, Simone de Beauvoir doit-elle son nom à la petite ville de Beauvoir-sur-Mer, en Vendée ? Ni les guides consultés ni les dictionnaires n’apportent de réponse. Il faudrait surfer sur la toile, mais je préfère, pour ma part, admirer la Vierge à l’enfant peinte par Jacopo Bellini en 1448 (bouille parfaitement sphérique de l’enfant Jésus, incrustée dans sa couronne, et “beaux yeux toujours baissés” de la Madone) ou la Transfiguration de son fils Giovanni (Naples, 1484), avec ses nuages verdâtres et son bouvier inattentif. Speaking of Jesus and of places, sait-on que Vincenzo Bellini, qui n’a pas de rapport familial connu (que je sache) avec la dynastie des grands peintres vénitiens du Quattrocento, est mort à Puteaux, à l’âge de trente-trois ans ? Peu importe : je déteste la Norma.

15:27 Publié dans 721, Kyrielles de Kaprekar | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 27 avril 2006

Nous, vagabonds

    Nous vagabondons toujours près de mondes dévergondés, près de portes dont les gonds sautent devant nos yeux, ou rouilleront lentement. Je lis Wittgenstein’s Mistress, qui m’impressionne. Ce matin, comme je me lassais de l’itinéraire habituel, nous sommes allés de Cagnotte à Hagetmau en passant par Mimbaste, mais surtout par la route de Gaujacq (dont je voulais montrer, à mon fils, le château construit selon le plan d’une villa romaine par je ne sais plus quel lieutenant de Louis XIV (il a l’air ouvert, & peut-être le visiterons-nous demain si la pluie persiste)) et de Brassempouy (que mon fils a reconnu, grâce à la reproduction de la Dame sur le toit du musée, puis grâce au clocher en point de mire au bout de la rue). J’ai écouté, hier soir, & deux fois en entier, le dernier album de Manset, Obok, que je venais d’acheter à Dax. Nous périrons de blessures discrètes, vagabonds prudes ou roides que le monde emporte dans sa course, pores de la peau offerts aux quatre vents, visages serrés.

13:38 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

mardi, 18 avril 2006

Inouï

    Certaines fois, il suffirait de recopier la phrase unique du dictionnaire, comme pour Giacomo Inaudi :

Berger dans le Piémont puis montreur de marmottes dans les foires, il développa une exceptionnelle rapidité de calcul mental qu’il utilisa à partir de 1880 sur les scènes internationales de music-hall, non sans étonner les membres de l’Académie des sciences de Paris qui l’invitèrent en 1892.

 

Sur la photographie qui le représente (et qui est attribuée à Harlingue-Viollet (n’est-ce pas le nom de l’agence ?)), Inaudi, en complet veston, arborant fièrement sa moustache, se tient devant un tableau noir, où l’on peut voir inscrits des fragments de nombres (86, 65). Sa main droite est posée devant lui, sur un bureau ; il tient sa main gauche collée contre l’oreille. Est-ce un geste de concentration, volonté de se replier, s’isoler du bruit extérieur pour mieux compter ? Ce geste m’évoque aussitôt le patronyme du calculateur, qui semble être une version tronquée de l’adjectif inaudible.

Né en 1867 à Roccabruna, Inaudi mourut à Champigny-sur-Marne en 1950. Qui se souvient de lui ?

00:30 Publié dans 721, Fièvre de nombres | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 avril 2006

Black Sunlight

    Pour la première fois, depuis bientôt quatre ans que je hante la bibliothèque d'anglais (dont le fond en accès libre propose tout de même plusieurs dizaines de milliers d'ouvrages), le bibliothécaire m'a fait visiter les magasins, qui recèlent de belles collections, quelques raretés, et aussi quelques énormes piles de magazines anciens.

Ayant avisé un exemplaire de Black Sunlight (livre introuvable et chef-d'oeuvre) de Dambudzo Marechera, et un roman de Cyprian Ekwensi (Jagua Nana, dont je n'ai pas grand bien à dire...), je lui ai demandé s'il était possible de les ajouter aux rayonnages en accès libre, la partie "africaine" étant, de toute manière, réduite à la portion congrue. Il s'est gentiment exécuté. Bientôt, je pourrai conseiller à mes étudiants ce texte âpre et brûlant du regretté Dambudzo.

 

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dimanche, 09 avril 2006

Auberge espagnole

    Il suffit que je passe une journée en vadrouille pour trouver, à mon retour, trente nouveaux commentaires. Je vais faire mine de m'en offusquer pour que vous compreniez bien tous à quel point votre fidélité me fait plaisir, m'honore... et combien vos commentaires me font sourire, rire, rêver, me rendent admiratif, etc. Cela s'accouplant à la quatrième des Sonates pour deux flûtes de Telemann, et la journée passe comme un nuage léger.

17:26 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : TRES GRANDE MUSIQUE

mardi, 04 avril 2006

(Légère) déconfiture

    Il fait un temps splendide, et, du coup, de nouveau froid la nuit et au matin. Hier soir, j'ai achevé la lecture de Rannoch Moor, vers une heure du matin ; j'avais nettement ébauché, dans l'après-midi, un "éditorial" pour le site de la Société des Lecteurs de Renaud Camus, mais je viens de découvrir qu'un nouvel éditorial venait d'être publié. Si ce n'est que ce texte, extrait du roman inédit de Jacqueline Voillat, Le Pays achrien, est remarquable, on peut dire que je joue de malchance, car c'est la troisième fois, depuis quatre ans que je fréquente assidûment (et non sans ballottements au gré des flots agités) ce site, que je commence d'écrire un éditorial et je me vois l'herbe coupée sous le pied. Peut-être le publierai-je ici.

08:36 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 02 avril 2006

Visions d’avril, 2

    Folles et commis en tablier parlent russe.

De la fête frénétique asile de fous, la fille hystérique se jette dans le vide. À en attraper la jaunisse.

Je ne comprends pas ce que je vois.

Assis sur le grabat, le spectre oscille au rythme du pendule (sa douleur) ?

Elle, défunte nue, arrive au visage miroir lunaire, sans que l’éclipse totale du jour ne vienne émonder sa face. Je viendrai, bien sûr, je viendrai… Les voix se voilent, l’une à l’autre soustraites, comme si la trouée de lumière suffisait aux âmes pour s’invoquer.

Par l’oubli fermée, dans le cadre se fixe une longue suite de travées, ou de voûtes, ou de trouées de jour, de pourritures aqueuses qui dansent superfinement sur le fil tendu, funambule, de la toile.

21:34 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 27 mars 2006

Une pauvre feuille de laurier égarée

    Où se procurer les lettres écrites par Madame Hanska ? Il y avait tout à l'heure, sur France Musiques, une émission assez intéressante sur la "liaison dangereuse" entre Liszt et elle, où l'on entendait, bien lues, plusieurs lettres ou textes de Madame Hanska. Ce que j'ai pu trouver sur la Toile, c'est que Balzac avait dû brûler les lettres qu'elle lui écrivait, à la demande insistante de l'intéressée, mais ça ne m'avance pas beaucoup, puisque ces lettres, écrites dans un style fort beau, existent (à moins d'imaginer une facétie des auteurs de l'émission (hypothèse improbable)).

À titre d'exemple, je me rappelle qu'évoquant le fait que l'on pardonne plus facilement à un artiste de génie ses immoralités, dont elle avoue avoir ri, elle écrit qu'un artiste est "[comme?] une pauvre feuille de laurier égarée". Voilà une métaphore (ou était-ce une comparaison ?) d'une grande originalité, et très belle.

Ah ! je voulais déjà trouver le temps de lire les Lettres à Madame Hanska. Si je me mets à désirer les lettres de Madame Hanska, où allons-nous ?

21:21 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 26 mars 2006

Visions de printemps, VII

    Six chasseurs l'ont abattu !

Effondré contre la terre, il ne peut voir le possédé et la parfaite jeune fille magique qu'attaquent les six chasseurs. le jeune fille est enlevée prestement, et le garçon si peu berger attaché à tourner la roue du puits. (Ce qui me fait penser à cette inscription curieuse à la base du puits des Compagnons, que mon fils a tout de suite reconnu, en image.)

Le cadavre est enlevé par les paysans. Roue tourne. Mourir au rouge des "bruyères", suivi de lourds nuages laiteux comme des cataplasmes.

Dans la maison bourgeoise, j'ôte ma casquette. La lourde porte de bois en toile de fond, j'ai déjà disparu, pour laisser le riche bourgeois fermier et la jeune dame converser.

Bohême bercée d'opulence blessante.

Belle bibliothèque.

22:13 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

120 + 7 = 712 signes

    Allez savoir pourquoi, le calendrier, qui se trouve dans la colonne de droite et qui est l'un des points de repère les plus habituels de tout blog, indique qu'aucune note ne fut publiée le 6 de ce mois, ni le 18 d'ailleurs, ce qui est rigoureusement faux. Suis-je ainsi puni, par la force d'un arbitraire électronique méconnu, car je prête trop de soin à l'organisation des rubriques "notes récentes" et "commentaires récents", chacune marquée du sceau de ma passion pour les nombres premiers ? Ou est-ce un petit clin d'oeil moqueur, comme je m'enfonce dans la pratique des bonus, qui sont une tentative de pallier l'effritement du temps en saluant la "disparition" de certaines notes ? Peu importe, sans doute.

 

Bo n us

12:27 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 23 mars 2006

Fatrasie du mercredi, 2

    L’exemplaire du Dialogue des morts de Fénelon reçu aujourd’hui date de 1900. Il porte sur sa couverture l’étiquette de la librairie Péricat, 35 rue de la Scellerie à Tours. La page de faux-titre porte un ex libris au crayon de papier ; le propriétaire de ce livre fut, en son temps et si je lis bien, un certain M. Galbrun, qui résidait au 13 rue de Jérusalem. Je me suis envié de ce livre, car je ne l’ai jamais lu ; ma compagne m’a appris que nous en possédions un exemplaire de poche, dans la collection Babel. Première nouvelle. Mais j’apprends aussi, par ce volume, que Boileau, Fontenelle et D’Alembert se sont signalés dans ce genre du dialogue des morts, qui me semble, soudainement, d’un attrait irrésistible. Franchement, par delà les avantages qu’en peuvent tirer la rhétorique ou la philosophie, est-il rien de plus formidable, pour un romancier, que de faire converser Napoléon et Fouquet, ou encore, dans un autre registre, Henry James et Dostoïevski, Ford Madox Ford et Richard Dadd, Roland Barthes et Andreï Biély, etc. ?

09:30 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (2)

samedi, 18 mars 2006

Piquants

    Vendredi 17, 21 h 55

J’ai très mal aux yeux, mais je continue de lire, et je préfère continuer d’écrire, je préfère cet aveuglement, me bousiller les yeux (ce n’est pas très malin, évidemment, et mon ophthalmologue n’en penserait rien de bien), à l’ennui atone qui naîtrait d’une cessation de toute action, oui, je veux lire et écrire, même s’il me serait doux de fermer les yeux. J’ajoute que tous les mots en gras sont écrits ce matin, samedi, et que là, ce sont mes os qui sont endoloris, et nullement mes yeux, je ne cille pas, même immobile et prostré face à l’écran de l’ordinateur, où vont les rêves, où voguent les sèves sans espoir d’un informe cortex (mais qu’est-ce qu’il raconte ???) Qui sème le vent…

22:30 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (1)

mercredi, 08 mars 2006

Où l'auteur, prenant la mouche, se montre catégorique

    Je voudrais faire remarquer que je fus, dès la création de ce carnet, l'instigateur d'une nouvelle "communauté" accueillie par l'hébergeur Haut & Fort, catégorie qui ne s'est pas, pour l'instant, enrichie, mais qui, pour être plus fruste que le gigantesque paquebot de la "littérature", en est, du coup, plus efficace, et - je pense - destinée à devenir, à terme, plus visible. Ces circonlocutions pour dire combien je serais heureux de voir certains des carnets que je lis régulièrement choisir de se rallier à ce panache de la "fiction" (je pense à Tinou ou à Claudine Chollet, mais, bien sûr, cette catégorie n'a pas seulement vocation à accueillir les sites de romans en ligne, mais aussi toute tentative d'autofiction, toute mise au net imaginaire de l'existence vécue).

11:15 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (4)