Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 19 juin 2006

Scène champêtre

    La fugue suit la passacaille, puis le silence s’en mêle.

Il n’y a plus moyen de découper les meules de foin au couteau des regards. La meule existe déjà, dans le souvenir, le passé, les toiles, la peinture, la photographie, tant et si bien qu’elle n’a plus d’existence présente face à moi, hic et nunc. Il lui faut se déplacer, bringuebaler au gré des tenailles rouillées d’un tracteur bleu vif, sur une route semée de bouses séchées et aplaties, pour qu’elle commence d’exister, qu’elle devienne une meule – chacun de ses brins singulier – et non la meule de foin.

Le chien ouvre les crocs, et je sens une faim atroce me tordre l’estomac, me cisailler le corps, ce qui n’est pas grand-chose encore. En ouvrant sa gueule, le chien en a laissé tomber une petite chose inerte, indéfinissable ou méconnaissable, et c’était une taupe morte.

De lointains échos du monde ont résonné à mes oreilles. Je n’étais pas là, dans le fossé, pour admirer de beaux draps voler au gré du vent, sur la corde à linge en fil plastifié vert, avec leur liséré fleuri rouge et bleu, leur trame profonde, leurs manigances et les secrets qu’ils recèlent à chaque accouplement, puis qu’ils laissent échapper à chaque lavage – secrets qui vont se perdre dans les sources du vent, dans l’odeur tendre des liserons énergumènes.

 

(Hagetmau, 8 juin.)

22:20 Publié dans 1295 | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Je sussure de faire cesser cette sangsue prétentieuse. Sa basse publicité prépubère pose problème. Véritable ou pas, le Vérol est une verrue véreuse.

Écrit par : Simon | mardi, 20 juin 2006

Merci "MuM" pour le numéro il commence sérieusement à m'échauffer les oreilles, ce trimard.

Écrit par : Sémillant | mercredi, 21 juin 2006

Les commentaires sont fermés.