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dimanche, 14 janvier 2007

Gorilla Biscuits / Dance and Grow

    Vingt minutes avant le départ du train, il monte dans le TGV et, à peine a-t-il posé ses affaires à une place dans le sens de la marche (car la sienne, la 64, se situe contre le sens de la marche et cela procure migraines et nausées dès qu’il veut lire ou tapoter sur le clavier de son ordinateur) que la seule autre passagère s’approche de lui, et, le regardant de travers, lui fait comprendre que cette place qu’il s’arroge, la 44, est la sienne. Il recule de deux sièges en espérant ne pas avoir à déménager quatre ou cinq fois. Pendant ce temps, à Mogadiscio, les habitants de la capitale dévastée par quinze ans d’anarchie et de guerre civile ont vu leur ville débarrassée des islamistes et de la charia grâce aux Éthiopiens, contre qui les Somaliens ont perdu deux guerres atroces, et aux Américains, qui ont beaucoup contribué au bordel des années 1990. Faut pas s’étonner si al-Qaida… Il se dit et se répète & se répète encore je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre je suis un monstre mais c’est pire encore, c’est, il est un homme, et le voilà condamné à cela, et le pire est qu’il espère être condamné à subir sa propre monstruosité humaine trop humaine encore des décennies pour profiter des regards des soleils des vins des jambes et des sourires des femmes des poèmes des mots et de la joie de vivre avec ceux qu’il aime. Sur le banc de mauvais zinc avoir lu le chapitre 3 puis le début du chapitre 4 de The Demon et avoir observé ce sinistre individu, cet olibrius de pacotille sur tous les écrans, aux unes de tous les magazines et journaux, et s’être dix fois dit ce n’est pas possible ce type est un monstre. Mais si c’est vous, quand même, que ferez-vous ? Faut pas s’étonner si…

17:15 Publié dans YYY | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Afrique, écriture

jeudi, 07 décembre 2006

Journées parisiennes, 2 : Gabon, présence des esprits

29 novembre. 22 heures.

    La bouilloire va siffler (c’est un air d’Angleterre). J’ai déposé les feuilles de tisane à même la mug (la boule à thé était remplie de vieilles feuilles collées par une moisissure bleu verdâtre). Je crois que je ne vais pas devoir recourir au chauffage électrique de G.I.

Beaucoup marché, comme toujours beaucoup l’on marche à Paris (mais mal, en piéton amateur comme s’en plaindrait Roubaud). La bouilloire siffle. Bientôt. Je vais interrompre ces notes jetées à la va-vite.

Beaucoup marché, exprès, tours & détours, dans l’air frais mais pas hivernal. Le petit restaurant où j’ai dîné (convenablement) était enfumé à un point… j’ai étendu mes vêtements séparément sur plusieurs chaises qu’ils puissent aérer (surtout pantalon, veste et pull). La bouilloire siffle, cette fois.

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Je voulais jeter quelques mots de l’exposition Gabon, présence des esprits, vue tout à l’heure, en nocturne (et donc gratuitement, comme on dirait chez moi) au Musée Dapper. Je ne suis pas allé très souvent au Musée Dapper depuis qu’il a changé de lieu, car le nouveau lieu n’a pas d’âme. C’est une muséographie à la mords-moi-le-nœud, typique parisianisme mollasson de la fin des années 1990. Rien de commun avec le superbe hôtel particulier où le musée vivait auparavant de toute sa vigueur. Le plus triste est que tout le monde trouve ça mieux : neutre, surtout pas connoté grande bourgeoisie comme le précédent lieu. Mais enfin, ce qui est gênant, si on veut, dans ces musées d’art africain, c’est l’idée que toutes ces pièces n’ont pas été collectées ni collectionnées d’une manière très morale. Ensuite, le lieu, puisque l’on veut muséifier, doit être le plus beau possible, et le plus doué d’âme possible, même si cette âme-là est sans rapport avec celle qu’expriment les objets exposés. La discrépance ne me gêne pas, au contraire (Isou est un de mes maîtres, et la rubrique « Unissons » lui doit quelques fières chandelles). La discrépance ne me gêne pas, mais le vasouillardisme approximatif de tous ces nouveaux musées, si, et grandement.

Je n’ai toujours pas traîné mes guêtres, depuis son ouverture, au musée du quai Branly (rien que le nom, mmmm…) ; aussi faut-il dire que je ne suis venu qu’une seule fois à Paris depuis son ouverture, et encore une journée aller-retour, pour les trente ans d’un ami.

(Il faut que j’aille touiller les feuilles, puis les évacuer du liquide, afin de boire ma tisane.)

Bien… que disais-je ? Ah oui, l’exposition Gabon, présence des esprits. Elle est très bien faite, remarquable de sobriété et d’expertise, comme tout ce que fait Christiane Falgayrettes-Levreau. Mais (il faut des mais, aux plus grandes amours même) il faut toujours que la présence de certains des objets paraisse moins pertinente, comme si, les collections du musée n’étant pas assez riches – et elles le sont pourtant diablement – par rapport à la ténuité du thème choisi, il fallait quelque peu tirer sur la corde et refourguer des pièces qui, pour être fort belles, ne sont que très secondairement liées à la question de la présence des esprits… à moins d’arguer, évidemment, que toute forme de sculpture issue d’Afrique noire est spirituelle, ce qui est à peu près vrai.

Ce que je veux dire, c’est que les pièces du rez-de-chaussée sont toutes parfaitement en adéquation avec le sujet : figures de reliquaire, objets-témoins de rites mortuaires, etc. Les grandes cuillers exposées au premier étage, certes extraordinaires, comptent parmi les pièces moins convaincantes, par rapport à la réflexion sur les modalités de la représentation symbolique (et même symbiotique) des ancêtres, ou des défunts.

Toujours aussi impressionné par l’art Fang (et notamment par cette capacité qu’ont les masques Fang, n’en déplaise aux tenants de la différenciation réaliste de cet art, à superposer au masque une surface moindre, découpée, et qui, redessinant un visage, à l’intérieur du masque, met en scène la dualité même du jeu masque-figure. Un masque Fang, arboré par un homme, propose une superposition, non de deux, mais de trois faces : la peau humaine, dissimulée, le masque et la figure sur le masque. Cela n’est pas vrai de tous, mais de beaucoup.), j’ai découvert les kota, et aussi l’art des Tongwo, en particulier la figure de reliquaire qui porte le n° d’inventaire 806, et que je ne pense pas avoir vue lors de précédentes expositions.

Il y a eu, de mon point de vue, un moment assez comique, car je visitais l’exposition en même temps qu’un couple de cinquantenaires très b.c.b.g. (est-ce que cela se dit encore ?) qui s’est longuement arrêté devant les mukuyi des Punu, une remarquable série de quatre masques. Ils s’incitaient l’un l’autre à trouver cela « asiatique » (non mais, tu trouves toi, aussi, hein ? c’est fou, hein, ce n’est pas du tout africain, etc.). La raison en est que les visages sont très stylisés, les yeux fortement bridés et les nez fins (ce dernier point faisant l’objet d’exclamations véhémentes du couple susnommé). L’époux en vint même à se demander pourquoi les cartouches explicatifs ne mentionnaient pas cela, qui leur avait sauté aux yeux, hein, quand même, non, etc. Or, si yeux bridés et nez fins il y avait, il y avait aussi, sur tous ces masques, de très nettes marques de scarification en bouquet (front et tempes), ainsi que d’épaisses chevelures rehaussées et structurées selon un agencement stylisé et tripartite qui peut être signe de beauté, de puissance (par l’analogie avec la forme des cimiers) ou même de vie dans l’au-delà. Bien sûr, je suis loin de blâmer ce couple, qui a très nettement vu quelque chose de très intéressant, et qui représente un trait saillant de ces mukuyi ; mais avoir vu cela les a aveuglés sur tout le reste, ce qui est dommage.

Pis même, on peut imaginer qu’ils contemplent l’art africain et l’art asiatique comme s’ils s’agissaient de deux blocs homogènes, aux caractéristiques spécifiques très précises et incompatibles. Or, l’art africain – qu’on l’affuble de ce singulier ou non – est nettement plus divers et varié qu’il n’y paraît de prime abord. Je me rappelle avoir fortement pris conscience de cela lors de la colossale exposition Africa – The Art of a Continent à Londres, à l’hiver 1996. (Mon Dieu, onze ans déjà, bientôt !) Pour cela, il faut accepter de se dessiller les yeux, et surtout ne pas avoir les yeux rivés aux cartouches explicatifs, justement. Généralement, je regarde la plupart des pièces avant de m’informer des ethnies ou groupes de créateurs, pour ne rien dire des fonctions attribuées par les commissaires de l’exposition.

Je cesse mon bavardage. Le lit m’appelle, et Wizard of the Crow.

 

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Prolongement : Dossier de presse édité par le Musée Dapper.

dimanche, 01 octobre 2006

Imat ol sherderbok

    Jaillit si juste    la voix

un instant entendue

l'instant d'après      rebondit (

Il a l'art d'étreindre d'

embrasser les

nuages          des rêves nouveaux)

 

Jaillit si joyeuse la    voix

apparue disparue virevoltante             dans le

ciel               ;

offrande au dieu

boréalorygme.