dimanche, 18 septembre 2011
Soldat au retour d'Irak (Tabish Khair, traduction)
Soldat au retour d’Irak
Que pouvais-je faire, moi,
Moi qui sauvais les petites vieilles et qui les tuais.
Il y avait un gros chien assis sur ma poitrine
Dressé pour qu'on lui réponde, bougez-vous, allez allez on saute !
J’ai pris mon M16A2, je l’ai descendue.
Elle gisait là. Ils gisaient là.
De retour chez moi j’étais aussi riche que les autres,
Des princesses agrippaient mes poils de chien
Pour en jouir, dans leurs rêveries [2] .
Puis nous dormions.
Mais après
L’ombre d’une prison s’est refermée sur moi —
Je me suis rappelé que j’avais oublié
Un objet.
Bougie, mèche ou boîte d’allumettes ?
Un objet, oui, c’est ça, un objet lumineux [5] .
Un objet qui m’aurait libéré de ce lieu.
[1] Les différents poèmes qui composent cette section du recueil Man of Glass sont en lien intertextuel étroit et explicite avec les Contes d’Andersen. Problème de référence culturelle, car le conte, dont le titre danois est Fyrtøiet, est connu en anglais sous le titre The Tinder-Box (‘La Boîte d’allumettes’) et en français comme La Petite marchande d’allumettes. Avoir recours au titre français paraît peu souhaitable, car le personnage de la marchande d’allumettes n’est pas du tout thématisé dans l’allusion poétique de Tabish Khair.
[2] Première grosse frustration. Difficile de rendre l’anaphore et les deux substantifs abstraits. J’ai tenté de préserver le rythme.
18:36 Publié dans Darts on a slate | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Prison-house est-ce une prison ou une maison qui est aussi (assimilée à) une prison ?
Cet homme a -t-il fait de la prison? il y a là une ambiguité
surtout avec la dernière phrase ... qui m'aurait libéré de ce lieu...
être libéré d'un lieu n'est pas la même chose que "qui m'aurait rendu libre" ou qui m'aurait apporté la liberté...
Très intéressant en tout cas le poème et votre traduction.
Merci pour le partage de vos lumières
toujours là c'est bien
cela me plaît.
Écrit par : if6 | lundi, 19 septembre 2011
Merci de votre fidélité, et des questions/remarques. Je ne suis pas certain, mais il me semble que la "prison" de la dernière strophe est soit un cercueil, soit une prison métaphorique (le soldat enfermé dans sa mémoire sans communication possible avec ceux qui n'ont pas fait la guerre)...
Écrit par : MuMM | lundi, 19 septembre 2011
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