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jeudi, 02 février 2023

Baal design, 1.7.

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Avec le second chapitre la narratrice omnisciente (j’ai expliqué il y a quelques jours pourquoi je féminise cette instance abstraite et théoriquement neutre) suit le retour d’Agnes chez elle, où elle est accueillie par une domestique et semble attendre le réveil d’une énigmatique dame. En attendant, elle se met à l’ouvrage, et, à son chevalet, nous est donnée la première véritable description détaillée et classique du personnage (éponyme, sans doute). Chose intéressante, près de la moitié de cette description est consacrée à la chevelure, et Blagden étend les principes physiognomoniques à cette partie du corps pour en conclure qu’il s’agit là d’un fort tempérament et d’une personnalité déterminée. La description se déroule en circonlocutions aussi ondoyantes que la chevelure d’Agnes afin d’insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une blondeur ordinaire. Le texte recourt par deux fois à la double négation, adverbiale d’abord (not insipidly so), puis adjectivale (not unbecoming : qui ne messied point, qui n’est pas malséant, qui est loin d’être inharmonieux). Agnes n’est pas belle, ni jolie, ni jeune, mais elle est mieux que tout cela : elle n’est pas insipide, ni discordante.

Un inconnu vient ensuite prévenir Agnes que son petit modèle, le garçon du chapitre 1, s’est fait mal à la jambe et qu’il est inutile de l’attendre. Cet inconnu, c’est Wentworth, du point de vue d’Agnes qui ne le reconnaît pas et ne l’a, en quelque sorte, toujours pas calculé. – Encore une double détente : alors qu’Agnes doit se rendre à la sollicitation d’une cloche qui l’appelle (la fameuse dame inconnue (mère ? grabataire ?)), W. réapparaît pour proposer d’envoyer les esquisses qu’il a faites du garçon (Giacinto) à la Signora. Comme Agnes s’est rendue à l’étage, la domestique se débrouille pour engager la conversation en aparté avec W. : heureuse de pouvoir converser en anglais, inquiète de savoir que sa maîtresse pourrait courir des risques en se rendant dans les quartiers mal famés où réside Giacinto, elle craint aussi de donner l’image d’une commère (p. 27). W. promet qu’il enverra ses dessins et s’assurera qu’Agnes ne se rend pas seule dans le quartier même.

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Un portrait a donc été brossé, en deux temps ici (après l’esquisse à la volée, au chapitre 1) : par une description classique, puis par le dialogue et les informations données par la domestique quant à l’innocence d’Agnes. Brosser un portrait, image picturale ; mais dans ce roman, on le pressent, les éléments méta- (intersémiotiques) ne vont pas manquer. Si le mot brush, en anglais comme en français (brosse), désigne un outil qui sert à coiffer autant qu’un ustensile de peinture, le verbe brush ne fonctionne pas avec de telles collocations métaphoriques : « brosser le portrait » se dit paint a portrait/picture.

 

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