mardi, 09 janvier 2024
VMR, 9
Hier soir, j’ai commencé la lecture d’un roman dont le protagoniste se prénomme Adam – et d’ailleurs dans les 40 premières pages un autre personnage se trompe à deux reprises en l’appelant Adrian et Alan – et la veille j’avais lu un autre roman dont le personnage masculin principal – mais il n’est pas si important que cela – se prénomme aussi Adam. Si je parle de ça, c’est que le grand mouchoir d’hier, je l’ai mis au sale ce matin après avoir dû éponger – ou plutôt tamponner – le sang d’une coupure que je me suis faite en me rasant à la pomme d’Adam. (Certains mouchoirs, de vraies loques, tombent en guenilles, s’effilochent, mais aucun ne porte de traces de sang propre, de sang lavé.) Et C* a mis au sale ce matin un mouchoir d’un format semblable – grand – et qui est un de ceux qui me paraît le plus familier, blanc avec une bordure rouge bordeaux, et – toujours sur le pourtour – un système de cinq fines lignes parallèles de ce même rouge qui dessinent quatre bandes blanches et, aux quatre coins, de par leurs intersections, quatre carrés de seize petits carrés. J’use des virgules d’une manière qui ne rend pas la phrase plus lisible, mais hier soir je suis resté ébahi à lire et relire une seule phrase, stupéfiante vraiment, de Locke. Et pour ce qui est de la familiarité évoquée ci-dessus, à quoi tient-elle ? peut-être au fait que ce mouchoir blanc avec ses lignes rouges et sa bordure rouge est un de ceux que nous avons depuis très longtemps, peut-être depuis la résidence Bellovaque, peut-être même depuis les années talençaises et parisiennes. Il faut dire que je suis à peu près incapable de dire d’où viennent la quasi-totalité de nos mouchoirs, d’où nous les tenons, c’est-à-dire que nous en avons acheté assez peu, et à l’exception de quelques mouchoirs d’enfant ou de quelques tabaqués dont je sais qu’ils viennent de la maison de Hagetmau, pas moyen de savoir si on les a depuis dix, vingt ou trente ans, si on les a piqués à mes parents etc. (Sur la face B, après Israel dont l’écoute correspond aux passages en vert, j’écoute Rouge avec le sax alto de Lee Konitz et le trombone de J.J. Johnson.)
08:13 Publié dans Vous-même rocheux | Lien permanent | Commentaires (0)
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