mercredi, 23 juillet 2025
SecEM, 1 -°- Préface
23 juillet 2025
Ce soir, j'ai commencé à traduire The Second Emancipation de Howard French.
Pas de contrat signé encore, mais je voulais commencer à tâter le terrain. Je me suis contenté des deux pages de la Préface ; pas grand chose à signaler à ce stade. Ah si, j'ai traduit a very different, not always roseate, image of Africa par une image très différente, pas toujours très glorieuse, de l’Afrique. Et j'ai eu Pas bien rose de Capdevielle dans la tête pendant les dix minutes qui ont suivi.
(En fait, j'ai aussi traduit le titre et le sous-titre. Pour le coup, cela, ça peut évoluer.)
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mardi, 22 juillet 2025
SecEM, 2 -°- Mécanique
24 juillet 2025
Dans le livre foutraque que je finis de lire, et qui ne paraîtra, me dit son éditeur, qu'en septembre, dans ce livre qui s'intitule bricolage[S], et "dans lequel il est question de traduction", m'a dit son éditeur, la page 204 propose, par la voix d'un personnage Carlos/Karl mécanicien, une analogie entre la traduction et la mécanique, par trois étapes : (1) "démontage" (2) "cogiter, entraver" (3) "reconstruction plus ou moins fidèle". (Bien entendu, ça ne marche pas. Et d'ailleurs avant d'écrire ce texte j'ai décidé de publier les billets de cette rubrique en remontant le temps afin qu'ils apparaissent dans l'ordre, le plus ancien en haut, contrairement à ce que prévo(ya)it la logique des blogs.) La raison pour laquelle je parle de cela c'est que la semaine dernière j'ai lu Scale Boy de Patrice Nganang, qui paraîtra en janvier prochain, et que, dans la première partie, niché entre les chapitres par lesquels il commence in medias res avec le pèse-personne et les chapitres plus chronologiques dans lesquels il poursuit, se trouve le récit de son début d'apprentissage chez un garagiste. Donc Patrice approfondit, tout au long du livre, la relation entre l'activité de pèse-personne et son travail d'écriture, son regard sur les phases complexes de la colonialité au Cameroun, de la fin du 19e siècle à la guerre en Ambazonie, en retraçant sa propre autobiographie jusqu'au seuil significatif de 1984, ses quatorze ans et l'épuration ethnique des Hausas par les séides de Biya, mais je ne crois pas que la mécanique serve d'analogie, aussi dans la mesure où il n'a guère appris à démonter, cogiter ou reconstruire quoi que ce soit dans cette ph(r)ase-là. Bref. Cela fait beaucoup de tintouin pour dire que, ayant passé six heures loin de la maison, et revenu assez crevé de la longue randonnée dans les forêts et chemins vignerons de Bourgueil, je n'ai pas traduit une ligne aujourd'hui, pas une ligne de The Second Emancipation (ce qui ne me fait pas oublier que je compte aussi commencer à me faire la main à Scale Boy cet été).
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lundi, 21 juillet 2025
SecEM, 3 -°- « des gargotes bruyantes »
25 juillet 2025, 10 h
Qu'est-ce que je fais là...
Bon, ce matin, après avoir évacué, en une heure, quelque chose d'un peu administratif et d'un peu casse-pieds (l'abstract de ma communication du 23 octobre prochain et la paperasse afférente), je me suis mis à traduire l'introduction.
Deux pages (sur 17), ce n'est pas foufou. Je vais y revenir.
Pour le précédent livre de Howard French que j'ai traduit, je n'avais pas tenu de semblables carnets. Pour le précédent livre de Howard French que j'ai traduit, je m'étais fait un rétroplanning très détaillé, avec le nombre de pages par chapitre, les objectifs par date etc. Là, rien de tel pour l'instant, peut-être par superstition (pas de contrat signé) ?
En tout cas, dans le hors-champ (ça n'existe pas, le hors-champ est toujours une ligne de marge) : après cette heure et demie à travailler sur la traduction, je me suis recouché pour lire les deux derniers chapitres de Nightbloom (enfin, de Fleurs de nuit), puis j'ai (enfin) commencé à lire La Source et le signe de Vincent Debaene : là aussi, tiens, long avant-propos suivi d'une longue Introduction. Et dans l'avant-propos, au détour d'une note de bas de page, Debaene cite, parmi les “native anthropologists”, Kofi Abrefa Busia qui devint président du Ghana et qui est cité (son nom écorché) par Ama Ata Aidoo dans mon autre traduction du moment.
[Dans l'édition française de Fleurs de nuit l'éditeur choisit une étrange transcription pour la langue ewe : Eʋe (mais le ʋ ressort bizarrement).] Dans la “Note de l'auteur”, brève, que j'ai aussi traduite ce matin, French parle des orthographes anciennes et modernes de Fante/Fanti, Asante/Ashanti, Nzema/Nzima. Et surtout je me suis beaucoup interrompu dans la traduction de ces pages 1-2, pour échanger avec Elvire : la phrase sur les patinoires d'Abidjan m'a fait penser à elle, puis elle m'a dit qu'elle venait tout juste de regarder comment aller à Abidjan, puis je lui ai parlé de ma traduction de Treichville, “the big and low-lying workers' district across the bridge from downtown” par l’immense quartier ouvrier juste de l’autre côté du fleuve de la lagune.
De l'importance de Google Maps. Si vous vous demandez pourquoi j'avais choisi de moduler bridges, de ne pas le conserver tel quel, c'est que de l'autre côté du pont me semblait trop flou, topographiquement. Et en voyant sur Google Maps qu'il y avait deux ponts reliant le centre urbain d'Abidjan à Treichville (peut-être un seul à la fin des années 70, mais bon), je tiens bon. — Et j'ai fini par traduire low-lying plus loin, dans la phrase suivante. Pas convaincu que je ne vais pas faire sauter carrément cette précision sans grande importance, qui alourdit mon texte.
French, au nom prédestiné, raconte que, tout jeune homme donc, avant de devenir journaliste, il perfectionne son français à Abidjan au point de se faire rémunérer comme traducteur. Que ferons-nous de cette possible mise en abyme ?
Ce qui m'a le plus embarrassé, dans les deux pages que je viens de traduire, c'est la description du quartier de Treichville en des termes un peu stéréotypés : French dit qu'il a adoré y passer des soirées et des nuits à danser, mais il n'évite pas le cliché. Alors, le cliché est peut-être véridique, mais je me retrouve à traduire par exemple “boisterous street restaurants”, et comme, un malheur n'arrivant jamais seul, “restaurant de rue” ou “restaurant sur la rue” sont peu usuels ou lourds, tout ce que j'ai, pour le moment, c'est gargotes bruyantes. Et gargotes bruyantes, ça ne va pas du tout du tout. De même, comment ne pas traduire de façon péjorative la description de son ami Kwamena, “voluble chauffeur and strutting rooster of a man” ? Pour l'instant, ça donne chauffeur loquace qui aime se pavaner et parlant fort.
10:16 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 20 juillet 2025
SecEM, 4 -°- quatre pages de l'Introduction
31 juillet, 11 h
J’ai repris la traduction de l’Introduction, dont je n’avais « fait » que deux pages. Dès le paragraphe médian de la page 3, double embarras. D’abord, c’est amusant, alors que l’épigraphe de Scale Boy (que je commence à traduire en parallèle) évoque le fait que la langue française n’a pas de mot équivalent à home, la première phrase que je traduis de The Second Emancipation aujourd’hui est homeland : on traduit par « patrie », mais ça ne va pas du tout. Les « patries imaginaires » de Rushdie ne sont, dans le texte, pas des patries.
L’autre embarras est plus idéologique, en un sens. Il porte sur la phrase par laquelle French décrit Nkrumah, et qui me semble calquer – sans s’en déprendre – la rhétorique des profilages raciaux. Comme le traducteur doit se contenter de traduire, j’ai traduit : « Il était de taille moyenne ; ses traits caractéristiques étaient une peau très sombre, des yeux vifs et un front bombé. » Mais j’ai quand même atténué un peu : ebony-dark skin, vraiment on ne peut pas garder cela au premier degré en français (“noir d’ébène”, come on, give us a break). Plus loin (p. 6), pour dire que la région où est né Nkrumah était éloignée de tout, French parle de netherworld, sans paraître comprendre que ce terme est extrêmement péjoratif. (J’ai à moitié songé à écrire « ravitaillé par les corbeaux » mais c’est encore trop ludique ; netherworld, c’est l’enfer ou la zone de non-droit, les limbes ; j’ai fini par édulcorer.)
Sinon, comme pour Scale Boy, je m’arrache les cheveux avec compound.
Il y a (déjà) plusieurs citations de Nkrumah, et je devrai vérifier tout cela minutieusement à partir des traductions existantes et publiées. Toutefois, je ne peux m’empêcher de mettre ici en regard ce passage (p. 5) et la capture d’écran correspondante de Google Maps. Finalement, entre la lagune d'Ayi et la lagune d'Aby, c'est peut-être la traduction publiée de l'autobiographie qui me permettra de trancher.
11:03 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)