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mardi, 21 mars 2006
Il faut que genèse se passe
Le premier billet publié de la catégorie Onagre 87 était « Ode naïve », mais deux textes avaient été écrits plus tôt ce même jour, qui avaient signé l’acte de naissance de cette série. « Ode naïve » fut écrit en bus, entre les quais et l’arrêt Chopin, au dos d’un bulletin de bibliothèque (les Sonnets de Shakespeare, dans la traduction des époux Bournet, parue chez Nizet en 1995, ouvrage à rendre avant le 10/11/05, et qui fut rendu en temps et heure), avec un bic noir, m’appuyant sur ma serviette.
[Hors-note : image évanouie.]
21:40 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (0)
Quatre-vingt-quinze fois sur cent
Au stand des éditions christianbourgois (maissiceluiquineveutplus qu’onutilisedesmajuscules etpuisbientôtonvaaussiabolirlesespaces), j’ai feuilleté les trois premières pages, hilarantes, du chef-d’œuvre (ainsi est-il annoncé) de Roberto Bolaño, qui vient de paraître.
Je n’ai pas lu tous les livres du Chilien, mais enfin une demi-douzaine quand même. Celui-là a l’air très drôle. Je l’achèterai au Livre, le seul vrai libraire de Tours (Le Livre : place du Grand Marché (je ne me lasse pas de lui faire de la publicité, car il le vaut bien)). Je n’ai pas résisté, comme le savent ceux qui parviennent à suivre le fil(m) mouvementé de ces derniers jours, à acheter le dernier Vila-Matas, en cours de (délicieuse) lecture – mais je me suis conservé Bolaño pour une ultérieure razzia, d’autant que le libraire tourangeau m’a confié qu’il avait vendu soixante exemplaires d’Etoile distante et que j’ai le tempérament moutonnier (qui l’eût cru ?)
Bref… Au cours de ce feuilletage de bon aloi, j’entendis l’échange suivant entre un monsieur d’une quarantaine d’années, bien vêtu, et l’une des jeunes filles qui tenait le stand :
« – Vous faites un prix pour le Salon ?
– Ah non…
– Ah, ben, je l’achèterai à la FNAC alors. »
Cette dernière réplique dite d’un ton sauvage, vitupérant, français peut-être, accompagné d’un départ brusque, en reposant théâtralement le livre sur la mauvaise pile (et en me bousculant légèrement, de surcroît).
Que l’on tienne viscéralement à réaliser deux euros d’économie par ci, cinquante centimes par là, je le comprends fort bien (même si, à titre personnel, je m’en balance). Mais de là à manifester son mécontentement de cette manière, il y a un pas, de géant même, d’autant que le plus ridicule, dans cette histoire, est qu’il ne faisait pas vœu de boycotter l’éditeur ou Dieu sait quoi de vraiment théâtral : en quoi cette pauvre gamine allait-elle être touchée par une déclaration solennelle de cet ordre ? désormais, j’achèterai les livres des éditions Bourgois à la FNAC… mais faites, mon brave monsieur, du moment que vous continuez à lire nos auteurs…
[Et toujours en bonus, la note évanouie...]
16:45 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (2)
Mon Alisa
15:35 Publié dans Rues, plaques, places | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Lot est tiré
[Lire le chapitre précédent.]
Non, ce n'est pas possible ! On est en juillet. Je n'y crois pas, pense Laurent Laignaux. C'est une farce. Elle est venue, et je n'ai pas donné signe de vie.
Une foule d'hypothèses saugrenues se sont bousculées dans son esprit en lisant la lettre : mentir. Mentir : la lettre n'est jamais arrivée. Mentir : j'allais très mal, et je ne t'ai pas répondu - maintenant, je vais mieux, etc. Mentir...
À quoi bon mentir ?
Au contraire, il va écrire aussitôt la lettre la plus sincère possible. Dire toute la vérité. Repasser les mois écoulés. Raconter les moutons. S'endormir en pleurant, comme naguère.
M. Laignaux, brocanteur par correspondance, hôte de la section locale du P.C.F., sanglote. Pris de court, il ne comprend pas d'où viennent ces verres d'eau salée, de quelle mer ni à quelle sauce les accommoder. Il laisse aller les flots ; à quoi bon retenir ?
Elle vit dans le Lot. Je vais lui écrire.
[Bonus : la note évanouie.]
15:25 Publié dans Pauvres Pyrénées | Lien permanent | Commentaires (0)
Au Musée d’Ayala
En rentrant d’accompagner mon fils à l’école maternelle, je songeais à deux choses très précises : la lettre Y ; les mots qui contiennent trois fois la voyelle A, et seulement elle. Quand je me trouvai face à notre maison, je constatai que la porte-fenêtre de la chambre à coucher, qui se trouve à l’étage, au-dessus du garage, était grande ouverte. Je l’avais ouverte pour aérer, avant de descendre préparer le petit déjeuner. Puis ma compagne est partie au lycée, j’ai habillé mon fils, fait la vaisselle – nous avons quitté la maison en devisant du Carnaval (qui a lieu cet après-midi dans son école) et j’ai oublié cette maudite porte-fenêtre, qui est restée ouverte à tous les vents et aux cambrioleurs pendant une bonne demi-heure. Je ne sais si c’est le signe que l’heure n’était pas propice aux larcins, que le quartier est sûr ou bien (hypothèse plus retorse) qu’une maison trop évidemment livrée désarçonne les éventuels cambrioleurs, mais toujours est-il que rien ne semble avoir disparu. Déjà, par le passé, j’ai dû remonter précipitamment à l’étage une fois dehors, afin de refermer cette même porte-fenêtre.
Cet incident m’interrompit dans mes songeries, rêveries autour des mots et des lettres, réflexions aussi autour des noms propres. Faut-il ajouter ici, quoique je n’y songeasse nullement il y a dix minutes en rentrant de l’école maternelle, que j’ai regardé avant-hier le film de Wim Wenders, Die scharlachrote Buchstabe, adaptation du roman de Nathaniel Hawthorne (The Scarlet Letter, bien sûr), dont l’héroïne se nomme, assez curieusement, Prynne avec un Y ? (Elle se prénomme, non moins curieusement, Hester, avec un déplacement du H. (Mais on ne voit pas tout cela à l’écran. On peut connaître les noms pour avoir lu le livre, mais on ne voit dans le film, en fait de lettre, que le A. Pouvoir du cinémA.))
L’incident est clos, je pense. Mais il n’en demeure pas moins qu’il a interrompu le cours de mes pensées, de même que, comme l’écrit si bien Andrés Pasavento, le narrateur du dernier roman paru d’Enryque Vyla-Matas, « il faut se dire qu’une aspirine change une pensée, bien que personne ne sache pourquoi ». Je songeais donc aux mots qui contiennent trois fois la lettre A, et n’ont pas d’autre voyelle. J’y insiste, une fois encore : je ne pensais pas du tout au film de Wenders, ni au roman de Hawthorne. Il s’agissait plutôt d’une rêverie autour du mot Carnaval, puis autour du e muet de mascarade, du jeu de baccarat, des hasards d’un tel jeu, la baraka, etc. Mais cette rêverie était née d’une simple constatation, idiote sans doute : des quatre livres que je suis en train de lire (et dont l’un est interrompu sine die), un seul ne contient pas du tout la lettre Y dans son titre et le nom de l’auteur, d’où ma décision de n’orthographier – le temps de lire Docteur Pasavento ou d’en parler dans ces carnets – le nom de l’écrivain barcelonais que j’admire par-dessus tout Enryque Vyla-Matas, afin de résorber cette fâcheuse dissymétrie. J’ai interrompu il y a deux semaines ma lecture de Mason & Dixon de Thomas Pynchon (dont il est question dans Docteur Pasavento) ; j’ai commencé hier soir la lecture de Suburban Blues, le roman du jeune écrivain franco-camerounais* Yémy ; enfin, j’avais commencé hier matin la lecture de Dynamo de Tariq Goddard. J’ajoute que, pour écrire ce billet, j’écoute les actes IV et V d’Atys, opéra de Lully. Il manquait donc un Y, au bas mot, au glorieux Barcelonais.
[* Ce genre d’adjectif est sujet à caution : on peut se retrouver accusé d’à peu près n’importe quoi, de “cosmopolitisme” par les ultra-nationalistes et de racisme par les anti-racistes. Je précise, comme s’il en était besoin, que j’emploie cet adjectif pour dire, tout bonnement, que Yémy réside en France, a peut-être même la nationalité française (on ne fiche pas encore la carte d’identité des écrivains sur la quatrième de couverture), mais qu’il est, nous dit l’éditeur, né en 1975 à Douala, et que son narrateur se dit “K-mérien”. Il se situe donc dans le champ de ce que la théorie postcoloniale anglo-saxonne qualifie de hyphenated identity, une identité nationale et culturelle double. Voilà. (Comme quoi, pour simplifier avec un adjectif à tiret, on se retrouve à écrire une note d’une demi-page !)]
Prenez un cachet d’aspirine. Ça change les idées.
Blanc comme une épreinte de loutre, je poursuis cette curieuse chronique, ne désespérant pas de lasser même les plus fidèles de mes lecteurs. Je poursuis en prenant la tangente. Vous parler de mon long rêve de cette nuit. Le texte ne sera pas ultra-court, c’est déjà trop tard pour cela, alors autant embrayer sur un rêve extra-long. Car j’ai rêvé d’œuvres peu connues, toiles d’artistes philippins déjà anciens, morts depuis belle lurette. Je revoyais l’autoportrait de Fernando Amorsolo (dont le nom même invite aux lectures alternativement les plus noires et les plus printanièrement idéalistes), ce curieux tableau qui représente l’artiste, à gauche, s’accrochant, de la main droite, au chevalet, qui occupe le tiers droit de la toile ; le peintre semble avoir une phalange manquante à l’index. Je revoyais Tampuhan, le célèbre tableau de Juan Luna, peint en 1895, quatre ans avant la mort de cet artiste à la vie mouvementée : il représente, vue de l’intérieur d’une maison, une terrasse qui donne sur une rue haute en couleurs et riche en lampions ; une jeune femme en robe, très agitée, fait face au spectateur ; un homme en costume beige clair lui tourne le dos, et semble regarder, la joue droite maussadement appuyée contre le poing, la rue. Je revoyais enfin une photographie prise par le grand Fernando Zobel lui-même dans les années 1950 : ce cliché en noir et blanc représente un ouvrier qui tire sur sa cigarette en s’abritant à l’intérieur d’une locomotive absurdement minuscule ; l’homme nous fixe, mais n’est-il pas lui-même surveillé par les deux globes laiteux du lampadaire à l’arrière-plan ? Le tirage a mal vieilli et s’intitule Man seated in a caboose ; il est conservé au Musée Ayala.
Mon rêve était comme une rue haute en couleurs et riche en lampions, un matin de carnaval, un cauchemar sans importance, un manque soudain de baraka, et je tournoyais dans les couloirs du Musée Ayala, où je ne suis jamais allé mais d’où j’ai ramené, en rêve, la conviction que j’étais épié par les lampadaires éteints de la rue où je vis. Peut-être le thé ou l’aspirine me délivreront-ils de ces tableautins.
[Bonus : la note évanouie.]
11:45 Publié dans MAS | Lien permanent | Commentaires (9)
Latréaumont
En réponse au commentaire de Stéphane :
J'ai emprunté dès hier un exemplaire de ce roman, par ailleurs épuisé, à la Bibliothèque Universitaire. Il s'agit de la collection des Classiques Populaires Garnier, dont j'ignorais même l'existence. Le texte a été établi et (brièvement) introduit par Claude Cantégrit. L'introduction s'achève d'ailleurs sur un parallèle avec Maldoror, mais le plus amusant est que l'universitaire (ou le typographe) s'est emmêlé les pinceaux et orthographie Lautréamont en gardant le nom du héros du roman de Sue ! Ce qui donne quelque chose d'assez incompréhensible. Jugez plutôt :
On ne peut alors s'empêcher de songer, comme Sue, à Macbeth, mais aussi à tous les descendants maudits de la race romantique et, par-dessus tout, à Isidore Ducasse, comte de Latréaumont [sic]. Et non seulement pour la filiation nominale (qui a déjà été soulignée et établie et que nous ne discuterons pas ici), mais aussi pour le lien d'ordre spirituel qui unit le personnage historique et littéraire qu'est Latréaumont à celui de Maldoror.
Comme j'égratigne (gentiment) un collègue, je dois avouer
1) n'avoir jamais lu un roman d'Eugène Sue
2) n'avoir jamais entendu parler de cette influence au cours de mes études ducassiennes et n'être tombé par hasard sur le titre du roman que ce samedi
3) avoir participé naguère, avec plusieurs amis, à un roman collectif qui empruntait tous ses titres de chapitre à La Vigie de Koat-Vën. Nous en sommes venus à bout, et ce fut une sorte de baggy monster à peu près farcesque et illisible, mais seul l'un d'entre nous a lu, une fois notre entreprise achevée, le roman de Sue.
10:25 Publié dans Les Murmures de Morminal | Lien permanent | Commentaires (0)
Salon du livre, sept
Christian Bourgois, éditeur pour qui j’éprouve de l’admiration – du seul fait que maints auteurs qu’il publie ou publia comptent parmi mes préférés –, a conçu ces jours-ci un petit catalogue rétrospectif de 32 pages, composé intégralement en minuscules. C’est extrêmement irritant. Ainsi, tous les noms et prénoms d’auteur commencent par des minuscules : ridicule effet de mode.
Le pire, évidemment, est que le catalogue commence par un panégyrique à la gloire de christian bourgois, suivi d’un choix personnel du même, qui a sélectionné huit titres qui l’ont particulièrement marqué et dont il dit, pour chacun, quelques mots. Ce que dit christian bourgois (je ne l’écrirai plus qu’ainsi) est, au demeurant, fort intéressant. Mais comment adhérer sans une moue ironique, voire un flanc éclat de rire, à l’autoportrait (car n’est-ce pas lui qui a écrit le « chapeau » de préface ?) qui décrit cet « immense éditeur connu pour son élégance et son intransigeance » ?
J’en reviens à cette histoire des trente-deux pages composées intégralement en minuscules : voilà le contraire même de l’élégance (à moins de considérer comme élégantes les cravates orange sur chemise vert pomme) et de l’intransigeance (car si ce n’est pas sacrifier à la mode des pochettes d’album pop, je n’y comprends plus rien).
09:30 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (0)
L’On du Livre
On dit on. Pas par commodité, mais pour ne plus s’y retrouver, comme dans le labyrinthe de fer forgé. Or, une dame nous tendit un prospectus pauvrement ronéoté, après s’être assurée, nous scrutant un interminable instant, que nous écoutions Alain Mabanckou avec la déférence qui s’impose.
La feuille de format A4 annonce le Premier Printemps des Intellectuels, Poètes, Ecrivains et Artistes Noirs, à la Sorbonne, le 8 avril 2006 à 13 h 30 (amphithéâtre Richelieu), à l’initiative de Djibril Gningue, président de l’Association Internationale Cheikh Anta Diop.
04:45 Publié dans Onagre 87 | Lien permanent | Commentaires (2)