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dimanche, 06 avril 2025

IV, nonante-six

    délicate

ou raffinée

 

est-ce ainsi que la voient

les autres,

ou balourde,

illisible

 

— est-ce ainsi que tant

et tant d’yeux parpelègent

devant ces pages

 

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samedi, 05 avril 2025

IV, nonante-cinq

    au comble de la joie,

trouver la mort qui rôde dans les décombres

 

laquelle de nos morts

ici-bas pêle-mêle

tombe sur l’abat-jour

comme un torrent sur le monde ?

 

un poème entortillé

ne te sauvera pas, pauvre bougre, de

tes angoisses et de la haine

 

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vendredi, 04 avril 2025

IV, nonante-quatre

    j’ai traduit quatre mille mots

en anglais au cordeau

 

tu ne sais pas ce que ça fait

de retrouver au creux

d’une phrase l’aveu

de ta propre faiblesse

 

et la phrase suivante est une canopée :

sous un immense chêne,

un ping-pong scopique avec le taureau

 

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jeudi, 03 avril 2025

IV, nonante-trois

    on a vu lentement

déborder le fleuve

 

c’était un autre jour qu’aujourd’hui

dans une autre contrée,

avec d’autres coulées de boue

pour ruiner notre monde

 

et sous la bruine à présent

qui ne s’arrête jamais,

nous restons les yeux secs

 

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mercredi, 02 avril 2025

IV, nonante-deux

    à six dans les rapides

en kayak ou en boutre,

je n’en ai rien à foutre

 

mon rêve se dissipe,

que tu n’as pu résoudre

 

comme la main hésite

sur le clavier, la foudre

est tombée, et je trime

(le dénouement s’entrouvre)

 

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mardi, 01 avril 2025

IV, nonante-et-un

    poissons qui plongent

poissons qui nagent

poissons venus du fond des âges

 

et sur le néflier

les timides frêles feuilles

 

sont trop rares pour ne pas qu’on comprenne

que l’arbre se meurt

du fond de mes souvenirs

comme des écailles sarclées

 

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lundi, 31 mars 2025

IV, nonante

    parfois c’est juste honteux

d’aligner ainsi les vers

ligne à ligne

 

pire qu’un passé prosaïque

enfoui au fond des oreillers

 

tapis entre les virgules

rares, les tremblements du sens

vacillent de cette honte

et du banal scandale à se foutre de tout

 

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dimanche, 30 mars 2025

IV, octante-neuf

    à partir de demain

les trilles des merles

retentiront plus tard

 

(plus tard pour nous,

les yeux rivés sur l’horloge)

 

et dès ce matin, bien sûr,

mais j’ai à peu près dormi

jusqu’à 8 heures

(de la nouvelle)

 

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samedi, 29 mars 2025

IV, octante-huit

    face à soi le bois froid

dont il faut se forcer à penser

qu’il n’est pas malfaisant

et qu’il ne fait pas face

 

on tapote d’un doigt

distrait sur l’encâblure

 

on perd le visage en repère

de nuit et d’écorce proche

de ligne en lignée lignée

 

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vendredi, 28 mars 2025

IV, octante-sept

    une fièvre de danser

c’est-à-dire remuer

son corps n’importe comment

me saisit

 

ilendésô

ladounsé grégam

 

car n’importe comment

est l’autre nom

de nos méthodes

 

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jeudi, 27 mars 2025

IV, octante-six

    vous avez dansé le quadrille

et la gavotte et la courante

au petit pied la sarabande

au grand trot la renardée

 

mais est-ce trop dire

cette sauvagerie

 

hypnotique qui monte

du plus profond de moi

et explose en un grand cri muet de folie

 

 

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mercredi, 26 mars 2025

IV, octante-cinq

    ce n’est pas vraiment la transe

ni le pouls de la mémoire

qui bat sous ma souffrance

à la décrue du déboire

 

issoko délassiounom / idom lassiounom

issoko délassiounem / idom lassiounem

 

c’est l’impossibilité

d’autre chose que danser

dans le béton clair du soleil

 

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mardi, 25 mars 2025

IV, octante-quatre

    lentement ton visage

souriant face à moi

 

dans le café

où piétinent tant d’espoirs

où même le train ronge son frein

 

aurait-on envie

de se parler

s’il n’y avait le poids

des remords entre nous

 

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lundi, 24 mars 2025

IV, octante-trois

In memoriam R.B.

 

    dans la chambre l’ombre

à présent plus bleutée

 

plus lumineuse peut-être

qu’en janvier donne le timbre

et le ton

 

de rêves qui peuvent paraître

brisés

(la carriole ventrue, verte,

où nous entassions l’herbe fauchée)

 

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dimanche, 23 mars 2025

IV, octante-deux

    vibrato

imperceptible

 

ou presque :

nuit livresque

à fouiller dans les souvenirs

 

que l’on pourrait nommer

nuit blanche

sauf à vouloir

embobiner

 

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samedi, 22 mars 2025

IV, octante-et-un

    tenir jour après jour

la corde souple

 

tenir pour retenir

le temps entre les mailles

de sa mémoire effilochée

 

tenir tête

juste comme ça, par ténacité,

par refus de se laisser

submerger par la peur

 

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vendredi, 21 mars 2025

IV, octante

    chaque matin les tourterelles

reviennent inlassablement

apiter leur nid

 

(le correcteur orthographique

souligne en rouge l’infinitif

(ce verbe est un régionalisme))

sur la poutre du perron

 

d’où, dès qu’elles s’envolent,

tombent les trois branches du nid

 

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jeudi, 20 mars 2025

IV, septante-neuf

    il y a douze ans j’avais

écrit chaque jour du printemps

un poème en anglais

 

chaque poème était long

de 91 mots

précisément

(à dire avec la voix de David Suchet)

 

et ça ferait un recueil

si j’étais un publishitter

 

07:55 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 19 mars 2025

IV, septante-huit

    en traversant le pont Wilson

sous le soleil, dans la douceur

du printemps,

 

rentrant d’en ville avec

les goélands pas si loin de mon vélo,

leur vol olympien,

je fixe au loin l’îlot

 

où les cormorans font sécher leurs ailes

au vent et au soleil

 

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mardi, 18 mars 2025

IV, septante-sept

    un éclair moiré

sur la branche du néflier

mourant

 

(probablement mourant,

desséché désormais :

aura-t-il ce printemps

des feuilles ?)

 

chasse la pie,

attire mon œil

 

09:20 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 17 mars 2025

IV, septante-six

    côté jardin fleurs et feuilles

tandis que côté rue

sur fond de bitume

les branches sont désespérément nues

 

et que dirai-je

à la pie qui vient cogner à la vitre

puisque d’autre part les palombes

 

roucoulent et s’accouplent

frénétiquement

 

 

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dimanche, 16 mars 2025

IV, septante-cinq

    « pleutre »

l’insulte a fusé

aussi étrange que violente

« pleutre »

 

sortie peut-être d’un souvenir lointain de Cyrano

— alors que le pleutre lui-même

sans doute doué ou affligé

 

d’une mémoire visuelle

croyait qu’on le traitait de champignon

 

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samedi, 15 mars 2025

IV, septante-quatre

    parallèlement

à rien

chemine

un sentier

 

qui ne va nulle part

vu que ce sont les corps

mouvants

 

qui vont

quelque part

 

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vendredi, 14 mars 2025

IV, septante-trois

    déjà le quatrième acte,

pensa-t-il en s’étouffant

dans sa toux déjà vieille

de vieux cachectique

 

faudrait-il ne pas vieillir,

dit-il en reniflant sa morve

l’œil embué

 

trop tard pauvre Argan

prends juste ton efferalgan

 

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jeudi, 13 mars 2025

IV, septante-deux

    passage par les nuages

concentré sur la cime

 

des cyprès

comme des platanes

au bord des pierres

ou des rivières

 

le chaloupé des ailes trace

une voie pour l’après

à l’écho des tramontanes

 

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mercredi, 12 mars 2025

IV, septante-et-un

    par multiples

indénombrables, les étourneaux

 

se déploient dans le ciel,

étendent leurs ailes

dans un même immense cèdre

à attendre

 

le crépuscule qui tarde —

et leur somptueux faux désordre

crée la ville pour ce qu’elle est

 

07:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 11 mars 2025

IV, septante

    il faut dire le prunier,

son avalanche de fleurs blanches

 

noyant nos yeux

face au sombre de la haie

ou le noir de la nuit,

et désormais le gris du béton

 

où éparpillées

elles sont, par milliers,

descendues former une jonchée

 

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lundi, 10 mars 2025

IV, soixante-neuf

    la gorge en feu

encore et encore

 

enluminures noires

descendant dans le gouffre

où se terre le sens

pour mieux l’y agripper

 

quel est votre secret,

et pourquoi suis-je toujours

incapable d’y voir clair ?

 

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dimanche, 09 mars 2025

IV, soixante-huit

    hameçon

dans la joue,

haletant

 

comme une vieille femme brisée par le vent

qui retient ses larmes,

 

ce fuyard

feint de ne

pas souffrir,

mais pourquoi ?

 

19:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 mars 2025

IV, soixante-sept

    belliqueux

ampoulé

théâtral

 

il traverse la scène

avec le vol ample et lent d’un héron

 

pour feindre de n’être

pas belliqueux

ampoulé

théâtral

 

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vendredi, 07 mars 2025

IV, soixante-six

    tables de faux marbre

et banquettes

qui ont toujours la saveur

 

des voyages où la fatigue

le dispute à l'excitation —

 

quatre expressos plus tard

marcher,

traverser le pont

à la mésaventure

 

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jeudi, 06 mars 2025

IV, soixante-cinq

    par petites phases

par petites phrases

(qui n’en sont même pas)

 

faire glisser ses doigts

le long de l’écorce

 

et, y cherchant autre chose, un souvenir,

trouver la perfidie fumeuse

qui a donné son sens

à (presque) toute ton existence

 

08:18 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 05 mars 2025

IV, soixante-quatre

    la colère écrit

et chante belle,

et dit tant, juste là où

nos essais ne peuvent qu’échouer

 

chez moi j’y vais par périodes

c’est une toute petite partie du globe

 

arrêter forcément de pianoter

ne pas s’arrêter aux phrases ravinées

trouver sublime par souffrance le sel dans la plaie

 

08:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 mars 2025

IV, soixante-trois

    la gorge en feu

ça y est

ça a fini par s’installer

et à présent

 

juste espérer

que ça ne dégénère pas

 

car j’ai toujours

on a

toujours mieux à faire, n’est-ce pas

 

10:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

IV, soixante-trois

    la gorge en feu

ça y est

ça a fini par s’installer

et à présent

 

juste espérer

que ça ne dégénère pas

 

car j’ai toujours

on a

toujours mieux à faire, n’est-ce pas

 

09:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 mars 2025

IV, soixante-deux

    chaloupe

mélancolie

sous le ciel d’un bleu parfait

too much confusion

 

& pointe toute

l’amertume heureuse

 

never make a politician

à toujours ralentir

pour ne pas cacher la force vraie du poème

 

 

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dimanche, 02 mars 2025

IV, soixante-et-un

    en tombant dans ce tintamarre

abstrait de jours

et de lunaisons

tout aussi abstraites

 

j’ai souhaité

m’allonger une heure ou deux

 

dans l’herbe gelée

où il se passe toujours quelque chose

d’affolant

 

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samedi, 01 mars 2025

IV, soixante

    fond de fausses montagnes

ou de vraies

 

si tout est un décor

où vivre

sans trembler,

 

sans devoir se cacher

des pies, des corneilles craillant

en oubliant le monde

au-dessus du square

 

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vendredi, 28 février 2025

IV, cinquante-neuf

    le diamant arrêté

sur la surface luisant noire

 

et donc lever les yeux

du clavier et de l’écran

en comprenant

 

que le silence installé

appelle une décision forte :

écouter l’autre face

ou rester ainsi

 

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jeudi, 27 février 2025

IV, cinquante-huit

    une conversation de deux heures,

cela arrive

 

et quand cela arrive

prendre soin plus encore

de peser chaque parole

 

car ce qui se joue dans les mots,

dans les intonations,

au moment de bafouiller —

frêle bruit sans biffure

 

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mercredi, 26 février 2025

IV, cinquante-sept

    le nom de la commune

s’affiche

 

— on dirait une blague alambiquée :

en regardant défiler

les prairies vallonnées

 

et les pâtures,

je me retiens de chercher

à en savoir davantage

sur Cormoranche-sur-Saône

 

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mardi, 25 février 2025

IV, cinquante-six

    tu n'arriveras à rien

si sous tes doigts le poème-conversation

devient caquetage sans fond

 

mais tu échoueras

plus encore

si tu restes face à l'écran

à ne rien écrire

 

par peur

de caqueter

 

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lundi, 24 février 2025

IV, cinquante-cinq

    se retrouver, à mon âge,
comme Guillevic,
à tenter de ressasser
 
  en polissant
et repolissant la forme
et le rythme,
comme le langage
 
la différence entre parole
et bavardage
 

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dimanche, 23 février 2025

IV, cinquante-quatre

    dans les méandres

de mots qu'on ne dira

jamais

 

(il y en aurait,

en anglais,

pas loin de 400.000)

trouver la force

 

de ne pas

bavasser

 

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samedi, 22 février 2025

IV, cinquante-trois

    le rouge-gorge

craintif (toujours)

picore un grain de graisse

 

en voletant,

deux secondes tout au plus,

puis se planque

dans les branches :

 

il doit lui tarder le cœur du printemps

et le couvert des feuilles

 

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vendredi, 21 février 2025

IV, cinquante-deux

    dire

(ou écrire)

de la route qui longe la Loire

qu’elle fait un ruban

 

ou qu’elle est comme

un ruban, qu’elle

s’enrubanne,

 

je m’y refuse

(mais le poème a dit oui)

 

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jeudi, 20 février 2025

IV, cinquante-et-un

    la main de la pianiste

glisse et gambade

au gré des appels cuivrés

soutenant la mélancolie

 

bütün şarkılarımız

senin için senin için

bütün kavgalarımız

 

et dans la blancheur laiteuse

deux minutes se muent en heures

 

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mercredi, 19 février 2025

IV, cinquante

    trois grandes fenêtres

sur l’aurore au smog

avec des centaines d’arêtes

en travers de la gorge

 

(les toits, les pignons) —

tandis que sillonne le tramway

sirène à fond une ambulance

 

vrille les yeux autant

que les tympans

 

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mardi, 18 février 2025

IV, quarante-neuf

    troisième embrayage

(et toujours devoir annuler

la majuscule

automatique) :

 

l’enfilade comme un maillage

n’est pas comme tenir chronique

affabuler

 

pour des horizons minuscules

ou une fête de village

 

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lundi, 17 février 2025

IV, quarante-huit

    cette enfilade de poèmes

pas forcément une chronique :

 

on y trouve à boire

et à manger,

comme dans la très proverbiale

auberge espagnole

 

(vous me purgerez

ces adjectifs

de votre prose)

 

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dimanche, 16 février 2025

IV, quarante-sept

    le grand chien noir,

presque un chevreuil

 

galopant au loin,

vite effacé des regards,

on le guette

de l’œil et de l’oreille

 

pour ne pas que ça finisse

comme le meilleur roman

d’Ian McEwan

 

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samedi, 15 février 2025

IV, quarante-six

    le blockhaus avance,

glisse au fur et à mesure

 

vers l’océan

dont certaines dystopies augurent

qu’il nous engloutira toustes

en douceur

 

longtemps après que les fascismes

nous auront étouffés

corps et biens

 

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vendredi, 14 février 2025

IV, quarante-cinq

    au pied du phare

les jardins

 

formant une rose des vents

au repos hivernal

suggèrent

d'autres départs

 

et des replis

entre les pierres des maisons

où brûle le fagot

 

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jeudi, 13 février 2025

IV, quarante-quatre

   évoque un voyage

dans les années cinquante

et la tente

 

à armature métallique,

devenue un spectacle

 

dans ce camping d'Orléans,

entre la poire et le fromage

ou plutôt

entre la joue et la crème brûlée

 

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mercredi, 12 février 2025

IV, quarante-trois

    retour de la pluie

mais ici encerclés par la verdure

ce n'est pas pareil

 

le morne de la terre

épouse la forêt ruisselante

 

cette pluie

tombe sans faillir sur

les heures de l'adolescence

à patauger dans la boue

 

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mardi, 11 février 2025

IV, quarante-deux

    vieil homme

aux joues dévastées

par les combats perdus,

 

il regarde épuisé

le fatras d'objets devant lui

 

tandis que, par la fenêtre,

on voit s'effondrer

une grue de chantier

puis les gratte-ciel comme autant de dominos

 

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lundi, 10 février 2025

IV, quarante-et-un

    deux vols de grues,

quelques sittelles

et un pic épeiche

 

nous ne voyons cela qu'ici

dans la chaleur déjà printanière

 

le soir, entre chien et loup

en franchissant le ruisseau

un frisson

nous glaça.

 

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dimanche, 09 février 2025

IV, quarante

    dans le ciel

criblé

de mille points blancs différents

une corneille écrit

 

d’un long vol chaloupé

sa légende, pour moi

 

haruspice raté

& faux ornithologue

égrenant des fadaises

 

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samedi, 08 février 2025

IV, trente-neuf

    éclat de rouge dans

le cauchemar,

que se passe-t-il pour

les images évanouies ?

 

trees —

sigh to me

 

peut-être sont-elles rentrées

sous le couvert des arbres,

avec la dague et le poignard

 

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vendredi, 07 février 2025

IV, trente-huit

    tous ces discours

déjà légitiment l’horreur, les génocides,

le sacrifice de la majorité —

et pitres mannequins leurs mots

 

déjà morts au sortir

de leur bouche de cire

 

sont toutefois

les mots du pouvoir

et peut-être de l’avenir

 

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jeudi, 06 février 2025

IV, trente-sept

    j’ai trituré les prépositions

en écoutant Force 10 from Navarone

presque machinalement

faisant quarante changements

 

des modifications absurdes

et super importantes

 

détournant le regard vers le lampadaire,

je supprime deux adjectifs

— and I don’t fuckin’ smoke

 

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mercredi, 05 février 2025

IV, trente-six

    tassée dans le siège

avec son cabas

 

les yeux rivés sur l’écran

sans jamais tapoter le clavier,

elle semble être dans sa bulle

 

un bras collé près du bouton d’arrêt

ongle verni vert contre le carré rouge,

une jeune femme

la regarde un sourire aux lèvres

  

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mardi, 04 février 2025

IV, trente-cinq

    c’est au temps que tout presse

le soleil ou l’averse

 

c’est au temps que tout presse

la haine ou la tendresse

le sport ou la paresse

 

une embûche en travers

du chemin : tu trébuches

et enfin

se calme la tempête

 

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lundi, 03 février 2025

IV trente-quatre

    le brouillard

(encore, toujours lui),

 

sur le Cher

qu’on franchit en tramway,

absorbe

 

le regard,

et même

jusqu’aux épithètes

qu’opaque sa blancheur ridiculise

 

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dimanche, 02 février 2025

IV, trente-trois

    dans le gazon et sur les branches,

une belle gelée blanche

 

& le ciel qui bleuit

doucement,

à l’heure où pas un chat

 

ne passe dans la rue

qu’un passant pressé qui va chercher du pain

ou l’ombre d’un souvenir

soufflant de la buée

 

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samedi, 01 février 2025

IV, trente-deux

    ne pas interrompre

le geste précautionneux et sûr

de la main mettant le linge

 

à sécher : un mouchoir,

des chaussettes, des t-shirts

et des chemises sur des cintres

au-dessus des radiateurs,

 

tout un attirail

répété cinq fois par semaine

 

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vendredi, 31 janvier 2025

IV, trente-et-un

    la danse

des polichinelles qui oublient

le passé

 

en enfilade

en farandole

frôle le lit où je dormais

et où mes rêves

 

d’un blanc opaque

s’enfonçaient, comme dans un volcan

 

06:35 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 30 janvier 2025

IV, trente

    tessons sur le parquet,

entre les lames

devenues coupantes

 

telle l’arête d’un trottoir

ébréché par le temps :

un passant éméché s’y vautre,

s’empêtre dans les poches de son imperméable

 

et se coupe le doigt

sur du verre brisé

 

05:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 29 janvier 2025

IV, vingt-neuf

    la tourterelle bat des ailes

un temps qui semble infini

avant de se poser

 

dans cet arbre

que je vois se déplier

à la verticale dans le jardin du 9

depuis des années

 

mais qui, dénudé,

ne me révèle en rien son essence

 

09:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 28 janvier 2025

IV, vingt-huit

    flaques de boue !

en marchant on n’a pas voulu

patauger, salir

nos godasses

 

le long de la Loire,

sur le parapet en surplomb

on parlait de tout et de rien

 

avec le vent et le soleil,

pour une fois

 

16:20 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 27 janvier 2025

IV, vingt-sept

    à la fin de l’alphabet

comme au creux de la caverne,

voir le signe

dessiner

 

à l’ocre

le moment

où tu vas renaître

 

car il n’y a pas la moindre parole

pour dire ce que tu as vécu

 

08:12 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 26 janvier 2025

IV, vingt-six

    le souvenir s’estompe,

imperceptiblement,

sous les coups de boutoir (cotonneux)

de la bruine,

 

et le piéton

marqué à l’encre et au fer

sur un panneau provisoire

 

n’écrira rien

de proustien

 

09:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 25 janvier 2025

IV, vingt-cinq

    quand le pavé frissonne sous

la semelle d’un

passant pas même pressé,

qui n’a de hâte qu’à

 

boire bientôt un jus

de fruits dans cette alcôve

qui lui rappelle

 

des amours imaginaires,

la mémoire glisse aussi, imperceptiblement

 

09:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 janvier 2025

IV, vingt-quatre

    le bras qui se tend

comme de douleur,

 

avec la mousse jaunâtre qui le recouvre

dans l’hiver

ou dans l’hier

qu’éclabousse de soleil

 

la mémoire,

est une branche presque sèche

secouée par la brise

 

14:14 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 23 janvier 2025

IV, vingt-trois

    un tunnel

seul face au brouillard

 

qu’on filme

avec le pouce,

un rêve d’enfant,

une mécanique

 

qui n’a pas le sens qu’on croyait,

qui désoriente

et déroute

 

 

14:14 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 janvier 2025

IV, vingt-deux

    difficile de savoir

exactement ce qui se passera

 

dans une heure, dans quelques heures

sauf d'avoir assez vécu

pour savoir que ces journées

restent gravées dans la mémoire

 

(comme les précédentes

mais pas

celles qui suivent)

 

07:07 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 janvier 2025

IV, vingt-et-un

    peu avant le virage

on a rebroussé chemin,

 

façon de dire

qu'on n'en peut plus des métaphores

et de voir des signes

partout

 

où fuient les pensées

file dans son vol presque chaloupé

la buse sous la bruine

 

17:03 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 20 janvier 2025

IV, vingt

    dans ce train

où pour la cinquième fois j'écoute

et respire

 

le même air

il y a quelques jours m'envoûte

 

aujourd'hui

tandis que défilent les poteaux

l'air poignant me secoue

de sanglots

 

16:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 19 janvier 2025

IV, dix-neuf

    parmi les « fabriques »

clairsemées à divers points du terrain,

la cuisine du garage,

 

long couloir sans chauffage

servant de débarras

 

je me revois enfant

t’y aidant

(c’est-à-dire ne t’y aidant pas du tout)

à faire les crêpes

 

09:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 18 janvier 2025

IV, dix-huit

    le piano désaccordé

est resté là, dans le salon,

socle à photographies

 

je crois que je ne t’ai jamais vue

en jouer

 

mais proche de ce bois clair

la vivacité de ton regard,

tandis que doigts agiles

tu parlais avec les mains

 

 

09:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)