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mardi, 31 mai 2016

Sans —

8 h 42 — 8 h 55

    Les lignes de fuite dans le gazon, les fleurs saccadées sous l'eau de la cascade, Les âmes secouées à la pointe des barricades, la teneur en sucre de l'existence, c'est fort, c'est très très fort. Caprice des fantômes, farandole des spectres, solitude de l'homme emprisonné dans le glacier. Les rongeurs s'activent dans le rouge.

Chaque fois que je frôle, de mon blouson, une branche d'acacia, je songe à tous les romans que je n'ai pas pu écrire. Presque systématiquement quand je vois une lézarde dans un mur, ou une clôture, j'imagine que dans aucune réalité parallèle je n'aurais pu devenir peintre. Questionner la matière, c'est trop dur, vraiment trop dur. Goulag des efforts avec Gulliver.

La cavité où s'enfonce mon temps de vieillesse, la tricherie des belles lettres, la dureté du soc qui fait des étincelles contre la pierre cachée, le fracas des odeurs malmenées par l'orage, la couardise de chacun de mes gestes, c'est très laid, franchement trop. On ne peut pas lutter contre le romanesque d'un Alexandre Dumas, il a tout envahi. Ainsi, la laideur me retombe dessus, sans faux-semblants, sans lapsus, sans que dalle.

Mêle-toi de tes oignons, je ne te cause pas, je ne pose pas pour toi mes couilles sur un tabouret, ça suffit, vraiment tu en as assez.

Le peintre travaille une autre matière, et d'ailleurs c'est fou d'en parler au singulier, les peintres ne cessent de s'éparpiller par, pour des matières insaisissables. Question pour les temps futurs, et pourquoi en sommes-nous encore à nous piquer de poésie comme on se pique sottement à une ortie.

Je ne veux plus être laid dans mes gestes, je veux être une ortie.

 

Commentaires

Bizarre, sincère, dérangeant, à suivre...

Écrit par : COLLIGNON | mardi, 31 mai 2016

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