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samedi, 02 septembre 2006

Le missel d'Astolphe Sijouvray

[Lire ce qui précède : I, II, III, IV]

   Je reposai le combiné de l'appareil téléphonique (à moins que ce ne fût l'inverse, dans la mesure où plus personne ne sait plus distinguer le combiné de l'appareil, ni le homard de l'écouteur, ni le cochon de son lard) sur son socle (???).

Je venais de m'entretenir pendant vingt minutes avec le commissaire Astolphe Sijouvray, qui, ayant eu vent de mon aventure (peut-être qu'une patrouille avait décelé l'odeur suspecte et caractéristique des munsters dans la rue où je réside et que mes activités de blogueur m'ont déjà fait repérer par les renseignements généraux), m'avait appris que l'hurluberlu à qui j'avais ouvert ma porte et dont j'avais accepté le présent alsacien ne se nommait en aucun cas Astolphe Sijouvray, étant donné que lui, le commissaire, n'avait pas d'homonyme (je veux bien vous croire, Monsieur le commissaire), qu'il s'agissait d'un imposteur (je veux bien vous croire, Monsieur le commissaire) qui sévissait depuis des lustres dans la cité (je veux bien vous croire, Monsieur le commissaire) mais que la police n'avait pu encore arrêter (silence de ma part) car il était "plus évanescent que la brise" (sic). Il m'avait également appris que les munsters n'étaient nullement empoisonnés et que je pouvais "les manger sur mes deux oreilles" (?).

Je repris dare-dare la confection de mes cartons d'invitation, et méditai l'information la plus importante de cette conversation téléphonique à bâtons rompus : la seule trace tangible que la police eût en sa possession était un missel entièrement couvert et rempli de griffonnages divers et indéchiffrables, que les experts les plus pointus dans le domaine des codes et hiéroglyphes n'étaient pas parvenus à traduire. Le commissaire Astolphe Sijouvray, convaincu que l'imposteur ne m'avait pas choisi par hasard, moi, l'auteur d'une thèse hallucinante sur les Maximes de Vauvenargues (écrite sans avoir lu le corpus) et de plusieurs ouvrages sur l'imposture en art, me demandait de prêter main forte aux enquêteurs, et affirmait qu'il en était de mon devoir de citoyen.

Je lui avais promis de passer le lendemain ; il m'avait fixé un rendez-vous à onze heures du matin. Quoique j'eusse insisté à plusieurs reprises pour savoir quel danger représentait l'imposteur qui prenait son nom, le commissaire refusa obstinément (et à la façon des diamantaires) de me répondre, se contentant de me répéter que nous parlerions de cela le lendemain.

Il me restait à imaginer le missel, ce dont, tout en contemplant les faces de plus en plus hâves d'Adolphe et d'Adjani, je fus loin de me priver, comme bien l'on s'en doute, et à faire taire mes doutes, qui ne cessaient de grandir au souvenir des idiosyncrasies de langage de mon interlocuteur.

 

Commentaires

Ce cher Astolphe est de retour. Dommage que je ne puisse pas lire le chapitre III.

Écrit par : Livy | samedi, 02 septembre 2006

Et pourquoi donc ?

Écrit par : C*** | dimanche, 03 septembre 2006

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