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samedi, 13 mai 2006

XXXI

    J'ai fini par rencontrer, après de nombreuses pérégrinations, Barclay Beckett. Il allait fêter ses cent ans, radieux et joyeux, dans sa vieille demeure, en Irlande.

- Jamais je n'aurais pensé que vous seriez revenu en Irlande.

- Mais je n'ai jamais quitté l'Irlande. Episodiquement, à peine.

- Ah ?

 

Notre bref dialogue fut interrompu par l'arrivée tapageuse de Donleavy, jouant de la clarinette. la vaste pièce s'inonda de monde. Plusieurs slant-cha retentirent. En me lançant un clin d'oeil, Breyten me dit, dans un français rugueux et d'une beauté à couper le souffle :

- Je suis l'année de la mort de Freud. Tu n'avais jamais pensé à ça, n'est-ce pas ?

- Oh, ne m'appelez pas Mathieu, je vous en prie.

- On ne se tutoie plus ?

 

Ce fut une grande amicale beuverie. Il y avait là plusieurs femmes très élégantes et quelques véritables beautés. L'une, qui se présenta à moi comme la petite-fille de Barclay Beckett (qu'elle persistait à nommer "Uncle Sam"), s'avéra être Wanda Walrus, dont j'ai lu tous les livres et les poèmes et à qui j'ai consacré plusieurs articles dans des revues méconnues publiées par d'impécunieux centres de recherche universitaires français. J'eus avec elle une longue conversation. Elle me dit qu'elle connaissait un peu Enrique Vila-Matas. Quand nous sortîmes dans le jardin, il régnait une nuit noire, et elle me lança : "Tu ferais un très bon centenaire, si tu ne mourais pas avant."

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Écrit par : patricia | mardi, 27 mars 2007

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