dimanche, 06 avril 2025
IV, nonante-six
délicate
ou raffinée
est-ce ainsi que la voient
les autres,
ou balourde,
illisible
— est-ce ainsi que tant
et tant d’yeux parpelègent
devant ces pages
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samedi, 05 avril 2025
IV, nonante-cinq
au comble de la joie,
trouver la mort qui rôde dans les décombres
laquelle de nos morts
ici-bas pêle-mêle
tombe sur l’abat-jour
comme un torrent sur le monde ?
un poème entortillé
ne te sauvera pas, pauvre bougre, de
tes angoisses et de la haine
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vendredi, 04 avril 2025
IV, nonante-quatre
j’ai traduit quatre mille mots
en anglais au cordeau
tu ne sais pas ce que ça fait
de retrouver au creux
d’une phrase l’aveu
de ta propre faiblesse
et la phrase suivante est une canopée :
sous un immense chêne,
un ping-pong scopique avec le taureau
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jeudi, 03 avril 2025
IV, nonante-trois
on a vu lentement
déborder le fleuve
c’était un autre jour qu’aujourd’hui
dans une autre contrée,
avec d’autres coulées de boue
pour ruiner notre monde
et sous la bruine à présent
qui ne s’arrête jamais,
nous restons les yeux secs
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mercredi, 02 avril 2025
IV, nonante-deux
à six dans les rapides
en kayak ou en boutre,
je n’en ai rien à foutre
mon rêve se dissipe,
que tu n’as pu résoudre
comme la main hésite
sur le clavier, la foudre
est tombée, et je trime
(le dénouement s’entrouvre)
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mardi, 01 avril 2025
IV, nonante-et-un
poissons qui plongent
poissons qui nagent
poissons venus du fond des âges
et sur le néflier
les timides frêles feuilles
sont trop rares pour ne pas qu’on comprenne
que l’arbre se meurt
du fond de mes souvenirs
comme des écailles sarclées
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lundi, 31 mars 2025
IV, nonante
parfois c’est juste honteux
d’aligner ainsi les vers
ligne à ligne
pire qu’un passé prosaïque
enfoui au fond des oreillers
tapis entre les virgules
rares, les tremblements du sens
vacillent de cette honte
et du banal scandale à se foutre de tout
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dimanche, 30 mars 2025
IV, octante-neuf
à partir de demain
les trilles des merles
retentiront plus tard
(plus tard pour nous,
les yeux rivés sur l’horloge)
et dès ce matin, bien sûr,
mais j’ai à peu près dormi
jusqu’à 8 heures
(de la nouvelle)
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samedi, 29 mars 2025
IV, octante-huit
face à soi le bois froid
dont il faut se forcer à penser
qu’il n’est pas malfaisant
et qu’il ne fait pas face
on tapote d’un doigt
distrait sur l’encâblure
on perd le visage en repère
de nuit et d’écorce proche
de ligne en lignée lignée
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vendredi, 28 mars 2025
IV, octante-sept
une fièvre de danser
c’est-à-dire remuer
son corps n’importe comment
me saisit
ilendésô
ladounsé grégam
car n’importe comment
est l’autre nom
de nos méthodes
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jeudi, 27 mars 2025
IV, octante-six
vous avez dansé le quadrille
et la gavotte et la courante
au petit pied la sarabande
au grand trot la renardée
mais est-ce trop dire
cette sauvagerie
hypnotique qui monte
du plus profond de moi
et explose en un grand cri muet de folie
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mercredi, 26 mars 2025
IV, octante-cinq
ce n’est pas vraiment la transe
ni le pouls de la mémoire
qui bat sous ma souffrance
à la décrue du déboire
issoko délassiounom / idom lassiounom
issoko délassiounem / idom lassiounem
c’est l’impossibilité
d’autre chose que danser
dans le béton clair du soleil
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mardi, 25 mars 2025
IV, octante-quatre
lentement ton visage
souriant face à moi
dans le café
où piétinent tant d’espoirs
où même le train ronge son frein
aurait-on envie
de se parler
s’il n’y avait le poids
des remords entre nous
07:51 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 24 mars 2025
IV, octante-trois
In memoriam R.B.
dans la chambre l’ombre
à présent plus bleutée
plus lumineuse peut-être
qu’en janvier donne le timbre
et le ton
de rêves qui peuvent paraître
brisés
(la carriole ventrue, verte,
où nous entassions l’herbe fauchée)
08:30 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 23 mars 2025
IV, octante-deux
vibrato
imperceptible
ou presque :
nuit livresque
à fouiller dans les souvenirs
que l’on pourrait nommer
nuit blanche
sauf à vouloir
embobiner
08:27 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 22 mars 2025
IV, octante-et-un
tenir jour après jour
la corde souple
tenir pour retenir
le temps entre les mailles
de sa mémoire effilochée
tenir tête
juste comme ça, par ténacité,
par refus de se laisser
submerger par la peur
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vendredi, 21 mars 2025
IV, octante
chaque matin les tourterelles
reviennent inlassablement
apiter leur nid
(le correcteur orthographique
souligne en rouge l’infinitif
(ce verbe est un régionalisme))
sur la poutre du perron
d’où, dès qu’elles s’envolent,
tombent les trois branches du nid
07:53 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 mars 2025
IV, septante-neuf
il y a douze ans j’avais
écrit chaque jour du printemps
un poème en anglais
chaque poème était long
de 91 mots
précisément
(à dire avec la voix de David Suchet)
et ça ferait un recueil
si j’étais un publishitter
07:55 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 19 mars 2025
IV, septante-huit
en traversant le pont Wilson
sous le soleil, dans la douceur
du printemps,
rentrant d’en ville avec
les goélands pas si loin de mon vélo,
leur vol olympien,
je fixe au loin l’îlot
où les cormorans font sécher leurs ailes
au vent et au soleil
17:55 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 18 mars 2025
IV, septante-sept
un éclair moiré
sur la branche du néflier
mourant
(probablement mourant,
desséché désormais :
aura-t-il ce printemps
des feuilles ?)
chasse la pie,
attire mon œil
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lundi, 17 mars 2025
IV, septante-six
côté jardin fleurs et feuilles
tandis que côté rue
sur fond de bitume
les branches sont désespérément nues
et que dirai-je
à la pie qui vient cogner à la vitre
puisque d’autre part les palombes
roucoulent et s’accouplent
frénétiquement
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dimanche, 16 mars 2025
IV, septante-cinq
« pleutre »
l’insulte a fusé
aussi étrange que violente
« pleutre »
sortie peut-être d’un souvenir lointain de Cyrano
— alors que le pleutre lui-même
sans doute doué ou affligé
d’une mémoire visuelle
croyait qu’on le traitait de champignon
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samedi, 15 mars 2025
IV, septante-quatre
parallèlement
à rien
chemine
un sentier
qui ne va nulle part
vu que ce sont les corps
mouvants
qui vont
quelque part
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vendredi, 14 mars 2025
IV, septante-trois
déjà le quatrième acte,
pensa-t-il en s’étouffant
dans sa toux déjà vieille
de vieux cachectique
faudrait-il ne pas vieillir,
dit-il en reniflant sa morve
l’œil embué
trop tard pauvre Argan
prends juste ton efferalgan
08:11 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 13 mars 2025
IV, septante-deux
passage par les nuages
concentré sur la cime
des cyprès
comme des platanes
au bord des pierres
ou des rivières
le chaloupé des ailes trace
une voie pour l’après
à l’écho des tramontanes
08:12 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 12 mars 2025
IV, septante-et-un
par multiples
indénombrables, les étourneaux
se déploient dans le ciel,
étendent leurs ailes
dans un même immense cèdre
à attendre
le crépuscule qui tarde —
et leur somptueux faux désordre
crée la ville pour ce qu’elle est
07:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 11 mars 2025
IV, septante
il faut dire le prunier,
son avalanche de fleurs blanches
noyant nos yeux
face au sombre de la haie
ou le noir de la nuit,
et désormais le gris du béton
où éparpillées
elles sont, par milliers,
descendues former une jonchée
11:30 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 mars 2025
IV, soixante-neuf
la gorge en feu
encore et encore
enluminures noires
descendant dans le gouffre
où se terre le sens
pour mieux l’y agripper
quel est votre secret,
et pourquoi suis-je toujours
incapable d’y voir clair ?
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dimanche, 09 mars 2025
IV, soixante-huit
hameçon
dans la joue,
haletant
comme une vieille femme brisée par le vent
qui retient ses larmes,
ce fuyard
feint de ne
pas souffrir,
mais pourquoi ?
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samedi, 08 mars 2025
IV, soixante-sept
belliqueux
ampoulé
théâtral
il traverse la scène
avec le vol ample et lent d’un héron
pour feindre de n’être
pas belliqueux
ampoulé
théâtral
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vendredi, 07 mars 2025
IV, soixante-six
tables de faux marbre
et banquettes
qui ont toujours la saveur
des voyages où la fatigue
le dispute à l'excitation —
quatre expressos plus tard
marcher,
traverser le pont
à la mésaventure
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jeudi, 06 mars 2025
IV, soixante-cinq
par petites phases
par petites phrases
(qui n’en sont même pas)
faire glisser ses doigts
le long de l’écorce
et, y cherchant autre chose, un souvenir,
trouver la perfidie fumeuse
qui a donné son sens
à (presque) toute ton existence
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mercredi, 05 mars 2025
IV, soixante-quatre
la colère écrit
et chante belle,
et dit tant, juste là où
nos essais ne peuvent qu’échouer
chez moi j’y vais par périodes
c’est une toute petite partie du globe
arrêter forcément de pianoter
ne pas s’arrêter aux phrases ravinées
trouver sublime par souffrance le sel dans la plaie
08:39 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 mars 2025
IV, soixante-trois
la gorge en feu
ça y est
ça a fini par s’installer
et à présent
juste espérer
que ça ne dégénère pas
car j’ai toujours
on a
toujours mieux à faire, n’est-ce pas
10:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
IV, soixante-trois
la gorge en feu
ça y est
ça a fini par s’installer
et à présent
juste espérer
que ça ne dégénère pas
car j’ai toujours
on a
toujours mieux à faire, n’est-ce pas
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lundi, 03 mars 2025
IV, soixante-deux
chaloupe
mélancolie
sous le ciel d’un bleu parfait
too much confusion
& pointe toute
l’amertume heureuse
never make a politician
à toujours ralentir
pour ne pas cacher la force vraie du poème
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dimanche, 02 mars 2025
IV, soixante-et-un
en tombant dans ce tintamarre
abstrait de jours
et de lunaisons
tout aussi abstraites
j’ai souhaité
m’allonger une heure ou deux
dans l’herbe gelée
où il se passe toujours quelque chose
d’affolant
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samedi, 01 mars 2025
IV, soixante
fond de fausses montagnes
ou de vraies
si tout est un décor
où vivre
sans trembler,
sans devoir se cacher
des pies, des corneilles craillant
en oubliant le monde
au-dessus du square
07:10 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 28 février 2025
IV, cinquante-neuf
le diamant arrêté
sur la surface luisant noire
et donc lever les yeux
du clavier et de l’écran
en comprenant
que le silence installé
appelle une décision forte :
écouter l’autre face
ou rester ainsi
08:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 février 2025
IV, cinquante-huit
une conversation de deux heures,
cela arrive
et quand cela arrive
prendre soin plus encore
de peser chaque parole
car ce qui se joue dans les mots,
dans les intonations,
au moment de bafouiller —
frêle bruit sans biffure
08:07 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 février 2025
IV, cinquante-sept
le nom de la commune
s’affiche
— on dirait une blague alambiquée :
en regardant défiler
les prairies vallonnées
et les pâtures,
je me retiens de chercher
à en savoir davantage
sur Cormoranche-sur-Saône
08:08 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 25 février 2025
IV, cinquante-six
tu n'arriveras à rien
si sous tes doigts le poème-conversation
devient caquetage sans fond
mais tu échoueras
plus encore
si tu restes face à l'écran
à ne rien écrire
par peur
de caqueter
06:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 24 février 2025
IV, cinquante-cinq
06:15 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 23 février 2025
IV, cinquante-quatre
dans les méandres
de mots qu'on ne dira
jamais
(il y en aurait,
en anglais,
pas loin de 400.000)
trouver la force
de ne pas
bavasser
06:17 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 22 février 2025
IV, cinquante-trois
le rouge-gorge
craintif (toujours)
picore un grain de graisse
en voletant,
deux secondes tout au plus,
puis se planque
dans les branches :
il doit lui tarder le cœur du printemps
et le couvert des feuilles
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vendredi, 21 février 2025
IV, cinquante-deux
dire
(ou écrire)
de la route qui longe la Loire
qu’elle fait un ruban
ou qu’elle est comme
un ruban, qu’elle
s’enrubanne,
je m’y refuse
(mais le poème a dit oui)
10:04 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 février 2025
IV, cinquante-et-un
la main de la pianiste
glisse et gambade
au gré des appels cuivrés
soutenant la mélancolie
bütün şarkılarımız
senin için senin için
bütün kavgalarımız
et dans la blancheur laiteuse
deux minutes se muent en heures
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mercredi, 19 février 2025
IV, cinquante
trois grandes fenêtres
sur l’aurore au smog
avec des centaines d’arêtes
en travers de la gorge
(les toits, les pignons) —
tandis que sillonne le tramway
sirène à fond une ambulance
vrille les yeux autant
que les tympans
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mardi, 18 février 2025
IV, quarante-neuf
troisième embrayage
(et toujours devoir annuler
la majuscule
automatique) :
l’enfilade comme un maillage
n’est pas comme tenir chronique
affabuler
pour des horizons minuscules
ou une fête de village
07:05 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 17 février 2025
IV, quarante-huit
cette enfilade de poèmes
pas forcément une chronique :
on y trouve à boire
et à manger,
comme dans la très proverbiale
auberge espagnole
(vous me purgerez
ces adjectifs
de votre prose)
07:05 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 16 février 2025
IV, quarante-sept
le grand chien noir,
presque un chevreuil
galopant au loin,
vite effacé des regards,
on le guette
de l’œil et de l’oreille
pour ne pas que ça finisse
comme le meilleur roman
d’Ian McEwan
07:06 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 15 février 2025
IV, quarante-six
le blockhaus avance,
glisse au fur et à mesure
vers l’océan
dont certaines dystopies augurent
qu’il nous engloutira toustes
en douceur
longtemps après que les fascismes
nous auront étouffés
corps et biens
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vendredi, 14 février 2025
IV, quarante-cinq
au pied du phare
les jardins
formant une rose des vents
au repos hivernal
suggèrent
d'autres départs
et des replis
entre les pierres des maisons
où brûle le fagot
17:01 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 13 février 2025
IV, quarante-quatre
évoque un voyage
dans les années cinquante
et la tente
à armature métallique,
devenue un spectacle
dans ce camping d'Orléans,
entre la poire et le fromage
ou plutôt
entre la joue et la crème brûlée
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mercredi, 12 février 2025
IV, quarante-trois
retour de la pluie
mais ici encerclés par la verdure
ce n'est pas pareil
le morne de la terre
épouse la forêt ruisselante
cette pluie
tombe sans faillir sur
les heures de l'adolescence
à patauger dans la boue
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mardi, 11 février 2025
IV, quarante-deux
vieil homme
aux joues dévastées
par les combats perdus,
il regarde épuisé
le fatras d'objets devant lui
tandis que, par la fenêtre,
on voit s'effondrer
une grue de chantier
puis les gratte-ciel comme autant de dominos
07:22 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 février 2025
IV, quarante-et-un
deux vols de grues,
quelques sittelles
et un pic épeiche
nous ne voyons cela qu'ici
dans la chaleur déjà printanière
le soir, entre chien et loup
en franchissant le ruisseau
un frisson
nous glaça.
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dimanche, 09 février 2025
IV, quarante
dans le ciel
criblé
de mille points blancs différents
une corneille écrit
d’un long vol chaloupé
sa légende, pour moi
haruspice raté
& faux ornithologue
égrenant des fadaises
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samedi, 08 février 2025
IV, trente-neuf
éclat de rouge dans
le cauchemar,
que se passe-t-il pour
les images évanouies ?
trees —
sigh to me
peut-être sont-elles rentrées
sous le couvert des arbres,
avec la dague et le poignard
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vendredi, 07 février 2025
IV, trente-huit
tous ces discours
déjà légitiment l’horreur, les génocides,
le sacrifice de la majorité —
et pitres mannequins leurs mots
déjà morts au sortir
de leur bouche de cire
sont toutefois
les mots du pouvoir
et peut-être de l’avenir
09:02 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 06 février 2025
IV, trente-sept
j’ai trituré les prépositions
en écoutant Force 10 from Navarone —
presque machinalement
faisant quarante changements
des modifications absurdes
et super importantes
détournant le regard vers le lampadaire,
je supprime deux adjectifs
— and I don’t fuckin’ smoke
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mercredi, 05 février 2025
IV, trente-six
tassée dans le siège
avec son cabas
les yeux rivés sur l’écran
sans jamais tapoter le clavier,
elle semble être dans sa bulle
un bras collé près du bouton d’arrêt
ongle verni vert contre le carré rouge,
une jeune femme
la regarde un sourire aux lèvres
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mardi, 04 février 2025
IV, trente-cinq
c’est au temps que tout presse
le soleil ou l’averse
c’est au temps que tout presse
la haine ou la tendresse
le sport ou la paresse
une embûche en travers
du chemin : tu trébuches
et enfin
se calme la tempête
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lundi, 03 février 2025
IV trente-quatre
le brouillard
(encore, toujours lui),
sur le Cher
qu’on franchit en tramway,
absorbe
le regard,
et même
jusqu’aux épithètes
qu’opaque sa blancheur ridiculise
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dimanche, 02 février 2025
IV, trente-trois
dans le gazon et sur les branches,
une belle gelée blanche
& le ciel qui bleuit
doucement,
à l’heure où pas un chat
ne passe dans la rue
qu’un passant pressé qui va chercher du pain
ou l’ombre d’un souvenir
soufflant de la buée
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samedi, 01 février 2025
IV, trente-deux
ne pas interrompre
le geste précautionneux et sûr
de la main mettant le linge
à sécher : un mouchoir,
des chaussettes, des t-shirts
et des chemises sur des cintres
au-dessus des radiateurs,
tout un attirail
répété cinq fois par semaine
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vendredi, 31 janvier 2025
IV, trente-et-un
la danse
des polichinelles qui oublient
le passé
en enfilade
en farandole
frôle le lit où je dormais
et où mes rêves
d’un blanc opaque
s’enfonçaient, comme dans un volcan
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jeudi, 30 janvier 2025
IV, trente
tessons sur le parquet,
entre les lames
devenues coupantes
telle l’arête d’un trottoir
ébréché par le temps :
un passant éméché s’y vautre,
s’empêtre dans les poches de son imperméable
et se coupe le doigt
sur du verre brisé
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mercredi, 29 janvier 2025
IV, vingt-neuf
la tourterelle bat des ailes
un temps qui semble infini
avant de se poser
dans cet arbre
que je vois se déplier
à la verticale dans le jardin du 9
depuis des années
mais qui, dénudé,
ne me révèle en rien son essence
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mardi, 28 janvier 2025
IV, vingt-huit
flaques de boue !
en marchant on n’a pas voulu
patauger, salir
nos godasses
le long de la Loire,
sur le parapet en surplomb
on parlait de tout et de rien
avec le vent et le soleil,
pour une fois
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lundi, 27 janvier 2025
IV, vingt-sept
à la fin de l’alphabet
comme au creux de la caverne,
voir le signe
dessiner
à l’ocre
le moment
où tu vas renaître
car il n’y a pas la moindre parole
pour dire ce que tu as vécu
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dimanche, 26 janvier 2025
IV, vingt-six
le souvenir s’estompe,
imperceptiblement,
sous les coups de boutoir (cotonneux)
de la bruine,
et le piéton
marqué à l’encre et au fer
sur un panneau provisoire
n’écrira rien
de proustien
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samedi, 25 janvier 2025
IV, vingt-cinq
quand le pavé frissonne sous
la semelle d’un
passant pas même pressé,
qui n’a de hâte qu’à
boire bientôt un jus
de fruits dans cette alcôve
qui lui rappelle
des amours imaginaires,
la mémoire glisse aussi, imperceptiblement
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vendredi, 24 janvier 2025
IV, vingt-quatre
le bras qui se tend
comme de douleur,
avec la mousse jaunâtre qui le recouvre
dans l’hiver
ou dans l’hier
qu’éclabousse de soleil
la mémoire,
est une branche presque sèche
secouée par la brise
14:14 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 23 janvier 2025
IV, vingt-trois
un tunnel
seul face au brouillard
qu’on filme
avec le pouce,
un rêve d’enfant,
une mécanique
qui n’a pas le sens qu’on croyait,
qui désoriente
et déroute
14:14 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 22 janvier 2025
IV, vingt-deux
difficile de savoir
exactement ce qui se passera
dans une heure, dans quelques heures
sauf d'avoir assez vécu
pour savoir que ces journées
restent gravées dans la mémoire
(comme les précédentes
mais pas
celles qui suivent)
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mardi, 21 janvier 2025
IV, vingt-et-un
peu avant le virage
on a rebroussé chemin,
façon de dire
qu'on n'en peut plus des métaphores
et de voir des signes
partout
où fuient les pensées
file dans son vol presque chaloupé
la buse sous la bruine
17:03 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 20 janvier 2025
IV, vingt
dans ce train
où pour la cinquième fois j'écoute
et respire
le même air
il y a quelques jours m'envoûte
aujourd'hui
tandis que défilent les poteaux
l'air poignant me secoue
de sanglots
16:00 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 janvier 2025
IV, dix-neuf
parmi les « fabriques »
clairsemées à divers points du terrain,
la cuisine du garage,
long couloir sans chauffage
servant de débarras
je me revois enfant
t’y aidant
(c’est-à-dire ne t’y aidant pas du tout)
à faire les crêpes
09:43 Publié dans Infortunés védiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 18 janvier 2025
IV, dix-huit
le piano désaccordé
est resté là, dans le salon,
socle à photographies
je crois que je ne t’ai jamais vue
en jouer
mais proche de ce bois clair
la vivacité de ton regard,
tandis que doigts agiles
tu parlais avec les mains
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