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dimanche, 29 avril 2007

Objets de clémence suisse

    Naturellement, il lui fallait se ressaisir. (Il lui fallait se ressaisir artificiellement.) Il ne servait de rien d’ainsi s’enfoncer. Le marasme avait assez duré ; pour se prouver à lui-même qu’il était capable de dynamisme et n’avait rien de pusillanime, il fouilla dans la grande nacelle aux quinze mille cartes postales (souvenir lointain d’adolescence) et commença une de ces conversations avec son ami imaginaire. N’avoir rien d’autre à faire était une autre paire de manches, pourtant. Le soleil se couchait en dessinant un huit aplati à l’horizon.

La conversation se poursuivit autour de sujets divers. Pour se prouver à lui-même qu’il n’était pas pusillanime il voulut avoir deux conversations le même jour. Quoiqu’il ne se rappelât pas si c’était la veille ou l’avant-veille qu’il était sorti de chez lui pour se coltiner petites toiles et cimaises, il voulait aller de l’avant.

Le soleil se couchait en dessinant un huit aplati à l’horizon. Il lui fallait prendre une paire de ciseaux, de vieux magazines, et faire, comme autrefois, un collage, afin d’exorciser l’image du bas teckel muet. C’était ce jour, ce soir même qu’il fallait le faire.

Il voulait aller de l’avant. Sans se soucier ni des boudins ni des cabots, ni des rondins ni des nabots, il prit son courage à deux mains, ses ciseaux aussi, et se lança dans ce collage miniature, qui requérait toute son attention, une patience d’ange, des doigts de fée, des yeux de lynx, la passion des collectionneurs. Dans son bouge, le papier se brisait en flammèches.

C’était ce jour, ce soir même qu’il fallait le faire.

11:01 Publié dans Bel arciel | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Fiction, écriture

Commentaires

Bath ! Et quel muet ?

Écrit par : Didier Goux | dimanche, 29 avril 2007

Pourquoi pas des conversations avec des amis, voisins ou lointains ? Avec leurs cartes postales, avec leurs portraits, avec leurs photos, avec leurs souvenirs ...

Où se miroite le soleil qui se couche en forme de huit aplati à l'horizon ?
Merci beaucoup pour les images des chevaliers d'Afrique.

Écrit par : pat | dimanche, 29 avril 2007

Les cavaliers et les chevaliers, qui se dévouent à une noble cause, qui désirent une occasion d'être sublime, de se conduire avec noblesse, avec désintéressement, et nul doute qu'ils ne se conduisent ainsi si l'occasion s'en présente.

Écrit par : deedee | dimanche, 29 avril 2007

Je ne parviens pas à me ressaisir.

Écrit par : Zette | dimanche, 29 avril 2007

"une de ces conversations avec son ami imaginaire": sa conscience? Pour moi, c'est le cas, et heureusement qu'elle est là d'ailleurs...

Écrit par : Aurélie | lundi, 30 avril 2007

Non, du côté de Daniel Boulanger, ce sont deux vrais amis qui partagent un même appartement. (Mais je devais avoir quinze ans quand j'ai lu *La nacelle*, alors les souvenirs...)

Tu me rétorqueras que, dans ce texte comme dans d'autres, cette référence est "lissée", effacée pour n'être plus perceprible : c'est JUSTE ! (C'est JUSTE une allusion. (C'est une allusion JUSTE.))

Écrit par : MuMM | lundi, 30 avril 2007

Les commentaires sont fermés.