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mercredi, 19 mars 2008

Alberto : Ongaro :: La ::: Taverne ::: du :: doge : Loredan

[ 21.02.2007.

    Difficile d’imaginer un endroit aussi dévasté.

Peut-être est-ce l’épuisement qui guida la lecture, à des moments tels qu’il ne s’en présentera plus.

Ce roman, paru en Italie en 2004 et en France en 2007, ne s’est jamais trouvé sur le présentoir du libraire, puisque je l’avais commandé à la librairie Campus à la demande de ma mère, ni sur un dessus d’armoire, oublié, empoussiéré. Si la traduction n’a pas l’air mauvaise, la finition éditoriale laisse à désirer : de nombreuses coquilles gâchent ici et là la lecture (nombres au lieu de nombreux, parole au lieu de mot, verbes conjugués erronément au singulier etc.), ce qui est assez fortement ironique, dans la mesure où les éditions Anacharsis sont ce qu’il est convenu d’appeler un « petit éditeur » et où le personnage/lecteur qui figure au centre du dispositif narratif en forme de labyrinthe, Schultz, est un petit éditeur typographe vénitien.

C’est dans l’équilibre parfait entre la complexité narrative post-moderne (jeux de miroir, emboîtements infinis de structures) et le caractère facétieux du ton qu’Alberto Ongaro réussit à merveille, de sorte que, mieux qu’à Calvino dont les mânes sont cependant évoquées vers la fin du roman, c’est à Boulgakov et Potocki que fait songer cette Taverne. Des jeux post-modernes sur la codification narrative, Ongaro n’évite pas tous les écueils, comme la fréquence du recours à la mise en abyme ou aux figures dédoublées (Schultz / Paso Doble ; père / fils ; picaresque anglais / espagnol ; Scarpa / Scarpis etc.).

Allez savoir pourquoi, à un moment donné, dans l’abattement horizontal du five o’clock, ce récit me fit penser à Biyi Bandele-Thomas. Allez savoir si Ongaro n’aurait pas dû ménager, lui-même, quelques chapitres blancs pour que chaque lecteur y ajoute ses ramifications. Allez savoir.

 

Eleven Echoes of Autumn. La flûte alto refuse de répondre aux appels de la clarinette. Le violon refuse de regimber devant les sermons du piano. L’autre soir, je recherchais le nom du prêcheur dont Artaud joue le rôle dans Lucrèce Borgia de Gance : Sardanapale, Héliogabale, Rivarol – tous ces noms masquaient le seul vrai, et je me croyais attrapé entre certaines pages inédites d’Ici de Sarraute. Puis je retrouvai, plusieurs heures plus tard, le nom de Savonarole. N’importe, le moment de la révélation fait partie du récit, comme Alberto Ongaro se dessine lui-même, ultime ombre du roman, à la dernière page, pirouette ou queue de poisson, de sorte qu’il est à se demander si d’autres fins sont possibles, si les romanciers amateurs de labyrinthes narratifs ne renonceront à ces pirouettes finales que le jour où plus aucun lecteur n’en sera surpris, où trop de critiques auront ironisé sur ces sentiers qui s’ouvrent à la voix d’une soprano, sur ces flocons de neige qui tombent et que l’on regarde tomber, sur ces bouquets qui vont à la dérive le long d’une rivière aux mille miroitements.

« Peut-être faudrait-il suivre cette musique qui se déroule dans le disque, en parler de temps en temps, jusqu’à ce que s’exhale la dernière note et que comme un fantôme ducal elle rentre là où elle est ensevelie. Mais La Stravaganza est trop longue, elle dure quelque deux heures et la musique n’accepte pas de devenir parole (du moins en ce lieu) sans risquer de comiques résultats. On suggère donc à qui se ressentirait du fait qu’en ce lieu on ne puisse en réalité écouter une seule note du concerto de Vivaldi, de fredonner de temps en temps le thème ou de mettre le disque sur son propre tourne-disque et de faire du concerto, jusqu’à ce qu’il se termine, la musique de fond de sa lecture. » (p. 160)

 

Au lieu de quoi, bien entendu, le roman fut lu, pour l’essentiel, dans le silence – bancal plus que monacal – de l’insomnie nocturne, j’écris ces lignes en écoutant à présent un album de Kartet (Delbecq et Orti : sons incendiaires incomparables), il n’y avait, de toute façon, pas de Vivaldi dans cette maison, et le seul vinyle double que j’ai emprunté à mes grands-parents pour l’écouter, c’est une version ancienne et crachotante des Pêcheurs de perle, ce qui, loin s’en faut, ne m’approche pas de la lagune de Venise, et moins encore des rivages de la Tamise.

S’il faut clore – qui pis est – ce texte par un inventaire des béances, n’est-il pas surprenant que je n’aie vu aucun des trois films qui sont mentionnés de façon répétée dans le roman : Les Lanciers du Bengale, Masquerade et F for Fake d’Orson Welles ?

 

jeudi, 28 février 2008

Gare de Facture (version 841/1000)

[ 20.02.2008. ]

 

    Les pluviers et les goélands dansaient dans les nuages. C’était un désert d’opérette.

Ailleurs. Ornette brandit les bannières. Le jour soupèse ses chances, dans le faux petit jour gris, au-dessus du port d’Arcachon. Les plaisanciers ont délaissé les bateaux, qui tanguent comme des fourmis désœuvrées. Les jetées à hauteur d’épaule se mouillent de cette écume inusuelle, tombée du ciel, qui n’a pas la saveur des harmolodiques.

L’espace colporte des cris, des rumeurs lancées contre les coques de bois. Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pétrole – à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune aux paupières lourdes, l’orge s’enfonce dans la brume : à force de se triturer les cornes, de tituber sous les coups de faux de la grisaille, le jour enfin se lève.

Le soleil peine à poindre. Nous aurons d’autres insomnies, le traversin chiffonné de désespoir. Nous verrons d’autres pluviers gravir les nuages, d’autres goélands croiser au large. Le cor d’Ornette fait taire même les mouettes.

16:30 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, jazz, écriture

Gare de Facture (version 1089/1295)

    Les gravelots et les goélands dansaient dans les nuages, à moins qu’on ne crût les voir nager à la surface des vaguelettes, dans la rade. De toute manière, peu importait, c’était un orage d’opérette.

Ornette brandit les bannières, l’orage de tomber en miettes. Le jour soupèse ses chances, dans le faux petit jour gris, au-dessus du port d’Arcachon. Les plaisanciers ont délaissé leurs bateaux, qui tanguent comme des fourmis désœuvrées, malades peut-être. Les jetées à hauteur d’épaule se mouillent de cette écume inusuelle, tombée du ciel, et sans la saveur des envolées harmolodiques.

L’espace constitué de milliers de minces points blancs colporte des cris, des rumeurs lancées contre les coques de bois. Les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole – à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune aux paupières lourdes, le seigle s’envole en feuilles de brume, puisque le jour enfin se lève, à force de se triturer les cornes, de tituber sous les coups de faux de la grisaille.

Un envol lave l’air. Le soleil peine à poindre. Nous aurons d’autres insomnies, d’autres nuits à pleurer les embrassades, le traversin chiffonné de désespoir. Nous verrons d’autres gravelots griser les nuages, d’autres goélands croiser au large. Le cor d’Ornette fait taire même les mouettes.

mercredi, 27 février 2008

Gare de Facture (version 582/695)

    21 décembre 1962. New York. Ornette bande ses anches. The Ark : l’arche. Noël vient toujours après Noé, d’autant que l’averse gronde. L’orage tombe en miettes.

19 février 2008. Le jour se lève sur le port d’Arcachon. Les promoteurs ont tout salopé, bien sûr ; l’anarchie règne dans la station balnéaire où Liszt et Manet passaient leurs fugues ; seuls quelques quartiers – quelques rues – ont gardé une part de leur harmonie.

Voici que les lueurs rougeoyantes sur fond de ciel pluvieux pétrole dorment encore d’un sommeil tardif, à ne pas prendre au tragique. Trouée dans la nuit brune, bleue de lune, fulgurante aux paupières. Le seigle s’envole en arpèges, papier d’écume pour d’autres factures.

 

Le bassin d'Arcachon, & port de pêche

mardi, 26 février 2008

Trara !

[ 14.02.2008.

    « Il est remarquable que l’un des grands maîtres du trombone, Jack Teagarden, ait joué pendant toute sa carrière – de 1927 à 1964 – dans le même style, qui s’est parfaitement adapté à toutes les esthétiques qu’il a traversées. » Voilà ce qu’écrit Marc Richard dans l’édition 1988 du Dictionnaire du jazz (« Bouquins » Laffont, entrée TROMBONE, p. 1021). À l’entrée TROMBONE A PISTONS, signée par le même Marc Richard, on apprend que Juan Tizol n’improvisait jamais, et que Bob Brookmeyer est le « grand soliste » de l’instrument.

Au demeurant, Marc Richard se contente de mentionner Albert Mangelsdorff en passant, en imaginant que la pleine page consacrée au grand tromboniste allemand dans le Dictionnaire suffit à compenser.

J’ai consulté ces deux entrées après avoir écouté les quatre faces de l’enregistrement du quartette de Gerry Mulligan à la salle Pleyel en 1954, avec Brookmeyer au trombone. Back at home, je sais que j’ai un CD de Brookmeyer en leader, disque que j’aime beaucoup mais dont le titre persiste à ne pas me revenir.

Les pommes de pin pétaradent dans l’âtre.

lundi, 25 février 2008

Billy Boy (version 301/361)

    Ahmad Jamal est-il vraiment l’auteur de Billy Boy ? Si tel est le cas, c’était assez pour assurer le succès des albums live à Chicago.

.........................................................

 

N’y a-t-il pas une version, également instrumentale, de ce même air sur un disque du trio d’Oscar Peterson ? Pour les chansons, c’est toujours la première écoute qui prime... et donc, ici, l’interprétation de Graeme Allwright.

dimanche, 24 février 2008

1625 - The Inch Worm

[ 13.02.2008.*]

 

    Cinq biches qui traversèrent juste avant la maison neuve – la maison m’as-tu-vu de style floridien, avec ses palmiers rabougris, son portail à double blindage – ouvrirent le bal du mercredi avant les premiers gestes ordinaires : courses à la supérette, détour par le boucher, baguette bien cuite et tarte aux pommes chez Niffus, sans oublier le journal dont la vendeuse n’annonce même pas le prix car elle s’imagine qu’on l’achète tous les jours et que les 85 centimes sont déjà prêts.

 

Le soleil finit par se lever, la brume froide évanouie.

 

 

 

[ * comme tous autres publiés ce 24 février ]]]]]

18:00 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Fiction, écriture, Jazz, Landes

mercredi, 06 février 2008

Les Yeux de l’âme

    Soul Eyes est un album enregistré en 1997 par le pianiste Mal Waldron. Comme j’aime beaucoup Waldron – mais aussi son batteur Andrew Cyrille et son bassiste Reggie Workman – cet album devrait me plaire. Or, non. Pas vraiment. Il ne me déplaît pas, mais peut-être est-il trop bricolé, trop hétérogène. Cinq des dix morceaux sont chantés, Steve Coleman fait une apparition (fantôme (car rerecording)) sur deux titres et Joe Henderson sur un. L’ensemble manque vraiment trop d’unité ; pourtant, je ne suis pas un puriste, de ce côté-là.

L'album offre aussi un contraste saisissant entre les deux voix, Jeanne Lee, qui chante trois chansons, et Abbey Lincoln, qui en chante deux. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, plusieurs fois, quel culte je vouais à la voix d’Abbey Lincoln. Or, tout sépare Lee de Lincoln. Jeanne Lee est tout ce que je n’aime pas : maniérée, bluesy d’une façon convenue, limite grue tant elle se croit distinguée. Abbey Lincoln, elle, est une immense chanteuse : sa voix est tour à tour lourde et aérienne, fragile, profonde, bouillonnante, maniériste.

mardi, 05 février 2008

L’Airone Unità nera

    Au premier feu rouge, sur la rue Nationale, j’ai lu les trois premières phrases du Héron. Au feu suivant, juste avant le pont Wilson, quatre phrases entières, et même le début du paragraphe suivant. Sur la table où j’écris sont posés les deux livres achetés aux Amours jaunes sur le coup de midi, deux cartes longilignes « Le Poste Livre » (je n’utilise jamais ces mochetés conventionnelles quand j’expédie des livres à des amis), et une petite assiette ave un kiwi, deux clémentines et une orange.

Le temps de garer la voiture dans la rue, en face de la maison, j’étais parvenu à la « silhouette voûtée et emmitouflée » du concierge, Romeo Manzoli. Avant de déjeuner de fruits, j’ai recommencé à écouter Black Unity, par l’octette de Pharoah Sanders, monument entre les merveilles de l’ère free. Déjà deux écoutes, hier soir et ce matin, et je ne cesse – par delà les riches harmoniques du trio cuivré – d’être stupéfait en suivant la ligne des deux contrebasses.

Ce qui m’a donné envie de réentendre cet album mythique, c’est une conversation que j’ai eue samedi soir avec Jean-Pierre Saint-Lau.

Nous avons évoqué Braxton, dont son fils venait d’acheter For Alto (le classique du Maître), puis Ayler et Sanders, avant que je ne lui fasse – brièvement – écouter l’ouverture de Black Vomit, album cosigné par Braxton et Wolf Eyes. Il se trouve que le titre, Black Vomit, aurait été inspiré, à en croire certaines sources, par un critique qui avait dézingué Black Unity en ces termes : « Mr Sanders may well be fighting for unity, yet his efforts so far have only produced black vomit ».

Voilà ce qui fait que votre fille est muette !

(Et le héron aussi.)

lundi, 04 février 2008

L'oiseau d'amour...

[griffonné 21.01.2008.]

 

    L'oiseau d'amour réincarné

- Anthony arpège au piano -

Contre le sort s'est acharné,

Inversion et pluie de guano.

 

Lorsque Marty Ehrlich déchaîne

Au chanvre nourris ses éclairs

Veloutés de sons, la rengaine

Vient enfluviasser nos déserts,

 

Comme il pleut zébrures zig-zags

- L'oiseau de feu se perd en trilles -

Gomorrhes et Brobingnags

Que le vent aussi défibrille.

 

mercredi, 09 janvier 2008

Akosh S. Unit ::: Imafa

    Dix ans après sa parution, cet album flambe toujours de la même ardeur. Immense polyinstrumentiste, Akosh Szelevenyi excelle surtout au saxophone – je ne connaissais bien, de lui, jusqu’alors, qu’un disque en solo tout à fait épatant (Aki, 2004). Sans doute des dizaines de critiques musicaux ont-ils aligné, à propos d’Imafa, le même poncif sur la rencontre entre l’esprit du free jazz et la mélopée stridente façon Europe centrale ; n’est-il pas rassurant, après tout, de constater que ce poncif est étonnamment juste ?

Kebelen, Lenne et Vetek ont suivi. Une trilogie (Kebelen, Lenne et Vetek) a suivi. (Et d'autres encore.)

Le premier instrument d’Akosh S. fut le basson. Là encore, c’est l’évidence même.

Pour n’en dire que quelques phrases... « Paprika » : appel distant de l’autre côté de la plaine ; envol fou furieux de l’autour ; hésitations, dans le vent, des graminées. Tout cela, histrions s’abstenir.

 

(Enfin, on n’oubliera pas qu’il a un site Web.)

vendredi, 30 novembre 2007

Papillons noirs, verres fumés

    Pas possible que ça, ces pauvres mots, ce peu ait mis des mois, plusieurs années même, à germer en moi avant d’atterrir ici, couché en joue sur cet écran. Depuis plusieurs jours, plongé dans le coffret Bill Evans, taraudé par Nardis, je me suis arrêté souvent pour chercher cette chanson à laquelle me faisait penser A Sleepin’ Bee – les premières mesures, en fait.

De m’être creusé les méninges, d’avoir mis sans dessus dessous les étagères de mes disques de jazz, tout retourné j’ai fini par être saisi : Black Butterfly, du ‘Duke’, version chantée par la sublime Abbey Lincoln, avec Hank Jones au piano (Polydor 1993).

C’est un air que j’adore, sans compter la voix si chaude, coruscante même, d’Abbey Lincoln, et même les paroles ne sont pas stupides (pour une fois).

16:26 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Jazz

vendredi, 23 novembre 2007

The Art of the Song

    Je n’aime pas la voix de Shirley Horn, et encore moins celle de Bill Henderson. Je n’aime pas beaucoup Rachmaninov, et les transcriptions d’œuvres de Ravel pour des formations mixtes jazz & cordes m’ennuient, comme la longue litanie des sirops Charlie Parker With Strings. Contraint d’avouer que le jeu de Charlie Haden est toujours d’une justesse étonnamment émouvante, je dois dire aussi que tout le projet très crossover (à l’envers) de cet album The Art of the Song me paraît suranné.

Même je suis surpris qu’on puisse encore, en 2000, jouer du sax comme Ernie Watts, c’est-à-dire comme si, justement, Parker, Coltrane, Ornette ou Steve Coleman n’avaient jamais existé. (Invraisemblables, ces dernières secondes de Why Did I Choose You ?... qu’on nous ressorte vieux 78 tours et gramophones, et en avant la zikmu !)

 

Vous me direz, c’est bien le jour où le Projet Gutenberg immortalise, sous forme numérisée (oh, la rose du monde et tout ce qui l'effleure), l’ensemble des bluettes d’Ethel Ma(r)y Dell...

Vendredisquaire

Prêté / rendu : 

  • Steve Lacy Four. Morning Joy.
  • Brad Mehldau. The Art of the Trio, vol. 3.
  • ICP Orchestra. Oh, my Dog.
  • J.J. Johnson. Let's Hang Out.
  • Jimmy Giuffre 3. 1961

 

Qu'il me prête :

  • Lenny Tristano. The New Tristano.
  • Thelonious Monk. Monk's Music.
  • Charlie Haden 4tet. The Art of the Song.
  • Charlie Haden & Kenny Barron. Night and the City.
  • George Gershwin. A Century of Glory.

 

14:20 Publié dans J'Aurai Zig-Zagué | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz

dimanche, 07 octobre 2007

Vacarmes tendus (verso 1070/1295)

    Je m’effile en me rasant le fémur, je complote dans les coulisses. J’ai oublié mon trombone dans ma loge, dixit J.J.J. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé d’avoine et les mèches pleines de lait rance. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service, à faire oublier les coups de crosse et les démangeaisons du pollen. Ce n’est qu’après avoir fait enlever le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre, comme si d’avoir mouillé le maillot, comme on dit vulgairement, lui avait donné le sentiment qu’il se passait quelque chose d’étrange et la conviction qu’il allait perdre son poste, se faire virer. À qui est ce sac ? la question allait de soi, mais pas la réponse. Je m’effile en me rasant le fémur, je guette, et regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants, de dix ans pas plus, qui se roulent, très professionnellement, un joint, avant de sortir d’un gros paquet de farine Francine de quoi s’envoyer en l’air cent fois sur les lignes long courrier. À l’arrière, arborant le 15 en lettres blanches dans le dos, je reprends pile où je m’étais arrêté (je m’effile en me rasant le fémur, je complote dans les coulisses, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés), me roulant une pelle.

21:40 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, écriture

Vent du sarcasme (version 721/869)

    Je me faufile en rasant les murs, je combine dans les coulisses. Mec t’es trop taré, dixit L. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé contre l’avoine et les mèches pleines d’éclaboussures de lait. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on me dira bon pour le service, à faire crisser la gratte. Ce n’est qu’après avoir déplacé le cadavre que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de ghee. La question allait de soi, pensa l’inspecteur. Je me faufile en rasant les murs, je guette et regarde de tous côtés, jusqu’à voir ces deux enfants, de dix ans pas plus, qui se roulent, très professionnellement, un joint. À l’arrière, je reprends pile où je m’étais arrêté : je me faufile en rasant les murs, je combine dans les coulisses où deux vieillards, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés, se roulent une pelle.

19:00 Publié dans 721 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, Rock, Cinéma, écriture

Massacre du vent

    Sneaky. Je me faufile en rasant les murs, je manigance dans les coulisses. Dude. Mon pote t’es trop taré, dixit Lebowski. Oatmeal. Elle s’est étouffée en entendant cette nouvelle effarante, le menton collé contre l’avoine et les mèches pleines de lait éclaboussé. Three Day Sucker. Dans ce jeu de dupes, si je tire les ficelles, on m’enverra bon pour le service, à faire crisser la gratte. Greasy spoon. Ce n’est qu’après avoir déplacé le cadavre de la mère que l’inspecteur remarqua la cuillère à porridge grasse de beurre. Whose bag is it. La question allait de soi, pensa l’inspecteur. First kiss. Je me faufile en rasant les murs, je guette et jette de tous côtés le regard, jusqu’à voir ces deux enfants de dix ans, pas plus, qui se roulent, très professionnellement, une pelle. Pick up. À l’arrière, je reprends pile là où je m’étais arrêté : je me faufile en rasant les murs, je manigance dans les coulisses où deux vieillards, expertement, avec l’ardeur des nouveau-nés, se roulent une pelle.

17:40 Publié dans Pêle-mêle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, écriture

vendredi, 21 septembre 2007

Javier : Tomeo :: Les ::: mystères : de ::: l’opéra

    Il faudra que j’aille rue Robert Pinget enterrer solennellement mon exemplaire des Mystères de l’opéra. Pour moi, depuis le choc causé par la lecture de L’Inquisitoire en 1992, tous les inquisitoires sont L’Inquisitoire. Ce n’est pas médire de Javier Tomeo, qui a signé là un livre singulier, surprenant comme toujours. Javier Tomeo ne fait jamais le même livre (pour le coup). Mais, pour moi, depuis le choc causé par la lecture de L’Inquisitoire en 1992, tous les inquisitoires sont L’Inquisitoire. Voilà.

Toutes les rues ne sont pas pour autant la rue Robert Pinget, brève bretelle sans bâtiment ni magasin ni entrepôt ni résidence ni rien, de sorte qu’aucun numéro ne lui est affecté – une rue sans numéro et donc sans adresse – une rue où jamais le facteur ne s’arrête.

 

Les Mystères de l’opéra est un roman élaboré comme une pièce de théâtre, avec didascalies, primauté du dialogue entre le « Juge » (ou gardien) et la soprano, mais aussi plusieurs notations ou signaux de nature foncièrement extra-théâtrales, comme le surgissement, ça et là, d’un narrateur omniscient. À le lire, on aimerait le traduire en livret : tout le texte appelle cette transposition, et c’est justement dans la résistance d’un faux récit qui toujours se dé-dramatise que réside une grande partie du plaisir de lecture.

6f1bd44e01b4f74a2b3c926e821519fd.jpgIl y a quelques clins d’œil du côté de Beckett (« C’est le souvenir de cette femme impossible qui vous a abîmé depuis des années dans cet antre pour dresser l’acte des foirages des autres ? », traduction de D. Laroutis, Bourgois, p. 147), le lien sémiotique qui se tisse entre l’énigme (Rätsel de l’aria wagnérienne, p. 107) et la foirade (le ratage : « vous aussi, vous êtes un raté », p. 146), la lutte entre l’esprit de système de la soprano et le goût du Juge pour le mystère.

« Des ennemis, en plus, dont l’existence pour nous est un mystère. » (p. 91)

La soprano a parlé de salopards, mais le Juge a dit « nous ». (On entend résonner les voix du Kafka de Marc Ducret : chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous… chez nous…) Nous, c’est aussi, d’un doigt léger puis – juste au dernier paragraphe – impérieux, le narrateur : « À partir d’ici nous n’en dirons pas plus. Nous ne nous mêlons pas de justice. » (p. 148)

Le Juge, si malsain que paraissent la plupart de ses principes, lance toutefois, aux fiévreux de mon espèce (mais il y en a d’autres, comme Madame de Véhesse), un appel rassurant : « Dans ce monde il faut tout compter. Oui, oui, ne me regardez pas de cette façon, il vaut mieux tout compter. Quantifier tout ce qui nous entoure : pendules, ampoules ou tubes fluorescents. » (p. 64)

 

Denise Laroutis est certainement une très bonne traductrice. (On peut savoir si un traducteur est mauvais sans même se reporter au texte original ; pour faire définitivement le tri entre bons et mauvais traducteurs, un bon texte n’est jamais qu’un début d’indice.) Pourquoi ? Un seul paragraphe, sans autre commentaire, suffira à éclaircir mon affirmation :

Brusquement, on n’entend plus la voix du violoncelle – comme si quelqu’un avait décidé de lui couper toutes les cordes d’un seul coup de ciseaux –, le Portier éternue une fois de plus et reste les yeux baissés. On dirait que le ressort de son cou s’est cassé pendant qu’il éternuait. À ce moment-là, les femmes qui sont de l’autre côté de la porte préfèrent se tenir coites. Elles n’ont pas la moindre idée de ce qui risque de se passer à partir de maintenant, mais ce dont elles sont toutes convaincues, c’est que Brigitte a encore le temps avant que soit remplie la coupe de l’amertume.     (p. 114, tripatouillages de polices ajoutés)

 

Comme pour les masques, comme pour les mensonges, comme pour le bal des vampires dans les armoires (ou des grimoires qui transpirent), l’opéra se travestit : « Une véritable soprano – une soprano tout-terrain – peut chanter les séguedilles de Carmen même habillée en Brunhilde ou en Salomé. » (p. 72)

Maintenant, le thé est noir ; il faut le boire. Respecte ton supérieur !

samedi, 08 septembre 2007

Issam :: Krimi :: Trio :::: Églogues :: 3

    Trois des raisons pour lesquelles j’ai acheté ce disque le 28 août dernier :

  1. Son titre.
  2. La première composition s’appelle 28 août ; c’est le genre de signe du destin qu’on ne peut éviter.
  3. Il ne coûtait que trois euros.

 

Les signes mentent rarement, il faut croire. Grand album, enregistré en novembre 2004 par trois jazzmen français dont je n’avais jamais entendu parler : Issam Krimi, leader & compositeur de dix titres sur onze (‘claviers numériques et analogiques’) ; Han Sen Limtung (sax alto) ; Sébastien Brun (batterie). Antoine Hervé et Christophe Monniot les rejoignent, sur un et six morceaux respectivement : dis-moi qui tu hantes…

Premier compliment – la musique de ces trois jeunes musiciens ne rappelle rien, rien de très précis en tout cas. Bien sûr, on voit très bien dans quelle mouvance ils se situent, quelle esthétique ils privilégient. Si je balbutie des adjectifs comme saccadé, discontinu, vibrant, x noms pleuvent, bien sûr, mais, si ça signifie un peu quelque chose, ça ne dit rien du tout de cette musique.

D’ailleurs, il est très difficile d’en parler globalement, car, sur chaque composition, l’équilibre des forces au sein du trio varie beaucoup. Autrement dit, le trio parfois quatuor réinvente sans cesse la singularité (ce qui est pompeux, mais, très honnêtement, bien rare (D’ailleurs, on aime beaucoup certains musiciens, certaines formations de jazz notamment, alors que certains arrangements, certaines compositions, certains solos, certaines orchestrations se ressemblent furieusement (et je pourrais moi-même en citer des dizaines sans rien ôter à ces artistes de l’admiration que je leur porte).)). À titre de simple et seul exemple de cette singularité constamment réinventée, Les Bacchantes, qui fleure avec le jazz rock avant de lorgner du côté de la ballade, n’est comparable à rien : dans la première partie, la batterie autiste fore de son côté sans se soucier du duo frénétique des claviers et du saxophone ; ensuite, le sax lance un solo ponctué gentiment free, avec cymbales urbaines, sans perdre d’ouïe le thème ; puis percussion et Fender y vont franco mais en douceur, à explorer, me semble-t-il, l’une des pistes les plus discrètes ouvertes par le solo ponctué ; le clavier relance le thème, le sax danse un peu dans son coin et on s’en tient là, oreilles promenées aux quatre vents mais toujours dans le droit fil.

 

(Stop intempestif sur le bord du chemin.)

vendredi, 07 septembre 2007

The Bill Wells Octet vs Future Pilot A.K.A.

    Déjà, on ne comprend pas que l’octuor ne se compose que de sept musiciens – ou alors le leader, pianiste et bassiste, compte-t-il double ? Ensuite, on ne comprend pas la structure du projet : musique improvisée et enregistrée par un ensemble de 7/8 musiciens d’une part puis remixée par deux ou trois bidouilleurs – peut-être ce Sushil K. Dade qui paraît avoir participé aux compositions ?

Oui, ce pilote du futur nous désoriente.

 

La musique elle-même ? Du jazz électronique écossais*, sur un disque très bref, avec de belles mélodies (No Funerals This Morning) et pas mal de gimmicks un peu m’as-tu-vu et superfétatoires.

Piano & basse en soubassement : on pense à Mingus, sans rapport pourtant (encore que la première minute de Pink kitty, hein…).

 

Je ne connais pas la chanson de Gainsbourg Requiem pour un con, mais c’est un temps fort de l’album : introduction progressive de la section rythmique sur 54 secondes par trois tranches, puis pénétrante poignante échappée de trompette bouchée (Robert Henderson), avant que la guitare de Stevie Jackson n’hésite joliment entre frisottis et chatouillis, d’où la mélancolie plus terrible encore qui vous saisit dans le dialogue final entre flûte / trompette.

 

* I know, it just doesn’t obtain… Did it on purpose, though.

mercredi, 29 août 2007

Mardiscount

Hier, aux Enfants d’Icare, très en vie, j’ai laissé déborder, pour une bouchée de pain, treize envies :

Emanuele Cisi. L’ange caché (Pygmalion, 2000).

Guillermo Gregorio Trio. Red Cube(d) (Hat Hut, 1999).

Peter Herborn. Something personal (JMT, 1992).

Peter Herborn. Traces of trane (Polydor, 1992).

Jo Kondo. Works for piano, by Satoko Inoue (Hat Hut, 2001).

Issam Krimi. Eglogues 3 (Nocturne, 2004).

Daniel Letisserand & Orphéon Orchestra. Poursuites infernales (Amoc, 1999).

Carlos Maza. Fidelidad (Universal, 2002).

Christian Muthspiel Octet Ost II. Indirect View of Beauty (Amadeo, 1994).

Pork Pie (Mariano/Van’t Hof/Catherine). Operanoïa (IMM, 1996).

Bertrand Renaudin. Printemps de paix (CC Production, 1989).

Horace Silver 5tet. Silver’s Serenade (Blue Note, 1963-1998)

Bill Wells 8tet vs Future Pilot A.K.A. (Domino, 1998).

 

------- Mon ami J.P., du saxophoniste Emanuele Cisi, est d’un orfèvre. La fièvre gagne toutes contrées. Trait pour trait, décochant mes flèches au petit bonheur, je m’aventure sur les créneaux. Como bon vieux temps. -------

18:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, Jazz, Ligérienne

Point d’ironie

    La puissance qui émane de l’Étude sur les masques n’est pas si différente du vibrato langoureux de Roland Kirk, dans l’album Now Please Don’t You Cry Beautiful Edith. On ne peut s’aveugler, sur la seule foi d’une coïncidence chronologique ou temporelle, mais il faut, au contraire, entendre, sous les quatre instruments joués simultanément, la déprise vocale dont est victime Svortsov, ventriloque malgré lui, polyphone par aliénation, et voir, sous les lunettes noires du grand Rahsaan, les mille et cent masques de César « le masquier ». Qui a dit qu’il faudrait inventer une notation, un signe de ponctuation nouveau afin de signaler toute formulation ironique à l’attention des lecteurs ? Un imbécile. Point d’ironie s’il y a un point d’ironie. Plus d’ironie du tout. Quoi. César fragmente ses phrases, les coupe au mauvais endroit, ou marque trop de pauses. (La question de l’intonation n’a aucun sens : les vrais ironistes ne laissent aucunement deviner le sens de leurs propos par un ton ironique. Le « ton ironique » n’est pas un non-sens, mais un oxymore. Où l’on en revient à la polytonie de Rahsaan, dans “Blue Rol”, par exemple.) Et je ne veux pas t’entendre. Rouscailler.

 

[21 juillet.]

 

14:25 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, Littérature

mardi, 28 août 2007

Later / Avalon

    Dans la danse des touches, sur ce saxophone ténor auquel manquent l’alpha et l’oméga, de sorte que nul ne peut exprimer la gamme des émotions de A à Z, Sonny Stitt convulse calmement quelques nuages qu’il fait pleuvoir en orage sur les routes poussiéreuses et desséchées de l’Arizona, bizarre spectre venu d’autres ères, d’autres sphères (aztèque peut-être), au point d’en chasser le camion déglingué et bringuebalant de la famille Joad, et sans s’étonner d’apprendre, désormais perdu dans les blizzards farouches d’Azerbaïdjan, que la grand-mère, en fin de compte, n’est pas morte comme une pauvresse, elle qui eut droit aux plus sublimes envolées de cet instrument lumineux à faire pleurer les nimbus.

 

[21 juillet]

14:25 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, écriture, Jazz

lundi, 27 août 2007

Strandjutters

    Divi-Divi. L’œil retapé prend la tangente, pour des horizons familiers. Old Folks. Dans les longs couloirs du château de Hautefort, elle l’étreignit violemment puis commença à le caresser ; il ne reste pas passif, le bougre. En plein air. Tous les cailloux de l’Adour et du gave dans la bouche, elle parle de l’entonnoir pour les canards gras, des enclos et des mesures de précaution liées à la grippe aviaire. I Wish You Sunshine. C’est bien le moins, dirai-je, et ça ne sert rien d’extasier lentement le nappage – ou est-ce le glaçage ? – pour détourner l’attention. The Prisoner. Il dessine de longues lignes jaunes et rouges, sur les murs de sa cellule, dans le donjon de Loches. Talm. Crayonnée au théâtre, pour rien sa ligne de flottaison prit le large et se figea dans un dénouement sans saveur, à vous glacer les sangs. Sempre libero. Je rêve un livret, c’est déjà bien assez. Strandjutters. Nous nous promenons le long des quais, puis des rives, puis des dunes, puis des baïnes, puis des rêves (médusés nous sommes).

 

[17 juillet.]

mercredi, 15 août 2007

Fables de feu

    Fire Waltz, par le quintette de Dolphy. (16 juillet 1961). Il s’agit d’une de mes compositions favorites de Mal Waldron, et, comme je suis persuadé d’en détenir un enregistrement de Waldron en duo avec Steve Lacy, je cherche frénétiquement dans ma discothèque. Rien, évidemment, même de proche en proche, de clarinettiste en clarinettiste. Ai-je aussi été induit en erreur par les nombreux vinyls écoutés, fin juillet, dans la maison de Chalosse ?

Resterait à clore par un détour côté Mingus, dont j’ai fait mon miel (Fables of Faubus, plus que jamais), au point de rapporter, de Chalosse toujours, six CD de Mingus, qu’il serait temps que je connaisse mieux, avec ce bail qu’on se fréquente, lui et moi.

L’autre jour, baigné d’une lumière pluvieuse, nageant en plein bonheur, je me disais qu’Archie Shepp ni Jimmy Giuffre n’ont joué la valse du feu ou ces fables-là, mais que j’aurais, moi, donné beaucoup pour avoir composé l’un et l’autre de ces hauts morceaux (et savoir les bricoler différemment).

[14 août.]

mardi, 24 avril 2007

Shack-man, l'homme des taudis

    Il y a aussi des tulipes (violet foncé) qui ne font pas la lippe, et que j'écoute Is there anybody there that love my Jesus, tout le monde s'en cogne la croix contre le Golgotha... Ensuite c'est Dracula, qui commence comme une danse féline, à pas de loup, dans la neige fondue au soleil, alors que les dithyrambes se fendent de facéties ; mais voilà aussi les étoiles, et la nuit qui renaît. S'oindre de plomb les narines, ah, ce n'est guère facile.

Strance of the spirit red gator, ce n'est rien, et c'est tout bien sûr : on se dit "c'est tout", mais si on sait tout, alors on se tait. Le crocodile n'en manque pas une miette (de viande). Certaines façons d'être restent muettes face à ces triturations chaloupées (olé, celle-là fallait l'oser). Ton ombre au tableau, l'odeur de marqueur aidant, tu sais déjà tout, et ça danse dément.         Spy kiss : baiser de l'espion ; baiser volé ; baiser qui se dérobe ; porte dérobée où l'on s'embrasse ; je brûle d'épier ; peut-on, en baisant, épier ceux qui ne baisent pas (I spy with my little eye). C'est du bluff, c'est un bof d'aveugle, ça ne mange pas de pain. (Si, ça dévore. (sic))

Oui, le vieux chêne de Cheillé est solidement fiché, ancré dans les contreforts de la petite église. On y perd son latin. Entre Lifeblood et Jelly belly il y a ce moment de grâce, cette hésitation de l'oreille plus tendue que les cordes ; le monde grince toujours plus que la personne. (Il ne fallait pas lire encore Dazai Osamu jusqu'à une heure indue.) Déambulant dans l'église, dont vite on fit le tour, nous entendîmes encore chalouper l'orgue, mais à écoper l'eau nous vîmes tanguer notre barque. Des sortilèges pleuvent sur les clochettes que l'on frappe. Ce soir encore, soit, j'aurai, si ça tombe, le bourdon, le ventre noué et quasi gélatineux d'angoisse. Mauvais trip.

Plus de photos ? Enfin si, il y en a des vingtaines, scores of them, encore, mais l'envoi électronique permet de trier (sur le volet). Le son métallique de la guitare de Chris Wood, c'est à fermer la marche, faire la noce, fureter dans tous les recoins. On reconnaît le firmament à ses prouesses, le héros romain à ses promesses, l'aube tombée au coin du bois devant la parure du soleil.

 

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Ailleurs, c'est de Julien Jacob qu'il est question.

lundi, 02 avril 2007

L'un p(e)int

    Sur le trottoir opposé au sien, il y avait, vêtu d’un trench coat, le sosie conforme (ou la copie crachée (ou le parfait portrait)) de Keith Jarrett, enlacé à une dame élégante de soixante balais. Un groupe de six contrôleurs discutait avec un saxophoniste, musicien des rues.

Serait-il descendu à l’arrêt Rue du B. ? S’il avait pu rejoindre les deux très jolies jeunes femmes aperçues du sens inverse, oui sûrement. Une voiturette soufflait une sorte d’Autumn Leaves.

 

Inuit plu

    Il faisait ¡ quand nous avons écrit cela jouant tarot c’était simultané et l’imparfait, loin d’être de mise ­­® vite un dé mineur ! ®, était de convention ¢ trop chaud dans la voiture 5, où il avait trouvé une place assise avant de payer son billet auprès du contrôleur au tarif de bord Õ vous étiez dans la Clio, et je m’en suis arraché, persuadé que j’allais rater même le marchepied Ö, et, sous le coup de cette chaleur, il avait préféré se rendre dans l’espace entre deux voitures Ü plateforme, ça s’appelle Û, où la température était beaucoup moins étouffante et où se calant, à moitié allongé, sur l’un des spacieux porte-bagages – les barreaux lui sciant les fesses – il avait pu poursuivre sa lecture, enfin à son aise. Il ¤ elle ne renonce pas à cette convention factice / elle a fini par inscrire un point et commencer une nouvelle phrase / elle ? ¥ en avait conclu que, pour un trajet bref, il lui importait plus de pouvoir respirer que de ne pas se disloquer le corps contre du métal froid.

jeudi, 29 mars 2007

Train de nuit

    Au sujet des gloses il ne tarit pas d'éloges. Du troisième balcon, avec ses jumelles de théâtre dorées, elle cherche à voir la couleur des sous-vêtements de la danseuse étoile. Près du foyer où luit, d'une incandescence pâle, une bûche presque consumée, tu bois de la tisane. Il travaillait dur, bachotait avant chaque examen, en quelque sorte au galop d'essai. La musique (Out of this World par le quartette de Coltrane) te trotte dans la tête. Voici quelques-unes, mais parmi tant d'autres, des choses que je préfère.