mercredi, 11 mai 2016
Des tacots au cimetière
Est-ce
Le vrombissement d'un avion de guerre n'est pas plus assourdissant que lorsque une petite voiture ralentit à l'approche d'une priorité à droite. Je me demande si le désespoir du singe est une métaphore de notre condition humaine. Est-ce l'avion de guerre qui passe qui me fait songer à cela ? Les amis anglais, ou plus largement britanniques, qui m'écrivent leur fascination pour le barbecue, pour les saucisses grillées et la salade, pensent-ils que je vis dans la canicule ? Auquel cas ils se trompent.
Les voitures bariolées pourraient faire un bon sujet. Quand j'étais enfant je n'aimais que les voitures blanches. C'était aussi toute une collection de petites autos miniatures, surtout de la marque Majorette. Mes préférées étaient les plus cabossées, celles qui commençaient à avoir des taches de rouille. Pour les vraies voitures, celles que je voyais les adultes conduire, mes préférées étaient donc celles dont la carrosserie était blanche. À un moment donné, les trois tacots que conduisaient mes parents, de vrais oignons, je parle des voitures et pas de mes parents, ces trois tacots étaient tous les trois blancs : la 304, héritée de mes grands-parents quand ils avaient changé de voiture, la 4L, et la R16, qui était la voiture principale, avec laquelle mes parents tractaient la caravane, donc aussi la voiture des vacances. Toutes blanches. Toutes les trois.
Une voiture que j'aimais, même quand elle n'avait rien à voir avec celle de mes parents, ou avec celle d'autres proches, de la famille, était toujours une voiture blanche.
Je foule le gravier sous des cèdres superbes, je longe le boulevard mais de l'autre côté d'une grande muraille. Je m'assois sur un banc mais je pense à toi. Les cyprès sont comme des plots dans un jeu d'enfant. Pourtant, je suis entouré par les morts.
11:05 Publié dans Élugubrations | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.