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vendredi, 23 juin 2006
En lisant Bardadrac : Rue de la Jussienne
Gérard Genette – éminent critique et théoricien dont les concepts servent beaucoup à cacher, chez tel ou tel, l’absence de connaissance et de réflexion (mais mes réserves au sujet de l’usage que l’on fait souvent de la narratologie ne visent pas son auteur et ne sont même pas mon propos de ce jour) – a publié tout récemment un ouvrage intitulé Bardadrac, sorte d’abécédaire, de fourre-tout, affleurements et réflexions diverses d’un niveau très inégal.
Ces différentes entrées ont été écrites, je crois, au fil du temps, et depuis de longues années, ce qui me fait dire que, comme M. Jourdain pour la prose, Gérard Genette a longtemps tenu un blog sans le savoir. (Montaigne aussi, mais lui savait écrire.)
L’entrée Jussienne (pages 174 à 177) est, comme souvent, une réflexion décousue (je me comprends) à partir de souvenirs d’enfance. Il y est question de l’atelier où travaillait le père de Genette, rue de la Jussienne. Genette explique l’étymologie de ce toponyme, dérivé par déformation de "Sainte Marie l’Egyptienne". Ce qu’il semble ignorer – à moins qu’il ne veuille faire montre de son savoir, ce qui serait bien inhabituel – c’est que c’est Alexandre Dumas qui a révélé cette étymologie, peut-être apocryphe ou douteuse, dans La Dame de Montsoreau.
21:30 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Dumas, Paris, Genette, Narratologie, Ricci, Montsoreau
Divertimento KV 136, Presto
Revoilà le papillon ! Il a le vol
assuré et gracieux du faucon pèlerin, et passe au ras du bec du merle, qu’il nargue. Son vaisseau, depuis longtemps, a largué les amarres. La lumière jaillira, sous la lune grise, au moment le plus
inattendu.
20:00 Publié dans Virevoltes | Lien permanent | Commentaires (0)
Divertimento KV 136, Andante
Sur la terrasse ombragée du jardin public, un bambin, tendre avec sa sœur et cruel avec les plumes qu’il trouve au sol, avance, d’un pas sûr mais scabreux. Sa douleur, au moment de la chute, prend la figure d’une très vieille dame, aux os solides, qui se demande quand reviendra le printemps. Il faut dire que l’automne a duré.
18:30 Publié dans 59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Divertimento KV 136, Allegro
Un papillon file de la branche la plus basse du cerisier aux tubulures du portique, pour se poser sur l’un des arçons du panier de basket. Il se transforme en alouette et monte aux cieux. Il va se brûler les ailes. Il descend en piqué, du plus loin de l’azur. C’est un faucon pèlerin qui fend les nuages et qui, du sifflement feutré de ses ailes, dessine des hiéroglyphes près de la falaise.
17:00 Publié dans ABC*ACB | Lien permanent | Commentaires (1)
Noyers
15:15 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)
Quintette pour cor, violon, alti et violoncelle KV 407
22 juin, le matin.
C’est un peu ridicule d’égrener quelques notes au sujet de pièces de Mozart, surtout en cette année où nous avons les oreilles rebattues de Wolfgang Amadeus, mais, ayant reçu, en présent, l’intégrale Brillant – qui est meilleure encore qu’elle n’est dénigrée –, je multiplie, ces jours-ci, les découvertes, dont ce superbe quintette, ici interprété par le Quatuor Brandis et Gerd Seifert au cor. J’admire, je suis tout ébaubi, étourdi, trouve cela inouï, puis me mets à rêver d’une version plus baroque, avec une sonorité moins lustrale pour le cor.
Il n’est interdit à personne de jouer, de temps à autre – voire tout le temps – les Bouvard et Pécuchet. C’est hommage à Flaubert…
10:25 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (0)
Un épisode méconnu de la Guerre de 1940
Comme aucune note n'a été publiée hier à 19 h 40, dans ces carnets, je brise les principes constitutifs de cette rubrique, pour évoquer, par deux images, sans guère plus d'informations
(mais Denis (qui a disparu de ces pages, à mon grand regret, comme j'ai déploré la terrible mésaventure de son amie, au début de ce mois) saurait sans doute m'éclairer),
un événement historique peu connu.
Ces deux photographies ont été prises à La Guerche (Touraine du Sud) le 21 juin 2006. Il est donc logique qu'elles trouvent leur place, par un savant décalage, à la date du 23 juin 2006.
Elles représentent les deux faces du monument singulier qui trône, à hauteur de bambin, sur la place du village. Il s'agit d'une pile du pont détruit le 22 juin 1940 sur ordre de l'Etat Major, afin de ralentir l'avancée des troupes allemandes.
Ce pont, inauguré 54 ans plus tôt, survit dans cette étrange commémoration, près de la mairie déserte.
66 ans plus tard, il ne suffit plus de passer le pont (d'où l'on voit pourtant, fort bien, le château forteresse de La Guerche).
09:10 Publié dans Hystéries historiées | Lien permanent | Commentaires (5)
Vous rêviez de symétries...
Vous rêviez de symétries, de quatuors, de quatrains de sonnets, croisés ou embrassés, libres ou en prose, vous rêviez de l'église Saint-Etienne de Beauvais ou de l'abbatiale de Sorde (dans les Landes), vous vous laissiez aller à votre goût sordide des symétries, des palindromes, votre plaisir des plaques, votre fièvre de nombres, quand l'évidence vous tomba dessus : il faut sans cesse dynamiter la symétrie, trouver le continu sous les aspérités de la discontinuité, crever l'abcès pour trouver l'abscisse, tout cela à belles dents, à coups de ciseaux, à six heures du soir ou du matin, jamais sans simagrées, mais en évitant les grimaces. Vous rêviez de symétries, et le cauchemar se referma sur vos cheveux. Vous voilà bien barré.
00:45 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (2)