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lundi, 01 mai 2006

Gérard :: Obok :: Manset

    L'album, le dix-septième ou dix-huitième de Manset, est sorti le 6 avril. Je n'en ai appris l'existence que le 26 et me suis précipité à Dax, afin d'en dénicher un exemplaire. Vingt jours, et je suis passé à côté d'une édition limitée qui comprenait un livret apparemment inhabituel. Peu importe : l'essentiel, tout de même, ce sont les chansons. (On apprend, sur la Toile, que Manset a des dizaines d'ouvrages non publiés dans ses cartons, tiroirs ou placards. D'ailleurs, je m'étonne qu'aucun critique n'ait, semble-t-il, remarqué qu'OBOK, dérivé du toponyme djiboutien Obock, est l'anagramme de BOOK).

Obok, donc. Depuis quelques albums, je trouve qu'il y a toujours une chanson, au moins, qui dépare l'ensemble, ou qui est sensiblement moins bonne que les autres. Ce disque ne déroge pas à la règle, malheureusement, car le troisième titre, Fauvette, est d'une écriture relâchée, d'une musique peu inspirée, sans épure, une sorte de jet un rien vériste, comme si la fréquentation de son gendre, l'agaçantissime Raphaël, finissait par déteindre sur Manset, que l'on croyait au-dessus de ça, au moins depuis l'inepte Marin bar... Je dois être un quasi inconditionnel, tout de même, car, après cinq écoutes, je trouve cette Fauvette-là presque supportable.

Sinon, rien à raconter. Rien à redire. Tout à dire, sans doute. cet album est très beau, avec un retour discret des saxophones, deux morceaux au piano solo qui font revivre les Vies monotones. Les guitares électriques n'ont pas le côté fin du monde de Banlieue nord ou de Tristes tropiques, comme le montre le très vivant sixième titre (Chaînes).

Marqué par la mort (Veux-tu?), Obok trace la longue voie des errances et des cheminements de son auteur, loin de tout exotisme de façade. Il frappe aussi par la grande diversité de ses rythmes, du faux reggae Pacte avec mon sang à l'éponyme Obok déjanté et superbe, en passant par de douces ballades (Ne les réveillez pas), mélancoliques mélopées (Jardin des délices), célébrations nostalgiques (La Voie royale).

L'album s'ouvre avec L'enfant soldat, chaloupement tortueux qui dit la dureté des guerres sans clinquant ni clichés. Une métaphore hardie ("Nouveau Tchernobyl / De bave et de bile") semble suggérer que la sortie de l'album en ce mois d'avril 2006 n'est pas fortuite.

Sinon, il paraît que Manset envisage de monter sur scène. Donner un concert, pour la première fois de sa carrière. C'est ce qu'on lit ici et là, et que l'intéressé confirme dans plusieurs entretiens glanés sur la Toile, non sans y ajouter quelques formules qui témoignent de ses atermoiements. Donner un concert, peut-être à l'Olympia. Non, ne faites pas ça... je vous suis depuis seize ans, et je vous assure que cette fausse bonne idée sent la fauvette à plein nez.

Dans tous les cas, je m'enfonce les oreilles dans Obok. Là, pas de déception possible.

14:40 Publié dans MUS | Lien permanent | Commentaires (10)

Commentaires

je voudrais savoir votre avis sur le titre de manset tristes tropiques car j'ai bo l'écouter en boucle je n'arrive pas vraiment a saisir le sujet ou si je le saisi bien mais apres une autre écoute je trouve un autre sujet.Alors se sérait aimable à vous de bien vouloir m'aider à éclairer se point d'ombre.

merci d'avance

Écrit par : celina | dimanche, 07 mai 2006

Je prépare une réponse qui sera publiée en note aujourd'hui. Guettez !

Écrit par : MuMM | lundi, 08 mai 2006

boujour à tous,
je m'étonne souvent de voir que l'album Revivre si décrié que ce soit par les critiques ou même par" les fidèles d'entre les fidèles",je trouve cela pas justifié.
c'est en tout cas le disque par lequel "je suis entré" dans l'oeuvre si particulière de Manset et j'ai toujours énormémént démotions à l'écoute du "lieu désiré " par exemple... Il m'aura fallu attendre plusieurs années avant de vraiment franchir le pas et d'approfondir l'ensemble des albums,je ressentais comme une réticence à plonger dans cet univers souvent sombre et magistral... je suis pourtant un grand copain de Murat et de toute la coldwave des années 80 !
aujourhui,je me sens prêt à pousser la lourde porte et explorer chaque pièce de l'édifice...c'est chose faite avec notamment Matrice,Lumières Orion et La vallée de la paix.
Si ce qui semble être plus qu'une rumeur se confirme,je veux bien sûr parler d'un concert de Manset, je compte vraiment sur vous pour être informé.

bien à vous ,
jf

Écrit par : jean-françois morel | jeudi, 11 mai 2006

"comme il l'exige" quelle étange perception des choses!!! je n'exige rien du tout!

il y a concerts et concerts !c'est sûr ,si vous avez l'image de Johnny sous la tour Eiffel ,je saisis mieux quelles peuvent être vos craintes!

cela dit attention à ne pas être plus royaliste que le roi.

Écrit par : jean-françois morel | jeudi, 11 mai 2006

Je trouvais votre ton un peu directif, mais c'est sans doute un excès de susceptibilité de ma part.

En fait, mes raisons de douter de l'intérêt d'un éventuel concert de Manset est qu'une partie de son charme réside dans le côté élaboré, orchestré, mixé et remixé. Je ne suis pas sûr que sa voix sorte grandie de la scène. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des artistes de "chanson française" (Boogaerts étant la seule exception que je connaisse) : contrairement à l'opéra ou à la musique classique, le concert appauvrit considérablement les artistes.

Écrit par : MuMM | jeudi, 11 mai 2006

J'aime bien Manset pour des bouts de vieilles phrases (tu brises à coup de pioche la main que je te tendais — sur le marbre des fontaines — après le goût de sel goût de cendre — etc…) qui me trottent encore dans la tête après trente ans. J'aime bien les airs de certaines chansons, des échos de sa voix placés avant sa voix, l'accordéon, mes mômes petits qui ont écouté l'enfant qui vole… Jésus (refaites-là aujourd'hui celle-la, qu'on comprenne ce qu'il dit)…
Il sait être lourd (comme un guerrier), mauvais (marchand de rêve), rigolo (marin'bar entendu chez Ed), grandiloquent, abscons, scolaire etc…
Il a dit qu'il arrêtait avec lumières… L'a pas fait. Moi si. Puisqu'il avait arrêté, j'ai sauté matrice et les suivants…
J'y suis retourné pour la vallée de la paix (toujours pareil : du bon (echinodermes) et du musicalement intéressant sur une phrase conne (deux pigeons…)
J'ai tenté puis oublié jadis et naguère…
Passé le langage oublié…
Je viens de commander Obok…

Le truc avec Manset, on ne peut pas se donner à lui entièrement à cause de faiblesses infantiles et rédhibitoires… On le défend parce que hors lui, (comme hors Debronckart, Servat, Desjardins…) personne à écouter sans rougir de honte…

Manset, faut pas en faire une affaire, y a pas plus de mystère et moins de faux-cul que les autres. Le voir ? A quoi ça correspondrait ? Un repas avec lui ok, mais un concert…

Vous savez quoi, tous ces types… On les aura traîné toute la vie, le miraculeux, le bon, c'est ces petits bouts de phrases qui nous flottent dans le crâne, légers et insignifiants commes des neurones étrangers, des particules a-pesantes (amis, à quoi sert d'aimer…). Le reste…

Écrit par : Robert Darvel | lundi, 10 juillet 2006

Je viens (oui seulement maintenant) d'acheter et d'ecouter Obok.
Du grand Manset ? Non ! ...du Manset tout simplement et c'est forcément magnifique.
J'aime beaucoup "Fauvette", le premier morceau qui m'a vraiment accroché ...mais tous les autres sont somptueux.

J'ai constamment en tête ces deux vers :
C'est cette eau sale qu'il a bu
Cadavres de chiens, de zébus.

Tout Manset est là résumé, dans cette écriture quasi cinématographique qui nous (me) donne plein d'images dans la tête .
Enfin je trouve ...!

Écrit par : Rainier | samedi, 26 août 2006

On disait autrefois que ce qui était bon pour Manset (les albums les moins sombres) était mauvais pour nous. Serions nous dans ce cas avec Obok ?

Plus le langage symbolique est codé, plus il y a matière à bâtir en développant le symbole à l'infini. Pour cela, il faut de la matière mais aussi une capacité de discernement afin d'éviter les erreurs qui ont conduit à des chansons comme "le masque sur le mur" ou "capitaine courageux". Nous les aimons, ces erreurs, car elles nous rassurent sur nous. A l'opposé, il y a l'hyper-réalité des formules qui nous prouvent qu'il a touché la terre dont il parle et humé l'eau croupie qu'il nous décrit. Ce sont des morceaux de phrases que nous ne voulons pas finies et que nous mettons quelque part dans notre mémoire pour les ressortir 15 à 20 ans plus tard lorsque ce contexte de vie deviendra le nôtre. Nous avons au moins besoin de cela car c'est cela que nous écoutons.

Pour ce qui concerne Obok et le langage, pas de souffre, pas de vertiges que la morale condamne, pas de lieux inquiétants...

Manset sait maintenant terminer une chanson. Manset fait de l'humour pour la première fois depuis peut être Orion, enfin à sa façon, quand il se moque de lui même "je venais d'écrire quelques pages sur le destin de tous les êtres...". "moi même elle vient de me quitter...". Mais seul le résultat compte. Depuis ces 2 derniers albums, les textes sont travaillés et nous ressentons enfin un effort pour retirer de l'orchestration ce sirop qui nous agaçait depuis tellement longtemps.

Le personnage dit vivre sans nous comme nous vivons sans lui. A-t-il pensé un peu à nous ?

Je crois avoir tout écouté de Golgotha à Obok mais je ne suis pas certain d'avoir envie de ce contact de la scène. Nous verrons.

Écrit par : Herbert | samedi, 09 septembre 2006

Tout écouté ??? Même Caesar en latin ? J'avoue ne jamais avoir mis la main dessus !

Écrit par : MuMM | samedi, 09 septembre 2006

Je réponds sur "Caesar" en latin. Ja l'ai enregistrée sur cassette lors une émission de Foulquier sur Inter en son temps. Voilà le type de morceau dont l'auteur lui même dit l'intérêt tout à fait relatif lors de l'interview sachant qu'il s'agit de la promo de son coffret (disques noirs) où se trouve la chose rare. "Je crois que je ne l'aurais pas mise si on ne me l'avait pas autant demandée par courrier" sic.

Plus tard, il y a eu "pavillon sous la neige", "bergère"... Puis les passages au pilon de choses comme "balancé" et des bien meilleures qu'il a... balancées. N'est ce pas là ce que nous aimons le moins dans la politique de production du Monsieur ?

Écrit par : Herbert | dimanche, 10 septembre 2006

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