dimanche, 26 mars 2006
Visions de printemps, V
Souffles de vent dans le sable, après la magie, rafales, galop dans la neige. Après une cavalcade, dans le prieuré en ruines, le moine tourne derviche. La beauté d'une quête spirituelle se fait jour dans la brume (qui n'est pas la neige). Je ne connais rien de plus beau, vautour, que ton envolée. Maintenant, quand les chèvres bêlent, quand tintent les clochettes, au gré du long chemin de froide pierraille, j'entends la voix qui me parle mais ne me dit rien, dont je suis obligé de suivre les méandres poétiques dans une langue qui n'est pas la mienne et que je comprends, signes en italiques pour dire le bannissement dans les ardoises neigeuses, les pas perdus des fuites montagneuses, tout comme le grand bœuf roux traverse le chemin entre deux maisons, avec les mêmes gestes mesurés que l'ermite (le presque plus vraiment berger) qui boit lentement, posément, respectueusement, son potage.
La mélopée (triste, affligée maintenant) accompagne les gestes de la tisserande. Tu enfourches encore ta monture... Grand paysage de montagnes noyées par les nuages, une ivresse perdue dans le chant des passereaux. C'est paroles fertiles qui parlent de stérilité. On ne peut pas quitter les lambeaux, se défaire des stigmates de la naissance (de l'origine). D'un visage de pierre antémanuélin pourra jaillir une fontaine.
Le soleil orangé brûlant, c'est lui. Se moquera-t-on de moi, devant le temple de fortune ? L'épopée n'est jamais vraiment belle que lyrique, pétrie de noble et altier lyrisme. Douze silhouettes contre le coucher de soleil ponctuent la crête du chemin de leurs exclamations, et pondent les répons. Il faut suivre la prière et voler dans les imprécations, comme un souffle de vent, une caresse d'Athis. Un unique nuage rose dans le ciel jaune rougi pointe de son doigt difforme ce choeur hiératique. Le vol d'un oiseau invite le spectateur à se faire haruspice. Se jeter à l'eau, et ne voir que la beauté sévère de la prêtresse. Bouclier lance croix sont autant d'accès à la vérité de l'arithmétique, à la verdure périe en hiver, aux douze paysannes dans le pré, à la prairie semée d'oliviers centenaires, aux noms infinis cachés dans les nombres.
Bouclier lance casque et pierre de la croix fleurissent dans nos regards qui suivent le fil du courant, baignant dans le même fleuve que le vieil Eschyle des montagnes portugaises, entre plaine et prairie, entre l'olive noire et la poutre qui pèse.
22:03 Publié dans Narines enfarinées | Lien permanent | Commentaires (0)
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