Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 19 mars 2008

Rams/es/ey

    En cherchant dans la Britannica de 1975 de plus amples renseignements sur les différents pharaons du nom de Ramsès (et notamment les II et III), je me suis perdu dans la contemplation (abstraite) des nombres de Ramsey, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Par ailleurs, que le calcul des probabilités puisse reposer sur une subjectivité axomiatisable, cela m’estomaque et m’émerveille. Dans son passionnant livre de vulgarisation arithmétique, David Wells se garde bien d’aborder cette question aussi épineuse que palpitante (ou palpitante because épineuse).

----- Talking of which, je n’ai pas le moindre argument à avancer afin d’expliquer pourquoi je préfère la Musique pour Cordes, Percussion et Célesta de Bartok (Sz. 106) dans la version de Levine, alors que celle de Boulez me laisse de marbre (ou de glace). Ça ne se calcule pas, qui sait.

Le (jeune) chef italien Carlo Tenan, dont on trouve l’interprétation intégrale (mais en quatre vidéos distinctes) sur youTube, a le mérite de proposer une lecture vraiment tranquille, apaisée, de l’Andante tranquillo, un peu inquiet encore dans la version Levine.

Il paraît que Rafael Kubelik mérite le détour, aussi.

 

Cela nous a quelque peu éloigné du théorème de Ramsey, auquel, est-il besoin de le préciser, je ne comprenais à peu près rien…

Alberto : Ongaro :: La ::: Taverne ::: du :: doge : Loredan

[ 21.02.2007.

    Difficile d’imaginer un endroit aussi dévasté.

Peut-être est-ce l’épuisement qui guida la lecture, à des moments tels qu’il ne s’en présentera plus.

Ce roman, paru en Italie en 2004 et en France en 2007, ne s’est jamais trouvé sur le présentoir du libraire, puisque je l’avais commandé à la librairie Campus à la demande de ma mère, ni sur un dessus d’armoire, oublié, empoussiéré. Si la traduction n’a pas l’air mauvaise, la finition éditoriale laisse à désirer : de nombreuses coquilles gâchent ici et là la lecture (nombres au lieu de nombreux, parole au lieu de mot, verbes conjugués erronément au singulier etc.), ce qui est assez fortement ironique, dans la mesure où les éditions Anacharsis sont ce qu’il est convenu d’appeler un « petit éditeur » et où le personnage/lecteur qui figure au centre du dispositif narratif en forme de labyrinthe, Schultz, est un petit éditeur typographe vénitien.

C’est dans l’équilibre parfait entre la complexité narrative post-moderne (jeux de miroir, emboîtements infinis de structures) et le caractère facétieux du ton qu’Alberto Ongaro réussit à merveille, de sorte que, mieux qu’à Calvino dont les mânes sont cependant évoquées vers la fin du roman, c’est à Boulgakov et Potocki que fait songer cette Taverne. Des jeux post-modernes sur la codification narrative, Ongaro n’évite pas tous les écueils, comme la fréquence du recours à la mise en abyme ou aux figures dédoublées (Schultz / Paso Doble ; père / fils ; picaresque anglais / espagnol ; Scarpa / Scarpis etc.).

Allez savoir pourquoi, à un moment donné, dans l’abattement horizontal du five o’clock, ce récit me fit penser à Biyi Bandele-Thomas. Allez savoir si Ongaro n’aurait pas dû ménager, lui-même, quelques chapitres blancs pour que chaque lecteur y ajoute ses ramifications. Allez savoir.

 

Eleven Echoes of Autumn. La flûte alto refuse de répondre aux appels de la clarinette. Le violon refuse de regimber devant les sermons du piano. L’autre soir, je recherchais le nom du prêcheur dont Artaud joue le rôle dans Lucrèce Borgia de Gance : Sardanapale, Héliogabale, Rivarol – tous ces noms masquaient le seul vrai, et je me croyais attrapé entre certaines pages inédites d’Ici de Sarraute. Puis je retrouvai, plusieurs heures plus tard, le nom de Savonarole. N’importe, le moment de la révélation fait partie du récit, comme Alberto Ongaro se dessine lui-même, ultime ombre du roman, à la dernière page, pirouette ou queue de poisson, de sorte qu’il est à se demander si d’autres fins sont possibles, si les romanciers amateurs de labyrinthes narratifs ne renonceront à ces pirouettes finales que le jour où plus aucun lecteur n’en sera surpris, où trop de critiques auront ironisé sur ces sentiers qui s’ouvrent à la voix d’une soprano, sur ces flocons de neige qui tombent et que l’on regarde tomber, sur ces bouquets qui vont à la dérive le long d’une rivière aux mille miroitements.

« Peut-être faudrait-il suivre cette musique qui se déroule dans le disque, en parler de temps en temps, jusqu’à ce que s’exhale la dernière note et que comme un fantôme ducal elle rentre là où elle est ensevelie. Mais La Stravaganza est trop longue, elle dure quelque deux heures et la musique n’accepte pas de devenir parole (du moins en ce lieu) sans risquer de comiques résultats. On suggère donc à qui se ressentirait du fait qu’en ce lieu on ne puisse en réalité écouter une seule note du concerto de Vivaldi, de fredonner de temps en temps le thème ou de mettre le disque sur son propre tourne-disque et de faire du concerto, jusqu’à ce qu’il se termine, la musique de fond de sa lecture. » (p. 160)

 

Au lieu de quoi, bien entendu, le roman fut lu, pour l’essentiel, dans le silence – bancal plus que monacal – de l’insomnie nocturne, j’écris ces lignes en écoutant à présent un album de Kartet (Delbecq et Orti : sons incendiaires incomparables), il n’y avait, de toute façon, pas de Vivaldi dans cette maison, et le seul vinyle double que j’ai emprunté à mes grands-parents pour l’écouter, c’est une version ancienne et crachotante des Pêcheurs de perle, ce qui, loin s’en faut, ne m’approche pas de la lagune de Venise, et moins encore des rivages de la Tamise.

S’il faut clore – qui pis est – ce texte par un inventaire des béances, n’est-il pas surprenant que je n’aie vu aucun des trois films qui sont mentionnés de façon répétée dans le roman : Les Lanciers du Bengale, Masquerade et F for Fake d’Orson Welles ?

 

mardi, 26 février 2008

Trara !

[ 14.02.2008.

    « Il est remarquable que l’un des grands maîtres du trombone, Jack Teagarden, ait joué pendant toute sa carrière – de 1927 à 1964 – dans le même style, qui s’est parfaitement adapté à toutes les esthétiques qu’il a traversées. » Voilà ce qu’écrit Marc Richard dans l’édition 1988 du Dictionnaire du jazz (« Bouquins » Laffont, entrée TROMBONE, p. 1021). À l’entrée TROMBONE A PISTONS, signée par le même Marc Richard, on apprend que Juan Tizol n’improvisait jamais, et que Bob Brookmeyer est le « grand soliste » de l’instrument.

Au demeurant, Marc Richard se contente de mentionner Albert Mangelsdorff en passant, en imaginant que la pleine page consacrée au grand tromboniste allemand dans le Dictionnaire suffit à compenser.

J’ai consulté ces deux entrées après avoir écouté les quatre faces de l’enregistrement du quartette de Gerry Mulligan à la salle Pleyel en 1954, avec Brookmeyer au trombone. Back at home, je sais que j’ai un CD de Brookmeyer en leader, disque que j’aime beaucoup mais dont le titre persiste à ne pas me revenir.

Les pommes de pin pétaradent dans l’âtre.

samedi, 23 février 2008

Tout, moi ça

    Tout moi, ça : avant de quitter mes pénates pour une dizaine de jours, j'avais commencé une exploration plus systématique des quatuors à cordes, mais aussi des quintettes avec instruments à vent de Mozart, avant de pouvoir me lancer (à corps perdu, pensais-je) dans les quatuors à cordes de Beethoven, là encore pour une exploration systématique qui aille au delà de mes habituels et aimés op. 59/3 et op. 131... Or, après avoir entendu une série d'émissions passionnantes consacrées à Liszt, Chopin et Schumann par le pianiste Nelson Goerner, me voici plongé dans l'intégrale Brillant de Chopin, dans laquelle, il faut bien l'avouer, les enregistrements "historiques" des CD 18 à 30 dépassent de cent coudées, pour la plupart, les enregistrements plus récents des CD 1 à 17. Ainsi, à quoi bon les Mazurkas de Cor de Groot si l'on a celles de Rubinstein, qui les feront toujours pâlir d'envie ?

 

Tout moi, ça : au cours de cette dizaine de jours, j'ai écrit quelques textes que je pensais publier dans ces carnets dès mon retour. Or, tout en écoutant la Ballade n° 3 op. 47 par Anatole Kitain (un pianiste dont je pressens qu'il est injustement tombé dans l'oubli), me voici à pianoter, tout à trac, ces quelques gribouillis immédiatement contemporains.

 

Tout moi, ça...

mardi, 05 février 2008

L’Airone Unità nera

    Au premier feu rouge, sur la rue Nationale, j’ai lu les trois premières phrases du Héron. Au feu suivant, juste avant le pont Wilson, quatre phrases entières, et même le début du paragraphe suivant. Sur la table où j’écris sont posés les deux livres achetés aux Amours jaunes sur le coup de midi, deux cartes longilignes « Le Poste Livre » (je n’utilise jamais ces mochetés conventionnelles quand j’expédie des livres à des amis), et une petite assiette ave un kiwi, deux clémentines et une orange.

Le temps de garer la voiture dans la rue, en face de la maison, j’étais parvenu à la « silhouette voûtée et emmitouflée » du concierge, Romeo Manzoli. Avant de déjeuner de fruits, j’ai recommencé à écouter Black Unity, par l’octette de Pharoah Sanders, monument entre les merveilles de l’ère free. Déjà deux écoutes, hier soir et ce matin, et je ne cesse – par delà les riches harmoniques du trio cuivré – d’être stupéfait en suivant la ligne des deux contrebasses.

Ce qui m’a donné envie de réentendre cet album mythique, c’est une conversation que j’ai eue samedi soir avec Jean-Pierre Saint-Lau.

Nous avons évoqué Braxton, dont son fils venait d’acheter For Alto (le classique du Maître), puis Ayler et Sanders, avant que je ne lui fasse – brièvement – écouter l’ouverture de Black Vomit, album cosigné par Braxton et Wolf Eyes. Il se trouve que le titre, Black Vomit, aurait été inspiré, à en croire certaines sources, par un critique qui avait dézingué Black Unity en ces termes : « Mr Sanders may well be fighting for unity, yet his efforts so far have only produced black vomit ».

Voilà ce qui fait que votre fille est muette !

(Et le héron aussi.)

vendredi, 18 janvier 2008

Renne&Gorki

    Ravir l’air aux anges

entre chien et loup

n’être la part d’ombre d’aucune

étoile tombée dans sa course :

 

Kagel peut souffler du verre pilé,

on s’en moque ; on

embrasse encore l’espace – alors, se

ravisant, il

infléchit la course des astres,

nuages d’anges

grandiloquents.

 

mercredi, 09 janvier 2008

Akosh S. Unit ::: Imafa

    Dix ans après sa parution, cet album flambe toujours de la même ardeur. Immense polyinstrumentiste, Akosh Szelevenyi excelle surtout au saxophone – je ne connaissais bien, de lui, jusqu’alors, qu’un disque en solo tout à fait épatant (Aki, 2004). Sans doute des dizaines de critiques musicaux ont-ils aligné, à propos d’Imafa, le même poncif sur la rencontre entre l’esprit du free jazz et la mélopée stridente façon Europe centrale ; n’est-il pas rassurant, après tout, de constater que ce poncif est étonnamment juste ?

Kebelen, Lenne et Vetek ont suivi. Une trilogie (Kebelen, Lenne et Vetek) a suivi. (Et d'autres encore.)

Le premier instrument d’Akosh S. fut le basson. Là encore, c’est l’évidence même.

Pour n’en dire que quelques phrases... « Paprika » : appel distant de l’autre côté de la plaine ; envol fou furieux de l’autour ; hésitations, dans le vent, des graminées. Tout cela, histrions s’abstenir.

 

(Enfin, on n’oubliera pas qu’il a un site Web.)

samedi, 05 janvier 2008

Blute nur, du liebes Herz

    Dans le bleu des yeux, dans le bleu des lacs

Dans la balayure

Insensible aux remords

Insensible aux marées

 

Comme avant, mieux qu’avant, comme autrefois perdu

Tout comme autrefois retrouvé

 

Dans le bleu des pierres, dans le bleu furieux des paupières

Dans la brisure des eaux

Dans la brisure des vagues

Insensibles d’être d’écume

Insensibles d’être froides

Insensibles d’avoir aimé

 

Comme à chaud, comme à brûler

Tout comme autrefois embrasé

 

Dans le bleu des collines et dans le bleu des prés

À fond perdu

De courir

Dans le bleu des prés

Dans le bleu des yeux.

 

20:55 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Musique

vendredi, 30 novembre 2007

Grain décrépit

Place du Marché aux Légumes

    Place du Marché aux enclumes, le cerveau lourd de mille brumes (la brume humide baigne... (comment, déjà, se terminait ce vers ?)), j'ai trimbalé ma carcasse. Pris entre I Fall in Love Too Easily (je suis un vrai coeur d'artichaut) et My Man's Gone Now (mon mec a pris la tangente), puis entre A Sleepin' Bee (Une abeille assoupie) et Blue in Green (Vert-de-bleu), ronronnant je m'endors, comme le félin que je fus (avant). Finies les vieilles embrouilles...

samedi, 24 novembre 2007

La berlue encore

    La première représentation de Roméo et Juliette a lieu le 24 novembre 1839 ; l’œuvre est appréciée par Richard Wagner et les avant-gardistes, mais délaissée par le grand public.

 

(Source : A525G. De toute façon, je n'aime pas beaucoup Berlioz.)

vendredi, 23 novembre 2007

The Art of the Song

    Je n’aime pas la voix de Shirley Horn, et encore moins celle de Bill Henderson. Je n’aime pas beaucoup Rachmaninov, et les transcriptions d’œuvres de Ravel pour des formations mixtes jazz & cordes m’ennuient, comme la longue litanie des sirops Charlie Parker With Strings. Contraint d’avouer que le jeu de Charlie Haden est toujours d’une justesse étonnamment émouvante, je dois dire aussi que tout le projet très crossover (à l’envers) de cet album The Art of the Song me paraît suranné.

Même je suis surpris qu’on puisse encore, en 2000, jouer du sax comme Ernie Watts, c’est-à-dire comme si, justement, Parker, Coltrane, Ornette ou Steve Coleman n’avaient jamais existé. (Invraisemblables, ces dernières secondes de Why Did I Choose You ?... qu’on nous ressorte vieux 78 tours et gramophones, et en avant la zikmu !)

 

Vous me direz, c’est bien le jour où le Projet Gutenberg immortalise, sous forme numérisée (oh, la rose du monde et tout ce qui l'effleure), l’ensemble des bluettes d’Ethel Ma(r)y Dell...

jeudi, 22 novembre 2007

....... gubre gon .......

    Je m’éloigne en pleurant dans la lugubre gondole. Non, je ne pleure pas ; je suis plus vautré qu’allongé. Le désespoir me serre, et je ne sais même pas si le ciel est noir. Une lueur de douleur perce la trame des ténèbres. Lentement, le corps emporté à la dérive, las, je contemple les clapotis sombres où mon reflet n’apparaît pas. On a frappé trois coups secs dans le désert des forêts, au point de chasser l’ombre de l’eau. Ma vie s’en va dans la lugubre gondole.

15:49 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Musique, écriture

Lettres intimes (version 835/1000)

    Leoš s’envole sur la sifflante – ce long plané de busard au loin en maraude – et déclare, pas décontenancé pour deux sous qu’il y eut, en cette époque tout aussi lointaine que le v allongé du busard, Toit avec maints pigeonsdes toux en fond d’orchestre, qui prirent le large, comme avant encore avant, par boiseries débridées tardivement flétries, dans les broussailles, au détour d’un boqueteau, et firent s’enfuir la biche aux abois, au grand regret des veneurs, quoique gibecières et charrettes fussent déjà pesantes du trophée, après la course de la harde, les frustes brames du dix-cors au lieu même de l’embuscade, tant et si bien que le souffle manqua, et que l’on entendit encore et toujours des toux en fond d’orchestre, déclare Leoš, les jambages arqués désormais surmontés d’une flèche (« il est en érection ! » s’exclamaient les catins) et la bouche ouverte d’hébétude de nouveau agrémentée d’une migration d’oies sauvages au loin, comme antan : des dénominations post-futuristes qui ne servent à rien (du tout).

07:00 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, écriture

mercredi, 21 novembre 2007

Lettres intimes (version 612/721)

    Leoš s’envole sur la sifflante et déclare, pas décontenancé pour deux sous     qu’antan des toux en fond d’orchestre prirent le large, comme avant encore avant, par boiseries débridées tardivement flétries, par les sentiers, au détour de ce boqueteau – ou d’un autre –, et la biche aux abois de s’enfuir, à notre grand regret, quoique nos poches fussent déjà lourdes du trophée, après la course de la harde, les frustes brames du dix-cors au lieu même de l’embuscade, tant et si bien que le souffle manqua, et que l’on entendit encore et toujours des toux en fond d’orchestre, déclare sans se lasser ni se prélasser Leoš.

22:40 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, écriture

Lettres intimes (version 393/469)

    Des toux en fond d’orchestre prennent le large, dans la même échappée qu’antan, par boiseries déridées tardives tardivement ménopausées par les sentiers, au détour de ce boqueteau, et la biche aux abois qu’en ferons-nous camarades, nos poches lourdes déjà du trophée, la pente souveraine de la harde, les frustes brames du dix-cors au lieu même de l’embuscade, tant et si bien que le souffle manqua, et que l’on entendit encore et toujours des toux en fond d’orchestre.

jeudi, 11 octobre 2007

Renards, narrats

    En comparant le premier et le troisième des Quatuors de Vincent d'Indy (que j'ai beaucoup écoutés, un temps, mais avais oubliés), il s'avère que les tonalités franchement néo-schubertiennes, voire académiques, de l'un me plaisent infiniment plus que les chemins de traverse enchevêtrés de l'autre. L'un me mène sur des sentiers tantôt ténébreux tantôt gais, mais où je retrouve nombre de mes sensations familières, sous d'autres éclairages, et où paysages et feuillages ne se dérobent pas. L'autre me donne le sentiment, non d'être prisonnier d'un taillis ou d'inextricables ronciers, mais plutôt de reprendre toujours la même route pierreuse et déjointée, dans des décors faux, clinquants, comme en ces rêves d'éternels et balbutiants recommencements dont on s'éveille en sueur, terrorisé d'avoir saisi, dans cette effroyable répétition insensée du toujours-pareil-jamais-normal, le sens jusqu'alors évanescent de son existence. Mais il n'y a pas, là, de révélation : c'est une fiction pour amuser la galerie, et le quatuor, simplement, se perd en volutes et nous endort.

J'écoute diverses pièces religieuses de Johann Joseph Fux (compositeur dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce que j'achète, il y a peu et par hasard, ce disque du Clemencic Consort), et je ne sais pourquoi seuls le long et sobre Dies Irae, le très poignant Domine Jesu Christe et le flamboyant Agnus Dei retiennent mon attention. Toujours est-il que je les passe en boucle, sans prendre garde ni au crissement des graviers (au dehors) ni au bruissement du clavier (inside).

15:20 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, Fux, D'Indy

samedi, 29 septembre 2007

Dès qu'Adam...

    Dès qu'Adam attaque le scherzo de la Sonate n° 2 opus 35 de Chopin, Marius Tincu aplatit dans l'en-but des Blacks. Joie sauvage, et ferveur sous le clavier. Plus tard encore, ça se gâte. Tout de noir vêtus, quelques gentlemen portent un cercueil.

13:39 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Musique, Rugby, écriture

En vain et sans histoires

    Écoutant pour la dixième fois Buvant seul de Dick Annegarn, Araïna a décidé d’écrire enfin le chapitre de sa thèse qu’elle veut consacrer à ce texte, et principalement – d’ailleurs – à sa mise en musique, solo de guitare surtout. Sa thèse porte sur les rémanences contemporaines du poème de Li Po sur la compagnie de l’ombre de la lune, mais, comme elle s’est heurtée à quelques difficultés en traitant de la métamorphose de la lune en chien dans trois œuvres de langue espagnole, il lui semble utile de rebondir, comme on dit si vilainement. L’exilée du ciel, en un sens, c’est elle. Auprès d’elle, sous les draps, Irina se pochtronne, comme d’habitude, au whisky et au bartissol comme d’habitude.

Je repense, en évoquant ce couple d’ombres – Irina et Araïna –, à cette phrase énigmatique : « Ma coupe est vide (je suis abstème) et la lumière du chien est sombre. » (Les Larmes, trad. de Michel Lafon, éditions André Dimanche, 2000, p. 53). Le mot abstème existe-t-il ? je ne l’ai compris que par analogie avec l’anglais abstemious. S’il existe, pourquoi ne l’ai-je jamais rencontré ? Ce semble être une version savante de l’anglais “being a tea-totaller”. S’il n’existe pas, d’où vient le néologisme ? Du texte d’origine (César Aira) ? Du traducteur ? Pourquoi ? Ma voisine de lit m’a suggéré sobre, mais on peut boire de l’alcool et être sobre : abstème signifie, sans équivoque possible, que le narrateur ne boit jamais d’alcool.

Entre-temps, la nuit a envahi la pièce de vie, et, ici, au gîte de Kergaer, c’est le plein matin, même sous un timide rayon de soleil. Nous irons dans d’autres vies, d’autres eaux. (Au fait, l’artiste québécoise se nomme Marie-Josée Laframboise.)

vendredi, 21 septembre 2007

Javier : Tomeo :: Les ::: mystères : de ::: l’opéra

    Il faudra que j’aille rue Robert Pinget enterrer solennellement mon exemplaire des Mystères de l’opéra. Pour moi, depuis le choc causé par la lecture de L’Inquisitoire en 1992, tous les inquisitoires sont L’Inquisitoire. Ce n’est pas médire de Javier Tomeo, qui a signé là un livre singulier, surprenant comme toujours. Javier Tomeo ne fait jamais le même livre (pour le coup). Mais, pour moi, depuis le choc causé par la lecture de L’Inquisitoire en 1992, tous les inquisitoires sont L’Inquisitoire. Voilà.

Toutes les rues ne sont pas pour autant la rue Robert Pinget, brève bretelle sans bâtiment ni magasin ni entrepôt ni résidence ni rien, de sorte qu’aucun numéro ne lui est affecté – une rue sans numéro et donc sans adresse – une rue où jamais le facteur ne s’arrête.

 

Les Mystères de l’opéra est un roman élaboré comme une pièce de théâtre, avec didascalies, primauté du dialogue entre le « Juge » (ou gardien) et la soprano, mais aussi plusieurs notations ou signaux de nature foncièrement extra-théâtrales, comme le surgissement, ça et là, d’un narrateur omniscient. À le lire, on aimerait le traduire en livret : tout le texte appelle cette transposition, et c’est justement dans la résistance d’un faux récit qui toujours se dé-dramatise que réside une grande partie du plaisir de lecture.

6f1bd44e01b4f74a2b3c926e821519fd.jpgIl y a quelques clins d’œil du côté de Beckett (« C’est le souvenir de cette femme impossible qui vous a abîmé depuis des années dans cet antre pour dresser l’acte des foirages des autres ? », traduction de D. Laroutis, Bourgois, p. 147), le lien sémiotique qui se tisse entre l’énigme (Rätsel de l’aria wagnérienne, p. 107) et la foirade (le ratage : « vous aussi, vous êtes un raté », p. 146), la lutte entre l’esprit de système de la soprano et le goût du Juge pour le mystère.

« Des ennemis, en plus, dont l’existence pour nous est un mystère. » (p. 91)

La soprano a parlé de salopards, mais le Juge a dit « nous ». (On entend résonner les voix du Kafka de Marc Ducret : chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous…) Nous, c’est aussi, d’un doigt léger puis – juste au dernier paragraphe – impérieux, le narrateur : « À partir d’ici nous n’en dirons pas plus. Nous ne nous mêlons pas de justice. » (p. 148)

Le Juge, si malsain que paraissent la plupart de ses principes, lance toutefois, aux fiévreux de mon espèce (mais il y en a d’autres, comme Madame de Véhesse), un appel rassurant : « Dans ce monde il faut tout compter. Oui, oui, ne me regardez pas de cette façon, il vaut mieux tout compter. Quantifier tout ce qui nous entoure : pendules, ampoules ou tubes fluorescents. » (p. 64)

 

Denise Laroutis est certainement une très bonne traductrice. (On peut savoir si un traducteur est mauvais sans même se reporter au texte original ; pour faire définitivement le tri entre bons et mauvais traducteurs, un bon texte n’est jamais qu’un début d’indice.) Pourquoi ? Un seul paragraphe, sans autre commentaire, suffira à éclaircir mon affirmation :

Brusquement, on n’entend plus la voix du violoncelle – comme si quelqu’un avait décidé de lui couper toutes les cordes d’un seul coup de ciseaux –, le Portier éternue une fois de plus et reste les yeux baissés. On dirait que le ressort de son cou s’est cassé pendant qu’il éternuait. À ce moment-là, les femmes qui sont de l’autre côté de la porte préfèrent se tenir coites. Elles n’ont pas la moindre idée de ce qui risque de se passer à partir de maintenant, mais ce dont elles sont toutes convaincues, c’est que Brigitte a encore le temps avant que soit remplie la coupe de l’amertume.     (p. 114, tripatouillages de polices ajoutés)

 

Comme pour les masques, comme pour les mensonges, comme pour le bal des vampires dans les armoires (ou des grimoires qui transpirent), l’opéra se travestit : « Une véritable soprano – une soprano tout-terrain – peut chanter les séguedilles de Carmen même habillée en Brunhilde ou en Salomé. » (p. 72)

Maintenant, le thé est noir ; il faut le boire. Respecte ton supérieur !

vendredi, 14 septembre 2007

Novionates (454/20)

    Tends-toi comme un drapeau, comme une ramure ; tends tes bras, comme une rameuse, une fileuse d’algues, l’amante des roseaux. Tends-toi comme un tambour, gronde comme l’orage, envole-toi comme un silence. Il faut apprendre à aimer, aussi sur la terre labourée. Des orages monteront, qui n’auront pas d’autre souffle à briser. D’autres baisers te cueilleront, qui te trouveront tendue comme un drapeau, amarrée à un tronc, rouge et filandreuse comme la soie folle du séquoia. Des larmes perleront sur la soie, bazar dans la débâcle, à plus de trois mille signes l’heure. Tends ton cou, comme un tadorne.

#########

Alangui, l’oiseau blanc et vert forêt, comme de coton, refuse – triste et seigneurial – de se mêler au concert de caquetages et de commérages de ses presque congénères, sur cette mare où, douloureusement, à la ligne même de l’andante, flottent roseaux morts, algues en putréfaction, et où je vois ton visage, jonquille, se manger des yeux à ne rien fuir, sans coup férir, la peau près des paupières tendue comme un tambour alangui dans les eaux mornes de l’Orne.

#########

Pas tout ça, il faut encore prendre du bon temps de se pendre. Dans les champs noyés de pluie, avoir glané les épis de maïs boueux, en avoir arraché la paille, vu que la lumière du soleil jamais ne reviendrait. Il fallait en profiter pour. Rentrer chez soi, déposer les clayettes d’épis glanés sur la vieille table de ping-pong défoncée. On a rêvé d’un oiseau altier qui aurait soudain sifflé : tends-toi comme un drapeau.

samedi, 08 septembre 2007

Issam :: Krimi :: Trio :::: Églogues :: 3

    Trois des raisons pour lesquelles j’ai acheté ce disque le 28 août dernier :

  1. Son titre.
  2. La première composition s’appelle 28 août ; c’est le genre de signe du destin qu’on ne peut éviter.
  3. Il ne coûtait que trois euros.

 

Les signes mentent rarement, il faut croire. Grand album, enregistré en novembre 2004 par trois jazzmen français dont je n’avais jamais entendu parler : Issam Krimi, leader & compositeur de dix titres sur onze (‘claviers numériques et analogiques’) ; Han Sen Limtung (sax alto) ; Sébastien Brun (batterie). Antoine Hervé et Christophe Monniot les rejoignent, sur un et six morceaux respectivement : dis-moi qui tu hantes…

Premier compliment – la musique de ces trois jeunes musiciens ne rappelle rien, rien de très précis en tout cas. Bien sûr, on voit très bien dans quelle mouvance ils se situent, quelle esthétique ils privilégient. Si je balbutie des adjectifs comme saccadé, discontinu, vibrant, x noms pleuvent, bien sûr, mais, si ça signifie un peu quelque chose, ça ne dit rien du tout de cette musique.

D’ailleurs, il est très difficile d’en parler globalement, car, sur chaque composition, l’équilibre des forces au sein du trio varie beaucoup. Autrement dit, le trio parfois quatuor réinvente sans cesse la singularité (ce qui est pompeux, mais, très honnêtement, bien rare (D’ailleurs, on aime beaucoup certains musiciens, certaines formations de jazz notamment, alors que certains arrangements, certaines compositions, certains solos, certaines orchestrations se ressemblent furieusement (et je pourrais moi-même en citer des dizaines sans rien ôter à ces artistes de l’admiration que je leur porte).)). À titre de simple et seul exemple de cette singularité constamment réinventée, Les Bacchantes, qui fleure avec le jazz rock avant de lorgner du côté de la ballade, n’est comparable à rien : dans la première partie, la batterie autiste fore de son côté sans se soucier du duo frénétique des claviers et du saxophone ; ensuite, le sax lance un solo ponctué gentiment free, avec cymbales urbaines, sans perdre d’ouïe le thème ; puis percussion et Fender y vont franco mais en douceur, à explorer, me semble-t-il, l’une des pistes les plus discrètes ouvertes par le solo ponctué ; le clavier relance le thème, le sax danse un peu dans son coin et on s’en tient là, oreilles promenées aux quatre vents mais toujours dans le droit fil.

 

(Stop intempestif sur le bord du chemin.)

vendredi, 07 septembre 2007

The Bill Wells Octet vs Future Pilot A.K.A.

    Déjà, on ne comprend pas que l’octuor ne se compose que de sept musiciens – ou alors le leader, pianiste et bassiste, compte-t-il double ? Ensuite, on ne comprend pas la structure du projet : musique improvisée et enregistrée par un ensemble de 7/8 musiciens d’une part puis remixée par deux ou trois bidouilleurs – peut-être ce Sushil K. Dade qui paraît avoir participé aux compositions ?

Oui, ce pilote du futur nous désoriente.

 

La musique elle-même ? Du jazz électronique écossais*, sur un disque très bref, avec de belles mélodies (No Funerals This Morning) et pas mal de gimmicks un peu m’as-tu-vu et superfétatoires.

Piano & basse en soubassement : on pense à Mingus, sans rapport pourtant (encore que la première minute de Pink kitty, hein…).

 

Je ne connais pas la chanson de Gainsbourg Requiem pour un con, mais c’est un temps fort de l’album : introduction progressive de la section rythmique sur 54 secondes par trois tranches, puis pénétrante poignante échappée de trompette bouchée (Robert Henderson), avant que la guitare de Stevie Jackson n’hésite joliment entre frisottis et chatouillis, d’où la mélancolie plus terrible encore qui vous saisit dans le dialogue final entre flûte / trompette.

 

* I know, it just doesn’t obtain… Did it on purpose, though.

mercredi, 05 septembre 2007

Aklop

    De son toucher aérien, Andreas Schiff donne éclat et beauté même à une page plutôt oubliable, comme la Polka pour piano de Smetana.

17:17 Publié dans Minimalistes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, écriture

mercredi, 29 août 2007

Mardiscount

Hier, aux Enfants d’Icare, très en vie, j’ai laissé déborder, pour une bouchée de pain, treize envies :

Emanuele Cisi. L’ange caché (Pygmalion, 2000).

Guillermo Gregorio Trio. Red Cube(d) (Hat Hut, 1999).

Peter Herborn. Something personal (JMT, 1992).

Peter Herborn. Traces of trane (Polydor, 1992).

Jo Kondo. Works for piano, by Satoko Inoue (Hat Hut, 2001).

Issam Krimi. Eglogues 3 (Nocturne, 2004).

Daniel Letisserand & Orphéon Orchestra. Poursuites infernales (Amoc, 1999).

Carlos Maza. Fidelidad (Universal, 2002).

Christian Muthspiel Octet Ost II. Indirect View of Beauty (Amadeo, 1994).

Pork Pie (Mariano/Van’t Hof/Catherine). Operanoïa (IMM, 1996).

Bertrand Renaudin. Printemps de paix (CC Production, 1989).

Horace Silver 5tet. Silver’s Serenade (Blue Note, 1963-1998)

Bill Wells 8tet vs Future Pilot A.K.A. (Domino, 1998).

 

------- Mon ami J.P., du saxophoniste Emanuele Cisi, est d’un orfèvre. La fièvre gagne toutes contrées. Trait pour trait, décochant mes flèches au petit bonheur, je m’aventure sur les créneaux. Como bon vieux temps. -------

18:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, Jazz, Ligérienne

lundi, 27 août 2007

Strandjutters

    Divi-Divi. L’œil retapé prend la tangente, pour des horizons familiers. Old Folks. Dans les longs couloirs du château de Hautefort, elle l’étreignit violemment puis commença à le caresser ; il ne reste pas passif, le bougre. En plein air. Tous les cailloux de l’Adour et du gave dans la bouche, elle parle de l’entonnoir pour les canards gras, des enclos et des mesures de précaution liées à la grippe aviaire. I Wish You Sunshine. C’est bien le moins, dirai-je, et ça ne sert rien d’extasier lentement le nappage – ou est-ce le glaçage ? – pour détourner l’attention. The Prisoner. Il dessine de longues lignes jaunes et rouges, sur les murs de sa cellule, dans le donjon de Loches. Talm. Crayonnée au théâtre, pour rien sa ligne de flottaison prit le large et se figea dans un dénouement sans saveur, à vous glacer les sangs. Sempre libero. Je rêve un livret, c’est déjà bien assez. Strandjutters. Nous nous promenons le long des quais, puis des rives, puis des dunes, puis des baïnes, puis des rêves (médusés nous sommes).

 

[17 juillet.]

mercredi, 15 août 2007

Fables de feu

    Fire Waltz, par le quintette de Dolphy. (16 juillet 1961). Il s’agit d’une de mes compositions favorites de Mal Waldron, et, comme je suis persuadé d’en détenir un enregistrement de Waldron en duo avec Steve Lacy, je cherche frénétiquement dans ma discothèque. Rien, évidemment, même de proche en proche, de clarinettiste en clarinettiste. Ai-je aussi été induit en erreur par les nombreux vinyls écoutés, fin juillet, dans la maison de Chalosse ?

Resterait à clore par un détour côté Mingus, dont j’ai fait mon miel (Fables of Faubus, plus que jamais), au point de rapporter, de Chalosse toujours, six CD de Mingus, qu’il serait temps que je connaisse mieux, avec ce bail qu’on se fréquente, lui et moi.

L’autre jour, baigné d’une lumière pluvieuse, nageant en plein bonheur, je me disais qu’Archie Shepp ni Jimmy Giuffre n’ont joué la valse du feu ou ces fables-là, mais que j’aurais, moi, donné beaucoup pour avoir composé l’un et l’autre de ces hauts morceaux (et savoir les bricoler différemment).

[14 août.]

jeudi, 31 mai 2007

57/77

   Lire les quelque 1400 vers brefs de Philip Sparrow, écouter les Douze variations sur un thème de Johann Caspar Fischer (KV 179). Menus plaisirs futiles que l’on ne peut conter. Soudain tombe une averse, une vraie giboulée de pas même une minute, mais violente en diable. Ce que vous chantez, là-haut dans les nuages joufflus, je ne l’entends pas, mais les giboulées de juin me tiennent compagnie. Soixante-dix sept fois sur le métier le batelier de l’aube…

lundi, 14 mai 2007

Novionates (378/20)

    Quelle douceur n'est quelle fureur. Qu'elle est douce, qu'elle est furieuse, la main à charrue qui soudain se repose. Sur la rive, sur la berge, j'ai aperçu un cincle. Il a scintillé en plein soleil, comme la lame de silex quand elle fait des étincelles. De la douceur aussi peut naître une fureur passagère, quand le vent déplie ses vagues.

De la berge, de la rive, j'ai vu couler les années, et le cincle plonger, ressortir à tire-d'ailes, frais comme un gardon.

Tout de même, tu me tires des larmes.

Il n'y a rien, pas le moindre mouvement au crépuscule paisible, et plus de silence dans les allées mortes pour emmurer ta mémoire, qui ne soit à même de faire naître, dans ta caboche qu'adoucit le vent, de quelconques regrets.

dimanche, 13 mai 2007

Pilé nuages

    Bérénice s'arrache les cheveux à pleines poignées

rêve de verre brisé

urnes de bris de verre pilé

nuages de verre cathédrale

orangés

 

Comme Bérénice

arrache avec joie sa chevelure de verre de

nuages

il pleut dans les voilures

ne rêvez plus Bérénice Les

océans de verre vous emportent par vents et marées