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mercredi, 31 mai 2006

Mummification

    Fuligineuse m'a envoyé, il y a maintenant trois semaines (shame on me) un texte qu'elle a écrit fin avril à partir de phrases publiées dans ce carnet, sous la catégorie Onagre 87 (qui s'est enrichie, depuis, d'autres textes, évidemment). Réticent à vous livrer la contrainte qui préside à l'organisation, et certain aussi que les plus fins d'entre vous s'y retrouveront, je vous livre donc, brut de décoffrage, en quelque sorte, ce texte dont l'auteur est vraiment Fuligineuse (quoique, par ma faute ou ma paresse, il y manque italiques et liens hypertextuels), et qui s'intitule

 

MUMMIFICATION

(Quel faux jeton que moi !)

« Pourquoi apparaissons-nous ? »

À peine une conversation sur telle contrée, tel village, tel voyage possible – à peine la lecture de quelques pages où éclate un lieu, une région, les bords d’une rivière – à peine si je feuillette un atlas, une carte routière – et je suis pris d’une frénésie de bourlingue, de voyage – découvrir une petite abbaye méconnue, un panorama qui semble superbe, une église de village avec son café délabré en face, ce château qui justement n’ouvre pas le jour où vous passez aux alentours, ces routes et ces déroutes.

Après un séjour de dix-huit mois à Rome, Jacques Blanchard se rendit à Venise, où il resta deux ans.

Au lieu de vous entretenir oiseusement et sempiternellement de la fièvre des nombres, je pourrais bien insister sur mes folies alphabétiques, qui m’ont permis de découvrir, jeudi dernier, l’œuvre poétique de Pierre-Albert Jourdan, dont même le nom m’était inconnu, mais qui m’a happé tandis que je cherchais, sur le catalogue du Service Commun de Documentation, s’il y avait des ouvrages de Dieudonné Jourda (pas trace) ou de Pierre Jourde (si fait).

Aujourd’hui, comme hier, sa maîtresse était absente, car elle ne se remet pas d’avoir couru le Marathon de Paris dimanche dernier.

Aujourd’hui, comme hier, sa maîtresse était remplacée par une dame qui ne dit (aux petits ni à leurs parents) ni bonjour ni au revoir, ne surveille pas les enfants dans la cour, et se laisse totalement déborder dans la classe.

Aujourd'hui, mon fils a cinquante-sept mois.

Aujourd’hui, on va « faire aller ».

Aujourd’hui, pour la première fois depuis longtemps, il n’avait vraiment pas envie d’aller à l’école.

Bien plus chtonienne que celle de Messiaen, cette musique se développe dans la rugosité de piliers d’église marqués par le sang des sacrifices.

Ce n'est pas là une vision très piétiste de Madeleine, ni une "vanité" sombre ou lugubre...

Ce sera mieux ainsi.

Ce tableau représente une Madeleine pénitente au crâne, très caractéristique de l'époque maniériste, tant dans les formes de la jeune femme que dans sa quasi nonchalance et sa main surprise ; on remarque par ailleurs ce qui semble être un visage d'angelot caché dans le drapé de la robe, tout près du sexe

Cherchant des informations sur le mois de mars 1123, afin de composer l'une des Hystéries historiées, je découvre une page Web consacrée à l'Histoire de Lucelle, commune et abbaye dont j'ignorais totalement l'existence ; or, je lisais hier soir, avant de m'endormir, le quatrième chapitre de Suburban blues, dans lequel Yémy forge le néologisme lucelle, qui échappe à une jeune femme, en un moment d'extase sexuelle porteuse de métamorphoses lexicales.

Comment disparaissons-nous !

D’une trouble majesté, Affettuoso (première pièce du disque d’Œuvres d’orgue de Joris Verdin (dont il est lui-même l’interprète)) se situe dans le sillage d’un Messiaen, sans paraître en partager le goût des sphères éthérées.

Dans le square noir de monde, les feuillages applaudissent à tout rompre.

De leurs maigres gestes en forme de signatures émane une grande joie.

Dédier une semaine à saint Ouen, prendre les eaux à Eugénie et les orgues à Rouen.

Depuis, je lis, par à-coups, les proses brèves de L’Espace de la perte, qui sont éblouissantes.

Des guillemets à l’italique, il y a le fossé séparant le poème du roman, et qui n’existe pas. Ces épîtres seront cause de notre mort prochaine.

Elle joue de la "guitare" (théorbe, luth) à bord d'un "drakkar" richement peint.

Heureusement, d'autres chapitres me laissent tranquille, mais je m'aperçois, écrivant ceci, que j'ai oublié de poursuivre la série des faux dictons de ce mois.

Idéalement, la catégorie 1295 devrait compter 107 ou 83 textes.

Il y a de curieux hasards.

J’ai appris récemment que lycaon se prononçait vraiment [likaon] et non [likã], comme, par analogie avec Laon, paon, faon, taon, je me l’étais figuré.

Je crois me rappeler que le narrateur précise que "ça n'existe pas".

L’automne est une saison bien plus équivoque, à cet égard, sous nos latitudes.

L’hiver n’est jamais si soudain que le printemps.

L’œil capte ce que ne saisit aucun mort.

La feuille de format A4 annonce le Premier Printemps des Intellectuels, Poètes, Ecrivains et Artistes Noirs, à la Sorbonne, le 8 avril 2006 à 13 h 30 (amphithéâtre Richelieu), à l’initiative de Djibril Gningue, président de l’Association Internationale Cheikh Anta Diop.

La mer lie de vin, on s'enfonce dans l'eau avec vous, puis pleure en entendant le jeune homme chevelu appeler, éploré, Branca Flor.

La mésange charbonnière n'est pas revenue rôder près du nichoir, ni le chat noir et blanc dans la haie de thuyas.

La pente rude à l'ânière, avec ses bêtes au joug. La faîne est bien le fruit du hêtre.

Le bar du Musée, près de la place Anatole France, est l’un des établissements les plus hideux et les moins conviviaux de Tours, mais on s’y retrouve quand, à l’heure du déjeuner, on a raté le bus 8 et qu’on doit poireauter vingt-cinq minutes avant le suivant.

Le berger honni accompagne ses pas sans honte.

Le cerveau échauffé, on se gorge d'eau, comme la prairie nourrie de pluie, aux premiers vents du printemps. (Peut-on écrire que cet anglais n'est pas catholique ? Mais la langue entendue est gouleyante comme une pierre frottée qui grasseye.)

Le chapitre IV de l’essai classique de Piera Aulagnier, La violence de l’interprétation, s’intitule « L’espace où le je peut advenir ».

Le cheval au labour cerne un chant qui s'éteint dans les volutes roux des sillons.

Le délivre.

Le premier billet publié de la catégorie Onagre 87 était « Ode naïve », mais deux textes avaient été écrits plus tôt ce même jour, qui avaient signé l’acte de naissance de cette série. « Ode naïve » fut écrit en bus, entre les quais et l’arrêt Chopin, au dos d’un bulletin de bibliothèque (les Sonnets de Shakespeare, dans la traduction des époux Bournet, parue chez Nizet en 1995, ouvrage à rendre avant le 10/11/05, et qui fut rendu en temps et heure), avec un bic noir, m’appuyant sur ma serviette.

Le Robert des noms propres, que je consulte pour retrouver les dates du prince (Andrinople, 1459 – Naples, 1495), indique bien qu’il (Djem) fut vaincu par Bâyazîd II (Bajazet) puis retenu prisonnier en France, mais il ne parle pas du tout de Bourganeuf.

Le titre est-il ironique, ou suis-je sourd aux intentions du compositeur ?

Les marchands du temple sont bien en place.

Loi des carrés : les Soixante-dix-sept miniatures doivent être, in fine, 77 ; de même, il faudra cinquante-neuf textes dans la catégorie 59, et quatre vingt sept pour Onagre 87.

Mélopées qui défigurent les visages du Christ, mais on n’est pas à l’abri d’un sursaut de cabri, d’une ruade d’âne, d’une valse chevaline débridée qui viendra, par la faune, remettre nos préjugés à leur place.

On a beaucoup glosé, en ma présence, de ma fausseté, de ma surdité, de mon obtusion, de mes assonances.

On dit on.

On imagine la magie.................. aucun âne n'est saisi de faim-calle.

On tirera au sort l'ordre des chapitres, dans le Livre.

Or, une dame nous tendit un prospectus pauvrement ronéoté, après s’être assurée, nous scrutant un interminable instant, que nous écoutions Alain Mabanckou avec la déférence qui s’impose.

Pas par commodité, mais pour ne plus s’y retrouver, comme dans le labyrinthe de fer forgé.

Plus subtil : dois-je m'en tenir à trente-et-un tankas ?

Pourtant, tous les Bourganiauds, eux qui s’inquiétaient de ne jamais me voir sortir, et de me penser dépérir, ont gardé le souvenir du prince ottoman.

Premier midi ensoleillé a déjà goût d’été.

Rassurons les matérialistes qui craindraient que la majuscule ici imposée au nom commun livre ne signifie une quelconque sacralisation : fort heureusement, le Salon célèbre surtout les bouquins de stars du show business, les éditeurs soucieux de vendre de la soupe, le Lion’s Club ou France Télévisions, qui sont, comme chacun sait, les officines de la bibliophilie contemporaine.

Roubaud est déjà passé par là. (Au cube et plus bellement, soit.)

Samedi, il faisait un temps mouquirous (en gascon dans le texte), hier un printemps superbe, aujourd'hui entre les deux. Hegel météorologue (un titre pour Derrida).

Si l'espace advient, plus de je dit...?

Soyez donc rassurés : vous ne croiserez pas beaucoup d’éditeurs et de lecteurs aux paupières brûlées par les braises de l’Idéal.

Telle est la simple question posée, à l’un des coins du labyrinthe de mots qui constitue la dixième double page de l’édition française du curieux poème de Ryoko Sekiguchi, Cassiopée Peca.

Telle semble être l’exclamation que le narrateur du dernier roman d’Enrique Vila-Matas, Docteur Pasavento, inscrit, marque d’infamie et de facétie, au front de son lecteur.

Toutefois, je le feuillette avant d’en commencer la lecture, et je tombe d’abord sur les en-tête des pages 141, 157 ou 165, où le titre du chapitre est repris, mais où, par une légère incurie typographique, la petite majuscule est U au lieu de Ù : la formule devient une belle et sombre phrase déclarative « l’espace ou le je peut advenir ».

Un sandwich et un demi ; la première terrasse, en bras de chemise.

Un Sisyphe de somme s'épuise, sans jamais (pense-t-on) connaître l'insomnie.

Une haute pile de livres que lit régulièrement mon fils, et jusqu'alors épars, a été, par mes soins, assemblée et forme un tumulus au milieu du salon.

Vous ai-je déjà raconté comment je vécus enfermé, pendant trois pleines semaines, dans la tour de Zizim, à Bourganeuf ?

Vus d'en haut, les deux corps nus qui tâtonnent près du rivage comblent le vide à l'horizon.

11:38 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

Contrainte : trouvée.

Cela me fait penser à Cendrars écrivant des poèmes à partir des textes de Gustave Lerouge.
Beau travail.

Écrit par : VS | mercredi, 31 mai 2006

Merci d'avoir publié ce petit exercice (dont la contrainte est quand même assez facile à découvrir !) que je me suis bien amusée à composer. L'abondance de la production de MuMM est stimulante...

Écrit par : fuligineuse | jeudi, 01 juin 2006

Ca force l'admiration. Je me dis qu'il est peut-être plus intéressant de lire la catégorie sous cette forme comme ça au moins je ne serai pas obliger sauter quelques notes. Merci Fulie!

Écrit par : Livy | jeudi, 01 juin 2006

Disons que trouver la contrainte était d'autant plus facile que je venais de lire ça:
http://intimedia.kaywa.com/quizz/abc233daire_musical.html

Écrit par : VS | jeudi, 01 juin 2006

"l'écriture sous la contrainte", ah mais oui.. la formation initiale et l'un de ses fabuleux intitulé !

Écrit par : paul | samedi, 03 juin 2006

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