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vendredi, 28 avril 2006

Empailler (encore) le toréador (encore)

Rapportant la semaine dernière les réserves que suscite, chez moi, la lecture de l’essai de Pierre Jourde sous-titré L’Incongru dans la littérature française, je n’avais pas rencontré l’un des exemples éminents du manque de sérieux – ou, à tout le moins, du défaut de profondeur et des carences de l’analyse – de ce livre, à savoir les très elliptiques références à un certain Eugène Commerson, auteur en 1860 d’un Dictionnaire du Tintamarre ou d’une Petite encyclopédie bouffonne (cela semble être le même ouvrage, doté de deux titres). Jamais Jourde n’explique qui était ce Commerson, ni quel est le principe de l’ouvrage qu’il cite quatre fois. Au cours d’un développement relatif à l’importance de la nourriture ou des “bonnes recettes” dans la littérature de l’incongru, il cite une définition très drôle et très fine du dénommé Commerson, sans aucunement la commenter ni en tirer parti pour montrer comment, mieux que dans le registre des mets, l’incongru s’inscrit dans une vision profondément équivoque du langage, et part d’une exploitation de la polysémie et des décalages entre sens littéral et sens figuré.

Voici cette définition.

BARDE – Tranche de lard jouant de la lyre, dont on faisait autrefois l’armure qui protégeait le cheval. (Eugène Commerson)

 

On pourrait ajouter que l’humour insensé (ou multi-sensé) de Commerson ne peut fonctionner qu’en violant l’un des principes intangibles de tout dictionnaire : la mention du genre des noms. Ici, la confusion naît entre le barde et la barde. L’incongru est volontairement indistinct, et différencie sans respecter les différences préétablies.

15:50 Publié dans 410/500 | Lien permanent | Commentaires (0)

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