mardi, 24 octobre 2006
Alain : Ghertman ::: Portrait de G.J. ::: François : Bon
Avant de lire l’ouvrage que cet artiste a cosigné avec François Bon, je ne connaissais pas l’œuvre d’Alain Ghertman. Ensemble, les deux lurons larrons ont livré 73 variations autour d’un personnage, Guy Joussemet. Ce noble collectionneur, commanditaire d’un portrait, s’est retrouvé avec pas moins de 73 versions de sa gueule arrangée par Ghertman. Bon, lui, a surtout écrit ce qu’il avait à dire du travail de l’artiste. Portrait du portraitiste, autant dire (et tout cela rien moins que vertigineux). Les 73 portraits sont rassemblés sous le titre Portrait de G.J., et le texte de Bon (en 73 fragments) se nomme Peint sur le cul du diable (voir d’ailleurs fragment 70).
Ghertman a sans doute été très fortement marqué/inspiré par Bacon, mais pas seulement. Bon, à n’en pas douter, a été marqué par Ghertman ! Il y a des passerelles entre les images et les paragraphes. Un jeu de passe-passe, bonneteau du diable. Prenons par exemple le 28ème portrait, profil de suie qui fait une forme de globe. Dans le §28, Bon évoque « une minuscule tête de mort olmèque en obsidienne » que Ghertman a dans la poche, et que l’écrivain compare au « mediator de guitare » que lui triture sans cesse (« c’est la même chose »). Dans le §52, pas trace de la longue coulée de larme en tracé vigoureux de gomme (voir 52ème portrait). Et ainsi pas de suite. De la suie quand même, oui.
Dans le §61, Bon rapporte les visites de Joussemet à Jean-Joseph Sanfourche, peintre qui vit à Saint-Léonard de Noblat. J’y étais le 8 juillet. (No big deal, I know.) Comme j’écoute les sonates pour luth de Sylvius Leopold Weiss en écrivant ces quelques mots, et comme l’illustration du disque est un tableau de François Puget, voilà mes deux fétiches, hic et nunc : une vue de Saint-Léonard et un joueur de luth.
18:41 Publié dans Unissons | Lien permanent | Commentaires (0)
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