samedi, 12 juillet 2025
SecEM, 12 _°_ la double conscience, on n'en a pas fini
1er septembre
9 h
Levé tôt, j’ai pu traduire les quatre pages et demie que j’ai été trop flemmard pour m’infuser hier, et avec un foisonnement convenable (6,5%). J’écoute des chansons tirées de l’immense répertoire de Tagore, le Rabindrasangeet, et j’ai découvert une chanteuse, Srabani Sen, que je trouve sublime, aussi parce qu’elle s’entoure de musiciens qui renouvellent profondément mais subtilement le genre. Ce répertoire est l’occasion de tomber dans un terrier de lapin, comme disent les anglophones par allusion à Alice au pays des merveilles, car chaque poème/composition de Tagore donne lieu à des vingtaines de versions dont chacune est porteuse d’une culture ou d’une inflexion spécifique, par exemple avec Shangan Gagane Ghor [শাঙনগগনে ঘোর ঘনঘটা / Le ciel se charge de nuages].
Pour en revenir à la traduction, pas mal de petites – et moins petites choses – à noter :
1) French cite Ethiopia Unbound en redécoupant les citations d’une manière qui l’arrange ; j’ai réussi à restituer à la fois le sens du passage d’origine (je donne ci-contre la page entière, car ça me désole depuis si longtemps de ne pouvoir faire publier ce livre majeur en français) et ce que French veut en faire.
2) Il y a cette phrase : London viewed this nascent indigenous elite as first a nuisance, later a potential threat, and sought to discredit its members with the outrageous claim that their Western training had fundamentally denatured them. Pas mal bataillé pour traduire the outrageous claim. Après avoir hésité avec « affirmer sans rougir » et « toute honte bue », j’en suis là (pour le moment) : Londres trouva d’abord embarrassants ces premiers membres de l’élite africaine, avant de voir en eux une menace potentielle, et de tenter de les discréditer en arguant – ce qui était passablement culotté – que leur formation occidentale les avait fondamentalement corrompus.
3) Autre phrase, dans laquelle, cette fois-ci, un substantif m’a dérangé (chauvinism) : Some described Casely Hayford as a nativist, but his reasoning was no mere chauvinism. Même si le côté très européen de la référence aux clochers est un peu gênante, j’en suis là : On a pu taxer Casely Hayford de « nativisme », mais son raisonnement était loin d’être mû seulement par l’esprit de clocher.
4) Tentant de traduire l’expression “the unofficial Black president of the United States” (et tenté, mais c’est une autre histoire, de ne pas traduire du tout cet “unofficial” qui me semble évident dans le contexte), je découvre, grâce au CRISCO, le substantif ardélion, que le Dictionnaire de l'Académie définit comme un « homme encombrant par son empressement indiscret et maladroit », en précisant qu’il s'agit (ouf !) d'un terme « vieilli et peu usité ».
5) Enfin, un point qui me concerne ou m’intéresse particulièrement en tant que chercheur : la critique par Casely Hayford de la double consciousness de Du Bois me semble en partie erronée, ou en tout cas anhistorique. C’est à creuser, d’autant que French (soucieux de ne pas vouloir donner raison à un Afro-Américain ?) ne souligne pas du tout les contradictions de cette position.
09:16 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
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