dimanche, 27 novembre 2016
Chanson douce —
Les voisins se sont réunis en bas de l’immeuble. Il y a surtout des femmes. C’est bientôt l’heure d’aller chercher les enfants à l’école. Elles regardent l’ambulance, les yeux gonflés de larmes. Elles pleurent et elles veulent savoir. Elles se mettent sur la pointe des pieds. Essaient de distinguer ce qui se passe derrière le cordon de police, à l’intérieur de l’ambulance qui démarre toutes sirènes hurlantes. Elles se murmurent des informations à l’oreille. Déjà, la rumeur court. Il est arrivé malheur aux enfants.
C’est un bel immeuble de la rue d’Hauteville, dans le dixième arrondissement. Un immeuble où les voisins s’adressent, sans se connaître, des bonjours chaleureux. L’appartement des Massé se trouve au cinquième étage. C’est le plus petit appartement de la résidence. Paul et Myriam ont fait monter une cloison au milieu du salon à la naissance de leur second enfant. Ils dorment dans une pièce exiguë, entre la cuisine et la fenêtre qui donne sur la rue. Myriam aime les meubles chinés et les tapis berbères. Au mur, elle a accroché des estampes japonaises.
Leïla Slimani. Chanson douce (2016).
The neighbours have gathered at the bottom of the building. Mostly women. It'll soon be time to pick up the children from school. They watch the ambulance with tear-laden eyes. They are crying and they want to know. They stand on tiptoe. Trying to make out what is going on the other side of the police lines, in the ambulance which pulls away with its sirens blaring. They whisper shards of information into each other's ears. Already, rumour has it that something bad has happened to the kids.
It's a nice building on the rue d'Hauteville, in the 10th arrondissement in Paris. A building where all neighbours exchange hearty greetings without knowing each other. The flat where the Massé live is on the fifth floor. It's the smallest flat in the block. When their second child was born, Paul and Myriam put up a partition in [across] the living-room. They sleep in a narrow room stuck between the kitchen and the window that looks out onto the street. Myriam likes furniture gleaned from antique markets and Berber rugs. She has hung Japanese prints on the wall.
Translation © Guillaume Cingal
11:51 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (0)
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