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mercredi, 11 novembre 2015

I:a ——{yeux explosés}

Première neuvaine, 11-19 novembre 2015

 

    Les yeux explosés, d'avoir trop écrit, ou lu, ou d'écrire encore, d'avoir encore à écrire, il leva les yeux de cet écran, cet énième écran, et de cet énième accent aigu. Il lui semblait que son cerveau était à l'arrêt, en prise avec quelque chose de nouveau, peut-être une vieillesse acceptée. Un vers de Mallarmé, peut-être, mais la barque de Charon n'avait pas grand rapport avec ce souvenir.

Parfois, en se regardant dans le miroir, il se trouvait blême, et d'autres fois rougeaud ou bistre.

Il n'oublait pas d'où il venait, de Gouy-les-Groseillers. Il lui avait fallu refaire le chemin, passer par-dessus de longues années d'amnésie pour réapprendre cela, aussi banal et terne que ce fût, et pour s'en réapproprier les mots. D'ailleurs, encore aujourd'hui, il lui arrivait de vérifier après avoir hésité à mettre un i après le double l de groseillers. On écrit, oui, mais on n'écrit jamais assez.

Les yeux explosés, d'avoir trop réfléchi (à son teint), il leva les yeux, chercha dans le ciel le vol de grues qu'il entendait par hallucination. Il devait chercher sa vie dans les interstices. Il le ferait.

Écrire encore, d'avoir encore à écrire, autant de plis par où se perd la voix, que l'on retrouve peut-être, au bout du chemin. Trop de peut-être. Il la retrouverait.

 

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