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samedi, 29 avril 2006

XVII

    « Samuel Beckett avait une passion maladive pour Samuel Johnson. »

C’est avec cette phrase le professeur John Hickox m’accueillit. J’avais prévu de m’entretenir avec lui de l’œuvre de Beckett, mais tout ce que je pus tirer de lui – et c’était passionnant, car je n’ai jamais lu une ligne de l’éminent docteur J. – ce furent deux heures d’un exposé tout à fait brillant sur les dépressions de Johnson et sur les rides du visage de Beckett. Pour mon interlocuteur, frais retraité de Green College, à Oxford, il y avait un lien étroit entre les unes et les autres, et ce lien était plus important que toute tentative de circonscrire l’esthétique de ces deux écrivains. Wrinkles speak volumes, m’assura-t-il, à moins que je n’aie mal entendu.

 

Il fut aussi question de Baudelaire, et des Açores, où j’appris, par le truchement du professeur Hickox, que Beckett avait passé deux longs mois. Quand il m’eut confié les dessous de ce séjour, le professeur Hickox s’obstina à ne plus appeler Beckett qu’Oblomov ou Bartleby. Comme le professeur semblait s’enticher aisément de détails qui eussent paru entièrement insignifiants à d’autres, je lui tendis, au cours de notre entretien, une perche qu’il dédaigna superbement.

« – You’re mentioning Beckett’s infatuation with Dr Johnson. Sans doute cette analogie entre les dépressions et les rides vient-elle aussi de leur prénom commun.
– Oh no, that’s completely insignificant, you know. And in any case, Beckett’s actual first name was Barclay. Vous le saviez, hein?
– Well, I have to say that I thought Barclay was his middle name.
– Nonsense. Mon cher MuMM, vous avez le sens de l’humour. You’re pulling my leg, I can see you are. »

 

Une fois rentré dans la bonbonnière que la propriétaire du bed and breakfast s’obstinait à qualifier de chambre, si près de la chambre d’étudiant où j’avais vécu jadis, à Summertown, affalé sur le couvre-lit, je m’aperçus que Barclay Beckett était un nom d’écrivain bien plus beau : redoublement allitératif (comme pour mon cher Breyten Breytenbach), symétrie des sept lettres (se prêtant au sonnet acrostiche), symétrie tautovocalique (deux a d’une part, deux e de l’autre (le y est une semi-voyelle)).

More of the same later (and possibly tomorrow).

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