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mardi, 21 février 2023

Baal design, 7.2.

Wentworth observing she was leaving would not enter, but walked on a few paces in expectation of her overtaking him. (p. 48)

 

    Cette phrase ferait un bel exercice de syntaxe, notamment en raison de l’absence des virgules (facultatives) avant observing et après leaving. La prolifération des participes présents, employés de trois façons différentes (gérondif, formation de la forme en be+-ing, V-ing nominalisé), pose aussi de sérieux problèmes de traduction, en tout cas si on souhaite respecter l’alternance de figement et de mobilité qu’elle met en relief.

Une des solutions les plus courantes consisterait à antéposer la gérondivale afin de replacer le sujet (W.) avant le verbe de la première indépendante (would not enter) : En s’apercevant qu’elle s’en allait, W. évita d’entrer…

(Remarque : le will au passé a un sens purement temporel. Il ne faut jamais le traduire par un conditionnel, erreur fréquente de toutes les personnes qui ont pris l’habitude, fâcheuse car très restrictive et fausse, d’associer would à l’idée d’hypothèse. Souvent, on traduit <will not> par refuser de, mais ici ce serait également une erreur : W. ne refuse pas d’entrer, mais sa présence en ces lieux devient inutile si Agnes les quitte.)

Le verbe conjugué de la seconde indépendante, walked on, implique de recourir au chassé-croisé (poursuivre son chemin), mais là encore, le plus délicat n’est pas cela, mais plutôt le long SP <in expectation of…> qui risque d’alourdir considérablement la fin de la phrase. Là encore, je songe à une antéposition : mais, comme il s’attendait à ce qu’elle le dépasse, il poursuivit un peu son chemin. – Après avoir hésité, je ne conserverais pas la concordance des temps, avec le subjonctif imparfait (qu’elle le dépassât), même si ce serait tout à fait possible, étant donnée l’époque à laquelle a été écrit le roman, certes, mais surtout le registre. Ce qui ne me plaît pas, c’est cette traduction du nom expectation au moyen d’un verbe avec causation : pour lui permettre de le dépasser ?

Ah, l’infinitif associé à la valeur de but règlerait la question de la concordance des temps, et rend moins nécessaire l’antéposition : En s’apercevant qu’elle s’en allait, W. évita d’entrer, mais il poursuivit quelque peu son chemin afin de lui permettre de le dépasser.

 

[Rappel : je ne traduis pas Agnes Tremorne. Je lis le roman, en m’interrompant sans cesse pour écrire dans ces carnets, en tirant sur des fils, en faisant n’importe quoi, en baguenaudant – c’est sûr.]

 

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