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vendredi, 03 avril 2020

Das bissel Leben ::: La vie rabougrie

Das bissel Leben (Johanna Wolff)

La vie rabougrie (trad. G. Cingal)

 

    Warum man’s immer weiter trägt,

    Pourquoi continue-t-on à le porter

warum man’s nicht zerbricht, zerschlägt,

sans le briser, sans le détruire,

es hat ja so wenig zu geben,

Ce rien qui ne peut rien nous donner :

das Leben - das bissel Leben.

la vie, cette vie rabougrie.

 

Man hält den Strick schon in der Hand,

Déjà on tient la corde, et on la serre,

und wirft ihn wieder in den Sand

avant de la laisser tomber par terre

und meint es ginge noch eben -

en se disant qu'on peut continuer un peu

das Leben - das bissel Leben.

la vie, cette vie rabougrie.

 

Es hat uns allesamt genarrt,

Elle nous a tous rendus fous,

am Ende wird man eingescharrt,

Et à la fin on finira au fond du trou :

so läßt man’s verblassen, verschweben -

on la laisse flotter, elle s'évanouit –

das Leben - das bissel Leben.

la vie, cette vie rabougrie.

 

Lacht’s dir hier unten Morgenrot,

La santé, le soleil et le pain : si

Gesundheit, Sonne und dein Brot,

tout cela au beau matin te sourit,

dann hat es sein Bestes gegeben

tu ne peux rien attendre de mieux

das Leben - das bissel Leben.

de la vie, cette vie rabougrie.

 

Vielleicht hebt’s jenseits wieder an,

Peut-être qu’au-delà c’est un commencement,

so irgendwie und wo und wann:

n’importe comment, partout et de tout temps :

Alles Weiden, Wachsen und Weben -

tissus, cultures et prairies –

ein bissel ewiges Leben!

et pour l’éternité une vie rabougrie !

 

 

18:23 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 02 avril 2020

280–Haas–Clavecin

 

    Je fis le tour de la maison, trouvai une porte cachée à l’arrière.

Je sortis la clef des champs, la posai contre la porte cachée, qui s’ouvrit.

La maison s’éclaira. Il n’y faisait pas froid. Cela sentait un peu le renfermé.

Je craignais que la lumière n’attirât les curieux du village donc j’éteignis les lumières.

Je m’assis.

Comme je craignais que la lumière n’attirât les curieux du village j’avais éteint les lumières.

Je réfléchis à ma situation, notamment à cette clef aux étonnantes facultés.

De peur que les lumières n’attirassent les villageois, je les éteignis.

Je réfléchissais, là, dans la pénombre.

Je réfléchis paisiblement.

M’étant levé je tournais dans la maison, dans la masure, dans le taudis. Voudriez-vous que je décrive le taudis, la bicoque ? Eh, non. Je ne marche pas au sifflet.

Je vous raconterai mon dîner, et même mon souper.

 

14:34 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

279–Queffélec–Piano

 

    J’entrais dans le village, et même j’entrai dans le village (aussitôt je vis quelle maison du bourg était abandonnée), et comme j’entrais dans le village je croisai deux chiens errants plutôt sympathiques, dépenaillés.

J’entrais dans le village en me demandant comment trouver un abri pour la nuit quand j’aperçus, dans un renfoncement après le bâtiment de la mairie, une maison de toute évidence abandonnée : volets dégondés à l’étage, crépi carié, porte d’entrée ficelée avec du fil de fer, et un cadenas de fortune.

Onze tuiles.

 

14:26 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

278–Ferenczy–Piano

 

    Et à la fin de cette première journée à couper à travers champs j’étais au milieu du livre. L’écrivain est à la fin de sa vie, selon le sens que les jeunes donnent à cette expression de nos jours (2020). Toujours devoir préciser n’est pas devoir à la vérité. J’étais fatigué, j’aperçus un village. Il fallait trouver un coin où passer la nuit.

 

12:21 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

277–Masters—Guitare

 

    Je dois à la vérité de rendre des comptes. Je dois rendre compte, et je devrais rendre des comptes. Ça ne simplifie pas les choses de savoir que certaines phrases sont exclues du livre avant même d’avoir été écrites, et pourtant elles sont nécessaires. Transhumance était le mot approprié.

 

12:18 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

277–Zylberajch–Piano

 

    Mes tempes argent se couvraient de fils d’or. Je dois à la vérité d’écrire cela, même si tout est plus compliqué que cela. Je vis ça, ma métamorphose imperceptible, en tentant de prendre un selfie de ma bobine à la fin du premier jour de ma transhumance. Je choisis des mots bien étranges.

 

12:13 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

276–Reniero–Orgue

 

    J’avançais dans ces champs dont aucun ne ressemblait à aucun autre. Après la clef, ce sont mes phrases qui se chargent de la boue lourde des champs terreux nourris par de fortes pluies. Et se chargeaient d’adjectifs également, tellement d’adjectifs. Ce n’était pas grave. Je coupais à travers champs, c’était bien normal puisque cet objet qui m’accompagnait était la clef des champs.

Quand je ressentis un peu de fatigue, et même pas qu’un peu, ma lombalgie repartait de plus belle et se vengeait de ma témérité, je sortis la clé de ma poche et la tournai six fois vers la gauche avant de la tendre deux fois au-devant de moi, et les douleurs disparurent.

Les phrases bancales prennent sur elle la lourdeur du monde rebuté.

La clef des champs, comme le veston ensorcelé, ne saurait tout régler.

Voilà que je poursuivais ma route, sans me fouler.

 

12:10 Publié dans 410/500, lactations : déSastre, Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)

275–Bardon–Piano

 

    Après avoir coupé comme ça à travers champs pendant quelques heures je me suis aperçu que j’avais faim. J’ai sorti la clef de ma poche et l’ayant tournée devant mes yeux trois fois vers la gauche et quatre fois vers la droite j’ai dégusté un excellent sandwich que la clef avait fait apparaître. C’était bien la clef des champs, pas de doute. J’ai bu un verre de sirop de citron, un verre de sirop d’orgeat, une lampée de bière et me suis remis en route avec une gourde d’eau douce bien en poche. Les chaussures toujours légères.

 

12:04 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

274–Zarafiants–Piano

 

    S’échapper ainsi, quelle folie. Mais j’avais plein d’argent, des songeries plein la tête. Pas de dictionnaire, aucun livre avec moi. J’ai décidé de continuer, à travers champs. La clef était de plus en plus lourde : peut-être qu’elle se chargeait de de toute la boue que foulaient mes bottes. De fait, les chaussures restaient légères, sèches, vierges de glèbe.

 

12:00 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

273–Ross–Clavecin

 

    J’ai chaussé mes solides chaussures de marche et j’ai pris la clé des champs. La clé est lourde ; très lourde même ; c’est une clef. Au bout de la rue j’ai tourné à droite puis décidé d’aller tout droit autant que possible. Au bout de quelques kilomètres je me suis retrouvé à la campagne.

 

11:56 Publié dans lactations : déSastre | Lien permanent | Commentaires (0)

Nicht zerbrechen ::: Qui plie mais ne rompt pas...

Nicht zerbrechen (Johanna Wolff)

Qui plie mais mais ne rompt pas... (trad. G. Cingal)

 

    Wie sind der Schmerzen so viel

Quel excès de douleurs,

und der unerträglichen

et comme vivre fait

Lasten des Daseins!

peser des fardeaux insupportables !

Binsen gleich

Pareils à des joncs,

schwanken die Menschen unter der Wucht

les hommes ploient sous le poids

des Lebens,

de la vie

das ihnen zu schwer wird.

qui les écrase toujours davantage.

 

Nur nicht zerbrechen!

Mais il ne faut pas rompre !

Ohne Knick und Schaden

Garder vierge d'accrocs

bewahren

et de meurtrissures

die Lichtseele,

l'âme légère,

die unsterbliche!

l'âme immortelle !

 

Daß Same der Überwindung

Afin que la graine de l'opiniâtreté

sich weiter baue

continue de se fortifier

in junggrüne,

dans le vert de l'espérance

hoffende Weltgründe.

pour y fonder un monde neuf.

 

10:58 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 01 avril 2020

Alt werden ::: Vieillir

Alt werden (Johanna Wolff)

Vieillir (trad. G. Cingal)


    Alt werden heißt sich bescheiden,

    Vieillir : se contenter de peu ;

alt werden heißt einsam sein -

vieillir, c'est se sentir seul...

sie hingen dir einst an der Schürze

jadis accrochés à vos basques

und ließen dich dann allein.

ils ont fini par vous abandonner.

Sie tanzten dir auf dem Schoße,

Eux qui sautaient sur vos genoux,

jetzt treten sie dir aufs Herz -

à présent vous piétinent le cœur :

alt werden heißt sich bescheiden,

vieillir, c'est se contenter de peu,

ein Lächeln ohne Schmerz.

un sourire sans douleur.

 

Alt werden heißt still verzichten,

Vieillir, c'est abdiquer tranquillement

wenn Jungsein zu Jungsein hält,

quand les jeunes restent entre eux : ils ont grandi

sie wuchsen, entwuchsen dem Neste

au point d'être trop grands pour le nid

und flogen fort in die Welt.

et se sont envolés pour parcourir le monde.

Sie atmen mit purpurnen Lippen,

Ils respirent de leurs lèvres bien rouges,

die Augen so blink und so blank -

les yeux brillants et bouillants :

alt werden heißt still verzichten,

vieillir, c'est abdiquer tranquillement

nicht warten auf Menschendank.

et sans attendre aucun remerciement.

 

Alt werden heißt Leben, Sterben

Vieillir, c'est vivre et mourir

und fröhliches Auferstehn,

avant l'heureuse résurrection,

heißt segnen, wenn neue Geschlechter

et c'est bénir les nouvelles générations

auf Wegen von heute gehn.

qui marchent sur les chemins d'aujourd'hui.

Fern Wiegengesänge und Märchen,

Contes, berceuses sont bien loin,

die Zeiten stehen nicht still -

les temps ne s'arrêtent jamais :

alt werden heißt leben und sterben,

vieillir, c'est vivre et puis mourir,

wie Gott es will.

là est de Dieu la volonté.

 

15:56 Publié dans Johanna Wolff | Lien permanent | Commentaires (0)