mercredi, 23 juillet 2025
SecEM, 1 -°- Préface
23 juillet 2025
Ce soir, j'ai commencé à traduire The Second Emancipation de Howard French.
Pas de contrat signé encore, mais je voulais commencer à tâter le terrain. Je me suis contenté des deux pages de la Préface ; pas grand chose à signaler à ce stade. Ah si, j'ai traduit a very different, not always roseate, image of Africa par une image très différente, pas toujours très glorieuse, de l’Afrique. Et j'ai eu Pas bien rose de Capdevielle dans la tête pendant les dix minutes qui ont suivi.
(En fait, j'ai aussi traduit le titre et le sous-titre. Pour le coup, cela, ça peut évoluer.)
19:35 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
Recoupements et embrouillaminis
Je dois écrire cela.
[Cela : j’aurais pu écrire ceci, vu que c’est ce qui suit, mais j’ai écrit cela car c’est ça désigne que j’avais déjà en tête et qui m’a incité à m’interrompre dans mon travail.]
Je dois écrire cela. Même si je m’interromps dans mon travail – j’ai relu 22 des 49 pages du tapuscrit de ma co-traductrice, en deux grosses heures – ce n’est pas grave, il faut que j’écrive.
Car je viens d’aller, pour la deuxième fois ce matin, chercher des feuilles de papier brouillon dans le tiroir du salon, afin de continuer de prendre des notes. Et je me suis dit que je n’avais pas prévu de gribouiller autant en relisant la traduction : c’est lié à quelques erreurs ou désaccords, en nombre plus grand que je ne pensais, mais le texte d’Aidoo est très délicat aussi. Donc je n’avais pas pris assez de feuilles la première fois, vers sept heures moins le quart. Mais surtout, en écrivant au bic sur la pile de feuilles – dix peut-être, il faudra que ça suffise, là, non ? –, le souvenir des étés de l’adolescence où j’écrivais ainsi, sur des ramettes de papier brouillon, feuilles assemblées en liasses (je revois très bien ces liasses qui se détachaient comme un bloc Rhodia, mais c’était du papier brouillon), me remonte. Mon écriture de ce matin, et d’hier vu que j’ai commencé à annoter manuscritement tout en ayant face à moi, sur l’ordi, le texte d’Aidoo en regard du chapitre central qu’a traduit ma co-traductrice, n’a rien à voir avec ce que j’écrivais en particulier cet été-là : j’ai dit que j’étais adolescent, mais peut-être que c’était l’été 1984, ou alors 1987, en juillet, avant d’aller passer le mois d’août à Francfort, chez mon correspondant, oui, ce doit être cela, cet été-là j’avais commencé à écrire cette uchronie jamais finie (je n’ai jamais rien fini). Donc 1987, douze ans et demi, okay, soit : adolescent.
J’ai hésité avec l’été 1984, car cet été-là est le seul où nous n’avons presque pas bougé des Landes, le seul où mes parents ne nous ont pas emmenés pour un long périple en caravane. Et donc j’avais beaucoup de temps pour glandouiller, à mon bureau : j’ai dû écrire un bon paquet d’insanités à mon bureau, cet été-là. Mais celui auquel je pense, la sensation d’écrire avec, sous le bic, ou sous la plume, un bon matelas de feuilles de brouillon, c’était sans doute 1987, car l’année d’avant (je veux dire : l’année scolaire précédente, en quatrième) j’avais écrit, dans un cahier de petit format mais de 288 pages, un essai d’autobiographie : au fil de la plume, de la merde en barre ; cet essai d’autobiographie m’est aussi revenu en mémoire en lisant Scale Boy. Tout se recoupe, n’est-ce pas.
Voilà qu’en ajoutant à la phrase précédente la parenthèse indiquant que j’avais écrit mon essai d’autobiographie en classe de quatrième je suis saisi d’un doute : n’était-ce pas en sixième ? je me revois dans la salle des profs du lycée où enseignaient mes parents et où j’allais les attendre, mais est-ce que je ne confonds pas aussi avec les années d’école élémentaire ? Tout se brouille, n’est-ce pas.
Et si mon autobiographie n’aurait aucun intérêt, je dois dire que ça m’est pas mal revenu ces temps-ci, cette envie de l’écrire. Mais si je dois être honnête, pleinement, personne ne pourra la lire, personne de mon entourage en tout cas. Même après ma mort, ce que j’y dirais pourrait faire des ravages. Donc aucun intérêt (littéraire) et potentiellement des ravages (existentiels).
Tout se censure, au fond.
08:53 Publié dans La rature a horreur du vide, MOTS, Pong-ping | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 juillet 2025
SecEM, 2 -°- Mécanique
24 juillet 2025
Dans le livre foutraque que je finis de lire, et qui ne paraîtra, me dit son éditeur, qu'en septembre, dans ce livre qui s'intitule bricolage[S], et "dans lequel il est question de traduction", m'a dit son éditeur, la page 204 propose, par la voix d'un personnage Carlos/Karl mécanicien, une analogie entre la traduction et la mécanique, par trois étapes : (1) "démontage" (2) "cogiter, entraver" (3) "reconstruction plus ou moins fidèle". (Bien entendu, ça ne marche pas. Et d'ailleurs avant d'écrire ce texte j'ai décidé de publier les billets de cette rubrique en remontant le temps afin qu'ils apparaissent dans l'ordre, le plus ancien en haut, contrairement à ce que prévo(ya)it la logique des blogs.) La raison pour laquelle je parle de cela c'est que la semaine dernière j'ai lu Scale Boy de Patrice Nganang, qui paraîtra en janvier prochain, et que, dans la première partie, niché entre les chapitres par lesquels il commence in medias res avec le pèse-personne et les chapitres plus chronologiques dans lesquels il poursuit, se trouve le récit de son début d'apprentissage chez un garagiste. Donc Patrice approfondit, tout au long du livre, la relation entre l'activité de pèse-personne et son travail d'écriture, son regard sur les phases complexes de la colonialité au Cameroun, de la fin du 19e siècle à la guerre en Ambazonie, en retraçant sa propre autobiographie jusqu'au seuil significatif de 1984, ses quatorze ans et l'épuration ethnique des Hausas par les séides de Biya, mais je ne crois pas que la mécanique serve d'analogie, aussi dans la mesure où il n'a guère appris à démonter, cogiter ou reconstruire quoi que ce soit dans cette ph(r)ase-là. Bref. Cela fait beaucoup de tintouin pour dire que, ayant passé six heures loin de la maison, et revenu assez crevé de la longue randonnée dans les forêts et chemins vignerons de Bourgueil, je n'ai pas traduit une ligne aujourd'hui, pas une ligne de The Second Emancipation (ce qui ne me fait pas oublier que je compte aussi commencer à me faire la main à Scale Boy cet été).
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lundi, 21 juillet 2025
SecEM, 3 -°- « des gargotes bruyantes »
25 juillet 2025, 10 h
Qu'est-ce que je fais là...
Bon, ce matin, après avoir évacué, en une heure, quelque chose d'un peu administratif et d'un peu casse-pieds (l'abstract de ma communication du 23 octobre prochain et la paperasse afférente), je me suis mis à traduire l'introduction.
Deux pages (sur 17), ce n'est pas foufou. Je vais y revenir.
Pour le précédent livre de Howard French que j'ai traduit, je n'avais pas tenu de semblables carnets. Pour le précédent livre de Howard French que j'ai traduit, je m'étais fait un rétroplanning très détaillé, avec le nombre de pages par chapitre, les objectifs par date etc. Là, rien de tel pour l'instant, peut-être par superstition (pas de contrat signé) ?
En tout cas, dans le hors-champ (ça n'existe pas, le hors-champ est toujours une ligne de marge) : après cette heure et demie à travailler sur la traduction, je me suis recouché pour lire les deux derniers chapitres de Nightbloom (enfin, de Fleurs de nuit), puis j'ai (enfin) commencé à lire La Source et le signe de Vincent Debaene : là aussi, tiens, long avant-propos suivi d'une longue Introduction. Et dans l'avant-propos, au détour d'une note de bas de page, Debaene cite, parmi les “native anthropologists”, Kofi Abrefa Busia qui devint président du Ghana et qui est cité (son nom écorché) par Ama Ata Aidoo dans mon autre traduction du moment.
[Dans l'édition française de Fleurs de nuit l'éditeur choisit une étrange transcription pour la langue ewe : Eʋe (mais le ʋ ressort bizarrement).] Dans la “Note de l'auteur”, brève, que j'ai aussi traduite ce matin, French parle des orthographes anciennes et modernes de Fante/Fanti, Asante/Ashanti, Nzema/Nzima. Et surtout je me suis beaucoup interrompu dans la traduction de ces pages 1-2, pour échanger avec Elvire : la phrase sur les patinoires d'Abidjan m'a fait penser à elle, puis elle m'a dit qu'elle venait tout juste de regarder comment aller à Abidjan, puis je lui ai parlé de ma traduction de Treichville, “the big and low-lying workers' district across the bridge from downtown” par l’immense quartier ouvrier juste de l’autre côté du fleuve de la lagune.
De l'importance de Google Maps. Si vous vous demandez pourquoi j'avais choisi de moduler bridges, de ne pas le conserver tel quel, c'est que de l'autre côté du pont me semblait trop flou, topographiquement. Et en voyant sur Google Maps qu'il y avait deux ponts reliant le centre urbain d'Abidjan à Treichville (peut-être un seul à la fin des années 70, mais bon), je tiens bon. — Et j'ai fini par traduire low-lying plus loin, dans la phrase suivante. Pas convaincu que je ne vais pas faire sauter carrément cette précision sans grande importance, qui alourdit mon texte.
French, au nom prédestiné, raconte que, tout jeune homme donc, avant de devenir journaliste, il perfectionne son français à Abidjan au point de se faire rémunérer comme traducteur. Que ferons-nous de cette possible mise en abyme ?
Ce qui m'a le plus embarrassé, dans les deux pages que je viens de traduire, c'est la description du quartier de Treichville en des termes un peu stéréotypés : French dit qu'il a adoré y passer des soirées et des nuits à danser, mais il n'évite pas le cliché. Alors, le cliché est peut-être véridique, mais je me retrouve à traduire par exemple “boisterous street restaurants”, et comme, un malheur n'arrivant jamais seul, “restaurant de rue” ou “restaurant sur la rue” sont peu usuels ou lourds, tout ce que j'ai, pour le moment, c'est gargotes bruyantes. Et gargotes bruyantes, ça ne va pas du tout du tout. De même, comment ne pas traduire de façon péjorative la description de son ami Kwamena, “voluble chauffeur and strutting rooster of a man” ? Pour l'instant, ça donne chauffeur loquace qui aime se pavaner et parlant fort.
10:16 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 20 juillet 2025
SecEM, 4 -°- quatre pages de l'Introduction
31 juillet, 11 h
J’ai repris la traduction de l’Introduction, dont je n’avais « fait » que deux pages. Dès le paragraphe médian de la page 3, double embarras. D’abord, c’est amusant, alors que l’épigraphe de Scale Boy (que je commence à traduire en parallèle) évoque le fait que la langue française n’a pas de mot équivalent à home, la première phrase que je traduis de The Second Emancipation aujourd’hui est homeland : on traduit par « patrie », mais ça ne va pas du tout. Les « patries imaginaires » de Rushdie ne sont, dans le texte, pas des patries.
L’autre embarras est plus idéologique, en un sens. Il porte sur la phrase par laquelle French décrit Nkrumah, et qui me semble calquer – sans s’en déprendre – la rhétorique des profilages raciaux. Comme le traducteur doit se contenter de traduire, j’ai traduit : « Il était de taille moyenne ; ses traits caractéristiques étaient une peau très sombre, des yeux vifs et un front bombé. » Mais j’ai quand même atténué un peu : ebony-dark skin, vraiment on ne peut pas garder cela au premier degré en français (“noir d’ébène”, come on, give us a break). Plus loin (p. 6), pour dire que la région où est né Nkrumah était éloignée de tout, French parle de netherworld, sans paraître comprendre que ce terme est extrêmement péjoratif. (J’ai à moitié songé à écrire « ravitaillé par les corbeaux » mais c’est encore trop ludique ; netherworld, c’est l’enfer ou la zone de non-droit, les limbes ; j’ai fini par édulcorer.)
Sinon, comme pour Scale Boy, je m’arrache les cheveux avec compound.
Il y a (déjà) plusieurs citations de Nkrumah, et je devrai vérifier tout cela minutieusement à partir des traductions existantes et publiées. Toutefois, je ne peux m’empêcher de mettre ici en regard ce passage (p. 5) et la capture d’écran correspondante de Google Maps. Finalement, entre la lagune d'Ayi et la lagune d'Aby, c'est peut-être la traduction publiée de l'autobiographie qui me permettra de trancher.
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samedi, 19 juillet 2025
SecEM, 5 -°- reprise
22 août
Après trois grosses semaines d'interruption, je me rassieds à mon bureau pour réenclencher cette traduction. Je suis toujours embarqué (ou englué) dans l'Introduction, dont il me reste dix pages. Hier j'ai eu un entretien téléphonique avec l'éditrice de chez Calmann-Lévy, autour des questions de calibrage du texte, qui est rendu difficile par le document PDF ultra-protégé. Elle va essayer d'obtenir une version qui permette de connaître le nombre de signes et de faire le calibrage avec coefficient de foisonnement, sinon je lui ai donné mon accord pour une fourchette basse : je préfère un “rattrapage” à la hausse sur le troisième tiers que de devoir leur rendre des sous ! Elle va aussi réclamer deux exemplaires papier de l'ouvrage, dont un pour moi.
Ce matin j'ai traduit deux pages. Il y avait plusieurs références ou citations, à des textes racistes du président Wilson (j'ai surligné mon premier jet en jaune car je doute de trouver facilement une traduction déjà publiée), à un article de Baldwin dans le New Yorker (pas cherché de traduction existante), à Aimé Césaire (j'ai retrouvé, restituant dans ma traduction le verbatim du texte original du Discours sur le colonialisme), et enfin à un poème de Langston Hughes, que j'ai également retrouvé, au point de prendre la décision, discutable, de traduire carrément un quatrain entier, plutôt que de respecter le découpage de H. French.
Par ailleurs, moi qui n'avais plus dans la tête Buffalo Soldier de Bob Marley depuis quelques jours seulement (j'ai lu le roman de Marlon James et j'ai eu du Bob Marley dans la tête pendant près de quinze jours), voilà que French cite l'expression, en la limitant curieusement aux bataillons de soldats afro-américains engagés dans la Première Guerre mondiale (alors que c'est le nom qui leur a été donné par leurs adversaires amérindiens dans le dernier tiers du dix-neuvième siècle). Dans le roman de Marlon James, le personnage qui en parle souligne très clairement l'ironie tragique qui a vu des Noirs victimes de la ségrégation et du suprémacisme blanc aider les Blancs à exterminer les autochtones ; par contre, j'ai beau écouter encore et encore la chanson de Bob Marley, je n'y entends rien de tel. French, lui, ne discute absolument pas l'origine ni les implications idéologiques du surnom.
Autre point de traduction : j'ai traduit mystique (dans l'expression “the mystique of white invincibility”) par mythe.
Je me demande si je pourrai tenir la distance de ces carnets de traduction, car si je n'ai que sept mois pour traduire cet énorme pavé en plus de mes autres activités, ai-je le temps de me livrer à cette exploration réflexive ?
10:15 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 18 juillet 2025
SecEM, 6 -°- foisonnement & dispersion
23 août 2025
Le passage que je veux traduire ce matin, a minima, avant d’aller en ville, et ce afin de clore une section de la longue Introduction que je traduis vraiment par à-coups, s’étend sur deux pages et demie de l’ouvrage imprimé (pas encore paru je crois) et compte 1.000 mots. Pile.
Je m’y mets à 8 h 32.
* *
*
9 h 42. Ma traduction compte 1.121 mots (un nombre que j’aime beaucoup, d’ailleurs – mais comme l’outil de calcul compte les guillemets français ouvrants et fermants comme des mots à part entière, ce nombre est faux). Il vaut mieux comparer le nombre de signes : 6.328 en anglais (texte-source) et 7.195 en français (texte-cible). Cela constitue un foisonnement de 13%, trop élevé donc (la norme se situe entre 5 et 10%). Il faut dire que je me suis senti obligé de procéder à une ou deux explicitations culturelles, notamment en raison du caractère très allusif de l’adverbe historically dans l’expression “the campuses of historically Black American universities”, mais aussi pour rappeler la fonction officielle de Nixon lors de sa participation aux cérémonies d’indépendance du Ghana en 1957 (il était vice-président). De façon plus générale, j’ai tendance à vouloir traduire chaque adjectif et chaque adverbe, alors que French a tendance à en abuser, sans vraiment que cela change grand-chose à son argument. Il faudrait donc – et, en ce sens, c’est bien que je me sois livré à ce petit test sur un extrait très bref ce matin – que je n’hésite pas à sabrer un peu… enfin, pas à sabrer (cette métaphore connote de larges omissions, non ?) : à effacer tel ou tel adjectif par-ci par-là.
Un peu plus d’une heure pour traduire deux pages et demie, c’est dans l’étiage moyen — et je pourrais être plus efficace. Par exemple, au sujet de ce que dit French des cérémonies d’indépendance du Ghana, je suis allé écouter ce bref podcast de France Culture (7 minutes de pause dans la traduction, tout de même). Pire, j’ai rédigé un bref billet Facebook pour évoquer ce podcast, en retranscrivant même deux phrases de l’historienne Pauline Peretz. Autant dire que j’ai dû sabrer un gentil petit quart d’heure dans l’affaire.
« Nixon comprend, en allant en Afrique, à la fois l'enjeu géopolitique et économique qu'est l'Afrique, mais aussi toute la symbolique qui existe entre les pays nouvellement émancipés et la lutte pour la reconnaissance des droits aux Etats-Unis. [...] Il comprend tout le mal que peut provoquer ou générer le double standard racial auquel se livrent les Etats-Unis pour leur conquête des cœurs à l'étranger. »
(Pauline Peretz, interrogée dans l'émission,
et autrice depuis de l'ouvrage Une armée noire. Fort Huachuca, Arizona (1941-1945), Seuil, 2022)
09:52 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 17 juillet 2025
SecEM, 7 -°- versatilités
24 août
8 h 30
Je voudrais finir de traduire l’introduction aujourd’hui, mais ça va être compliqué. Je me suis déjà usé l’échine (ou la cervelle) à préparer l’émission de radio de demain, et j’y ai passé 2 h 30.
Il me reste cinq pages (pp. 13-17), 13.500 signes espaces comprises. Suite à mon constat d’hier sur le foisonnement, j’aimerais bien me situer en-dessous d’un coefficient de 10%.
10 h 40
Deux heures pour traduire ces cinq pages, ce n’est pas mal. J’ai retrouvé le verbatim d’une citation de Lamine Senghor et ai réussi à ne pas trop me perdre dans les méandres des articles que j’ai trouvés au sujet de cette figure majeure que je connais mal (voir ici et là).
Je ne sais pas exactement comment j’ai fait, mais mon texte fait 14.300 signes, soit un foisonnement très honorable de 5%. Il aura suffi que je me dise, sans mettre en place de stratégie spécifique, qu’il fallait réduire la voilure… à moins, horresco referens, que je n’aie oublié une ou deux phrases au passage (je ne pense pas, ce genre d’erreur ne m’arrive pas, normalement).
L’introduction est donc traduite, le premier jet en tout cas, et je vais pouvoir établir un rétroplanning. J’hésite à indiquer sur facebook l’existence de ce carnets de traduction, d’autant que personne ne va comprendre mon système de datation rétroactif, qui seul permet – en raison de la visualisation par défaut des blogs du billet le plus récent au moins récent – de lire les textes sur une seule page et dans le bon ordre. Je ne pense pas être soumis à un principe de confidentialité non plus.
Quelques points. J’ai traduit provisoirement “the middle Atlantic region” par « les États de la façade atlantique », mais il faudra que je demande conseil à des collègues américanistes. Sinon, j’ai découvert l’expression political spoiler, de sorte que j’ai traduit de façon un peu plus explicite (ou risquée (ou erronée ?)) une phrase de la dernière page : “China, which has become a leading partner of many African countries much more recently, was still a mere bit player economically and a political spoiler on the continent” > la Chine, devenue plus récemment un partenaire de premier plan pour de nombreux pays africains, n’était encore qu’un acteur de seconde zone sur le plan économique ; sur le plan politique, la Chine a surtout affaibli l’Union soviétique en Afrique.
Il y a aussi un passage qui m’a amusé, car French (au nom prédestiné, je ne vais pas faire la vanne à chaque fois) emploie l’adjectif versatile (qui est un faux-ami : on le traduit généralement par “polyvalent” ou “plein de ressources”) dans son sens français (plus ou moins) :
As great as his achievement was, Kwame Nkrumah was an extremely complicated human being; flawed, to be sure, even deeply so, but above all “versatile.” In the French usage of the word adopted here, this conveys a sense of multitudes of traits, many of which contain opposites or contradictions.
10:55 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
Joachim, 2
Joachim a chassé Max
De son perchoir sur l'auto
D'abord en le houspillant
Puis en lui pinçant les plumes
De la queue. Non, pas à Dax :
à Jersey -- nulle photo
De la scène aux goélands,
Sur fond de bruine et de brume.
Et Joachim, désormais,
Quand j'attaque le sizain,
Me toise en lissant du bec
Ses plumes immaculées.
Le roi n'est pas son cousin
Mais le poète est au sec.
08:50 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 16 juillet 2025
SecEM, 8 °_° mise en place du rétroplanning
26 août
10 h
Ce matin, j’ai établi le rétroplanning de la traduction. Le moins que l’on puisse dire est que, pour ce livre d’un peu moins d’un million de signes, il ne va pas falloir mollir, car le contrat que j’espère recevoir la semaine prochaine devrait stipuler une date de remise au 31 mars, et car j’ai une année de travail assez fournie aussi côté université. Il faudra de la discipline. J’y suis parfaitement parvenu en 2023-2024 pour Born in Blackness – aucune raison, sauf pépin de santé, que ça foire en 2025-2026. Par contre, les traductions sans contrat devront attendre.
Ce matin, je vais attaquer le long chapitre 1, avec, déjà, les 5 pages de la section 1. Ce passage compte 12.441 signes espaces comprises.
13 h 45
Interrompu plusieurs fois, j’en suis venu à bout. Pas grand-chose de marquant à noter. Mon texte compte 13.374 signes, soit presque 8% de foisonnement si je ne m’emmêle pas les pinceaux dans le calcul de tête.
14:11 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
Joachim, 1
Perché sur le coffre de la Prius,
Sous la pluie, plumage trempé,
Joachim, simple olibrius
Ou goéland admirable,
Tourne et fait pivoter sa tête
Le bec clos et l'œil aux aguets.
Suis-je pour lui un minus
Ou quelque Minos formidable ?
Une part de moi ne peut s'empê-
Cher de vouloir lire sa bague.
Là, il se fouaille le plumage
D'un bec (quoi ? d'un bec acéré ?) --
Près de lui une goutte a l'écho des tempêtes :
Il prend la poudre d'escampette.
08:50 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 15 juillet 2025
SecEM, 9 _°_
27 août
6 h 45
Hier, huit pages.
Aujourd’hui, je prévois prudemment trois pages et demie (9.861 signes). D’abord, je me suis réveillé à 3 h 30 et vais manquer d’énergie. Ensuite, je dois faire le guignol une bonne partie de la matinée à déménager des lits avec une fourgonnette.
9 h 15
Presque 11 000 signes : ça foisonne trop. Mais aussi, le texte de French déborde en petites précisions incidentes que je n’arrive pas à décider de ne pas traduire.
09:28 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 14 juillet 2025
SecEM, 10 _°_ thralldom
28 août 2025
10 h 15
Aujourd’hui, il faudrait que je finisse la traduction du chapitre 1. Il reste 11.434 signes, soit une petite portion : il faudra accélérer nettement le rythme quotidien en début d’année 2026, mais si je finis le chapitre 1 aujourd’hui, j’aurai quatre jours d’avance sur mon rétro-planning.
15 h 20
Il y a encore eu des bricoles : lessive, couper quelques branches à la demande de la voisine, installation du nouveau lit à la chambre d’A*… Je suis venu à bout des quatre pages et demie, avec un foisonnement modéré (12.143 signes – 6%), en réussissant à ne pas trop me perdre dans le livre de Nnamdi Azikiwe que cite French, Renascent Africa, de 1937, et qui compte visiblement de très belles pages. J’en extrais ici le sous-chapitre sur les « agitateurs ». Je connais mal Azikiwe, mais il me semble que c’est une des seules figures politiques nigérianes majeures qui ait réussi à avoir une position honorable pendant la guerre civile, et qui n’a pas trop de sang sur les mains (y compris via ses discours) ; je peux me tromper. En tout cas, ce que j’en apprends par le truchement de cette traduction me donne envie d’aller creuser (c’est toujours le problème).
C’est à lui qu’on doit la formule que cite French telle quelle, emancipation from thralldom, qui témoigne d’une belle maîtrise des registres et de la synonymie, mais qui m’embarrasse beaucoup ; J’avoue que, toujours aussi littéraire, le nom thralldom m’évoque surtout le vers de Keats : “La Belle Dame sans Merci / Hath thee in thrall !” — Pour l’instant, j’ai tenté « s’émanciper de la sujétion ».
15:28 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 13 juillet 2025
SecEM, 11 _°_
30 août
8 h 30
Pas foutu grand-chose hier, et beaucoup de tâches à accomplir en septembre commencent à me stresser. Le stress me tétanise toujours, avant que je ne me mette à donner un grand coup de collier pour accomplir ce qui doit l’être, peu ou prou, plus ou moins bien.
Le chapitre 2 de The Second Emancipation est long de 19 pages : j’ai fixé son « délai de traduction » au 10 septembre au plus tard. Même son titre m’embête : “Black Is a Country”. Pour l’instant, j’ai calqué : Noir, c’est un pays. (Avec l’écho totalement sans rapport d’e.e. cummings, “yes is a pleasant country”…) Je viens de lire attentivement les dix premières pages, soit plus de 25 000 signes, une « ration » trop importante pour une seule journée. French y cite notamment une phrase d’Edward Wilmot Blyden évoquant “the disenthrallment and elevation of the African race”. Décidément, cet usage ancien de thrallment/disenthrallment comme synonymes d’esclavage et d’affranchissement me/se poursuit.
Au troisième paragraphe, j’ai réussi à traduire de façon très synthétique (avec effacements donc) une phrase plutôt redondante : In terms of its genesis, the search for the origins of African nationalism is a complicated one. > Il n’est pas facile de remonter aux sources du nationalisme africain. On passe de 96 signes à 70. Ça pourrait faire un bon exemple pour mon cours magistral de traduction/traductologie en L2. Je pourrais montrer comment le réagencement (avec différence de thématisation) permet de traduire ensuite les sèmes genesis et search for the origins au moyen d’une seule expression (« remonter aux sources »).
10 h 10
La première section du chapitre 2, très brève, voit un foisonnement de 6% (5.398 > 5.714).
12 h 15
Impression de me traîner, mais j’ai traduit cinq pages (et étendu deux lessives). Ma foi…Je m’interromps pour signaler ce qui me semble être une erreur de syntaxe dans le texte-source, ou, à tout le moins, une répétition qui risque d’être source de confusion. Dans cette phrase, les deux génitifs (the country’s) surlignés en jaune correspondent à deux pays différents : le Libéria, puis les États-Unis. J’ai donc préféré préciser : « Frustré de voir le faible nombre d’Afro-Américains émigrant au Libéria, Blyden, qui était alors ministre de l’Intérieur du pays, lança en 1864 que même la perspective imminente de l’émancipation des esclaves américains ne devait pas susciter de faux espoirs chez les Noirs des Etats-Unis. »
Mais ce genre d’erreur m’interroge à deux titres : tout d’abord, il est trop tard pour la signaler (le livre est sorti mardi dernier aux États-Unis) ; ensuite, suis-je en train de travailler sur le texte définitif, ou va-t-il falloir que je repasse au peigne fin la quarantaine de pages déjà traduites afin de m’assurer que French n’a pas ajouté, retiré ou modifié entre ce PDF de l’éditeur qui date de mai dernier et la version publiée ?
12 h 35
Pour les trois pages supplémentaires traduites, mon coefficient de foisonnement est moins bon (9.151 > 9.949, presque 9%). Je vais aller relire avec mes petits ciseaux virtuels. Par ailleurs, en repensant à l’inquiétude de l’éditrice qui me disait, jeudi de la semaine dernière, ne pas pouvoir calibrer le texte ni, par conséquent, le nombre de feuillets prévu pour la traduction, je me suis livré à une estimation : 2 500 signes par page ; 470 pages dans le PDF, moins 40 environ de pages blanches, soit 1 075 000 signes > 1 182 500 en appliquant un coefficient de 10% > 788 feuillets.
Je vais essayer de ne pas flancher et de poursuivre la traduction cet après-midi.
13:00 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 15 juin 2025
Nouveau sonnet (quoique...)
un chat vient de pointer son nez
au salon (la porte-fenêtre
ouverte) – et, me faut-il l’admettre,
je ne l’ai pas laissé entrer :
je ne veux pas courir après
à l'étage où traînant mes guêtres
d’un boucan d’enfer je m’empêtre ––
comment poursuivre ce sonnet ?
peut-être en avouant (peut-être ?
cela fait trop de rimes en -ettre)
que les guêtres sont mes pieds nus
sur le carrelage et le bois
de l’escalier (ils sont venus,
tercets – plus vite que tu crois)
05:27 Publié dans Sonnets de juin et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 10 avril 2025
IV, cent
l’écureuil chasse le lapin
tandis qu’un pic autour d’un frêne
tourne en grimpant
sous la pluie fine
comme on entend le roselin,
les deux notes du cardinal
dans un poème de Limon
était-ce assez prendre le vent
jaune et doré dans la figure
14:48 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 09 avril 2025
IV, nonante-neuf
ce n’est pas grand-chose,
cette balançoire qui grince
et ce baby-foot sur un porch
(il suffirait de tendre la main)
le monde pourrait s’effondrer
sans qu’on regimbe
d’avoir vu
ce que peut la confiance
aux yeux qui se plissent
22:38 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 avril 2025
IV, nonante-huit
le renard qu’on a vu
détalant, craintif,
sera peut-être le seul
de tout notre séjour
ici,
et à New York
qu’en dira-t-on –
des rumeurs de pacotille
et des cotillons de traviole ?
22:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 avril 2025
IV, nonante-sept
tarabustant
la truite d’un
coup de poignet adroit,
cet assassin
n’est pas capable
d’observer seulement
un merle d’Amérique
en train de tirer sur un ver
dans un jardin crotté
22:40 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 avril 2025
IV, nonante-six
délicate
ou raffinée
est-ce ainsi que la voient
les autres,
ou balourde,
illisible
— est-ce ainsi que tant
et tant d’yeux parpelègent
devant ces pages
11:18 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 05 avril 2025
IV, nonante-cinq
au comble de la joie,
trouver la mort qui rôde dans les décombres
laquelle de nos morts
ici-bas pêle-mêle
tombe sur l’abat-jour
comme un torrent sur le monde ?
un poème entortillé
ne te sauvera pas, pauvre bougre, de
tes angoisses et de la haine
07:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 04 avril 2025
IV, nonante-quatre
j’ai traduit quatre mille mots
en anglais au cordeau
tu ne sais pas ce que ça fait
de retrouver au creux
d’une phrase l’aveu
de ta propre faiblesse
et la phrase suivante est une canopée :
sous un immense chêne,
un ping-pong scopique avec le taureau
17:30 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 03 avril 2025
IV, nonante-trois
on a vu lentement
déborder le fleuve
c’était un autre jour qu’aujourd’hui
dans une autre contrée,
avec d’autres coulées de boue
pour ruiner notre monde
et sous la bruine à présent
qui ne s’arrête jamais,
nous restons les yeux secs
13:58 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 02 avril 2025
IV, nonante-deux
à six dans les rapides
en kayak ou en boutre,
je n’en ai rien à foutre
mon rêve se dissipe,
que tu n’as pu résoudre
comme la main hésite
sur le clavier, la foudre
est tombée, et je trime
(le dénouement s’entrouvre)
07:36 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 01 avril 2025
IV, nonante-et-un
poissons qui plongent
poissons qui nagent
poissons venus du fond des âges
et sur le néflier
les timides frêles feuilles
sont trop rares pour ne pas qu’on comprenne
que l’arbre se meurt
du fond de mes souvenirs
comme des écailles sarclées
11:24 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 31 mars 2025
IV, nonante
parfois c’est juste honteux
d’aligner ainsi les vers
ligne à ligne
pire qu’un passé prosaïque
enfoui au fond des oreillers
tapis entre les virgules
rares, les tremblements du sens
vacillent de cette honte
et du banal scandale à se foutre de tout
06:47 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 30 mars 2025
IV, octante-neuf
à partir de demain
les trilles des merles
retentiront plus tard
(plus tard pour nous,
les yeux rivés sur l’horloge)
et dès ce matin, bien sûr,
mais j’ai à peu près dormi
jusqu’à 8 heures
(de la nouvelle)
11:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 29 mars 2025
IV, octante-huit
face à soi le bois froid
dont il faut se forcer à penser
qu’il n’est pas malfaisant
et qu’il ne fait pas face
on tapote d’un doigt
distrait sur l’encâblure
on perd le visage en repère
de nuit et d’écorce proche
de ligne en lignée lignée
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vendredi, 28 mars 2025
IV, octante-sept
une fièvre de danser
c’est-à-dire remuer
son corps n’importe comment
me saisit
ilendésô
ladounsé grégam
car n’importe comment
est l’autre nom
de nos méthodes
12:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)