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mercredi, 25 janvier 2012

Dimitri Bortnikov : Repas de morts

    J’ai dans l’idée que Bortnikov, après avoir hésité (peut-être) entre Céline et Bukowski, a décidé de ne pas trancher. Peut-être se réclame-t-il d’autres influences, je n’en sais rien. Son écriture penche franchement du côté de l’accumulation, de la reprise incessante de fragments éclatés, de sorte qu’elle cherche à s’imposer comme écriture, justement, pas comme style. La « parole en archipel » est la marque d’un épaississement, pas d’une recherche de l’épure. Les phrases, très souvent très brèves, ne découpent pas ; au contraire, elles cherchent par tâtonnements et reprises, à faire sens, tableau, à décrire. À tâtons, mais du fait d’une sorte d’ivresse… Elaboré, pas donné.

 

Elle apportait des nénuphars. De loin. Les tiges longues. Longues… Dans sa bouche. Elle nageait en grand reptile rassasié. Je faisais des couronnes de nénuphars. Des guirlandes… Elle s’enveloppait dans la couverture. Absente et seule, oui – en momie qui attend son jour. (Repas de morts, Allia, p. 80)

 

Par une telle écriture, Bortnikov parvient à halluciner presque en permanence la mort, les figures des morts, et à faire naître une hantise mieux que figurale, une hantise de lecture, une hantise-du-lecteur.

Longue chute de neige. Visage d’un homme éclairé par la neige fraîche est le visage d’un cadavre. (p. 166)

 

16:00 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Il n'y a pas de secret ni de mystère. Il écrit son russe en français. Regardez comme se fabrique la langue russe et tout lecteur peut se rendre compte que l'écriture de Bortnikov est d'une banalité affligeante, fade, sans intérêt.

Écrit par : TRY | mardi, 12 juin 2012

Peut-être, mais il écrit en français. Et son écriture, dans cette langue, peut vous affliger. Mais banale, elle ne l'est pas.

Je vous recommande d'aller jeter un oeil à "Kantaje", très beau texte de Katalin Molnar : elle creuse justement cette question du transfert de structures linguistiques en littérature. Ou "The Voice" de Gabriel Okara.

Par ailleurs, on peut supposer que Bortnikov n'écrit pas pour les "happy few" qui connaissent le russe.

Écrit par : MuMM | jeudi, 06 septembre 2012

Les commentaires sont fermés.