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mercredi, 10 mai 2006

XXVIII

    Quand je commandai, au tout début du mois d'avril, un exemplaire du dernier livre de Margaret Atwood, The Penelopiad, je pensais le ramener à ma mère (qui, contrairement à moi, aime cette écrivaine) lors des vacances de Pâques, et ce d'autant que mes parents rentraient d'un voyage à Chypre. Je ne savais pas alors que l'exemplaire mettrait plus d'un mois à me parvenir (à tel point d'ailleurs que j'avais oublié avoir passé cette commande), me donnant alors l'idée de le transformer en cadeau de fête des mères (cette divulgation n'a pas d'importance : ma mère ne lit pas ce blog), et je n'avais pas non plus emprunté, plus ou moins par hasard, Wittgenstein's Mistress, le roman de David Markson (je l'ai choisi sur l'un des rayonnages de la bibliothèque d'anglais des Tanneurs le 13 avril, pour le soixante-septième anniversaire de Seamus Heaney).

Or, il se trouve que, feuillettant l'exemplaire du roman de Margaret Atwood (qui n'a, une fois encore, pas l'air de casser des briques), je me suis rappelé que la narratrice de Wittgenstein's Mistress cite à plusieurs reprises l'hypothèse selon laquelle l'Odyssée aurait été écrite par une femme, hypothèse qu'elle n'attribue pas à son véritable auteur (car elle s'embrouille assez souvent, ce qui fait le charme du roman). Atwood, qui se targue pourtant d'une culture à toute épreuve, ne semble pas avoir eu vent de cela. En tout cas, elle n'en souffle pas mot dans les notes qui closent l'ouvrage.

J'ai donc pris mon plus beau clavier pour écrire un courrier électronique au professeur Seamus Waddington, qui m'a confirmé tout le bien que je pensais de l'auteur de l'hypothèse pourtant passablement farfelue et évoquée ci-dessus, et tout le mal que l'on peut dire de l'écrivaine canadienne. Le plus surprenant, c'est qu'Enrique Vila-Matas a aussi répondu à mon e-mail, que je ne lui avais pourtant pas adressé.

Voici ce que m'écrit le génial écrivain barcelonais :

Cher Mathieu,

que l'Odyssée ait été écrite par une femme ne fait aucun doute. D'ailleurs, Fleur Jaeggy m'a confié un jour n'avoir jamais pu traduire un seul vers de l'Iliade. N'est-ce pas là une preuve irréfutable ?

Toutefois, cher Mathieu, vous m'avez menti sur vos recherches, et, depuis, je vous appelle le mystificateur à la dernière gorgée de bière. Vous savez pourquoi : en me quittant, ce soir-là, vous avez prononcé cette phrase d'une beauté envoûtante : "Je prends cette dernière gorgée de bière, et après un taxi." Voilà pourquoi je vous nomme, depuis lors, le mystificateur à la dernière gorgée de bière, ce qui vous rend cher à mon coeur et me donne grand plaisir dès que je reçois un e-mail de vous, même si je préfèrerais vous voir creuser l'éventuelle parenté entre votre maudit Barclay et son petit neveu Justin.

Il n'est pas facile de ramper sans chaussures.

Bien à vous,

Enrique V.-M.

 

Dois-je lui répondre en faisant une allusion savante au roman de Markson, ou simplement m'offusquer qu'il puisse répondre à un courrier que je ne lui ai jamais envoyé ? Ah ! il n'est pas facile d'être le confident d'écrivains géniaux. Quand j'aurai fini d'écrire ces pages pour ne pas célébrer S.B., je prendrai pour nom de plume Max B., histoire de montrer à tous mon visage de traître.

Commentaires

Grrr, touche pas à ma Margaret. "The Handmaid's Tale" est un de mes favoris ! ! !
Grrr !

Écrit par : joye | mercredi, 10 mai 2006

Maxieu, tu vas arrêté de délirer sur "comment je n'ai pas yayayan B.S." et te concentrer sur "Pauvres Pyrénées" oui? Sinon, je t'envoie à Porto.

Quant à la pauvre Maggie, non contente de porter le même prénom que Thatcher, il a fallu en plus qu'elle écrive Oryx and C. Franchement, il y a des gens qui ne comprennent rien à la théorie des signes. Pourtant, on ne va pas la stoned pour si peu, surtout que j'ai aimé les cendres de the Handmaid's T. de Bradbury.

Sur ce, je retourne me coucher.

Écrit par : Julia Mayol | mercredi, 10 mai 2006

C'est vrai qu'Oryx aurait été mieux en nouvelle qu'en roman. Je l'avais un peu oublié.

Écrit par : joye | mercredi, 10 mai 2006

Au risque de déplaire derechef, *The Handmaid's Tale* (que j'ai lu vers 1993 et même enseigné en 1998) est un roman exécrable, d'une lourdeur au moins hollywoodienne.

Écrit par : MuMM | mercredi, 10 mai 2006

Il faut comprendre un peu la culture qui l'a produit. Un Français en rirait, une Tazunienne dirait "Oui, ça, je l'ai vu venir". Quant à sa lourdeur, monsieur est demandé présenter ses preuves -- je pense qu'il est extrèmement difficile de juger une oeuvre lorsqu'on la lit dans une autre langue...

Demain dès l'aube ! ! !

;-)

(i.e., on peut parler Totor si tu veux parler des lourds -- et prétentieux avec !)

Écrit par : joye | mercredi, 10 mai 2006

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