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mercredi, 10 juillet 2013

Dedans du dedans

    « Après quasiment une décennie dans le fauteuil d'un psy, cinq bouquins où je me raconte en long et en large et en hauteur et en bassesse, je me reste totalement étranger. Pourquoi j'ai toujours été fendu par le milieu, coupé en deux, zigzaguant d'un pôle à l'autre éperdument, à perdre la tête. Sans jamais perdre le nord. Arrivé en fin de parcours, je ne me comprends pas. Depuis plus de soixante ans. Alors elle, au bout de quelques mois, comment veut-elle que je la comprenne. Les yeux dans les yeux, ventre contre ventre, bouche à oreille, un quart de siècle : on ne sait pas ce qu'il y a chez l'autre. Dedans. Et l'autre ne sait pas non plus vraiment ce qu'il y a dans ce dedans. Le dedans du dedans nous échappe. Psy ou pas, besoin pratique d'autopsy. Contraignant. Avec les moyens du bord, pêcher çà et là quelques certitudes, émettre quelques hypothèses. Sur soi, sur autrui. Faire travailler, vaille que vaille, la mémoire. Et puis, on raconte. Sa vie, celles qui la croisent. On raconte des histoires. »

 

(Serge Doubrovksy. L’Après-vivre, p. 320)

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