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mercredi, 27 mai 2015

Courte menace

    Courtrai. Ce nom parle. Il se scinde pour offrir un signe de ponctuation primordial, le trait d'union (qui, à son tour, pourrait suggérer une contrainte d'écriture) ou le tiret court, regard vers des usages américains. Ce nom aussi ronronne, ou grasseye, plus encore en flamand : Kortrijk. La première nuit, un peu pris dans l'insomnie, j'ai ressassé quelques souvenirs, et quelques noms correspondant à des terra incognita. Courtrai, qui peut être futur ou passé simple, pourvu qu'on s'y attarde, alourdit le récit d'une possibilité opulente.

J'en suis donc (nous en sommes (en câblant la copie-sosie)) à la première nuit. Avions, trains, peut-être voitures dans le virage près du tas de fumier (gigantesque, nous dormions près d'un gigantesque tas de fumier), puis tourterelles bien entendu à l'aurore, on a pensé que les nuits seraient bruyantes, alors qu'en fin de compte Beclers s'est avérée aussi rurale que dans les promesses.

La menace, donc, a tourné court. (Par ce jeu de mots pas très folichon je relie la méditation sur le nom de la ville flamande que nous avons fini par parcourir le mardi et cette brève explication de ce que fut, en un sens, la première nuit.)

Tourner court, contourner (puisque le corps de ferme est fiché entre deux virages), imaginer –dans la nuit des prairies, et d'ailleurs les propriétaires de la ferme, nos logeurs, avaient aussi un ranch– un cheval de trait, et pas un cheval de course. Tirer à la ligne (est-ce que j'en suis coupable?), c'est se faire cheval de trait aussi.

Le trait peut être bref, mais épais aussi, comme la croupe du cheval.

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