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dimanche, 22 avril 2007

Feuilletage de signifiance

    Prenant mon courage à deux mains, et ne pouvant plus réfréner mes ardeurs, je me suis « attaqué » avant-hier au chapitre de L’Amour l’Automne qui commence à la page 149 et dont l'un des deux co-auteurs (Antoine du Parc) admet qu’il réclame ardemment la lecture en ligne sous forme de liens hypertextuels, et que la forme hyperlivre ici est tout à fait malcommode.

(Toutefois, cette passion des pages emberlificotées, riches d’ajouts et de notes et requérant du lecteur un constant va-et-vient très suggestif d’avant en arrière et d’arrière en avant, est inhérente au projet des Églogues, et, à tout le moins, à la série des Travers, dont on peut lire Été en ligne sur le Forum de la Société des Lecteurs, grâce – si j’ai bien suivi – au travail de fourmi de Madame de Véhesse. Inhérent au projet des Églogues, cet éclatement du texte sous forme de notes vertigineuses, s’il appelle la lecture en ligne sous forme de liens hypertextuels, est très largement antérieur à l’existence du Web et de ses possibilités hypertextuelles, justement. En témoigne cet extrait du Journal de Travers, où l’on voit Renaud Camus se débattre avec les épreuves d’Échange :

Passé ensuite l’après-midi à travailler sur les épreuves d’Échange, en particulier à tenter de rééquilibrer le texte du haut et le texte du bas, à la fin, le premier étant en retard sur le second, ce qui rend nécessaires des ajouts. (Journal de Travers, Fayard, 2007, p. 636)

 

À ces pages les plus rudes (et donc qui suscitent le plus violemment le désir du lecteur (le mien en tout cas)), je me suis donc « attaqué », pour constater, avec amusement, alors que je tournais les pages dans tous les sens pour retrouver un fil perdu, puis, dans l’ordre, lisant une suite filet après filet (c’est-à-dire que, pour lire une des notes, je devais tourner les pages toutes les cinq secondes puisqu’il n’y avait qu’une seule ligne de texte suivi m’intéressant à ce moment-là par page), pour constater donc (disais-je) que les Églogues inventaient, dans la lignée de Barthes et de son fameux « feuilleté de signifiance », le feuilletage de signifiance » : le suivi des diverses notes ligne à ligne, d’une page à l’autre, implique de tourner les pages très rapidement, et plus rapidement d’ailleurs que les pages d’un catalogue, prestance ou précipitation qui est peut-être le seul signe qu’il ne s’agit pas d’une lecture nonchalante ou vaine de catalogue (encore que j’en connais des qui feuillettent frénétiquement leur catalogue et vont jusqu’à le réduire en pièces à force de s’interroger sur les mérites comparés de telle ou telle chaîne stéréo (Jef se reconnaîtra (sauf qu’il ne lit pas ce blog))).

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