Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 10 avril 2025

IV, cent

    l’écureuil chasse le lapin

tandis qu’un pic autour d’un frêne

tourne en grimpant

sous la pluie fine

 

comme on entend le roselin,

les deux notes du cardinal

dans un poème de Limon

 

était-ce assez prendre le vent

jaune et doré dans la figure

 

14:48 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 09 avril 2025

IV, nonante-neuf

    ce n’est pas grand-chose,

cette balançoire qui grince

et ce baby-foot sur un porch

(il suffirait de tendre la main)

 

le monde pourrait s’effondrer

sans qu’on regimbe

d’avoir vu

 

ce que peut la confiance

aux yeux qui se plissent

 

22:38 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 08 avril 2025

IV, nonante-huit

    le renard qu’on a vu

détalant, craintif,

sera peut-être le seul

de tout notre séjour

 

ici,

et à New York

qu’en dira-t-on –

 

des rumeurs de pacotille

et des cotillons de traviole ?

 

22:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 07 avril 2025

IV, nonante-sept

    tarabustant

la truite d’un

coup de poignet adroit,

cet assassin

 

n’est pas capable

d’observer seulement

un merle d’Amérique

 

en train de tirer sur un ver

dans un jardin crotté

 

22:40 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 06 avril 2025

IV, nonante-six

    délicate

ou raffinée

 

est-ce ainsi que la voient

les autres,

ou balourde,

illisible

 

— est-ce ainsi que tant

et tant d’yeux parpelègent

devant ces pages

 

11:18 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 05 avril 2025

IV, nonante-cinq

    au comble de la joie,

trouver la mort qui rôde dans les décombres

 

laquelle de nos morts

ici-bas pêle-mêle

tombe sur l’abat-jour

comme un torrent sur le monde ?

 

un poème entortillé

ne te sauvera pas, pauvre bougre, de

tes angoisses et de la haine

 

07:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 04 avril 2025

IV, nonante-quatre

    j’ai traduit quatre mille mots

en anglais au cordeau

 

tu ne sais pas ce que ça fait

de retrouver au creux

d’une phrase l’aveu

de ta propre faiblesse

 

et la phrase suivante est une canopée :

sous un immense chêne,

un ping-pong scopique avec le taureau

 

17:30 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 03 avril 2025

IV, nonante-trois

    on a vu lentement

déborder le fleuve

 

c’était un autre jour qu’aujourd’hui

dans une autre contrée,

avec d’autres coulées de boue

pour ruiner notre monde

 

et sous la bruine à présent

qui ne s’arrête jamais,

nous restons les yeux secs

 

13:58 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 02 avril 2025

IV, nonante-deux

    à six dans les rapides

en kayak ou en boutre,

je n’en ai rien à foutre

 

mon rêve se dissipe,

que tu n’as pu résoudre

 

comme la main hésite

sur le clavier, la foudre

est tombée, et je trime

(le dénouement s’entrouvre)

 

07:36 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 01 avril 2025

IV, nonante-et-un

    poissons qui plongent

poissons qui nagent

poissons venus du fond des âges

 

et sur le néflier

les timides frêles feuilles

 

sont trop rares pour ne pas qu’on comprenne

que l’arbre se meurt

du fond de mes souvenirs

comme des écailles sarclées

 

11:24 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 31 mars 2025

IV, nonante

    parfois c’est juste honteux

d’aligner ainsi les vers

ligne à ligne

 

pire qu’un passé prosaïque

enfoui au fond des oreillers

 

tapis entre les virgules

rares, les tremblements du sens

vacillent de cette honte

et du banal scandale à se foutre de tout

 

06:47 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 30 mars 2025

IV, octante-neuf

    à partir de demain

les trilles des merles

retentiront plus tard

 

(plus tard pour nous,

les yeux rivés sur l’horloge)

 

et dès ce matin, bien sûr,

mais j’ai à peu près dormi

jusqu’à 8 heures

(de la nouvelle)

 

11:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 29 mars 2025

IV, octante-huit

    face à soi le bois froid

dont il faut se forcer à penser

qu’il n’est pas malfaisant

et qu’il ne fait pas face

 

on tapote d’un doigt

distrait sur l’encâblure

 

on perd le visage en repère

de nuit et d’écorce proche

de ligne en lignée lignée

 

12:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 28 mars 2025

IV, octante-sept

    une fièvre de danser

c’est-à-dire remuer

son corps n’importe comment

me saisit

 

ilendésô

ladounsé grégam

 

car n’importe comment

est l’autre nom

de nos méthodes

 

12:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 27 mars 2025

IV, octante-six

    vous avez dansé le quadrille

et la gavotte et la courante

au petit pied la sarabande

au grand trot la renardée

 

mais est-ce trop dire

cette sauvagerie

 

hypnotique qui monte

du plus profond de moi

et explose en un grand cri muet de folie

 

 

12:24 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 26 mars 2025

IV, octante-cinq

    ce n’est pas vraiment la transe

ni le pouls de la mémoire

qui bat sous ma souffrance

à la décrue du déboire

 

issoko délassiounom / idom lassiounom

issoko délassiounem / idom lassiounem

 

c’est l’impossibilité

d’autre chose que danser

dans le béton clair du soleil

 

07:54 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 25 mars 2025

IV, octante-quatre

    lentement ton visage

souriant face à moi

 

dans le café

où piétinent tant d’espoirs

où même le train ronge son frein

 

aurait-on envie

de se parler

s’il n’y avait le poids

des remords entre nous

 

07:51 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 24 mars 2025

IV, octante-trois

In memoriam R.B.

 

    dans la chambre l’ombre

à présent plus bleutée

 

plus lumineuse peut-être

qu’en janvier donne le timbre

et le ton

 

de rêves qui peuvent paraître

brisés

(la carriole ventrue, verte,

où nous entassions l’herbe fauchée)

 

08:30 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 23 mars 2025

IV, octante-deux

    vibrato

imperceptible

 

ou presque :

nuit livresque

à fouiller dans les souvenirs

 

que l’on pourrait nommer

nuit blanche

sauf à vouloir

embobiner

 

08:27 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 22 mars 2025

IV, octante-et-un

    tenir jour après jour

la corde souple

 

tenir pour retenir

le temps entre les mailles

de sa mémoire effilochée

 

tenir tête

juste comme ça, par ténacité,

par refus de se laisser

submerger par la peur

 

09:37 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 21 mars 2025

IV, octante

    chaque matin les tourterelles

reviennent inlassablement

apiter leur nid

 

(le correcteur orthographique

souligne en rouge l’infinitif

(ce verbe est un régionalisme))

sur la poutre du perron

 

d’où, dès qu’elles s’envolent,

tombent les trois branches du nid

 

07:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 20 mars 2025

IV, septante-neuf

    il y a douze ans j’avais

écrit chaque jour du printemps

un poème en anglais

 

chaque poème était long

de 91 mots

précisément

(à dire avec la voix de David Suchet)

 

et ça ferait un recueil

si j’étais un publishitter

 

07:55 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 19 mars 2025

IV, septante-huit

    en traversant le pont Wilson

sous le soleil, dans la douceur

du printemps,

 

rentrant d’en ville avec

les goélands pas si loin de mon vélo,

leur vol olympien,

je fixe au loin l’îlot

 

où les cormorans font sécher leurs ailes

au vent et au soleil

 

17:55 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 18 mars 2025

IV, septante-sept

    un éclair moiré

sur la branche du néflier

mourant

 

(probablement mourant,

desséché désormais :

aura-t-il ce printemps

des feuilles ?)

 

chasse la pie,

attire mon œil

 

09:20 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 mars 2025

IV, septante-six

    côté jardin fleurs et feuilles

tandis que côté rue

sur fond de bitume

les branches sont désespérément nues

 

et que dirai-je

à la pie qui vient cogner à la vitre

puisque d’autre part les palombes

 

roucoulent et s’accouplent

frénétiquement

 

 

19:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 16 mars 2025

IV, septante-cinq

    « pleutre »

l’insulte a fusé

aussi étrange que violente

« pleutre »

 

sortie peut-être d’un souvenir lointain de Cyrano

— alors que le pleutre lui-même

sans doute doué ou affligé

 

d’une mémoire visuelle

croyait qu’on le traitait de champignon

 

19:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 15 mars 2025

IV, septante-quatre

    parallèlement

à rien

chemine

un sentier

 

qui ne va nulle part

vu que ce sont les corps

mouvants

 

qui vont

quelque part

 

19:03 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 mars 2025

IV, septante-trois

    déjà le quatrième acte,

pensa-t-il en s’étouffant

dans sa toux déjà vieille

de vieux cachectique

 

faudrait-il ne pas vieillir,

dit-il en reniflant sa morve

l’œil embué

 

trop tard pauvre Argan

prends juste ton efferalgan

 

08:11 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 13 mars 2025

IV, septante-deux

    passage par les nuages

concentré sur la cime

 

des cyprès

comme des platanes

au bord des pierres

ou des rivières

 

le chaloupé des ailes trace

une voie pour l’après

à l’écho des tramontanes

 

08:12 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)