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mercredi, 19 mars 2008

Station balnéaire transformée en citrouille (version 831/1000)

    Un midi ensoleillé d’hiver, une voiture vert pâle s’arrêta près de l’épicerie. Un homme en descendit. Acheta du magret fumé, du camembert et des pommes. Un recueil de poèmes de Rose Ausländer dépassait de la poche gauche de son blouson.

Une femme et son fils, qui jouait sur le terrain du fronton, le virent se diriger vers le cinéma, longer l’office de tourisme. À la boulangerie où attendaient déjà quatre personnes, il a acheté deux baguettes, puis, après s’être attardé quelques minutes à interroger du regard les affiches décolorées, il est reparti vers sa voiture, l’air songeur, inquiet peut-être. Il n’a pas redémarré tout de suite.

Quelques heures plus tard, on l’a retrouvé pendu à un pin, au bord de l’étang de Sanguinet, près d’une plage – comme les autres – déserte. Il avait mangé, sous forme de sandwiches et en un temps que les légistes ont estimé proche du record, la totalité des aliments qu’il avait achetés à l’épicerie.

On n’a jamais rien su de ces détails, dans son village natal.

Station balnéaire transformée en citrouille (version 1080/1295)

    Un midi ensoleillé d’hiver, la voiture vert pâle s’est arrêtée près de l’épicerie. Un homme en est descendu, qui acheta du magret fumé, du camembert et des pommes avant de demander le chemin de la boulangerie la plus proche. Tandis qu’une femme et son fils jouaient sur le terrain du fronton – l’enfant faisait du vélo et la femme lui courait après pour l’encourager – il s’est dirigé vers le cinéma, a longé l’office de tourisme, tous deux fermés bien sûr. À la boulangerie, où – curieusement tant la petite ville semblait déserte – attendaient déjà trois personnes, il a acheté deux baguettes en profitant d’une promotion, puis, après s’être attardé quelques minutes à interroger du regard les affiches décolorées, les lambeaux de nuages gris, la peinture écarlate du fronton, il est reparti vers sa voiture, l’air songeur, inquiet peut-être. Il n’a pas redémarré tout de suite.

Quelques heures plus tard, on l’a retrouvé pendu à un pin robuste quoique calciné, au bord de l’étang de Sanguinet, dont les flots désespérément bleus baignaient les plages désertes. Il avait mangé, sous forme de sandwiches et en un temps que les légistes ont estimé proche du record, la totalité des aliments qu’il avait achetés ce midi-là à l’épicerie.

On n’a jamais rien su de ces détails, dans son village natal.

 

[Série de textes écrite le 21 février dernier.]

15:22 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : fiction, écriture

vendredi, 29 février 2008

29 fées vrillées

    * Fonte

* Ottomane

* Trara !

* Un peu de lecture

* Coiffes montagneuses de Bath

* Mines minuscules

* Billy Boy (version 301/361)

* Pique, trèfle, ardoise

* 1625 - The Inch Worm

* Michel Butor

 

12:00 Publié dans Clés du sol | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fiction, écriture

jeudi, 28 février 2008

Gare de Facture (version 841/1000)

[ 20.02.2008. ]

 

    Les pluviers et les goélands dansaient dans les nuages. C’était un désert d’opérette.

Ailleurs. Ornette brandit les bannières. Le jour soupèse ses chances, dans le faux petit jour gris, au-dessus du port d’Arcachon. Les plaisanciers ont délaissé les bateaux, qui tanguent comme des fourmis désœuvrées. Les jetées à hauteur d’épaule se mouillent de cette écume inusuelle, tombée du ciel, qui n’a pas la saveur des harmolodiques.

L’espace colporte des cris, des rumeurs lancées contre les coques de bois. Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pétrole – à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune aux paupières lourdes, l’orge s’enfonce dans la brume : à force de se triturer les cornes, de tituber sous les coups de faux de la grisaille, le jour enfin se lève.

Le soleil peine à poindre. Nous aurons d’autres insomnies, le traversin chiffonné de désespoir. Nous verrons d’autres pluviers gravir les nuages, d’autres goélands croiser au large. Le cor d’Ornette fait taire même les mouettes.

16:30 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, jazz, écriture

Gare de Facture (version 1089/1295)

    Les gravelots et les goélands dansaient dans les nuages, à moins qu’on ne crût les voir nager à la surface des vaguelettes, dans la rade. De toute manière, peu importait, c’était un orage d’opérette.

Ornette brandit les bannières, l’orage de tomber en miettes. Le jour soupèse ses chances, dans le faux petit jour gris, au-dessus du port d’Arcachon. Les plaisanciers ont délaissé leurs bateaux, qui tanguent comme des fourmis désœuvrées, malades peut-être. Les jetées à hauteur d’épaule se mouillent de cette écume inusuelle, tombée du ciel, et sans la saveur des envolées harmolodiques.

L’espace constitué de milliers de minces points blancs colporte des cris, des rumeurs lancées contre les coques de bois. Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole – à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune aux paupières lourdes, le seigle s’envole en feuilles de brume, puisque le jour enfin se lève, à force de se triturer les cornes, de tituber sous les coups de faux de la grisaille.

Un envol lave l’air. Le soleil peine à poindre. Nous aurons d’autres insomnies, d’autres nuits à pleurer les embrassades, le traversin chiffonné de désespoir. Nous verrons d’autres gravelots griser les nuages, d’autres goélands croiser au large. Le cor d’Ornette fait taire même les mouettes.

Gare de Facture (version 318/381)

20.02.2008., toujours ]

 

Le bassin d'Arcachon, & port de pêche

    Ornette brandit les oriflammes, l’orage de tomber en miettes. Le jour soupèse Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé ; l’anarchie règne ; seul un quartier a gardé une part de splendeur harmolodique. Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole – à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune aux paupières lourdes, le seigle s’envole en feuilles d’écume.

mercredi, 27 février 2008

Gare de Facture (version 410/500)

    Ornette brandit les oriflammes, et l’orage tombe en miettes, cendres pour branches.

Le jour se lève sur             Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé, bien sûr ; l’anarchie règne dans la station balnéaire ; seul un quartier, ou deux, a gardé une part des tonalités harmolodiques.

Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel benzène dorment d’un sommeil tardif, à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune qui luit aux paupières lourdes. Le seigle s’envole en feuilles de papier d’écume.

23:23 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fiction, écriture

Gare de Facture (version 419/497)

    Ornette brandit les oriflammes, et l’orage tombe en miettes.

Le jour se lève sur Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé, bien sûr ; l’anarchie règne dans la station balnéaire ; seuls quelques quartiers – quelques rues – ont gardé une part de leurs belles tonalités harmolodiques.

Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole dorment d’un sommeil tardif, à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune fulgurante aux paupières. Le seigle s’envole en miettes de papier d’écume.

Le bassin d'Arcachon, & port de pêche

Gare de Facture (version 458/547)

[ 20.02.2008., comme tous les textes de cette série ]

 

    Ornette bande ses anches. The Ark : l’arche. On brandit des étendards, l’orage tombe en miettes.

Ailleurs. Le jour se lève sur le port d’Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé, bien sûr ; l’anarchie règne dans la station balnéaire ; seuls quelques quartiers – quelques rues – ont gardé une part de leur harmonie.

Voici que les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole dorment encore d’un sommeil tardif, à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune fulgurante aux paupières. Le seigle s’envole en miettes de papier d’écume.

Gare de Facture (version 582/695)

    21 décembre 1962. New York. Ornette bande ses anches. The Ark : l’arche. Noël vient toujours après Noé, d’autant que l’averse gronde. L’orage tombe en miettes.

19 février 2008. Le jour se lève sur le port d’Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé, bien sûr ; l’anarchie règne dans la station balnéaire où Liszt et Manet passaient leurs fugues ; seuls quelques quartiers – quelques rues – ont gardé une part de leur harmonie.

Voici que les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole dorment encore d’un sommeil tardif, à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune, bleue de lune, fulgurante aux paupières. Le seigle s’envole en arpèges, papier d’écume pour d’autres factures.

 

Le bassin d'Arcachon, & port de pêche

Fonte

[ 14.02.2008. ]

    Dans l’âtre sifflent les bûches ; bien sûr, il en est toujours ainsi. Le sifflement même désigne la chaleur de l’hiver, évoque les gros romans riches en rebondissements lus lors des veillées, le cliquetis des pincettes et l’odeur de cendre chaude des tisonniers. Même les vieilles paysannes qui ramassent les fagots et les lient n’ont rien de pareil, pour les images d’Epinal. Alors, les bûches sifflent désespérément dans l’âtre, sur la plaque de fonte, face aux jours lunaires.

lundi, 25 février 2008

Billy Boy (version 301/361)

    Ahmad Jamal est-il vraiment l’auteur de Billy Boy ? Si tel est le cas, c’était assez pour assurer le succès des albums live à Chicago.

.........................................................

 

N’y a-t-il pas une version, également instrumentale, de ce même air sur un disque du trio d’Oscar Peterson ? Pour les chansons, c’est toujours la première écoute qui prime... et donc, ici, l’interprétation de Graeme Allwright.

Pique, trèfle, ardoise

    La maison du couvreur-zingueur au nom si commun – Martin, le patronyme le plus courant en France, me suis-je laissé dire (encore que les diverses variantes orthographiques Gautier, Gauthier, Gaultier, Gautié etc. cumulent, paraît-il, plus de citoyens que le simple et uniforme Martin) – est assez belle, et amusante, avec les couleurs des jeux de carte qui ornent la toiture (cœur, carreau, pique, trèfle).

 

"Maison du zingueur", 50, rue du Pas Notre-Dame (détail de la toiture) « Un joueur de congas – le pire de tous, c’est Sam – s’est subrepticement glissé dans le quartette de Coltrane. »

 

Ce qui surtout gâche cette maison sise au 50, rue du Pas Notre-Dame, c’est sa situation, justement : la rue est laide, ordinaire, a plain street, avec panneaux d’affichage publicitaire, résidences hideuses, passages pour piétons. Ses alentours sont au-delà du quelconque : avec un grand jardin, quelques arbres pour la séparer de la rue, elle aurait plus d’allure.

 

« Quand j’étais malade, je passais des heures à faire des mosaïques Ministeck, mais au lit, ça n’est guère commode. »

 

dimanche, 24 février 2008

1625 - The Inch Worm

[ 13.02.2008.*]

 

    Cinq biches qui traversèrent juste avant la maison neuve – la maison m’as-tu-vu de style floridien, avec ses palmiers rabougris, son portail à double blindage – ouvrirent le bal du mercredi avant les premiers gestes ordinaires : courses à la supérette, détour par le boucher, baguette bien cuite et tarte aux pommes chez Niffus, sans oublier le journal dont la vendeuse n’annonce même pas le prix car elle s’imagine qu’on l’achète tous les jours et que les 85 centimes sont déjà prêts.

 

Le soleil finit par se lever, la brume froide évanouie.

 

 

 

[ * comme tous autres publiés ce 24 février ]]]]]

18:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture, Jazz, Landes

Tic-tac

    Elle n’a pas voulu prendre la mouche. Autant dire que, de son côté, il a raté le coche. Après avoir apposé le nombre de croix requis dans les cases prévues à cet effet, nous sommes allés nous promener, voir les quartiers défavorisés de la ville, leurs églises bombardées, puis, de retour à l’hôtel, avons bu de la tequila jusqu’au petit matin. J’ai des diplômes, de nombreux diplômes, mais à quoi bon, si je chôme ? Pour ses emplettes, que ce fût auprès du vieil affineur au sourire en coin ou à l’étal superbement fourni du grand type grisonnant en blouse bleue, il préférait toujours choisir un Langres, un Munster, un Vieux Lille ou un Curé nantais. Sa voix semblait fêlée, signe qu’elle n’avait pas souhaité se fâcher.

samedi, 23 février 2008

Ton chandail à l’étage

[13.02.2008.

    Invitée à la danse des scolopendres, l’écuyère n’a pas mâché ses mots. Dans la vallée de l’Ouche, n’omettez pas de visiter la superbe abbaye de la Ferté-Dieu. La scène la plus drôle de Chat noir, chat blanc est aussi la seule dont je me souvienne. Après cet échec mémorable, que dis-je, ce total râteau, il va bien devoir se rabattre sur la petite Bulgare (qui n’est pas si laide). Tu as dû oublier ton chandail à l’étage.

Tout, moi ça

    Tout moi, ça : avant de quitter mes pénates pour une dizaine de jours, j'avais commencé une exploration plus systématique des quatuors à cordes, mais aussi des quintettes avec instruments à vent de Mozart, avant de pouvoir me lancer (à corps perdu, pensais-je) dans les quatuors à cordes de Beethoven, là encore pour une exploration systématique qui aille au delà de mes habituels et aimés op. 59/3 et op. 131... Or, après avoir entendu une série d'émissions passionnantes consacrées à Liszt, Chopin et Schumann par le pianiste Nelson Goerner, me voici plongé dans l'intégrale Brillant de Chopin, dans laquelle, il faut bien l'avouer, les enregistrements "historiques" des CD 18 à 30 dépassent de cent coudées, pour la plupart, les enregistrements plus récents des CD 1 à 17. Ainsi, à quoi bon les Mazurkas de Cor de Groot si l'on a celles de Rubinstein, qui les feront toujours pâlir d'envie ?

 

Tout moi, ça : au cours de cette dizaine de jours, j'ai écrit quelques textes que je pensais publier dans ces carnets dès mon retour. Or, tout en écoutant la Ballade n° 3 op. 47 par Anatole Kitain (un pianiste dont je pressens qu'il est injustement tombé dans l'oubli), me voici à pianoter, tout à trac, ces quelques gribouillis immédiatement contemporains.

 

Tout moi, ça...

vendredi, 22 février 2008

Hantise hivernale

[ 13.02.2008.

    C’est la première fois – je pense – que je me retrouve à pianoter dans cette cuisine, où j’ai déjà, par le passé, installé l’ordinateur portable afin de montrer des photos à mon fils aîné, pendant son dîner, ou à mon beau-père, qui est mort il y a cinquante-deux semaines et une heure. C’est l’une des premières fois, aussi, que la table de la cuisine n’est pas recouverte d’une toile cirée, puisque la toile jaune, justement, je l’ai installée hier soir à la table du salon, pour le dîner, surtout par flemme de chercher une nappe dans les placards. Le bois clair de la table de la cuisine, avec ses nœuds plus bruns, me renvoie à des périodes hantées. Il est cinq heures et demie du matin, et je me suis tout de même fait chauffer un café, que j’accompagne de quatre « sablés des prés au pavot ».

La semaine prochaine, nous allons faire une petite virée de deux jours à Arcachon et sur le bassin, que je n’ai jamais visités de ma vie. Peut-être passerons-nous quelques heures à Bordeaux, histoire de montrer à notre fils le tramway, la cathédrale, le musée d’Aquitaine, les vieux quartiers, le jardin botanique – et peut-être même, si la nostalgie nous y conduit, le parc Peixotto, à Talence. C’est à Bordeaux, à l’hôpital Bergonié, que mon beau-père est mort il y a cinquante-deux semaines et une heure.

— Pourquoi le parc Peixotto ? me demanderez-vous.

— Pourquoi pas ? vous répondrai-je.

(Je n’arrête pas de tousser et de renifler depuis que je suis levé ; c’est agaçant.)

 

lundi, 11 février 2008

... à pic (version 355/430)

    Il semble que je deviens fou du quatorzième Quatuor à cordes de Beethoven. On fait pire comme folie, et d'autres m'ont précédé, je pense. D'autres (folies) m'ont passé. Je les regrette, pierre à pierre.

Se dire à chaque instant que le sentier se crevasse, c'était sa démence à lui, et il avançait, non à tâtons, mais à franches enjambées, certain à chaque pas de sentir le sol se dérober, d'aller droit à la catastrophe (et à pic).

dimanche, 10 février 2008

Edgardo 1992

    À Talence, un soir, m'étant assoupi alors que je m'étais allongé sur le dessus de lit, vers six ou sept heures, afin de réviser un énième chapitre d'histoire, je me réveillai, vers dix heures du soir, au printemps flamboyant, surpris de m'être ainsi laissé aller. Alors, je me levai, engourdi, dans un état de somnolence semi-brumeuse, me préparai une omelette au roquefort avant de m'asseoir au bout du petit bureau d'appoint, les vastes baies où s'alanguissait la nuit derrière moi, afin d'y taper à la machine.

Et sur-le-champ, éprouvant en même temps un soudain serrement d'angoisse, il comprit qu'il n'avait dormi qu'une heure. Le lendemain était loin, très loin. Entre celui-ci et lui, s'ouvrait, terriblement difficile à traverser, l'immense abîme d'une nuit tout entière, de l'une des plus longues nuits de l'année.

(Giorgio Bassani. Le Héron. III, 5. Traduction de Michel Arnaud. Gallimard, 1967, p. 163.)

 

Tout cela, c'était avant la décision du suicide...

1616 - Edgardo Limentani, en suspens

    À peu de choses près, je sais que je tiens surtout ces carnets pour moi. Tant pis pour la vie, écrit Monsieur Songe. Puis il biffe pis. Reste tant pour la vie.

Ayant ôté son bonnet, il avait froid à la tête. De plus, la proximité du crucifix, de ce noir cadavre enfumé et encloué, l'intimidait.

(Giorgio Bassani. Le Héron. IV, 2. Traduction de Michel Arnaud. Gallimard, 1967, p. 195.)

 

Le coffret funéraire de Ramsès XI, déplacé sous la tente, livre ses secrets. On ne saura pas, finalement, si Edgardo, s'identifiant pleinement au héron, troublé aussi par le tableau savamment composé des animaux empaillés derrière la vitre, se suicide.

Hardimanche

    Il ôta son chapeau et s'avança doucement.

L'oiseau, était-ce un pigeon ou une colombe (elle avait appris qu'il y avait des colombes dans la région), traversa le ciel, sa couleur effacée par le crépuscule.

Derrière, il y avait une grange. Des silhouettes de croque-morts qui sortent d'une maison, une nuit pluvieuse, en portant le cercueil de ce pauvre Monsieur Yipe. Debout sur la place, un prophète levait les bras pour haranguer la foule des mendiants. Tout ça, c'est à cause des péchés de nos mères.

Il avait tiré à pile ou face et il n'était pas question de remettre en cause l'arrêt du destin.

Au début, il m'arrivait de laisser des messages dans la rue.

 

samedi, 09 février 2008

(Tout attendra, alors.)

    Des centaines d'autres projets aventureux me taraudaient l'esprit, mais, comme le corps ne tenait pas le rythme, je me suis simplement retrouvé face au petit tabouret de bois clair, juste avant minuit, à griffonner quelques menues griffures, histoire d'écorcher les peaux mortes du calendrier - de corner, avec l'énergie de l'épuisement désespéré, la page du jour qui s'en va et ne reviendra plus, sauf, qui sait, dans les souvenirs durs, écailleux comme des ongles coupés. (Tout attendra, alors.)

mercredi, 06 février 2008

Narbonne en 1882

    La sirène médiane du premier mercredi pousse son long cri au soleil. Comment réussir à se rappeler qu'il faut quatre s et deux p au nom de Mississippi ? L'impératrice descendit de son trône. Un jour, il photographiait des troncs de frêne ; certaines autres fois, il peignait des faînes. Appuie sur le champignon, ducon ! C'est le jour même où il me demanda de lui emprunter Les Sorcières de Salem qu'il me fut impossible de le faire, car l'exemplaire était déjà pris, et pour deux semaines encore. Quelque commis-voyageur aux mains sales aura mis Henry James de mauvaise humeur.

lundi, 04 février 2008

L'oiseau d'amour...

[griffonné 21.01.2008.]

 

    L'oiseau d'amour réincarné

- Anthony arpège au piano -

Contre le sort s'est acharné,

Inversion et pluie de guano.

 

Lorsque Marty Ehrlich déchaîne

Au chanvre nourris ses éclairs

Veloutés de sons, la rengaine

Vient enfluviasser nos déserts,

 

Comme il pleut zébrures zig-zags

- L'oiseau de feu se perd en trilles -

Gomorrhes et Brobingnags

Que le vent aussi défibrille.

 

dimanche, 20 janvier 2008

Vies parallèles

    Comme un fou je vagabonde. As-tu ajouté cette pointe d'estragon sans laquelle le canard aux olives... Verdâtre, dans les toilettes du Bardo, il avait dégueulé tripes et boyaux. Le film dans lequel nous avons joué, encore adolescents, se nommait Triple éjac dans Brigitte. Depuis, votre femme et vous, vous n'avez plus tourné de film X, à moins que l'on ne compte, dans vos prestations un rien perverses, ce double rôle dans Dostoïevski va à la plage. Les acteurs prennent des libertés avec les pronoms, idiots ou démons.

samedi, 19 janvier 2008

1603 - En quarantaine

Renne&Gorki

Furtifs

Allô

Fautifs

Ronflements

03:00 Publié dans Clés du sol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, écriture

vendredi, 18 janvier 2008

Allô

Comme le cœur bat la chamade, le sommeil a ses bourrasques. Tartarin n’est pas Turlupin, n’en déplaise à Leo. Quoi, passer sous Acrobat c’est pas le Pérou, tu te fous de moi ? La danseuse de corde avait les pieds arqués, de tant de contorsions. Il tombe toujours des hallebardes, aussi dans mes rêves les plus futiles. Dans la gare déserte de cette petite ville allemande pourtant très touristique, nous avions si chaud, et la Mineralwasser à goût d’aspirine désaltérait si peu que tu avais siroté un quart de litre de lait dans une boîte cartonnée. La strip-teaseuse était venue chercher son cachet. Pourquoi, dans Tokyo Eyes, avoir choisi de faire chanter, à l’adolescente japonaise, Lola de Gainsbourg ? La prochaine fois, ras-le-bol, je loue une caisse chez Ada. Offusquée de peu de chose, la comtesse n’abhorrait rien tant que les calembours et les contrepèteries. Bzz, bzz, je suis de la secte d’Épicure.

Fautifs

    Cela commence toujours par les quatre espaces suivies de la lettrine en caractères gras, et il est rare que le maître des lieux ait failli à cet usage routinier. (Un usage routinier, c’est un pléonasme.) Dans une mise en scène de Marivaux que nous avions vue, toi et moi, au printemps 1995, et dont – ah, ma mémoire ! – je ne me rappelle ni les metteurs en scène, ni le titre de la pièce, un personnage muet avait été ajouté : le Génie du lieu. Connaissais-je le grand œuvre de Butor, alors ? J’en doute. (Une mise en scène dont je ne me rappelle pas le titre de la pièce, c’est un bien vilain solécisme.) Toute écriture enfantée au zénith d’un jour nuageux finit par se résoudre en arrachage de cheveux.

15:30 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, écriture