samedi, 19 juillet 2025
SecEM, 5 -°- reprise
22 août
Après trois grosses semaines d'interruption, je me rassieds à mon bureau pour réenclencher cette traduction. Je suis toujours embarqué (ou englué) dans l'Introduction, dont il me reste dix pages. Hier j'ai eu un entretien téléphonique avec l'éditrice de chez Calmann-Lévy, autour des questions de calibrage du texte, qui est rendu difficile par le document PDF ultra-protégé. Elle va essayer d'obtenir une version qui permette de connaître le nombre de signes et de faire le calibrage avec coefficient de foisonnement, sinon je lui ai donné mon accord pour une fourchette basse : je préfère un “rattrapage” à la hausse sur le troisième tiers que de devoir leur rendre des sous ! Elle va aussi réclamer deux exemplaires papier de l'ouvrage, dont un pour moi.
Ce matin j'ai traduit deux pages. Il y avait plusieurs références ou citations, à des textes racistes du président Wilson (j'ai surligné mon premier jet en jaune car je doute de trouver facilement une traduction déjà publiée), à un article de Baldwin dans le New Yorker (pas cherché de traduction existante), à Aimé Césaire (j'ai retrouvé, restituant dans ma traduction le verbatim du texte original du Discours sur le colonialisme), et enfin à un poème de Langston Hughes, que j'ai également retrouvé, au point de prendre la décision, discutable, de traduire carrément un quatrain entier, plutôt que de respecter le découpage de H. French.
Par ailleurs, moi qui n'avais plus dans la tête Buffalo Soldier de Bob Marley depuis quelques jours seulement (j'ai lu le roman de Marlon James et j'ai eu du Bob Marley dans la tête pendant près de quinze jours), voilà que French cite l'expression, en la limitant curieusement aux bataillons de soldats afro-américains engagés dans la Première Guerre mondiale (alors que c'est le nom qui leur a été donné par leurs adversaires amérindiens dans le dernier tiers du dix-neuvième siècle). Dans le roman de Marlon James, le personnage qui en parle souligne très clairement l'ironie tragique qui a vu des Noirs victimes de la ségrégation et du suprémacisme blanc aider les Blancs à exterminer les autochtones ; par contre, j'ai beau écouter encore et encore la chanson de Bob Marley, je n'y entends rien de tel. French, lui, ne discute absolument pas l'origine ni les implications idéologiques du surnom.
Autre point de traduction : j'ai traduit mystique (dans l'expression “the mystique of white invincibility”) par mythe.
Je me demande si je pourrai tenir la distance de ces carnets de traduction, car si je n'ai que sept mois pour traduire cet énorme pavé en plus de mes autres activités, ai-je le temps de me livrer à cette exploration réflexive ?
10:15 Publié dans The Second Emancipation | Lien permanent | Commentaires (0)
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