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mardi, 31 mai 2016

Quelque part à Argentan

Hier, 11 h 50.

    Quel abri reste-t-il contre les chevauchées fantastiques ? De quel monde héritons-nous quand nous tombons dans des débats tarabiscotés ?

La petite fille avait traversé l'enclos des fièvres sans un regard pour le bouc et sans cesser de chantonner la rengaine qui passait ce matin-là sur W9. Il lui arrivait de changer de disque, mais ce n'était jamais par hasard, c'était toujours parce qu'un coup de vent ou un coup de sang lui avait dicté une nouvelle mélodie, parce qu'elle s'était levée d'humeur joyeuse ou parce qu'elle avait perdu le nord en répétant ces exercices de violence. D'habitude, le bouc venait lui renifler le pantalon et elle lui parlait d'un air distrait tout en improvisant une musique qui permettrait à l'animal de se rappeler plus tard son passage et de savoir qui elle était.

Elle ne connaissait pas le nom du bouc, mais comme il ne connaissait pas son nom à elle, cela lui semblait normal. Les nombreuses fois où il était venu vers elle, matois et précautionneux, elle lui avait trouvé quelque chose d'italien, ce qui ne signifiait nullement qu'elle eût un quelconque don d'identification de nationalité, fondé peut-être sur la lecture de magazines de mode ou le visionnage de films, mais c'était là encore les exercices de violon qui lui avaient permis de répertorier toutes ses expériences dans de nombreuses catégories, tant et si bien que le bouc lui semblait plutôt italien par la vertu de quelque madrigal ou de quelque partita qu'elle avait eu l'occasion de jouer.

Avec le bouc, ce matin, ce qui se passait était un mystère. La fillette poursuivit son chemin sans semblers'en préoccuper. Elle chantonnait, toute la vérité du monde dans un chantonnement.

 

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