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jeudi, 29 septembre 2011

Cris / Cries

Guillevic. “Cris”, I, 1-6. In Trouées, pp. 25-6.

 

 

L’été,                                                    Summertime  

Tu as pour toi                                      — You have the cries

Les cris de l’hirondelle.                      Of swallows accompanying you.

 

*

 

La source                                            The spring

Crie son besoin de vent.                     Cries out loud it needs a breeze.

 

*

 

Un cri louvoyant                                  One cry veering

Au-devant des fleurs.                           Ahead of the flowers.

 

*

 

Le nuage s’en va,                                Disappears the cloud,

Crie le bleu.                                        The blue cries out loud.

 

*

 

L’abeille ira crier                               The bee shall cry

Dans le nef de la fleur.                In the flower’s vessel.

 

*

 

La fleur                                                 The flower

S’ouvre sous les cris                            Opens up with the cries

 

Des couleurs qu’elle cachait.               Of colours hidden inside.

 

 

    Je viens de reprendre le brouillon manuscrit de cette traduction. Une fois encore, ni la syntaxe de Guillevic ni sa métrique ne posent de problèmes particuliers. En ce sens, ce n’est pas un poète difficile à traduire. Pourtant, un traducteur qui tente de donner une version de l’ensemble du poème « Cris » aura pour mission de traduire chaque occurrence du mot cri, motif et antienne, par un seul et même mot. J’ai choisi le verbe et le nom cry, parfois en étoffant (crying out loud), mais cela n’est pas absolument satisfaisant ; il me semble qu’il n’y a pas mieux.

    Au brouillon, j’avais traduit le premier vers « In the summer ». En reprenant à l’ordinateur, je me suis rendu compte qu’il y avait une ambiguïté énonciative dans le poème de Guillevic : en effet, on peut lire « L’été » comme complément de temps ou comme apostrophe familière. Dans cette seconde hypothèse, le poète s’adresse à la saison, et c’est l’été qui a pour lui les cris de l’hirondelle. Ma première mouture restreignait le choix sémantique. Grâce au tiret semi-cadratin (Gosh, what would translators do without the dash ??), j'ai pu donner une version tout aussi ambigüe de ce tercet.

   Le choix du nom spring pour traduire source s’est imposé immédiatement, et je le conserve, faute d’alternative, et ce en dépit de l’ambiguïté éventuelle qui peut naître dans le contexte du premier fragment : il n’y a aucune ambiguïté été/source, mais le double sens de spring (source/printemps) est susceptible d’entraîner des confusions. Ni fountain ni well ne conviennent ici.

    Dans la traduction du quatrième fragment, l’effet de rime et la syntaxe plus archaïsante sont délibérés. Discutable, mais au moins j’ai tranché. (Alternative, très plate : « The cloud goes away / Cries the blue. »)

    Dans la traduction du sixième fragment, c’est pour le rythme et les sonorités (assonance cries / inside) que j’ai choisi de moduler le troisième vers au passif. La poétique de Guillevic ne repose pas sur un système rimé, mais il me semble que l’essentiel est de respecter surtout la volonté de Guillevic de faire image sans céder à la métaphorisation.

    Enfin, en vérifiant sur Google, par acquit de conscience, si la collocation « cries of swallows » était attestée, j’ai découvert cinq poèmes en prose de Rosmarie Waldrop. Il n’est pas impossible que je donne prochainement, de l’un d’eux, une traduction.

Commentaires

Super dur à traduire celui-là (mine de rien...)! je repasserai le relire dès que j'ai un moment car je reste sur ma faim là en le lisant en anglais... de toutes façons certains poèmes ne sont pas excellent non plus en français, ce n'est pas parceque c'est Guillevic que tout est bon aussi...

Écrit par : if6 | jeudi, 29 septembre 2011

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