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mardi, 11 avril 2006

Précoce préciosité

    "Comment sortir de la crise du CPE ? Après la météo, vous entendrez les préconisations de Laurence Parisot." (France Info, il y a quelques minutes)

Le mot préconisations m'a choqué, heurté l'oreille. Il existe pourtant, d'après mon fidèle Robert culturel, et en deux sens : 1/ acte solennel par lequel le pape ou un cardinal préconise un évêque 2/ action de recommander avec insistance. Le premier sens est attesté depuis 1680, le second depuis 1852. Dont acte. J'avais dégainé plus vite que mon ombre, et par ignorance.

Toutefois, ce mot est bien vilain, et, hormis son sens technique ecclésiastique (dont je ne peux imaginer qu'il s'applique à la "patronne des patrons"), qu'apporte-t-il de plus que des termes plus avérés et mieux-sonnants, comme recommandation, conseil, objurgation, avis ou exhortation ? Je n'ai pas trouvé, sur la quarantaine d'occurrences glanées ès les recoins de la grande Toile, une seule phrase qui ne gagnerait grandement à voir l'un de ces termes se substituer à cette bien vilaine préconisation...*

Me perdant dans les méandres du dictionnaire, as is my wont, je déterre cette jolie phrase de Léon Bloy : "l'objurgation amoureuse recommença, plus enflammée, plus véhémente". Elle est tirée d'un texte (roman?) intitulé Le Désespéré. Tout un programme...

 

En somme, il faut bien dire que je ne trouve pas le verbe préconiser très heureux non plus, si ce n'est dans ce quatrain de Brassens :

Ne laissons pas, quelle pitié,

Notre lune de miel quartier

De la zone. Je préconise

Qu'on l'ait vécue en Italie

Sous le beau ciel de Napoli

Ou de Venise.

(Retouches à un roman d'amour à quatre sous)

 

 

* Cette phrase elle-même est bien vilaine. Comment la tourner autrement ? Sur la quarantaine d'occurrences trouvées ès les recoins de la grande Toile, il n'y en pas une que ne dépare ce terme bien vilain. [???] Pas terrible non plus.

14:30 Publié dans MOTS | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Je pense avec amusement en lisant cette citation à la réflexion perfide de Léautaud, à qui l'on venait de présenter l'épouse de Léon Bloy : "On comprend qu'il ait écrit "Le Désespéré" !"

Écrit par : Stéphane | mardi, 11 avril 2006

Les commentaires sont fermés.