samedi, 22 avril 2006
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Pour ce qui est de cette histoire des dates de naissance (réelles, supposées ou mythiques) de Samuel Beckett, j’ai lu, vendredi dernier, dès les premières pages de la biographie de Deirdre Bair, une explication qui a fait s’effondrer la belle symétrie qui avait provoqué mes rêveries autour de cette ère d’un mois, qui, allant du 13 avril au 13 mai, servit de fondement à tous les projets que je conçus relativement à cette célébration de l’insaisissable centenaire. En effet, si Beckett a pu prétendre qu’il était né le 13 avril, soit le vendredi saint de 1906, alors que tout donne à penser qu’il est né le 13 mai, c’est que la loi de l’époque exigeait des parents qu’ils attendent que leur enfant ait un mois avant de le déclarer, de sorte que l’acte officiel date du 14 juin.
Ce 14 juin fait tourner en eau de boudin la superbe symétrie néo-classique des deux dates, pour permettre toutes les supputations. Après tout, pourquoi Beckett ne serait-il pas né, tout aussi bien, le 10 mai, ou le 16 mai (si ses parents ont triché en le déclarant avant l’issue de son premier mois), etc. ?
Cela n’a aucune espèce d’importance, me direz-vous, et vous aurez raison, sauf à considérer qu’il n’est pas anodin que, sur cette question symbolique des chiffres, des dates, du temps figé, du temps célébré, des débuts aussi, Beckett nous propose, comme si souvent, une fondrière, en lieu et place du granit de mots auquel toujours on continue de s’attendre.
(Note ajoutée le 22 avril, à l'intention de Joye : je connais les différentes connotations de prick: écharde, épine, mais aussi pine, tête de noeud, etc. Je maintiens que la traduction du titre par Bande et sarabande, quoique astucieuse, "perd" bien des points importants, et notamment le comparatif.)
13:05 Publié dans Comment je n'ai pas célébré le centenaire de S.B. | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Je ne connais aucun auteur, poète, plasticien ou musicien [qui ait été] capable d'aller jusqu'à s'inventer eux-mêmes, se faire naître ; je sais que c'est le regret profond de tous les créateurs, mais là, justement, réside la force de leur monde.
Écrit par : Martine Layani | samedi, 22 avril 2006
"Prick", c'est aussi "salaud", pour compléter la panoplie des sens.
Entretemps, j'ai trouvé encore un fan de Beckett ici :
http://stephanemettetal.hautetfort.com
Écrit par : joye | samedi, 22 avril 2006
C'est pourtant bien simple, mon cher MuMM, Beckett a prétendu être né le 13 avril au lieu du xx mai, pour être du signe du Bélier. Les Bélier, c'est bien connu, c'est ce qu'il y a de mieux, la crème de la crème... (Je suis un Bélier de mars.)
Écrit par : fuligineuse | dimanche, 23 avril 2006
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